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LAURES DELA PALESTONE.

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Baronius

ad Ann.

275 6.9.

Hift. des

L

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Des Anciennes Laures de la Palestine.

On peut regarder encore comme des Instituts par ticuliers ces anciennes Laures qui ont esté fi celebres en Orient. L'on entend par le mot de Laure une demeure de Solitaires qui logeoient dans des Cellules éloignées les unes des autres par une distance raisonnable, & vivoient en societé sous l'obeïflance d'un Superieur. La premiere de ces Laures fut fondée par faint Chariton. Ceux qui ont donné la vie de ce Saint difent qu'il estoit d'Icogne Capitale de Lycaonie: qu'aïant embraflé le Chriftianisme, il en accomplit fi bien les devoirs, que sa pieté le diftingua du commun des Fidéles, & l'exposa davantage aux violences des Païens qui se saisirent de lui pendant la perfecution excitée sous l'Empire d'Aurelient qu'il fouffrit de cruels tourmens avec beaucoup de conftance; & qu'aïant esté jetté en prifon, il en fortit après la mort d'Aus relien qui fut tué l'an 275. qu'estant en liberté il alla à Jerufal lem où il fonda à fix milles de cette ville la Laure de Pharan; dont l'Eglife fut dediée par faint Macaire Evesque de Jerufalem: qu'il fonda enfuite deux autres Laures, l'une vers Jericho, & l'autre dans le Defert de Theuca, dans lesquelles il eut plu fieurs Disciples: & qu'enfin il mourut vers l'an 340..

Mais quoique le Cardinal Baronius dans ses Annales Ecclesiastiques, dite que les actes de ce Saint soient fideles, nean De Tilleme moinsM. de Tillemont ne les croit pas d'une grande autorité, se Emp. Tom. perfuadant que Metaphraste qui est le premier Auteur de cette 3.pag. 718 vie, & qui declare que n'aïant point eu de memoires pour l'efi Hift. Et crire, il ne l'avoit composée que sur la fimple tradition, avoit 4 pag 681. confondu aussi-bien que les autres Grecs, deux Charitons, l'un Confeffeur ou Martyr du tems des Perfecuteurs, l'autre Fondateur de pluficurs Monafteres.

clof Ton.

Ibid.

Une des principales raisons sur lesquelles ce Sçavant Critique s'appuie, c'est que s'il estoit vrai que faint Chariton euft fondé fes Laures dans la Falestine après la mort d'Aurelien, qui arriva comme nous avons dit, l'an 275. cela ne pourroit s'accorder avec ce que dit saint Jerôme, que faint Hilarion a esté le pre-

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LAURES

mier Instituteur des Moines de la Palestine, où l'on n'en avoit DE LA PA aucune connoissance avant lui, c'est-à-dire après la mort de LAST.NE. Diocletien qui arriva l'an 313. L'Eglise de la premiere Laure de faint Chariton dediée par saint Macaire de Jerufalem, qui ne fut Evesque qu'en 314. quarante ans après la mort d'Aurelien, fournit une autre difficulté à cet Auteur, ce tems lui paroissant trop confiderable pour croire que faint Chariton euft vêcu assez pour fonder encore deux autres Laures, & paffer enfuite quelque tems dans une entiere folitude: ainsi il aime mieux distinguer deux Charitons, l'un qui a fouffert la perfecution du tems de l'Empereur Aurelien, & l'autre Fondateur des premieres Laures de la Palestine, après que faint Hilarion y eust introduit la vie Monastique.

S. Eniha

Quoiqu'il en foit de ces deux Charitons, celui qui fonda les premieres Laures de la Palestine, fut imité dans le cinquiéme fiècle par faint Euthymele Grand qui bastit aussi une Laure. Elle fut fort renommée, & estoit éloignée de quatre où cinq lieuës de la ville de Jerufalem; mais le faint Abbé n'y vouloit point recevoir de jeunes gens qui n'euffent point encore de barbe, c'est Cyrill vis. pourquoi S. Sabas & S. Quiriace s'estant presentés pour eftre pud Bolland du nombre de ses Disciples, il envoïa faint Sabas au Monaf- 20 fine. tere de faint Theoctifte, & faint Quiriace à celui de faint Ge- Pag. 303. rafime, parce qu'ils n'avoient point encore de barbe; & à fon imitation faint Sabas aïant basti la celebre Laure qui a porté son nom, il n'y recevoit point non plus de jeunes gens, & les envoïoit d'abord dans d'autres Monafteres.

num Eccl.

S. Sabas nâquit au bourg de Mutalasque en Cappadoce dans Cyrill vit. le Diocese de Cesarée, vers l'an 440. Dés l'âge de huit ans il s.sab.apud. se retira dans le Monaftere de Flaviane à une petite lieuë de Cottel mio Mutalasque. Il y demeura dix ans,alla ensuite à Jerufalem avec Grac. F. 31la permiffion de fon Abbé, & passa l'hyver dans le Monaftere de faint Paffarion alors gouverné par Elpide. Ensuite il se rendit auprès de faint Euthyme pour vivre sous sa conduite; mais le faint Abbé le jugeant trop jeune pour demeurer parmi les Ermites de sa Laure, l'envoïa au Monastere d'en bas dont estoit Abbé faint Theoctiste.

Le relâchement s'estant glissé dans ce Monaftere, faint Sabas le quitta & s'eftablit dans la folitude du Defert de faintGe rafime affez près du Jourdain. Il avoit pour lors trente cinq ans; & après en avoir demeuré quatre dans ce Defert, il quitta

*LESTINE.

LAURES le fejour de cette folitude pour aller habiter une caverne dans DE LA PA les roches d'une montagne, au pied de laquelle passoit le Torrent de Cedron à trois lieuës de Bethleem & à cinq de Jerusalem. Il y vescut seul pendant cinq ans, occupé uniquement du foin de fon falut, lorsque Dieului inspira le defir de travailler auffi à procurer celui des autres. Il y bastit une fameufe Laure, & y assembla foixante-dix Solitaires qui se mirent fous sa conduite; le nombre s'augmenta jusqu'à cent cinquante. Mais quelque grande que fust l'union, la charité, & la bonne intelligence qu'il entretenoit parmi eux, il ne put empescher que quelques-uns n'y apportassent du trouble, & ils furent mefme affez hardis pour entreprendre de le priver de fa Charge d'Abbé. Ils allerent pour cet effet trouver Salufte Patriarche de Jerufalem, & lui reprefenterent que faint Sabas estoit un homme d'une fimplicité grossiere, imprudent, incapable de gouverner un fi grand nombre de Solitaires, & fcrupuleux jusqu'au point de ne vouloir pas estre Preftre, ni permettre que l'on conferaft cer Ordre aux Religieux. Salufte informé du merite de faint Sabas feignit d'écouter leurs plaintes, mais il ordonna Prestre le Saint, & dit à ces faux Freres : Voila vostre Superieur, ce n'est point par le choix des hommes, mais par l'élection de Dieu mesme qu'il est establi dans cette Charge. Il les ramena tous à la Laure, où il confacra l'Eglise que faint Sabas y avoit construite.

Ce Saint fonda auffi un Monastere sur la Coline de Castel à une petite lieuë de sa Laure. Il bastit encore un Cloistre à une demie lieuë de cette Laure, où il faisoit instruire les Novices; & fi c'estoit des jeunes gens, il les envoïoit à une lieuë & demie de là, dans le Monaftere de l'Abbé faint Theodofe fon ami, pour les former, & les mettre un jour en eftat d'entrer dans sa Laure qui estoit le sejour des Parfaits. Aïant esté fait Exarque ou Superieur General de tous les Solitaires qui eftoient dans les Deferts, les Ermitages & les Laures; il veilloit toute l'année par sa prefence avec beaucoup d'application fur ces Solitaires qui avoient esté commis à ses soins; mais depuis l'Epiphanie jusqu'au Dimanche des Rameaux, il se retiroit dans le fond du Defert accompagné d'un seul Difciple, & s'y preparoit à folemnifer la Feste de Parques.

Les Religieux rebelles de fa Laure lui tendirent tant de pieges, que pour ceder à leur malice il resolut de les quitter &

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