ORDRE DE ME. Ses Disciples augmentant de jour en jour, il bastit un second S. PACHO- Monastere à Baumou Prou, qui n'estoit pas éloigné de celui deTabenne, quoiqu'il fust dans un autre Diocele. Enfuite Eponyme Abbé de Chenobosque & les Religieux de Monchose, s'estant offerts à lui avec leurs Monasteres, il les reçut & establit parmi eux son Obfervance, A ces quatre Monafteres, il en joignit encore trois autres, sçavoir celui de Tismene, ou de Meneprès la ville de Panos, celui de Tase ou de Thebes, & celui de Pachum ou Chnum aux environs de Lasophe. Tous ces Monafteres joints ensemble formerent une Congregation parfaite, qui avoit son Abbé ou Superieur General, & mefme fon Oeconome ou Procureur pour l'administration du temporel. On y faisoit la visite tous les ans: on assembloit un Chapitre General où on faisoit élection des Officiers; & le Monastere de Baum, qui estoit le plus confiderable, fut regardé comme le chef de l'Ordre. Ce fut là la premiere Congregation Religieuse qu'on a appellée de Tabenne à cause du premier Monastere qui fut bafti en ce lieu. Saint Pachome en fonda aussi un pour des filles. L'occasion en vint de sa propre sœur qui estant venue pour le voir, & n'aïant pû obtenir cette confolation (car il ne parloit jamais aux femmes ) suivit le confeil qu'il lui donna par le portier du Monaftere, de travailler à se consacrer elle-mesme toute entiere à Dieu. Il lui fit donc bastir une Cellule dans un lieu appellé Men, un peu éloigné du Monastere, de Tabenne, où elle se vit bientoft Mere de plusieurs Filles qui suivirent son exemple. Pallade dit qu'elles estoient au nombre de quatre cens vers l'an 420. & faint Theodore successeur de faint Pachome en fonda un autre auprès de Pabau en un lieu nommé Bechré. Personne n'alloit les visiter fans permillion particuliere, hormis le Prestre & le Diacre destinés pour les servir, qui n'y alloient mefme que les Dimanches. Les Religieux qui avoient quelques parentes parmi ces saintes Religieuses, obtenoient la permission de les aller voir accompagnés de quelqu'un des plus anciens & des plus spirituels. Ils voïoient d'abord la Superieure, & puis leurs parentes, en prefence de la Superieure & des principales de la Maison, sans sui faire, ni en recevoir aucun present, & fans manger en ce lieu. Les Religieux allojent faire leurs, bastimens & les assister dans leurs au tres besoins, conduits par quelqu'un des plus sages & des plus S. PACHO graves,mais jamais ils ne buvoient ou ne mangeoient chez-el- ORDRE DE les, revenant toûjours à leur Monaftere à l'heure du repas. ME. Leur Superieur leur envoïoit du lin & de la laine dont elles faifoient, fuivant l'ordre du grand Oeconome, les éroffes neceffaires pour elles & pour les Religieux; & quand quelqu'une estoit morte, on apportoit le corps jusqu'à un certain endroit, où les Religieux en chantant, venoient le prendre, & l'alloient enterrer sur la montagne où estoit leur Cimetiere. Vanus Evesque de Panos aïant eferit à saint Pachome pour le prier de venir fonder des Monasteres auprès de la ville; il lui accorda sa demande. En y allant il visita ceux qui estoient sous fa conduite ; & quand il fut arrivé à Panos avec ses Moines, l'Evesque le reçut avec un très grand respect, & lui donna des places pour baftir ses Monafteres. Notre Saint y travailla avec joïe; mais comme on élevoit un mur de closture, quelques personnes mal intentionnées venoient la nuit abbatre ce que l'on avoit basti pendant le jour. LeSaint exhortoir fes Disciples à le souffrir avec patience; mais Dieu en fit justice. Ces méchans s'estant assembles pour continuer leur crime, furent brûlés. par un Ange, & confumés; enforte qu'ils ne parurent plus. Le bastiment estant achevé, saint Pachome y laissa des Moines ausquels il donna un Superieur, & demeura dans ce Monaftere un tems affez confiderable pour y mieux establir la difcipline reguliere, à cause qu'il n'estoit pas éloigné de la ville. Il retourna enfuite à Tabenne, où Dieu voulant enfin consommer fes travaux, il tomba malade avant la Feste de Pâques. Deux jours avant que de mourir, il fit assembler rous ses freres ; & après leur avoir donné quelques instructions pour leur conduite, il leur nomma Petronne l'un d'entr'eux, comme le plus digne pour lui fucceder, & il mourut le quatorziéme jour de Mai de l'an 348. Il eut près de neuf mille Moines sous sa conduite, dont le nombre augmenta encore après sa mort. Mais dans la fuite cer Ordre s'est entierement aboli, les Religieux de faint Pachome & presque tous les autres d'Orient aïant embraffé la Regle de faint Bafile, ou s'estant rangés parmi ceux qui regardent faint Antoine pour leur Patriarche. Il y a néanmoins de l'apparence que l'Ordre de faint Pachome subsistoit encore avec éclat vers le milieu du onziéme siècle, puisqu'Anfelme Evesque d'Havelberg dont, nous avons déja parlé, dit avoir ۱ ANCIEN- veu à Constantinople dans le Monastere de Philantropos, cinq NES RE- D. cens Moines de l'Ordre de faint Pachome. KIENT. Rosyveid, Vit PP. Bolland, Act. Ss. 14. Maii. De Tillem. Tom. 13 spi. Mem. pour l'Hist. Ecclef. Tom. 7. & 8. Fleury, Hift. Ecclef. 114. Tom. 3. & 4. cileg. pag. Cod Regul. nast. d'o T押す。 Ibid. CHAPITRE XV. Des Regles de Saint Ifaie, de faint Macaire & de quelques autres Peres de la vie Monaftique en Orient. PRES avoir parlé des Ordres de faint Antoine & de saint Pachome; & avant que de defcrire l'origine & le progrès de celui de faint Bafile; nous dirons un mot de quelques autres Peres de la vie Monaftique d'Orient, dont quelques-uns ont esté Disciples de saint Antoine & de saint Pachome, & dont les Regles ont esté recüillies par faint Benoist d' A niane. II & Bulreau, s'en trouve une sous le nom de l'Abbé Ifaïe qui est propre pour Hifp. Mo les Ermites, principalement pour les Novices: mais on ne scait quel estoit fon Monastere, l'on conjecture que cet Abbé pourroit bien avoir vêcu dans l'Egypte ou la Thebaïde. Il y en a encore une dans le Code des Regles, composée par deux Ss. Macaires, par faint Serapion, par faint Paphnuce, & par trente quatre autres Abbés. Cet Abbé Serapion, est Serapion de Nitrie, ou Serapion d'Arfinoé. Saint Paphnuce estoit celui qui gouvernoit un Monastere situé près d'Heraclée ville de la baffe Thebaïde, ou plustost Paphnuce Bubale Prestre du Defert de Scetis. Les deux Macaires sont sans doute les Disciples de faint Antoine, & l'ancien ou l'Egyptien, & font differens d'un autre Macaire l'Alexandrin ou le jeune, dont on voit auffi une Regle, Celui-ci estoit d'Alexandrie, lequel aïant quité l'emploi qu'il exerçoit, embrassa la vie Religieuse, & fut un prodige de mortification & d'abstinence. Pour repousser les attaques de la volupté, il s'exposa nud dans un lieu plein de mouches, & y demeura pendant fix mois; de forte qu'il en fortit tout defiguré comme un lepreux. Il alla une fois à Tabenne vêtu comme un artisan; & fans se faire connoistre, il fut admis dans la Communauté. Mais enfuite faint Pachme le reconnut par revelation, & fut furpris de la rigueur de fa penitence; : |