l'Eglife caux : qu'on ne les entend jamais parler de Religion : qu'ils MOINES ne sçavent que lire & point escrire ; & que dans les Monal-Coutes. teres des Deserts, ils font aussi ignorans que des bestes : qu'ils travaillent comme des esclaves, & que leurs Eglises font fort fales & fort mal propres. Mais l'on aura peine à croire ce que dit ce Pere : qu'il n'a veu dans quelques-unes de leurs Eglises pour tout ornement, qu’un vieux morceau de fatin noir sur l'Autel, qui leur servoit de nape pour celebrer la Mesle, & au lieu de burettes , une sale calebace qui tenoit plus de trois chopines ; & que dans un autre Monaltere ils ne le fer-voient pour patene , que d'un vieux couvercle de marmite ébreché, & fi cnroüillé qu'on ne pouvoit juger de quelle matiere il étoit. Le Pere Vansleb nous en donne cependant une autre idée, lorsque parlant de l'Heikel, qui est le lieu où ils cele-, Hill. dr Hijf. brent la Messe , il dit : que celui qui y cracheroit, passeroit d'Alexand. pour abominable , qu'il n'est pas permis à aucun d'y entrer, Part.2.6.9% . lans se laver les pieds auparavant , & qu'on n'y peut porter aucune chose qui ne soit consacrée , même l'eslui-main, dont le Prestre se sert aprés la Mesle : ce qui marque le refpect qu'ils portent au lieu où ils celebrent les Divins Myfteres , & qui doit estre vrai-semblablement plus proprement orné que ne le dit le Pere Eugene Roger. · Ils n'y a pas d'apparence, que le Prestre consacrât avec le faint Chresme une calebace pour servir de burette, puisque rien ne peut servir à l’Aurel pour le Sacrifice de la Meffe , qu'il ne soit consacré & oint avec le Cresme. Il y avoit autrefois un Monastere à Sedament,où les Religieux disoient tous les jours le Pfeautier , c'est-à-dire à l'aube du jour vingt-neuf Pseaumes, à Tierce dix-huit, à Sexte. vingt-deux, à None dix-neuf, au coucher du Soleil onze, avant que de se coucher dix-sept , & à Marines trente-fix.' Il y a encore dans l’Egypte quelques autres petits Monaste-res où il y a peu de Religieux,& où ils vivent tres pauvrement. Tels sont les restes de cette multitude innombrable de Moines qui ont autrefois peuplé, non seulement les Deserts , mais encore les Villes de l'Egypte ; & qui s'estoient fi fort multipliés dans les autres Provinces", qu'Anselme Evefque lúc d'As d'Havelberg , qui avoit esté Aprocrisaire de l'Empereur Lo- chery. Spo thaire , qui vivoit dans l'onziéme siécle , alleure avoir veu 2 citrg. Tomi I pAg.114. COPTES. En 1593 MOINES dans un Monastere de Constantinople , sept cens Religieux de l'Ordre de saint Antoine. le Patriarche des Coptos envoïa au Pape Clement VIII. une Legation , pour le reconnoistre comme souveraina Pasteur & chef de l'Eglise universelle. Ce furent deux Moines du Convent de saint Macaire , qui vinrent à Roine en cette qualité, & qui firent une profeilion de Foi conforme à la créance de l'Eglife Latine. Mais cela n'a pas empesché que les Coptes ne foient retournés à leurs erreurs ; car selon là coustume des Orientaux, un Patriarche détruit souvent ce que son predecesseur a fait;c'est pourquoi l'on ne peut compter leurement sur leur fui,d'autant plus que c'est souvent l’interest qui les fait agir. Peut-eltre que le refpe&t que les Coptes ont toûjours eu pour le Monastere de saint Macaire, comme nous avons dit, aussi bien que pour la memoire de ce Saint qui y a sa lepulture, a porté les Religieux de ce Monaftere à prendre pendant un tems le titre de Religieux de l'Ordre de saint Macaire , & il le peut faire aussi que la Regle de ce Saint,qui se trouve dans le Code des Regles, y ait esté observée; car Silvestre Maurolic sur la Relation de deux Religieux qui se di soient de cet Ordre , qu'il trouva à Rome l'an 1595. a parlé di Tus. gli Relig ib. i. dans son Histoire des Ordres Religieux, d'une Congregation de saint Macaire en Egypte ; mais il avouë que s'en eftant informé à d'autres Religieux du même Ordre , ils lui dirent que leur Ordre estoit une branche , ou plustost le même Ordre de saint Antoine. En effet il y a long-tems que y la Regle de faint Macaire n'est plus en pratique dans aucun Monastere , & tous les Moines dont nous avons parlé, comme Maronites, Armeniens solitaires , Nestoriens & Jacobites, aufli bien que les Abyllins dont nous parlerons dans la suite , se disent tous de l'Ordre de saint Antoine. Le P. Bar Catalog, nanni dans son Catalogue des Ordres Religieux , a donné ordin. Relig. l'habillement d'un de ces Religieux de saint Macaire , tel que nous l'avons fait aussi graver,& qu'on peut voir au commencement de ce Chapitre. Il consiste en une robe de drap bleu avec un capuce &unScapulaire noir;& cesReligieux portoient une grande calorte noire à oreilles pour couvrir leur teste. C'est ainsi que ces Religieux que Silvestre Maurolic vit à Ro- . me l'an 1595.estoient habillés. I. 38. 1. Outre MOINES COPTES. Outre les Auteurs cités dans le Chapitre precedent , l'on peut encore consulter Le Fevre, Theatre de la Turquie. Francisc. Quaresin. Elucidat. Terre fanéte. Thevenot, Voï'age de Levant 1. I. Le monde de Daviti. l'Afrique de Marmol. Ia Relation d'egypte , du P. Vansleb; & le Voïage de la Terre-Sainte , du P. Eugene Roger. CHAPITRE X. Des ceremonies qui s’observent à la véture & à la profession des Religieux o Religieuses Coptes , de quelle maniere ils font les reclus. Eux qu'on reçoit dans les Monasteres de Coptes pour Cente estre Religieux, doivent faire trois ans de Noviciat ; & lorsque les trois ans sont achevés , le Superieur du Monastere fait venir le Novice devant lui, le fait coucher ventre contre terre, la teste tournée du costé du Levant , & lit sur lui les prieres prescrites dans leur ceremonial. On lui rase la teste en forme de croix , & le Superieur , aprés avoir beni le Chaperon , faisant lever le Novice , lui donne la Tunique en lui disant : Prenez la robe de l'innocence & le cafque du salut , faites-en un bon afuge en Notre Seigneur JesusChrist , auquel foit tout l'honneur , &c. Il lui met ensuite le Chaperon , en disant : Recevez le Chaperon de l'humilité le Casque du salut : faites-en un bon usage en Notre Seigneur Jesus-Chriji . Quand il lui met la Ceinture, il lui dit : Ceignez vos reins avec toutes les armes de Dieu en avec la ferveur de la penitence. Ce qu'étant fait , s'il ne demande pas l'askim, qui est un habit appellé angelique , qu'on ne donne qu'à ceux qui le demandent ; parce qu'il engage à quelques austerités particulieres, & que ceux qui en sont revêtus ne peuvent pas se mesler de mariages,ni frequenter les femmes,ni les Egliles des seculiers sans la permission de l'Evêque ; le Superieur lit sur lui la priere de l'absolution, & lui donne sa benediction. C'est la maniere de prendre l'habit & de faire profession en même tems;car pendant les trois ans deNoviciat,ils conservent leurs habits seculiers. La maniere de donner l'Askim se fait de cette sorte. Le R Tome 1. |