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COPTES.

vent dans cette Ville, après avoir embraffé les refveries de MOINES
Mahomet, avoient appelle Coptes les Chreftiens de ce païs-là.
Cependant le P. Morin fe declare en faveur du fentiment de
Scaliger.

lexandrie.

Avant Le P. Vansleb, appuïé apparemment fur la tradition des propos de l'hifCoptes mefmes, qui comme les autres Orientaux donnent foire del Ebeaucoup dans la fable, dit: Que les Coptes ont efté ainfi glife d'Aappellés de Copt, fils de Mifraïm, & petit-fils de Noé; lequel Mifraïm (fion en veut croire les Hiftoriens Arabes) aïant choifi l'Egypte pour fa demeure, y laiffa quatre fils, qui ne pouvant convenir entr'eux de celui qui auroit la fouveraine autorité, refolurent de terminer leur differend par un combat, qui devoit decider en faveur de celui qui refteroit vainqueur des trois autres : que la victoire fe declara pour Copt', qui eftoit le cadet ; qu'ainfi les trois autres le reconnurent ; & que c'eft de lui que les Egyptiens les Egyptiens ont voulu eftre appellés Coptes pour fe diftinguer des autres Nations qui habitent auffi l'Egypte. Le P. Du Solier a un fentiment plus raisonnable. Il dit: Que comme le nom de Copte n'eft en ufage que depuis le X. ou le XI. fiécle, avant lequel nul Escrivain (à ce qu'il prétend) ne s'eft fervi de ce mot; & que ce nom ne défigne que les Chreftiens Egyptiens Heretiques & Schifmatiques, appellés auffi Jacobites; les Mahometans ont apparemment retranché la premiere fillabe du mot Jacobite, & en ont formé Cobite, Cobte, Copte, ou Cophte. Il nous apprend aufli le fentiment du P. Du Barat, fon confrere, Miffionnaire en Egypte, qui croit que ce mot Copte, vient du mot Grec Koptein, couper, incifer ; & que les anciens Melchites d'Egypte n'ont donné ce furnom aux Jacobites que par dérifion, à caufe qu'ils ont emprunté des Sarafins la pratique de la Circoncifion. Mais M. l'Abbé Renaudot fait voir que ceux qui Perpetuité voudroient tirer l'étymologie de Coptes du mot Koptin, quit. 4. l. 1.6. fignifie couper, parce que la Circoncifion eft en ufage parmi 9. ces Chreftiens d'Egypte, qui ont fuivi les erreurs de Diofcore, ne font pas reflexion que cet abus ne s'eftoit pas encore introduit lorfque le nom de Copte leur fut donné. Selon ce fçavant Efcrivain, ce mot eft corrompu de celui d'Egyptos, &a efté affecté aux Jacobites Egyptiens; parce que depuis le Concile de Calcedoine, les Egyptiens naturels demeurerent tellement attachés à Diofcore & à fes Sectateurs, que les Loix

a

a

de la Foi,

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MOINES
COPTES.

des Empereurs furent inutiles, pour les réduire à la communion de l'Eglife.

Quoiqu'il en foit, les Coptes, fi on excepte l'herefie des Monophyfites, c'est à dire de ceux qui croient qu'il n'y a qu'une nature en Jefus-Chrift, n'ont aucune erreur particuliere; mais ils conviennent avec les Catholiques, & avec les Grecs Orthodoxes & Schifmatiques, de tous les autres points qui concernent la Religion. Ils ont feulement introduit quelques abus parmi leur Rit, dont le principal est la Circoncifion à l'égard des garçons & des filles, non pas qu'ils l'obfervent par un commandement Judaïque, ni par un precepte de Religion; mais par une coûtume qu'ils ont prise à ce qu'ils prétendent, des Ifmaëlites, & les Ifmaëlites d'Agar, lorfqu'elle arriva avec fon fils Imaël à fetreb, dans la terre de Heggias, qu'on nomme prefentement la Mecque, fuivant ce que dit un de leurs Auteurs, au rapport de Vanfleb. Mais cette hiftoire eft encore regardée comme d'Alexan une fable.

Hift. de

PEglife

drie.part. 2. ch. 20.

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Il y en a qui difent que les Coptes n'ont adopté ce Rit, qu'après avoir fubi le joug des Mahometans ; & cela pour fe les rendre plus favorables par cette conformité exterieure. Il eft neanmoins plus vrai-femblable que ces Chreftiens d'Egypte, qui compofent l'Eglife d'Alexandrie, ont retenu quelques-unes des obfervances Judaïques, qui eftoient en ufage dès le commencement de cette Eglife; lefquelles observances n'avoient rien d'incompatible avec le Chriftianif Hieron. me, comme faint Jerôme femble le tefmoigner, lorsque de Script. parlant de Philon, qui avoit fait un Livre à la loüange des Ecclef.

il

premiers Chreftiens de cette Eglife, qui judaïfoit encore, dit:Qu'il ne l'avoit fait que pour relever la gloire de fa Nation: Philo difertiffimus Judæorum,videns Alexandria primam Ecclefiam adhuc judeïfantem, quafi in laudem Gentis fuæ, Librum fuper eorum converfatione fcripfit.Cependant ils ne font pas la circoncifion le 8. jour, comme les Juifs;& mefme ils ne font pas tous circoncis ; mais feulement ceux qui le veulent,regardant cette pratique comme une chofe indifferente. Ils circoncifent les filles en retranchant une certaine fuperfluité nommée en Arabe Ar-ur, & que la modeftie empefche d'expliquer en François ; ils eftiment que cette fuperfluité eft un vice de la na ture, & qu'elle nuit à la conception & à l'enfantement. Cette

COPIES

ceremonie fe fait par une femme Turque dans un bain public, MOINES ou dans une maifon particuliere, fans y obferver aucune ceremonie Religieufe; & la Circoncifion doit eftre faite auparavant le Baptefme, & jamais après. Hors la neceffité ils ne baptifent les garçons que quarante jours après leur naiffance, & les filles que quatre-vingt jours après ; ce qui ne fe fait point durant le grand carefme, & encore moins dans la semaine fainte, à moins qu'il n'y ait auffi une très-grande neceffité. La Circoncifion s'abolit infenfiblement aujourd'hui parmi les Coptes, & il n'y a guéres que les gens ignorans & groffiers qui la reçoivent.

La Profeffion Monaftique eft en grande eftime parmi eux. Ils la regardent comme la Philofophie de la Loi de JesusChrift & les Moines comme des Anges terreftres, & des Hommes celeftes; reffemblant aux Apoftres, en ce qu'ils ont abandonné auffi-bien qu'eux, tout ce qu'ils avoient pour l'amour de Jefus - Christ. On ne reçoit point dans la Religion ceux qui n'en ont pas obtenu la permiffion de leur Evefque; & celui qui fe veut faire Religieux, doit auparavant difpofer de fes biens; car après qu'il a fait profeffion, ils appartiennent tous au Monaftere.

Les Religieux font obligés de renoncer pour toûjours au mariage, à tous les plaifirs charnels, & à leurs parens ; de ne poffeder aucun bien; d'habiter dans les Deferts; de s'habiller de laine; de ceindre leurs reins d'une courroïe; de ne point manger de viande, fi ce n'eft dans la derniere neceffité ; & melme de retrancher de leurs repas les viandes délicieufes ; & de fepriver de toutes les nourritures fans lefquelles le corps fe peut foûtenir. Ils font obligés d'emploïer tout leur temps en jeufnes,en oraifons,& au travail; d'avoir continuellement dans leur efprit la penfée de Dieu; de s'appliquer à la lecture de l'Escriture fainte, & à l'intelligence des verités qu'elle nous enfeigne.

Ils dorment fur une natte par terre, excepté les Superieurs & les malades. Ils ne peuvent quitter leurs habits & leur ceinture, ni dormir deux enfemble ur la me fine natte, ni proche P'un de l'autre. Ils font obliges aux Heures canoniales; fe profternent tous les foirs avant de fe coucher cent cinquante fois, la face & le ventre entre terre, eftendant les bras en. croix le poing fermés & après s'eftre levés, ils font à chaque

CUPTES.

MOINES fois le figne de la croix. Outre ces cent cinquante prostrations, ils en font encore fept autres à l'Eglife, une avant chaquè Heure canoniale.

Ils partagent le jour en trois parties; l'une eft deftinée pour les prieres, l'autre pour la refection, & la troifiéme pour le travail. Les Religieux eftrangers font adnis à leur table; mais les Seculiers doivent eftre traités dans un lieu particulier, excepté que pour des caufes raifonnables & qui regardaffent l'utilité du Monaftere, le Superieur jugeaft à propos de les admettre à sa table. Le P. Copin dans fon Bouclier de l'Europe, parlant du Convent de faint Antoine, dit: que les Religieux y mangent dans des plats de bois, & toûjours dans les mesmes; de forte qu'on ne met jamais devant un Religieux un plat qui à fervi à un autre ; on ne les nétoïe jamais, on les laiffe toûjours fur la table ; & lorfqu'il y refte quelque chofe, le Frere quia foin de fervir, remet ce que l'on a préparé de nouveau fur ce qui reftoit dans le plat, jufqu'à ce qu'il y en ait affez pour une portion. Il y a bien de l'apparence que dans les autres Monafteres ils mangent auffi mal proprement que dans

celui de faint Antoine.

Si les Religieux font occupés à travailler aux champs, on leur donne deux fois le jour à manger, la premiere à Sexte ou à midy, & l'autre à la fin du jour; & s'ils ne font pas occupés à des travaux rudes & penibles, ils doivent fe contenter d'un feul repas; foit à None, c'eft à dire fur les trois heures après midi; foit à la fin du jour. On leur donne des habits d'hyver à la fefte de l'Exaltation de la fainte Croix; & alors ceux d'efté fe mettent dans une armoire commune avec chacun une marque pour les reconnoiftre quand il les faut reprendre.

qua

Celui qui a frappé un autre demeure excommunié pendant quarante jours;& fi l'autre a rendu le coup,il eft auffi excommunié autant de tems. Celui qui a efté affez hardi de lever la main contre fon Superieur pour le batre, doit recevoir rante coups de fouet,& eftre enfuite envoïé dans un autre Monaftere', où pendant un an entier il doit jeûner, & vivre dans une retraite continuelle & dans la penitence : l'année eftant expirée, il peut retourner à fon Monaftere; mais il eft privé du rang qu'il tenoit auparavant & de l'office qu'il avoit ; & fi celui qui a voulu frapper le Superieur eft un des principaux

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