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Triarche d'Antioche; mais qu'il y a eu trois Anaftafes, qu'on a confondus ensemble pour n'en faire qu'un feul; qu'il y en a eu deux Patriarches d'Antioche, & que le dernier & le plus jeune des trois eftoit Moine du Mont-Sinaï, & Auteur de ce Livre, où il raconte des faits arrivés depuis l'an 604. & vers l'an 630. après les commencemens du Mahometisme ; d'où le P. Du Solier conclut que ce Moine n'aïant parlé de Jacques & des Jacobites que dans un Livre efcrit vers le milieu du VII.fiecle, on ne peut pas tirer de là un avantage,pour prouver que les Jacobites aïent efté avant le feptiéme fiecle.

Quoique le P. Du Solier prétende que Jacques Zanzale ait raffemblé les reftes difperfés des Sectateurs d'Eutychés, & de Diofcore, divifés en plufieurs branches, connus fous les noms de Severiens, de Theodofiens, de Gaïnaites & de Julianif res; ce fentiment n'eft pas approuvé par M. l'Abbé Renaudot; puifque felon cet illuftre Ecrivain, les Jacobites difent anatheme à Eutychés qu'ils regardent comme heretiques les Difciples de Julien d'Halicarnaffe, qui difoit que le corps dans lequel Jefus-Chrift avoit pris chair, eftoit incorruptible; & que dans leurs prieres ils loüent Severe d'Antioche, d'avoir détruit les imaginations de Julien.

MOINES JACOB 1.

TES.

Lettre du P.

Recueil des

Miffions de

dic. du m

La principale erreur des Jacobites eft donc de n'admettre qu'une nature en Jesus-Chrift. On leur en a'imputé d'au- verzeau an tres, dont ils ne font nullement coupables, comme de nier P.Fleurieu, la Trinité, & par cette raifon, de ne faire le figne de la Croix dans le 4 qu'avec un doigt. Le peu d'erreurs où ils font prefentement Lettres éd.-engagés, a beaucoup contribué à la réunion de plufieurs per- fiantes des fonnes de cette Secte à l'Eglife Romaine. L'an 1662. André, la Comp. de Archevefque d'Alep, qui eftoit déja Catholique, & avoit en- fefus, & voié fa profeffion de Foi au Pape Alexandre VII. après avoir Epitre de abjuré les erreurs, fut élevé au Patriarchat d'Antioche pour me Recueil. la Nation Jacobite. Il n'accepta cette dignité que pour travailler plus efficacement à réunir les Jacobites à l'Eglife Romaine, & y réüllit en partie, malgré les perfecutions que lui fufciterent les Heretiques. Mais aprés la mort de ce Patriar che qui arriva le 28. Juillet 1677. un nommé Abd-Elmefich fe mit en poffeffion du Patriarchat à force d'argent, & perfecuta fort les Catholiques ce qui fit que les plus fervens & les plus zelés, firent fi bien par leur adreffe; qu'ils trouverent moyen de le faire dépofer, & de mettre en fa place l'Evefquie

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MOINES de Jerufalem Ignace-Pierre, zelé Catholique. On emploïa JACOBI- le credit de l'Ambaffadeur de France à la Porte, pour avoir

TES.

Ibid. Lettre

Zezx au P.

fe.

un Commandement du Grand-Seigneur, qui confirma son élection, avec ordre à tous ceux de fa Nation de lui obéïr. Il fut inftalé dans fon Siege Patriarchal par huit Archevelques & Evefques; fçavoir, un Maronite, trois Jacobites Catholiques, deux Grecs, & deux Armeniens. Il envoïa enfuite fa profeffion de Foy au Pape Innocent XI. qui lui envoïa le Pallium. Cependant les Heretiques Jacobites aïant emploïé beaucoup de fourberies pour faire confirmer par le Grand Vifir & le Mufty d'Alep l'élection qu'ils firent en 1687. d'un Patriarche de leur cabale, leur faifant accroire que le Patriarche Ignace-Pierre eftoit mort, ils réüffirent dans leur entreprise. Mais en 1693. le Patriarche Catholique fut rétabli dans fon Siege à la follicitation du Roy de France; & le Patriarche Ignace-Pierre choifit pour Coadjuteur un Archevefque Jacobite Catholique, qui fut reconnu en cette qualité par les Catholiques de cette Nation.

Cependant une furieufe perfecution s'éleva en 1701. contre du P. Ver- le Patriarche Ignace-Pierre. Le Grand-Seigneur Mustapha II. de la Chai preffé par le Mufty, grand ennemi des Catholiques, qui en eftoit follicité par les Heretiques, envoïa un Commandement pour obliger les Jacobites qui faifoient profeffion de la Religion Catholique, de retourner à l'herefie de leurs ancestres. Le Patriarche, l'Archevefque d'Alep & les principaux du Clergé de la Nation Surienne ou Jacobite, n'aïant pas obéi à cet ordre, aprés avoir reçu plufieurs mauvais traitemens & une rude baftonade, furent condamnés à eftre renfermés le refte de leurs jours dans le Chafteau de la Ville d'Adané. Le Patriarche & l'Archevefque d'Alep, eurent le bonheur d'y mourir pour la défense de la Foi. Mais les revolutions arrivées dans l'Empire Ottoman en 1703. le Grand - Seigneur Mustapha aïant efté dépofé, & le Mufty aïant fubi une mort honteufe, ramenerent pour un temps la paix dans les Eglifes Jacobites Catholiques, ou pluftoft dans les Eglifes Suriennes; car les Jacobites, après avoir abjuré leurs erreurs, prennemt le nom de Suriens, & quittent celui de Jacobites, comme un nom infame. Celui qui fucceda au Mufty fe montra plus favorable à leur égard. Mais les Perfecutions ont efté renouvellées quelque tems aprés; ce qui eft cause que la Religion Catholique

Catholique ne fait pas parmi les Jacobites Schifmatiques, tout le progrès qu'on pourroit attendre du zele des Prelats, qui font toujours demeurés fermes dans la Foi Catholique malgré les perfecutions.

Quoique parmi les Seculiers il y ait grand nombre de Catholiques, la plus grande partie des Religieux font neanmoins toûjours dans l'erreur. Leur principal Monastere eft à Derzapharam, proche la Ville de Mardin en Mefopotamie; dans lequel le Patriarche fait fa refidence lorfqu'il eft Schifmatique. Il y en a encore un autre proche de la mefme Ville;deux à une journée de la Ville de Damas; deux à une journée de la Ville de Ninive; un à Tauris, fur le chemin de Mardin; un autre à Edeffe ; & quelques autres en differens lieux; mais presque tous abandonnés, & où il y a peu de Religieux. Ils ne mangent jamais de viande, non pas mefme à l'extremité de maladie; auffi-bien que le Patriarche & les Evefques; & ils obfervent les mefmes carefines & les mefmes jeunes que les Maronites, excepté la veille de faint Maron, qu'ils ne reconnoiffent point, & auquel ils fubftituent Jaques Zanzale, qui les a pervertis. Je parle feulement des Schifmatiques; car il y a de l'apparence que les Catholiques jeufnent la veille de faint Ephrem, qu'ils ont pris pour patron de leur Eglife de

Rome.

Conformément au Rit que fuit cette Nation, ils chantent l'Office en Langue Syriaque, ont les mefmes inftrumens de mufique que les Armeniens, & confacrent avec du pain levé, de mefme que les Grecs, contre la pratique des Maronites & des Armeniens; mais ils ont ceci de particulier qu'ils mettent de l'huile & du fel dans leur hoftie, qui eft fi grande & fi épaiffe, qu'on en peut facilement communier plus de cent perfonnes. L'habillement des Religieux eft affez femblable à celui des Maronites. Il n'y a point de Monafteres de Religieufes de cette Nation, & celles qui fe confacrent à Dieu par la profeffion Religieufe, demeurent chez leurs parens.

M. Saphar, Evefque de Mardin, dont nous avons déja parlé, qui demeure depuis quelques années à Rome, où il eftoit venu reconnoiftte le Souverain Pontife comme Chef de l'Eglife uiverfelle de la part des Eglifes Catholiques Suriennes, a acheté un hofpice dans cette Capitale de l'Univers pour les Evefques & les autres perfonnes de fa Nation. Il en prit pof

MOINES

JACOBI

TES.

MONES feffion le 18. Decembre 1696. aïant auffi obtenu la permiffion COPTES, de celebrer à certains jours de l'année dans l'Eglise de cet Hofpice, conformément à leur Rit; ce qu'il fit pour la premiere fois le 9. Février 1697. jour de faint Ephrem de Syrie, dont la fefte avoit efté transferée à ce jour..

Francef.Quarefm. Elucid.Terr. Sancta. Joann. Bapt. Du So→ lier, Tractat. Hift. de Patriarch. Alexand. Le Fevre, Theatre de la Turquie. Le Monde de Davity. Eugene Roger, Voïage de la Terre Sainte; Et Memoires Manufcrits.

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CAPITRE VIII.

Des Moines Coptes ou Egyptiens.

COMME c'eft dans l'Egypte que la Vie Monaftique a pris fon accroiffement, fous la conduite du grand faint Antoine, & d'une infinité de faints Solitaires qui ont peuplé les Deferts de cette partie de l'Afrique ; & que les Moines. Coptes qui les habitent encore, reconnoiffent faint Antoine. pour leur Pere & leur Fondateur: en parlant d'eux, nous. traiterons plus amplement que nous n'avons fait dans les Chapitres précedens, de leurs obfervances, & des ceremonies qui fe pratiquent à la vefture & à la profeffion de ces Religieux; mais il faut parler auparavant de l'origine du nom Copte, &. quelles font les erreurs de cette Nation, dont les Moines font aufli infectés..

Il eft difficile de fçavoir d'où vient le nom Copte, que l'on a donné aux Chreftiens de l'Egypte qui ont fuivi les erreurs de Diofcore. Chacun a donné fur cela carriere à fes. conjectures.Scaliger a cru que ce mot Copte n'eftoit que que le mot Grec Ægyptos, dont on avoit retranché la premiere fillabe; & que c'eft de là que les Egyptiens font appellés encore aujour d'hui par lesEthiopiens Giptu & Gibetu,& parles Arabes, Elchibth ou Elcupti. Le P. Kircher prétend que les Coptes ont pris leur nom de Coptos, Ville d'Egypte, celebre autrefois parle commerce. Le P. Morin femble appuïer cette conjecture, en difant que tous les Marchands Indiens, Ethiopiens & Arabes, (au rapport de Strabon) trafiquoient fur la Mer-rouge à Co-ptos ; & qu'il eftoit probable, que les Arabes qui alloient fou

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