MARO NITES. MONES sentement à cette élection. Comme il est néanmoins difficile que toutes les voix concourent ensemble dans le scrutin il y a une seconde maniere de proceder, qui eft une espece de Compromis; c'est-à-dire que de ces douze Prestres, l'on en choisit trois au fort: & ces trois font le Patriarche, qui est mesme élu à deux voix: ensuite le Peuple confirme cette élection par fon confentement, & le Patriarche reçoit du Pape les Bulles de Confirmation. Dans ce Monaftere de Canobin, auffi-bien que dans celui de saint Antoine, & dans un autre, qui est au Desert de faint Elisée, où demeure ordinairement un Evesque, il y a des cloches; mais dans les autres Convents, & mesine dans les Paroisses, ils n'ont pour appeller le peuple qu'une planche de bois suspenduë avec des cordes à quelques arbres, contre la quelle ils frappent avec des massuës de bois. Ce fut fur le Mont-Liban que M. Galaup de Chasteüil, Gentilhomme de Provence, se retira vers l'an 1631. pour y mener une vie folitaire & penitente. Les Turcs troublerent souvent le repos de sa solitude durant les guerres contre l'Emir Fecke-Edin; mais fon merite faisoit impression sur l'esprit mefme des Barbares. Il estoit si connu des Maronites, & ils en faifoient une si grande estime, qu'après la mort de leur Patriarche Georges Amira, ils le prierent d'accepter cette dignité: il refusa cet honneur, & fe retira ensuite à Mar-Elicha, dans un Monaftere de Carmes Déchauffés, où il redoubla ses austerités, qui lui cauferent une maladie dont il mourut le 15. Mai de l'an 1644. Il avoit composé dans sa folitude quelques Ouvrages sur la Bible qui resterent avec ses autres Livres aux Carmes Déchauffés. Sa vie a esté donnée au public en 1666. Francifc, Quarefm. Elucidat. Terr. Sanct. Davity, Defcript. de l' Afie & de l'Afrique. Le Fevre, Theatre de la Turquie. La Croix, Turquie Chrestienne. Eugene Roger, Voïage de Terrefainte. Maimbourg, Schisme des Grecs. Jerom. Dandini, voinge au Mont-Liban, avec les remarques de M. Richard Simon. & Philipp. Bonanni, Catalog. Ord. Religiof. part.1. CHAPITRE V. Des Moines Armeniens. composée de deux ordres deChre. stiens, dont les uns, qu'on nomme francs-Armeniens, Mont Catholiques, & les autres Schifmatiques. Les premiers sont ceux que le P. Barthelemi de Boulogne, Religieux de l'Ordre de faint Dominique, envoïé par le Pape Jean XXII. convertit l'an 1330. estant toûjours demeurés fermes dans la croïance de l'Eglise Romaine depuis ce tems-là, qu'ils firent un Archevesque & un Clergé particulier, qui porte l'habit de faint Dominique, observant la Regle & les Conftitutions de fon Ordre, comme nous dirons plus amplement, en parlant des Freres Unis de saint Gregoire l'Illuminateur, dans le Chapitre 30. Les francs-Armeniens habitent auprès de Naxyvan ville d'Armenie, sous la domination du Roi de Perse, dans un canton appellé Abrener, qui contient presentement douze villages Catholiques. Il y en avoit un plus grand nombre, qui a esté diminué par les perfecutions des Schifmatiques, qui leur ont suscité de grofsses avanies par le moïen des Gouverneurs. Ils en porterent leurs plaintes au Pape Alexandre VII. qui l'an 1664. escrivit en leur faveur au Sophi de Perse, pour les faire taxer d'office: ce qu'il leur accorda; mais cela ne fervit qu'à augmenter leurs peines, & en mesme tems la rage des Minif tres Persans, qui ne manquent aucune occasion de leur faire tous les jours de nouvelles perfecutions. MOINES Il y a encore des frans-Armeniens en Pologne, qui ont un Archevesque particulier qui se soumit à l'Eglise Romaine en l'année 1666. aïant fait abjuration de l'herefie & profession de foi Catholique, entre les mains du P. Clement Galano Theatin, que le mesme Pape Alexandre VII. envoïa exprès de Rome à Leopol, avec le R. P. Pidou, François, auffi Thearin, & à present Evefque de Babilone. Ils establirent un College de Philofophie & de Theologie à Leopol, qui subsiste toûjours, & dont il est forti de fort habiles gens. Tous ces francs-Armeniens fuivent entierement le Rit Romain, & le Calen drier pour toutes les Ceremonies & les Festes. ARME NAANSI MOINES ARME NIENS. Les Armeniens Schifmatiques,qui ont autant d'erreurs eux seuls que toutes les autres Sectes ensemble, ont deux Patriarches. Autrefois leur Eglise n'avoit qu'un Chef qu'elle nom. moit Seigneur fpirituel, qui estoit aufli très puissant pour le temporel, & faifoit sa refidence au Monaftere d'Ermiazin; mais depuis que les guerres ont obligé ce Patriarche de transferer son siege à Cis, dans l'Armenie Mineure, ou Caramanie, l'Archevesque de cette ville a ufurpé auili la qualité Patriarchale, qu'il a peu à peu establie & affermie: deforte que l'on compte presentement dans cette Eglife Schifmatique, deux Patriarches universels; l'un au Monastere d'Ermiazin proche la ville d'Erivan, & l'autre à Cis en Caramanie ; neanmoins celui qui reside à Ermiazin a retenu la superiorité & l'autorité sur tout le peuple Armenien,avec le titre de Superieur spirituel. En effet c'est un des plus grands Prelats du monde & le plus pauvre; car il a deux cens Archevesques & Evesques de sa dependance, & à sa nomination; la pluspart desquels n'ont que le titre sans Eglife, & celui de Cis n'en a pas plus de cinquante ou environ, entre lesquels font ceux de Jerufalem & d'Alep. L'Archevesque de Constantinople s'est servi de l'autorité des Empereurs Ottomans, pour se faire aussi nommer Patriarche, & son élevation depend de la Porte, qui n'a pas pour cela augmenté fon autorité, puisqu'elle ne s'étend que dans fon Archevesché, & qu'il n'est reconnu d'aucuns Prelats. Le plus souvent il n'est point sacré, & eft obligé de se servir du miniftere de quelques Prelats passagers ausquels ils donne de l'argent pour faire les fonctions de l'Huile sacrée, & pour donner les Ordres. Il faut estre Religieux, pour arriver à ces dignités, auffi-bien qu'à celle de Vartabied; nom que prennent leurs Docteurs, dont la marque est un baston pastoral & un livre qu'ils porrent toûjours, qui les rend plus respectables que les Prelats mesmes, & leur donne une autorité presque égale à la Patriarchale, de decider sur toutes chofes en matiere de Religion, & de loix écclesiastiques, & de prêcher affis. Il y a parmi les Armeniens Schifmatiques un très-grand nombre de Moines, Les uns font de l'Ordre de faint Antoine & les autres de celui de faint Bafile. Ceux de faint Antoine demeurent dans des Solitudes & dans des Deferts, où les austerités qu'ils |