NIENS. A men.cum MOINES introduit en Armenie, mais le P. Galano, & quelques autres ARME- Auteurs disent, que celui de saint Basile l'a esté par le PaClem. Ga- triarche Nierles Gheldes qui mourut l'an 622. des Armeniens, lan. Cone - qui revient à l'an 1173. de Jesus-Christ. Mais les Religieux de Liat. Ecclef. cet Ordre ne sont pas fi exacts obfervateurs de leurs Regles, Roman. que ceux de l'Ordre de saint Antoine qui vivent dans les Deferts; car ceux de l'Ordre de faint Bafile mangent quelquesfois de la viande, & leurs Monafteres sont la pluspart situés dans des villes, ou dans des lieux fort frequentés. C'est parmieux que l'on élit ceux qui sont destinés pour les Prelatures, pour les dignités de Vartabieds, & les autres charges Ecclesiastiques, n'y aïant aucun des Solitaires qui y parvien Part. 1. 1 ne. Leur principal Monastere est celui d'Exmiazin dont nous avons parlé, qui eft comme le centre & le sanctuaire de la Religion Armenienne, & la Regle de toutes les autres Eglifes pour la difcipline. On l'appelle ordinairement Trois Eglifes, à cause qu'outre l'Eglise du Convent, il y en a deux autres afsez proches, dont l'une se nomme fainte Caïanne, & l'autre Ste. Rupfimée. Il y a dans ce Convent des logemens pour les Etrangers qui le viennent vifiter, & pour quatre-vingts Moines. Le Chevalier Chardin dit qu'il n'y en a ordinairement que douze ou quinze. Cependant le P. Avril de la Compagnie de Jesus, qui a esté dans le mesme Monastere en 1685. dit: que la Communauté estoit de cinquante ou foixante Religieux, ce qui a esté auffi confirmé par M. l'Evesque d'Hispaham, qui arriva de Perse à Rome en 1706. & que j'ai fait consulter touchant les Monafteres que les Armeniens peuvent avoir en ces quartiers là. Celui de Bichini a esté basti sur le modele d'Ermiazin. C'est un gros bastiment ancien de plus de huit cens ans ; mais beaucoup plus grand, entouré de hautes murailles de pierre, Aanquées de quantité de grosses tours comme une fortereffe. Ces deux Monafteres font les demeures ordinaires des plus fameux Vartabieds, & les seuls où l'on fait l'Office d'une maniere édifiante. Il y a environ vingt-deux autres Monafteres dans le territoire d'Erivan, mais pauvres & mal entretenus, où il n'y a dans la pluspart, que cinq ou fix Religieux. Il y a encore dans le mesme territoire, cinq Convents de filles, & il peut y avoir en tout trente Convents de Religieux Armeniens, dans les ARME terres qui dependent du Sophi de Perfe; outre quinze Con- MOINS vents de filles de la mesme Nation, les uns & les autres estan NIENS. Schifmatiques & Heretiques; à l'exception des Monasteres de Naxivan & de la Province qui porte ce nom, où les Religieux & Religieuses sont Catholiques. Il y a encore deplus, environ dix Convents d'Armeniens dans les lieux qui sont sous la dépendance des Turcs. Quoiqu'ils foient pauvres dans la pluspart de leurs Convents, ils font neanmoins très riches à Jerufalem, & les plus puissans parmi les Schifmatiques. Ils y possedent trois Egliles, dont la premiere estoit autrefois en la maison de Caïphe, laquelle est hors l'enceinte de la ville : la seconde, dans la ville à l'endroit où estoit la maison d'Anne ; & la troifiéme au lieu où saint Jacques fut decapité. Cette derniere leur fert de Paroiffe & eft ornée fort proprement. Ils ont aussi le champ appellé Haceldama, qu'ils ont acheté, & où ils ensevelissent leurs pelerins; & dans l'Eglise du saint Sepulcre, il y a trois arcades qui leur appartiennent. D'une ils en ont fait une chapelle, où ils celebrent la Messe, & font leur Office; &les deux autres servent de demeure à quelques Religieux qui y logent. Outre cela, ils ont fait bastir une chapelle au lieu où les habits de Nostre-Seigneur furent tirés au fort. Ils font tous grands ennemis des Grecs, avec lesquels ils ont toûjours quelque dispute. Ils s'accordent mieux avec les Latins, & vivent en bonne intelligence avec les Religieux de saint François qui font en Terre fainte. Comme on accusoit ces Religieux de n'avoir pas voulu reconnoistre le Conful François que le Roi envoïa à Jerufalem en 1700. & d'avoir esté cause du tumulte qui arriva dans cette ville à son occafion; les Armeniens donnerent un certificat que j'ai veu, signé de plus de quarante, tantEvesques que Vartabieds, &des principaux de leur Nation, pour la justification des Religieux de S. François, qui avoient reconnu avec soumission le Conful. Le sceau du Convent de S. Jacques est à la teste de ce certificat, accompagné du cachet de chaque particulier, quia figné le certificat, lequel est daté du 7. Juin de l'année Armenienne 1149. qui répond à l'an de Jesus-Chrift 1700. L'Evefque qui eft à Jerufalem, prend la qualité d'Evesque de cette ville, & obeit au Patriarche residant à Cis, qui tient ARME MOINES un Vicaire à Jerufalem, avec environ vingt-cinq Religieux dans les lieux dont nous avons parlé ci-deslus. La pluspart de NIENST leurs Eglises sont propres & ornées de tableaux; mais ils abhorrent les figures en relief. Ils recitent l'Office, & celebrent la Messe en langue Armenienne, selon le Rit particulier à cette. Nation, & consacrent avec du pain azime, de la grandeur d'un escu, épais d'un demi doigt. L'orsqu'ils celebrent une Messe haute, les Religieux & les Prestres, à la cadance de leur chant avec les seculiers, frappent des Cimballes l'une contre l'autre. Ces Cimbales sont comme des affiettes de cuivre, & d'autres frappent aussi avec un morceau de fer fur une efpece de timbre d'horloge. De tous les Orientaux, ils font les plus zelés pour la Religion Chrestienne; car de cette Nation, il y en a peu qui se faffe Baillet, Vies Turc. M. Baillet les veut faire passer pour les plus grands jeû-des ss. Tom. neurs de la Chrestientés à cause, dit-il, de la multitude de 4. Edit. in leurs caresmes, qu'il ne reduit néanmoins qu'à huit, quoi laseptuagef. qu'ils en aïent onze, comme nous allons montrer. Les Grecs fol. Hift. de ont cependant plus de jeûnes que les Armeniens, quoiqu'ils naïent pas tant de caresmes differents; & il y a des années où ils ont quelquefois quinze jours de jeûne plus qu'eux, selon que la Feste de Pâques est plus ou moins avancée, ou reculée puisque le caresme des Apostres chez les Grecs, commence huit jours après la Pentecofte... Comme de plusieurs Auteurs que j'ai leus, & qui traitent de la Religion des Armeniens je n'en ai trouvé aucun qui s'accorde touchant leurs jeûnes; je m'en suis informé à des Armeniens mesmes, & voici ce que m'ont dit encore ces Prestres d'Andrinople, dont j'ai parlé, & qui se trouve aussi conforme à ce que j'en ai appris de M. l'Evefque d'Hispaham. Les Armeniens ont onze carefmes. Le premier qui s'appelle Surpe-SarKifi-bas, le jeûne de faint Sergius, eft de cinq jours. Ils le nomment aussi des Ninivites ou de Jonas: mais le nom d'ArtZibure, que quelques-uns lui donnent, est une pure calomnie que les Grecs, qui font les ennemis irreconciliables des Armeniens, ont inventée. Ces Prestres d'Andrinople m'ont assuré qu'il n'y avoit que les Evesques, les Prestres, & les Religieux, qui scussent la signification de ce mat d'Artzibure, & que le Peuple ne sçauroit ce qu'on lui voudroit dire, fi on lui parloit du caresme d'Artzibure, ne connoiffant ce premier caresme, |