i commença à recevoir ceux qui se presentoient à lui pour em- Il paroist visiblement par tout ce discours, que le Monastere de faint Pachome n'estoit pas tout formé en 348.11 peut bien avoir esté commencé en, 345, puisque ce fut à peu près dans ce tems-là que ce Saint eut la premiere vision de l'Ange qui lui commanda de bastir un Monastere à Tabenne, Mais quel pouvoit-estre ce Monastere que saint Pachome bastit d'abord? une Cellule fans doute, ou une cabane, faite de branches d'arbres & de roseaux, car il n'y a pas d'apparence que saint Palemon, qui l'aida à ce travail, & qui estoit un vieillard fort caduc, fust en estat de porter de gros matereaux. Comme en se quittant, ils promirent de se visiter chacun une fois l'année, & qu'ils executerent ponctuellement leur promeffe jusques à la mort de saint Palemon; il y a bien de l'apparence que saint Palemon vêcut encore quelques années, après. Comme on ne nous dit point si ce fut devant ou après la mort de saint Palemon que le frere de saint Pachome le vint trouver à Tabenne pour demeurer avec lui, nous pouvons croire que ce fut après la mort de saint Palemon. Il n'y a point de doute que saint Pachome ne demeurast encore seul après la mort de son frere; puisque dans les combats qu'il eut à soûtenir contre les Demons,ce Solitaire Hieracapollon le venoit encourager. Croirons-nous que tout cela ne s'est fait que dans l'espace de trois ans, depuis l'an 325. jusqu'en 328. auquel tems on nous veut perfuader que saint Theodore vint à Tabenne pour y demeurer, & que le Monastere de faint Pacho 4 1 Jur la Lettre me estoit déja rempli d'un grand nombre de Religieux? Comment cela se peut-il accorder avec ce qui est dit dans la vie de faint Pachome, que durant quinze ans il ne dormoit que fur un banc, fans s'appuïer contre la muraille, & que ce fut après cela, que l'Ange lui estant encore apparu, & lui aïant dit par trois fois que la volonté de Dieu estoit qu'il servist les hommes pour les reconcilier avec lui, il reçut pour lors dans fon Monastere ceux qui se presentoient à lui Ce fut donc après l'an 340. que cela arriva, & non pas l'an 328. puisque faint Pachome s'estoit retiré à Tabenne en 325. & peut-eftre mesme après. C'est ainsi sans doute que M. Bulteau a compté, lorsqu'il dit que l'on peut mettre l'establissement du Monastere de Tabenne par faint Pachome entre les années 340. & 350. & quoique ce Monastere eust esté commencé en 325. on ne le pouvoit pas appeller un Monaftere reglé, & où l'on pratiquoit les exercices de la vie Monastique, puisque personne n'y demeuroit. Mais quand l'on ne voudroit compter ces quinze années de grandes austerités de saint Pachome que depuis sa retraite, qui fut en 314. (ce qui n'est pas vraisemblable) il se trouveroit qu'il n'auroit commencé à recevoir du monde dans son Monastere, qu'après l'an 329. & non pas l'an 328. comme dit M. de Tillemont. Ainsi saint Amon s'estant retiré à Nitrie en 323. il a pu avoir des Disciples, & avoir fondé des Monafteres confiderables, avant ceux de faint Pachome. Le P. de Mont Obfervat. faucon prétend mesme qu'il y avoit déja des Monafteres fur de Philende le Mont de Nitrie, lorsque saint Amon s'y retira, & qu'il la vie cont. augmenta seulement ceux qui y estoient, & qui n'estoient autres que ceux des Therapeutes qui avoient les premiers habité cette montagne. part. 2.Pa Le P. Papebroch ne veut point non plus admettre de Monafteres avant faint Pachome. Il sembloit que dans ses Ephemerides des Moscovites, au vingt-deuxième Avril, il avoit mesme Apud Bol- pretendu que la vie Monastique n'estoit qu'une nouveauté land Tome du commencement du quatriéme siécle, puisqu'il le temoigne 1. Mais pas affez par ces paroles : Nolumus credere Monachatus initia DioEphemerid. cletiani atate vetustiora; & le P. Sebastien de saint Paul, ExMofcstian provincial des Carmes de Flandre, avoit raison de l'accufer S. Paul. Ex- de n'avoir point voulu admettre la vie Monastique avant l'an 300. Mais dans la response que le P. Papebroch fait au P. Paul 19. Col 1. Moscou. bib. error. 7 P.Sebastian de saint Sebastien, il rapporte la conference de saint Antoine Daniel.Pa avec les Disciples de saint Pachome, dont nous avons ci-de- pebrochii. vant parlé, & dit: que c'est ce qui lui a donné occasion de mettre le troifiéme paragraphe qui se trouve au commence- Daniel Pament de la vie de saint Pachome: Cœnobialis vita, seus perfec-pcb.refp.ad tioris monaftica initium & exemplum, an à fancto Pachomio ac- as. Pauceptum ? & qu'aïant respondu affirmativement, c'est une preu- le. art. 19. ve qu'il n'a entendu parler que de la vie Cœnobitique dont *. 122. saint Pachome est l'Auteur, qui a aussi fondé les premiers Monafteres, n'y en aïant point eu avant lui, soit en Egypte, thid. soit en aucun autre lieu: apparet enim quastionem mihi effe & Semper fuisse, de Cœnobitica seu Monastica perfectiori, ad quam existimo non pervenisse ulla monafteria, vel in Ægypto, vel alibi, ante Pachomium. Comme on croiroit peut-estre que le P. Papebroch par la vie Cœnobitique parfaite, n'a entendu parler que de plusieurs Monafteres unis ensemble sous un Chef; il s'explique plus bas en disant: qu'il pretend non feulement parler de ceux-là; mais encore des Monafteres particuliers, où plusieurs Religieux demeuroient ensemble. (C'est toûjours en respondant Ibid n. 125. au P. Sebastien, ) ut ut est: apparet falso me accusari, quasi negem Monachatum incepisse ante annum 300. cum tam manifeflè declarem me agere de perfecto, id est Cœnobitico Monachatu, & quidem tali qui non folum multos in unum colligebat Monafterium; fed uni Monasterio ejusque Abbati plurima alia fubjiciebat tanquam capiti ; quemadmodum nunc fit in Religiofis Ordinibus; estenim hac regiminis forma proculdubio optima & perfectissima. Nititur paternitas tua contrarium probare ex fanctis Patribus: fed hi omnes intelligipossunt de solitariis fimplicibus loqui, eorumque Cellas appellare Monafteria. Il n'y avoit donc point, selon le P. Papebroch, de Monafteres avant faint Pachome. Cependant le P. Sebastien, pour prouver l'antiquité de la vie Monastique, lui apporte pour exemple le martyre de sept Moines, arrivé sous l'Empire de Maximin, dont il est fait mention dans le Martyrologe Romain au dixneuviémeOctobre. Le P. Papebroch lui refpond, que cet exemple n'est pas valable pour prouver l'antiquité de la vie Monaftique; puisqu'ils ont fouffert sous l'Empire de Maximin, qui commença à regner en Egypte l'an 310.auquel tems il reconnoist qu'il y avoit des Monasteres : Et Maximinus iste primum cæpit Coll. 18. Ibid n. 129 anno 310. in Ægypto regnare, quando istic fuisse Cœnobia agnosco, le mot de Cœnobium, dont il se sert, ne peut s'entendre que Cassian, d'un Monaftere où l'on vivoit en commun, suivant ce que dit Caffien: Cœnobium appellari non potest, nisi ubi plurimorum cohabitantium degit unita communio. Reconnoistre des Monafteres en 310. & n'en vouloir point admettre avant ceux de faint Pachome, qui ne se retira que l'an 314. & qui ne fonda son premier Monastere qu'après l'an 340. ou au plustost, qu'a сор. 10. près l'an 329. cela demandoit, ce'me semble, quelque éclair Papebroh. cissement. us jupra 8. On pourroit dire, qu'il a donné l'éclaircissement que l'on demande dans le mesme article de sa response au P. Sebastien 124. 27 دو de faint Paul, lorsqu'il dit: que les anciens & les modernes, .. ont pris indifferemment le nom de Moines, & donné celui دو دو دو de Monafteres à leurs demeures, de mesme que l'on donne „ presentement le nom de Celle ou de Cellule à la demeure d'un seul Ermite, ou à la chambre d'un seul Religieux qui vit regulierement dans un Cloistre. Il ajoûte que vers le milieu des fiécles, le nom de Cellules ou Celles estoit aussi donné à des Monasteres; ce qui a fait que quelques Fran» çois & quelques Italiens, ont ainfi appellé des Abbaïes & des Prieurés; comme ceux de Celle - neuve, Celle-Dieu, Vaux-Celle, & Celle de faint Ghilin. Pourquoi donc, dit-il „ encore au P. Sebastien, si je diftingue ainsi les Monafteres, selon les differents tems, voulez-vous que je fois plus ridicule, » que celui qui voudroit excuser (comme quelques-uns des vof» tres ont fait en ma presence) ce nombre excessif de Monafteres de Carmes, dont il est parlé dans vostre Eglise de Louvain, où l'on dit qu'Omar, Chef des Sarafins, ordonna à un petit nombre de Monafteres, qui estoient les restes de sept mille, de porter des habits barrés? Que l'on prenne, ajoûte-t-il, le mot de Cœnobium pour un Monaftere, & le mot de Monaf» tere pour une Cellule; on népeut entendre par-là, finon, , que les Religieux qui changerent d'habit, estoient ce qui restoit du nombre de sept mille dont Omar avoit detruit les Monafteres, & qu'il en avoit fait mourir plusieurs.. دو دو دو Mais bien loin que cet esclaircissement puisse fatisfaire, on en tirera au contraire cette consequence, que le P. Papebroch disant que pour parler d'un Monaftere, il s'est fervi de ces mots, Monafterium, Cella, & Cœnobium, selon les differens tems ausquels on les appelloit ainsi ; & aïant donné, dans sa ref ponte au Pere Sebastien, le nom de Canobia aux Monafteres qui estoient du tems de l'Empereur Maximin, c'est-à-dire vers l'an 310. il a pretendu en cet endroit que la vie Cœnobitique estoit déja establie dès ce tems-là; puisque par les Coœnobites, l'on ne peut entendre que les Religieux qui vivoient en commun, & que le mot de Coœnobite vient de celui de Cœnobium, qui ne peut fignifier autre chose qu'une Communauté de plusieurs personnes qui vivent ensemble, fuivant l'explication qu'en a donnée Caslien, comme nous avons déja dit, auquel on doit ajoûter d'autant plus de foi, qu'il avoit esté visiter les Monafteres d'Egypte & de la Thebaïde l'an 394. qu'il sçavoit bien la difference qu'il y avoit entre les Monasteres où l'on vivoit en commun, & ceux où il n'y avoit qu'un seul Solitaire, & le nom qu'on leur donnoit; qu'il assure mesme, comme nous avons aussi remarqué dans un autre endroit, que les Cœnobites avoient commencé avant saint Paul Ermite & avant faint Antoine, par confequent avant faint Pachome, ce qu'il pouvoit avoir appris de leurs Disciples qui estoient encore vivants. On a donc sujet de s'estonner de ce que le P. Papebroch, aïant prétendu avoir eu raison de faire cette demande: Cœnobialis vita, seu perfectioris Monastica initium & exemplum, an à sancto Pochomio acceptum ? & d'avoir respondu affirmativement que faint Pachome a esté l'auteur de la vie Cœnobitique, & le fondateur des premiers Monafteres, & qu'il n'y en a point eu avant lui, foit en Egypte, foit en aucun autre lieu, il ait donné ensuite le nom de Canobia aux Monafteres qui estoient déja fondés dès l'an 310. c'est-à-dire près de vingt ou trente ans avant que saint Pachome eust fondé fon premier Monaftere; & il fera toûjours vrai de dire, que s'estant servi du mot de Cœnobia,il reconnoiffoit des Monafteres parfaits dès l'an 310. quoi qu'il tâche de prouver lecontraire en plusieurs endroits.. A Dieu ne plaise que je veüille accufer le P. Papebroch d'avoir avancé des faits qui se contredisent, aussi-bien que le P. Thomassin & M. de Tillemont. Si je combat leur sentiment touchant l'origine de la vie Monaftique & des Monafteres je ne le fais point par un esprit de critique : j'ai trop de respect pour leurs personnes, & trop d'estime & de veneration pour ces excellents ouvrages qu'ils nous ont donnés, qui sont d'u |