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il

ann. 787.

CAN. 12.
Mabill.

Annal. Bened. 1. 4.

pag. 107. Bulteau,

Hift.de l'or

soft, te. 1. L

Greg. Tur. lwv.6.c.39

Bultcau

comme ci

1.5.30. ¿.

lieu, & qu'on leur impoferoit des jeufnes & des mortifications. Le Concile de Francfort n'en voulut point fouffrir, à moins que les Evefques & les Abbés ne les renfermaffent eux mefines. La Couftume eftoit autrefois à Vienne en Dauphiné de choifir un Religieux que l'on croïoit eftre le plus avancé dans la perfection, & le plus digne d'eftre exaucé de Dieu; & on le renfermoit dans une Cellule, afin qu'il y paffaft le refte de fes jours dans la contemplation, & qu'il y priaft fans celle pour le peuple. C'eftoit auffi la pratique de la plufpart des Monafteres, non feulement d'hommes, mais encore de filles. Il y en avoit, entr'autres, dans le Monaftere de Sainte-croix de Poitiers ; & Gregoire de Tours a defcrit les ceremonies qu'on obfervoit dans la reclufion de ces faintes filles. Vers la fin du neuviéme fiécle, Grimlaic Prestre que l'on croit avoir efté le mefme que celui que le PapeFormofe jugeoit digne de l'Epifcopat,& qu'il recommanda pour cet effet à Foul dessus. to.. Archevefque de Reims, afin qu'à la premiere occasion emploïaft fon credit pour lui procurer cette dignité; compofa une Regle pour ces fortes de Reclus. Leurs Cellules devoient eftre proche de l'Eglife de quelque Monaftere, & elles pouvoient eftre accompagnées d'un petit jardin. Ces Reclus demeuroient feuls, ou plufieurs enfemble; dans un mesme lieu, mais chacun dans une Cellule feparée, communiquant seulement entr'eux par une feneftre. Ils vivoient du travail de leurs mains, ou des oblations des fidelles ; foit des aumofnes du Monaftere voifin, foit de celles que le peuple leur faifoit. Parmi ces Solitaires, il y en avoit qui estoient Clercs, & mefme Preftres, & que les feculiers alloient voir, pour les confulter fur ce qui regardoit leur confcience & leur falut. Les Preftres celebroient la Meffe dans une petite Chapelle qui eftoit dans l'enceinte de leur Reclufion ; & ils avoient encore une feneftre qui s'ouvroit fur l'Eglife, & par laquelle ils pouvoient affister à l'Office, parler à ceux qui les venoient voir, & entendre les confeflions des feculiers, mefme celles des femmes, qui vouloient recevoir leurs avis fur la conduite de leur vie.

Ceux d'entre les Reclus qui eftoient Moines de profeffion, portoient le froc; & ceux qui ne l'eftoient pas, fe couvroient d'une chappe, qui estoit un habit communaux Ecclefiaftiques & aux Religieux. Quelques-uns avoient des Difciples quide

Tome I.

E

Bultean,

282.

Vit. S. Ex

th. apud Bolland.

Januar.

meuroient hors l'enceinte de leur Reclufion; nul ne devoit estre admis à l'estat de Reclus, qu'avec la permiffion de l'Evefque du Diocese,ou de l'Abbé du Monaftere qu'il choififfoit pour le lieu de fa Reclufion, & s'il n'avoit paffé auparavant par l'épreuve du Noviciat. On imprimoit fur la porte de la Cellufe le fceau de l'Evefque; & file Reclus tomboit malade, on oftoit ce fceau pour l'aller fecourir; mais il ne lui eftoit pas permis de quitter fa Reclufion. Ainfi ils eftoient obligés par cette Regle, à quelque chofe de plus qu'à ce que le quarante-uniéme canon du Concile in Trullo ne les avoit obligés.

que

bâtit

Il femble que faint Romuald Fondateur de l'Ordre des Camaldules, ait renouvellé dans l'onziéme fiécle les anciennes Laures des Moines de la Palestine, en faifant vivre fes Ermites dans des cellules feparées les unes des autres, avec une Eglife au milieu, où ils s'affemblent tous pour les divins Offices. Le premier qui fonda ces fortes de Laures, fut faint Hi. M. Chariton qui mourut vers l'an 340.La premiere eftoit prés de naft. d'o la Mer-morte, à fix mille pas de Jerufalem, & fut depuis aprient-page pellée la Laure de Pharan. Il en bâtit une feconde vers Jericho, & une troifiéme dans le defert de Thecua, qui fut enfuite connuë fous le nom de Laure de Seuca. La Laure faint Euthyme le Grand dans le cinquiéme fiécle, fut fort reAct. ss. 20. nommée ; elle eftoit efloignée de quatre ou cinq lieuës de la ville de Jerufalem; mais le faint Abbé n'y vouloit point recevoir de jeunes gens qui n'avoient point encore de barbe ; c'eft pourquoi faint Sabas & faint Quiriace s'eftant prefentés pour eftre au nombre de fes Difciples, il envoïa faint Sabas au Monaftere de faint Theoctiste, & faint Quiriace à celui de faint Gerafime, parce qu'ils n'avoient point encore de barbe & à fon imitation faint Sabas aïant bâti la celebre Laure qui a porté fon nom, il n'y recevoit pas non plus de jeunes gens, & les envoïoit d'abord dans d'autres Monasteres. Ce Saint eut plufieurs Difciples qui bâtirent auffi des Laures aux environs du Jourdain. Toutes ces Laures eftoient celebres par l'exacte discipline, & par la grande aufterité qu'on y pratiquoit.

Theodoret

Cette vie auftere ne contenta pas d'autres Solitaires qui Hift. Relig. vivoient dans le mefme tems; & l'on regarda comme un proVit. s. si dige le Grand Simeon Stylite qui fe confacra le premier, & meon. apud fans en avoir d'exemple, à une penitence extraordinaire, ef

6. 26.

170.

tant resté sur une colomne pendant quarante-huit ans, ex- Bolland pofé aux ardeurs du foleil,& aux autres incommodités des fai- 4. S. 5 Tons. La premiere colomne fur laquelle il monta, n'avoit que PP. apud quatre coudées de haut, à ce que ditAntoine l'un de fes Dif-Rofveid.pag ciples, qui a efcrit fa vie; & Theodoret marque qu'elle en en avoit fix ; mais estant monté fucceffivement fur des colomnes de diverses hauteurs ; la derniere fur laquelle il eftoit lorfqu'il mourut, vers l'an 460. & felon d'autres, vers l'an 463. avoit quarante coudées. On crut que ce genre de vie ne pouvoit eftre pratiqué par d'autres ; il y eut cependant deux autres Simeons, un Daniel, un Julien & quelques autres,qui termi- Mosch. nerent une fainte vie dans une penitence pareille à celle du Prat (pirit. grand Simeon qu'ils imiterent, eftant reftés plufieurs années 38. fur des colomnes, & aïant eu des Difciples.

Quant aux Ermites de ce tems,on en voit un très grand nombre qui ne font foumis à aucun Superieur, & qui ne fuivent d'autre Regle que celle que leur dicte le plus fouvent le libertinage. Il est vrai qu'il y en a quelques-uns qui imitent les veritables Solitaires des premiers fiécles, & qui marchent sur leurs traces; mais ces exemples font rares, & on peut comparer les autres aux Rhemobotes, aux Sarabaïtes, & aux Girovagues. Il vaut mieux ne les pas comprendre dans l'Ordre Monaftique; puisqu'ils en portent indignement l'habit : fi l'on excepte neanmoins ceux qui font gouvernés par des Superieurs, & qui vivent en Communauté,aufquels l'on peut donner le nom de Coenobites, comme à ces anciens Solitaires conventuels, qui n'avoient point d'autre Regle que la sage conduite de leurs Abbés.

Joann.

c. 28.57.

Il est vrai que ce fentiment n'eft pas univerfellement receu. Ceux qui le combattent,pretendent que pour eftre Cœnobite, il ne fuffit pas de vivre en commun, mais qu'il faut auffi que ce foit fous l'authorité d'une Regle. C'eftl'interpretation qu'ils ont donnée à cet endroit de la Regle de faint Benoift, où il eft parlé des Coenobites: Monachorum primum genus Cenobitarum, exp.5. hoc eft monafteriale militans fub Regula, vel Abbate ; pretendant qu'il faut prendre la particule disjonctive pour conjonctive. Les autres qui ont interpreté la Regle du mefme Saint, ont expliqué plus naturellement cet endroit ; & prenant la particule en question pour disjonctive,ou alternative, ont dit: que les Cœnobites font ceux qui vivent fous une Regle, ou

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Col. 18. cap.

17.

fous un Abbé. C'eft auffi le fentiment de Caffien qui eftoit Caffian parfaitement inftruit de la vie Coenobitique, & qui nous apprend que ce font ceux qui vivent en Communauté, & qui font gouvernés par le jugement d'un Superieur. Il ne parle point de Regle, comme remarque le P. le Mege dans fon explication de la Regle de faint Bonoift; parce qu'il croïoit que pour eftre un Solitaire Coenobite, il fuffifoit de vivre en commun fous l'authorité d'un Abbé. Ainfi ceux qui font de fentiment contraire, ont ofté à faint Antoine la qualité qui lui eft deuë de Pere & de reftaurateur des Coenobites, pour la donner à faint Pachome, qui, à ce qu'ils difent, eft le premier qui ait eftabli de veritables Monafteres. C'est ce que nous allons examiner dans le paragraphe suivant.

PARAGRAPHE VI.

Que Saint Antoine eft le Pere des Canobites; & qu'il a eftabli les premiers Monafteres parfaits.

C

OMME après que les perfecutions eurent ceffées, faint Antoine le vit Chef d'un grand nombre de Solitaires qui fe rangerent fous fa conduire, qu'il les fit vivre en commun; & que les Monafteres qu'il establit à Pisper,à Nacalon & en d'autres endroits,avoient toute une autre forme que ceux des trois premiers fiécles que nous avons appellés fimples Monafteres quoiqu'ils fuffent neanmoins de veritables Monafteres ; on ne peut pas refufer à ce Saint le titre de Pere des Cœnobites,qu'on doit lui donner par excellence, comme on a donné à faint Paul celui de Premier des Ermites, quoiqu'il y en ait eu avant lui.

Entre ceux qui n'admettent point de fucceffion de Moines & de Monafteres, depuis S. Marc jufques à S. Antoine; il y en a qui ont cru qu'ils ne pouvoient pas refufer fans injustice à ce dernier le titre d'Inftituteur de la vie CœnobitiThomaff. que & de Fondateur des Monafteres reglés. Le P. ThomasDifcipl Ec fin a reconnu qu'on ne pouvoit pas lui difputer cette quaclef. part. 1. lire, & que mefme c'eftoit l'opinion la plus commune; forf

1.1.c.so.

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que voulant prouver que les Monafteres de filles eftoient auffi anciens que ceux des hommes, il dit, qu'on ne doute point que faint Antoine ne foit le Pere & le premier Inftituteur des Monasteres, & que fa fœur fuivit de bien près fon

exemple, s'eftant enfermée avec d'autres filles dans un Mo naftere dont elle fut Superieure.

Mem.pour

Il y en a neanmoins qui ne lui attribuant que la qualité de premier Pere des Solitaires, donnent à S. Pachome celle De Tillem. d'Instituteur de la vie Coenobitique. M. de Tillemont qui Hist. Eccl. eft de ce nombre, dit, en parlant de S. Antoine, que ce Tom.7.pag. fut vers l'an 305, au milieu des fureurs de la perfecution de 109. Dioclétien & de Maximien, qu'il commença à faire des miracles, & à perfuader à un grand nombre de perfonnes d'embraffer la vie Solitaire: que ce fut la caufe de tant de Monafteres, ceft-à dire de Maisons, ou pluftoft de Cabanes, dont on remplit les montagnes, pour la demeure des Anachoretes qui s'y retirerent, & que quelques-uns de ces Monafteres purent d'abord s'unir ensemble, & former des efpeces de Communautés, mais fort peu nombreuses. Et en parlant de faint Pachome, il dit: que le refpect que l'Eglife a aujourd'hui pour fon nom, n'eft pas une devo- Pag. 1671 tion nouvelle, mais une jufte reconnoiffance des obligations qu'elle lui a, comme au faint Fondateur d'un grand nombre de Monafteres, & à l'illuftre Pere d'une multitude infinie de Moines, ou plustost comme au premier Instituteur, non feulement des Congregations Religieufes, mais abfolument de la vie Cœnobitique & des faintes Communautés ; & il marque que ce pouvoit eftre l'an 325. qu'il commença fon premier Monaftere à Tabenne.

Pag. 176.

Ainfi, felon M. de Tillemont, les veritables Monafteres, ou pluftoft les Monafteres parfaits,ne furent establis par faint Pachome, ou bien commencés, que l'an 325. & les Monafteres que S. Antoine establit en 305. n'eftoient que des Cabanes. Il faut donc conclurre que chaque Monaftere estant une Cabane, & que quelques-uns de ces Monafteres aïant pû deflors s'unir ensemble, & former des efpeces de Communautés, apparemment de cinq, de fix, ou de dix perfonnes au plus ; c'eftoit cinq ou fix perfonnes, ou dix au plus, demeurant en autant de Cabanes qui confervoient quelqu'union entr'elles, & obeiffoient au mefme Superieur. C'eft, ce me femble, le fens qu'on peut donner aux paro les de M. de Tillemont, à moins qu'il n'y eût point de Superieurs pour ces fortes de Communautés, & qu'elles ref- Pag. 177; femblaffent à celles, dont il fait la defcription dans un au

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