SES DE S, rieure parmi elles, non plus que les autres qui se trouvent RELIGIEU dans l'Orient, où elles vivent la pluspart felon que la nature BASILE leur inspire, n'aïant aucune observance & ne recitant aucun Office. On les entend souvent marmoter quelques Kyrie eleifon, & c'est tout ce qu'elles sçavent: on voit peu de filles & de femmes riches fe faire Religieuses, & ce font presque toutes miferables que la necessité y contraint, & à qui l'âge a fait perdre l'esperance du mariage. Les Monafteres qui font situés en Europe, font neanmoins plus reguliers, & l'observance y est mieux en pratique que dans les Monasteres d'Afie; & s'il en faut croire Leon Allatius, les Religieuses de l'Ifle de Chio sa patrie, où elles ont plusieurs Monafteres, vivent avec beaucoup de regularité ; elles ont les mesmes prieres & les mesmes jeûnes que les Moines, & ont des Superieures sous le titre d'Abbesses qu'elles élisent. Elles poffedent toutes des logemens particuliers qu'elles acherent, où les plus riches & qui sont de qualité ont des Servantes, & y élevent des Pensionnaires qui font leurs parentes. Elles font de beaux ouvrages en broderie, foit bourses, pour mettre de l'argent, ou fachets pour des senteurs, en quoi elles sont si adroites que leurs ouvrages font fort recherchés par les Turcs, qui en abordant à cette Ifle, vont d'abord aux Monafteres pour en acheter de ces Religieuses. M. Thevenot dans son voïage de Levant, confirme cela en partie; mais il dit qu'elles sont peu refferrées, qu'elles ne font pas aufteres, & qu'elles peuvent quitter le Couvent quand bon leur semble. L'habillement de ces Religieuses Grecques d'Orient, qu'on appelle aussi Caloyeres, est semblable à celui des Moines excepté qu'elles portent un grand manteau dont elles font couvertes depuis la teste jusqu'aux pieds, & elles ne se servent point de Voiles, de Bandeau, ni de Guimpe comme les Religieuses d'Occident. Les ceremonies qui se pratiquent à leur prise d'habit, sont les mesmes qui s'observent à l'égard des Moines. La Novice vient dans l'Eglise jusqu'à la porte du Chœur, où elle demeure pendant l'Office. Elle va enfuite jufqu'à l'Autel la teste & les pieds nuds, & les cheveux épars, accompagnée d'une Religieuse qui lui sert de Mareine, & qui a soin de détourner ses cheveux qui lui tombent sur le visage lorsqu'elle est obligée de s'incliner. Estant arrivée à l'Autel, SES DE S. RELIGIEU- elle se prosterne aux pieds de l'Evêque, qui, aprés lui avoir BASILE. fait quelques interrogations & avoir recité quelques prieres, lui coupe les cheveux que sa Mareine a soin de recueillir ou pour les brûler, ou pour les luy donner; afin qu'elle en fasse une ceinture qu'elle doit porter les jours folemnels & de Communion & avec laquelle on la doit enterrer. On la revet ensuite des habits de la Religion, le dernier desquels est le manteau dont elle se couvre la teste, & qui traîne jusques à terre. On luy met le livre des Evangiles sur la poitrine, que toutes les Religieuses qui ont un Cierge à la main vont baifer. Elle les embraffe, & aprés toutes ces ceremonies elle demeure sept jours de suite dans l'Eglise en prieres, sans ôter aucun des habits qu'elle à reçus... Il y a de l'apparence que les Religieuses de cet Ordre en Moscovie, n'observent pas toutes ces ceremonies lorsqu'elles reçoivent l'habit de Religion; car on n'examine pas fi celles qu'on renferme dans les Monasteres ont une bonne vocation. Comme le divorce y eft permis, fi un homme s'ennuïe de sa femme, ou qu'il la soupçonne de ne lui estre pas fidelle, il la peut faire raser, & la renfermer dans un Cloistre, & souvent par averfion, ou par jalousie, il fuborne des témoins, qui vont avec lui devant le Juge & depofent contre sa femme; furquoi elle est condamnée sans eftre entenduë, & on lui envoïe quelques Religieuses chez elle qui la rasent, l'habillent en Religieuse, & l'emmenent malgré elle au Monaftere, dont elle ne peut plus fortir depuis que le rasoir a paflé sur sa teste. La fterilité est aussi une cause suffisante de divorce ; car celui qui n'a point d'enfans de sa femme la peut enfermer dans un Couvent & fe remarier au bout de fix semaines. Les Grands Ducs de Mofcovie se servent aussi de ce privilege lorsqu'ils n'ont que des filles. Le Czar Jean Bafili, après vingt-un an de mariage, n'aïant point eu d'enfans de la Princefle Salomée sa femme, la fit enfermer dans un Monastere à Susdal, & épousa Helene, fille de Michel Linsky Polonois l'an 1526. Le Baron d'Herberstain, qui estoit pour lors en Moscovie, dir dans l'Histoire qu'il a donnée de ce païs, que lorsque le Patriarche eut rafé la teste de la Princesse Salomée, & qu'il lui presenta l'habit Monachal, elle fit beaucoup de resistance, ne voulant point qu'on le lui mist, & mesme le foula aux pieds ce que voïant un des Signeurs de la Cour qui estoit present |