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MOINES

DE S. BA

SILE RE

FORME'S,

APPELLE'S
DE TAR.
DON.

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Des Moines de faint Bafile, Reformés, appellés de Tardon.

C

E fut environ l'an 1557. que le P. Matthieu della Fuente dont nous avons parlé dans le Chapitre précedent, s'ef tant retiré avec quelques compagnons aux montagnes de Serra de Morena dans la Province d'Andaloufie, y baftit un Ermitage dans un lieu appellé Tardon au diocefe de Cordouës mais le nombre de fes Difciples s'augmentant tous les jours & l'Ermitage de Tardon fe trouvant trop petit pour les contenir tous, il en baftit un second à Valle-de-Guillos au Diocefe de Seville. Ils y vaquoient à la contemplation, travailloient des mains pour avoir leur fubfiftance, menoient une vie pauvre & retirée, maceroient leur chair par des mortifications & des penitences extraordinaires, ne demandoient point l'aumofne, & refufoient mefme d'accepter celles qu'on leur offroit. Le P. Ambroife Marian quia efté dans la fuite un des plus fermes appuis de la Reforme desCarmes Défchauffés, prit l'habit dans cet Ermitage l'an 1562. & fes Confreres fe fervirent du credit qu'il avoit à la Cour d'Efpagne, pour faire approuver par le Pape leur maniere de vivre. Il alla pour ce fujet à Rome avec des lettres de recommandation de plufieurs Grands d'Espagne, entr'autres du Prince Ruy Gomez, & il en obtint auffi de fa Majefté Catholique adreffées à fon Ambaffadeur à Rome. Le Pape Pie IV. qui gouvernoit pour lors l'Eglife, & qui avoit refolu de n'approuver aucune nouvelle Religion, ne voulut point accorder autre chofe à ces Solitaires,que de s'unir avec quelque corps de Religion approuvée, dont ils feroient Prefeffion; & il accorda aux fortes follicitations du Prince Ruy Gomez quils puffent fuivre la Regle des Carmes, qu'il jugeoit la plus conforme à leur maniere de vie folitaire. Ils ne purent neanmoins s'accoûtumer à l'obfervance de cette Regle, telle qu'elle avoit efté donnée aux Carmes par le Patriarche Albert; c'eft pourquoi l'Evefque de Cordouë leur confeilla de fuivre la Regle de faint Bafile, quils voulurent obferver dans toute fa rigueur, ne vivant que de leur travail. Ils firent enfuite profeffion entre les mains de ce

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DE S. BA

fait SILE RE

DI TAR

Prelat; mais aïant eu le mefme fcrupule que ceux d'Oviedo MOINES fur la validité de leurs vœux, à caufe qu'ils n'avoient pas profeffion entre les mains des Superieurs de l'Ordre de S.Ba- FORME'S file,ils confulterent à ce fujet le DocteurNavarre,qui leur con- APPELLE'S feilla d'avoir recours à Rome,où ils obtinrent deGregoireXIII. DON. l'an 1572. un Bref, par lequel ce Pontife leur permit de renouveller leur profeffion entre les mains de l'Abbé de fainte Marie d'Oviedo,ou de quelqu'autre de l'Ordre de S.Bafile. Il érigea leurs Ermitages en veritables Monafteres de cet Ordre,les unit à celui de Ste Marie d'Oviedo pour en faire une Province fous le nom de faint Bafile avec ceux que l'on fonderoit dans la fuite, & les foumit à l'obeïffance du General de l'Ordre de faint Bafile en Italie. Il y en eut en effet d'autres qui furent fondés, mais non pas fous les obfervances étroites du P. Matthieu della Fuente; ce qui caufa plufieurs differens entre les Monafteres reformés & ceux qui ne l'eftoient pas, les uns & les autres aïant des manieres de vie differentes. Le Pape Clement VIII. envoïa des Commiffaires Apoftoliques pour pacifier ces troubles, mais ce fut inutilement. Les plus grandes contestations de ces Religieux eftoient au fujet du travail en commun, que les Vifiteurs ne purent jamais introduire dans les Monafteres qui n'eftoient point reformés, ni les empefcher d'aller chercher des aumofnes,à quoi les Reformés avoient renoncé. Il y eut mefme un de ces Vifiteurs Apoftoliques qui introduifit le relâchement dans le Convent de Valle-de-Guillos par les changemens qu'il y fit ; ce qui feroit auffi arrivé dans celui de Tardon, fi par un Bref du 13. Decembre 1599. le Pape n'euft defendu fous peine d'excommunication de rien innover dans les obfervances, principalement pour ce qui regardoit le travail des mains.

L'Evefque de Cordoue le dernier de ces Vifiteurs, tâcha de rétablir ce travail des mains, & la difcipline Monaftique qui eftoit beaucoup relâchée dans prefque tous les Monafteres. Ce Prelat voïant qu'il y avoit beaucoup de Religieux zelés pour les obfervances Regulieres, dreffa des Conftitutions particulieres à leur follicitation, & affigna deux autres Couvens avec celui de Tardon, où pourroient fe retirer ceux qui les voudroient obferver. Mais ces Conftitutions n'aïant pas efté approuvées par le Cardinal de San-Severino Protecteur de Fördre, cette Eminence en dreffa d'autres qui furent confir

MOINES mées l'an 1602. par le Pape Clement VIII. qui donna commifSILE RE- fion à l'Evefque de Jaen pour les faire recevoir dans tous les

DS. BA

JORME'S Monafteres.

APPELLE'S

DE TAR DON.

Ce fut un nouveau fujet de trouble ; car la plufpart des Religieux s'oppoferent à ces Constitutions, principalement à caufe qu'il y eftoit marqué que les Freres Laïcs auroient préféance, voix, & fuffrages ; & qu'on defendoit à tous les Religieux de fe fervir d'autre étoffe, que de bure, d'aller nuds pieds dans quelques Monafteres, de chercher des aumofnes, d'entendre les Confeffions des feculiers, & de prêcher hors de leurs Eglifes; ce qu'ils vouloient qu'on retranchaft de ces nouvelles Conftitutions,

Le Pape voïant que ceux qui demandoient ces changemens ne vouloient pas demeurer dans la vocation de la Regle Monachale de faint Bafile, mais defiroient fuivre l'Institut des Mandians fous la profeffion de cette Regle, comme il eft expreffement marqué dans le Bref de ce Pontife, il les laiffa dans feurs Obfervances. Cependant voulant retablir l'Ordre de faint Bafile dans fa primitive Obfervance, principalement pour ce qui regardoit le travail des mains, & la qualité des Religieux qui eftoient prefques tous Laïcs dans le commencement de cet Ordre, y aïant peu de Preftres pour lors, & défirant terminer les differens qu'il y avoit toûjours eu entre les Monafteres de Tardon, & de Valle-de-Guillos, & les au tres qui n'eftoient pas reformés. Il fepara & défunit ces deux Monafteres de Reformés d'avec les autres, permettant à tous les Religieux zelés de s'y retirer & d'y vivre fous les Conftitutions qu'il leur donna, & qui font inferées dans fon Bref du 23. Septembre 1603,

Ces Constitutions contiennent dix Chapitres, & portent entr'autres chofes,que les Religieux de cette reforme garderont en toutes chofes l'uniformité, & qu'afin que la vie commune puiffe eftre obfervée dans toute fa perfection, il ne pourra y avoir dans chaque Monaftere moins de vingt-quatre Religieux, dont la plus grande partie fera de Freres Laïcs: que les uns & les autres fe leveront à minuit pour prier Dieu, & que dans ce tems-là, ceux qui feront deftinés pour le Choeur, reciteront Matines & Laudes: que dans l'hyver, ils fe leveront le matin un peu devant le jour, & fe trouveront tous ensemble au Choeur, pour y faire une demie heure d'O

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