: GREGATION iers, il leur baifa humblement les pieds à tous, & leur de- PRETR à L'aïant fixé au Jeudi-Saint 15. Avril de l'année 1632. ils s'assemblerent dans une Chapelle domestique du même Couvent pour faire leur vœu, que M. d'Authier, qui n'avoit encore que 23. ans, reçut à la fin de la Messe. Ils le prononcerent l'un après l'autre, tel qu'il étoit exprimé dans une protestation par laquelle ils s'abandonnoient à la divine Providence; promettoient d'obéïr jusqu'à la mort à celui entre les mains duquel ils remettoient cet abandonnement, renonçoient à leurs propres inclinations, jugement & volonté, à tous les honneurs, dignités, richesses & contentemens, toutes les amitiés,parentés, & généralement à toutes les créatures qui pourroient leur empêcher l'exercice de ce vœu & de cet abandonnement. Ils demandoient aussi à Dieu dans cette protestation la grace d'accomplir sa fainte volonté, dont esperant meriter la connoissance par un dévouement entier & parfait au faint Sacrement de l'Autel, ils s'offrirent & fe consacrerent à fon culte particulier, promettant de travailler de toutes leurs forces jusqu'à répandre leur fang, si l'occafion s'en présentoit, pour faire connoître, aimer & adorer ce divin Mistere de l'amour infini de Jesus Christ. Après que chacun d'eux eut prononcé cette protestation, ils reciterent le Te Deum, pendant lequel M. d'Authier les embrasfa PRETRES tous, ensuite il leur recommanda d'envelopper d'une petite MISSIONDE peau cette protestation, que chacun avoit écrite & fignée de Con la main en son particulier, avec une medaille du saint SacreIment, & de la porter toûjours à leur cou le reste de leurs SACRE- jours, pour n'en perdre jamais le souvenir. LA GREGATION MINT. Tel fut le commencement de la Congregation du faint Sacrement, dont l'esprit & la conduite spirituelle ont toujours été conformes à ce qui étoit porté par la protestation, excepté le vœu d'obéïssance, que M. d'Authier (qui ne l'avoit permis dans les commencemens que par condescendance aux defirs de ses Compagnons) changea dans la suite en un ferment de stabilité qu'il avoit toûjours jugé plus convenable à une Congregation qui est purement Ecclesiastique. Ces jeunes Ecoliers se voïant engagés plus étroitement au service de Dieu, par le veu qu'ils venoient de faire, ne fongeoient qu'à perseverer dans la ferveur de leurs exercices, & à s'appliquer plus que jamais à l'étude, afin de se rendre capables du Miniftere a quel ils étoient destines; mais le Demon qui prévoïoit les avantages que l'Eglise devoit retirer de cette nouvelle Congregation, qu'il auroit souhaité ruiner dès fon commencement, suscita contre eux des calomnies si atroces, qu'ils furent obligés de se séparer, pour se mettre à couvert de la perfecution. M. d'Authier étant resté à Avignon avec deux ou trois de fes Cornpagnons de la même ville, y acheva sa quatrième année de Theologie, pendant aquelle il célebra sa premiere Messe le 10. Juin 1633. & reçut le Bonnet de Docteur le 8 Juillet suivant. Il alla ensuite pour la premiere fois à Rome, foumettre au jugement de l'Eglise le dessein de sa Congregation. Le Pape Urbain VIII. témoigna qu'il en étoit fatisfait ; & après l'avoir exhorté à le poursuivre, il lui ordonna de s'occuper particulierement aux Missions & à la direction des Seminaires, en attendant que le faint Siége mieux informé de la bonté & de la necessité de cette Congregation, jugeât à propos de l'affermir & de lui donner fon approbation. M. d'Authier ne voïant pour lors aucune apparence d'en obtenir davantage, ne fit pas long sejour à Rome, & retourna en France. A fon arrivée en Provence, l'Archevêque d'Aix, Louis de Bretel, informé de son merite & de sa vertu, voulant le retenir dans fon Diocêse, pour travailler à la réforme de fon Clergé, lui MISSION SACRE donna l'an 1634. dans la ville d'Aix, la Chapelle de Nove PRETRES Dame de Beauvelez, avec une maifon joignante pour vivre NAIRES DE selon son Inftitut. Il ne l'y eut pas plutôt établi dans sa pre- LA CON miere ferveur (avec le secours de fes Compagnons qui vin- DU SAINT rent l'y retrouver) qu'il en partit avec quelques-uns d'eux, MANT pour aller au village de Cadenet, ouvrir le cours de fes Mifsions, suivant l'ordre qu'il en avoit reçu du Souverain Pontife. C'est en ce lieu que lui & les siens furent honorés pour la premiere fois par la voix du peuple du nom de Missionnaires du Clergé, qu'ils conserverent jusqu'à ce que leur Congregation eût été approuvée du saint Siege. Quatre mois après, au commencement de Janvier 1635. ils eurent un second établissement à Brignole, dans le même Diocêse; & au mois d'Avril de la même année, l'Archevêque d'Aix approuva leur Congregation, sous le titre de Congregation des Clercs de la Miffion. Ils firent un troisième établissement à Marseille l'an 1638. y aïant été appellés par l'Evêque de cette ville, François de Lomenie & par les Magistrats. L'Archevêque d'Aix confirma la même année cette Congregation, à laquelle il donna le titre de Congregation des Miffionnaires du Clergé, & approuva les Statuts, qui avoient éte dressés par le Fondateur. Ce nouvel Institut faisoit de fi grands biens dans sa naissance, que le bruit s'en étant répandu jusqu'à la Cour, le Cardinal de Richelieu Ministre d'Etat, refolut fur le recit qu'on lui en fit, de l'établir à Paris au College de Bourgogne, avec des revenus suffisans pour vingtquatre Missionnaires. M. d'Authier aïant reçu ordre du Cardinal de se rendre à Paris, se mit en chemin sur la fin du mois de Decembre 1638. avec vingt de ses Missionnaires, pour y arriver au tems qui lui avoit été marqué. Maïs aïant appris en passant par Valence la mort du Pere Joseph le Clerc du Tremblai Capucin, de qui dépendoit le succès de cet établissement, & jugeant par cette mort que le dessein en feroit échoüé, il ne pensa plus qu'à retourner en Provence. Il voulut auparavant saluer l'Evêque de Valence & de Die, Jacques de Gelas de Leberon; mais ce Prélat croïant que la Providence n'avoit pas tant permis leur départ de Marseille pour aller à Paris, que pour demeurer dans son Diocése, il les y arrêta pour travailler à la réforme de fon Clergé, & pour y prendre la conduite d'un Seminaire pour les Ordinans de PRETRES fon Diocêse, qui fut érigé dans la ville de Valence le 16. MISSION- Janvier 1639. comme il paroît par les Lettres Patentes que NAIRES DE LA Con ce Prélat donna pour ce sujet. GREGATION Ce progrès augmentant le zele de ce faint Fondateur, il SACRE resolut de s'appliquer encore plus fortement aux Miffions & MENT. à l'instruction des Ecclesiastiques: il n'y avoit que la refidence à laquelle il étoit obligé dans l'Abbaïe de S. Victor (par rapport à fon Benefice) qui lui fit obstacle. Le Prieur Claustral de ce Monaftere, dès l'année précedente, lui avoit fait expedier, du confentement de fon Chapitre, des Lettres de non refidence. Mais cette dispense, quoique conçuë en termes trés avantageux, ne le contentant pas, il alla à Marfeille peu de jours après l'établissement du Seminaire de Valence, & s'y demit de l'Office de Capiscol ou Préchantre de fon Monaftere, qu'il permuta contre un Benefice à simple tonfure, pour lui servir de titre Clerical, & revint ensuite à Valence, où l'Evêque l'attendoit pour commencer les vifites de ses deux Diocêses, dont il sui remit le soin. Il en fit l'ouverture avec fix de ses Missionnaires, fur la fin de Decembre de l'an 1639. au bourg de l'Etoile; & après avoir emploïé une année à faire des Missions en d'autres lieux, il finit sa visite par la Mission de Valence, qu'il fit au commencement de l'année 1642. Entre les fruits confiderables que produifirent ses Miffions, il ramena au sein de l'Eglise quatre-vingt-deux Hérétiques. La visite de ces deux Diocéses étant achevée, il alla à Marseille, où au mois de Février 1643. il commença une autre Mission pour les Forçats des Galeres. Il l'ouvrit avec sept Prêtres de sa Congregation, sur le port de cette ville, en présence de l'Evêque & d'un grand nombre de peuple, qui y étoit accouru pour en profiter. Mais ces Ouvriers ne suffisant pas pour l'ample moisson qu'il y avoit à faire, ils furent secondés par quatre autres Mifssionnaires de la Congregation de M. Vincent de Paul, lesquels conjointement avec M. d'Authier & fes Missionnaires, firent un si grand fruit, que la plupart des Forçats changerent de vie, plusieurs Turcs embrasserent la Foi, & l'on fut étonné de voir un lieu où ne regnoient auparavant que la confufion & le defordre, devenir une demeure de bons Chrétiens, qui commencerent à s'adonner à la vertu & à faire un saint usage de leur NAIRES DE DU MENT. leur captivité. Après qu'il eut fait cette Mission aux Gale- PRETRES riens, il en entreprit d'autres en plusieurs quartiers de la MISSIONville, & érigea dans l'Eglise de sa Communauté une Con-LA CONgregation sous le titre de faint Homme-Bon, en faveur des INT Artisans. Il commença aussi un autre établissement, qui de- SACREvoit servir de retraite aux pauvres Prêtres qui viennent tous les jours à Marseille pour passer les mers; mais cet établissement n'eut pas le succès qu'on esperoit. Etant retourné à Valence, l'Evêque de Viviers l'appella dans son Diocêse pour y faire une visite Pastorale. Il rendit le même service à celui d'Orange, & alla ensuite dans ceux d'Usez & de faint PaulTrois-Châteaux, faisant par tout des Missions, & y laissant des marques de son zele & de sa charité. Ces Missionnaires aïant encore fait un établissement à Senlis l'an 1640. M. d'Authier reprit son premier dessein de faire approuver par le saint Siege sa Congregation, qu'il voïoit augmenter de jour en jour. C'est pourquoi il envoïa à Rome un de ses Prêtres pour folliciter cette faveur. Le refus qu'on lui en fit ne fut pas capable de rebuter le faint Fondateur ;au contraire, rempli de confiance que Dieu qui avoit commencé cet ouvragene le laisseroit pas imparfait, il fit tant d'instance les années suivantes, qu'enfin le Pape Urbain VIII. par un Bref du 4 Juin 1644. approuva les Statuts & Reglemens de sa Congregation, pourvû qu'ils ne fufsent pas contraires aux saints Canons & au Concile de Trente; & au mois de Novembre de la même année la Congregation de la Propagation de la Foi le nomma Recteur des deux Colleges Apoftoliques à Avignon. Mais M. d'Authier n'étant pas content du Bref d'Urbain VIII. qui n'approuvoit que les Statuts de sa Congregation, qu'il n'avoit pas lus, il fit de nouvelles poursuites en Cour de Rome, & obtint du Pape Innocent X. une Bulle le 20. Novembre 1647. par laquelle ce Pontife après avoir fait examiner les Statuts de cette Congregation par plusieurs Cardinaux, la confirma sous le titre de Congregation du S. Sacrement pour la direction des Miffions & des Seminaires, au lieu du premier qu'elle avoit de Miffion du Clergé: ce qui a fait donner à ses Sujets le nom de Prêtres Missionnaires de la Congregation du Saint Sacrement. Le refus que l'on avoit fait d'abord d'accorder à M. d'Authier la confirmation de son Institut, & de nommer dans Tome VIII. N |