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LIERIS

HOSPITA malade felon les besoins. Chaque appartement a fon linge DESDE particulier, ses ustenciles, ses meubles, & n'emprunte rien COMTE DE d'un autre. Chaque chambre a aussi son nom, comme celle

BOURGO

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du Roi, celle des Ducs de Bourgogne, & ainsi des autres. Non feulement on y reçoit les Gentitshommes, mais encore les Bourgeois les plus confiderables de la ville. Ils font apporter de chez eux la viande, le pain & le vin, & païent les remedes qu'on leur donne: il n'y a que les meubles & le service des Sœurs dont on ne demande rien ; mais il n'y en a point qui en fortant ne laisse quelque aumône par reconnoissance. Il y a aussi des chambres le long des galleries bafses, où l'on reçoit ceux qui sont de moindre condition, & qui y font traités & medicamentés aux dépens de l'Hôpital, de la même maniere que les malades de la Salle commune; mais s'ils veulent quelque chose de plus, comme bois, viande, & le service particulier de quelques femmes, c'est à leurs dépens. L'Apothicairerie est fort belle, & la Bourgeoife, petite riviere qui a sa source acinq cens pas de la ville,paffe au milieu de la cour, d'où elle se répand par plusieurs canaux dans tous les Offices: ce qui contribuë à la propreté de cet Hôpital, où l'on ne sent point de mauvaise odeur,

comme dans les autres.

Le plus célébre Hôpitaldu même Institut, après celui de Beaune, est l'Hôpital de Châlons-fur-Saône. Il y en avoit eu un de tout tems en cette ville ; mais aïant été démoli par ordre du Duc de la Tremoille, Gouverneur de Bourgogne, sous prétexte de quelques fortifications que l'on fitau même endroit, les Bourgeois présenterent une Requête au Roi François 1. l'an 1528. pour prier Sa Majesté de leur accorder une place dansla ville pour y bâtir un autre Hôpital. Ce Prince leur en acorda une dans le fauxbourg saint André : mais comme elle joignoit à un clos de vigne appartenant à l'Evêque, qui sembloit vouloir apporter quelque opposition à cet établissement, on leur en accorda un autre au fauxbourg faint Laurent, où les fondemens de cet Hôpital furent jettés la même année, & la premiere pierre posée par les Echevins le 19. Août. Le Roi accorda l'année suivante des Lettres d'Amortissement, voulant que cet Hôpital fût toûjours sous la Jurisdiction des Bourgeois de la ville, & le Pape Paul III. accorda l'an 1538. des Indulgences à ceux

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qui le visiteroient, & qui contribueroient de leurs biens pour HOSPITA Pentretenir. Il est aussi fort magnifique : il y plusieurs falles pour les malades, & on n'y est point incommodé de la COMTE DE mauvaise odeur, qui a coûtume d'infecter les autres Hôpi- BOURGOtaux. Il y a toûjours pendant l'Hyver un grand nombre de caffolettes & de réchaux parfumés; & pendant l'Eté on attache aux voûtes des vases, qui sont toûjours remplis de toutes fortes de fleurs. L'on admire dans cette Maison quatre grandes chambres hautes, tapissées de hautes lisses, & richement meublées, comme dans l'Hôpital de Beaune, où des personnes de qualité se font porter, étant traitées dans leurs maladies par les Sœurs Hospitalieres avec toute l'adresse, la propreté & la douceur que l'on pourroit attendre de ceux que le devoir & non pas la charité obligeroit à ces exercices. Ces chambres ont la vûë d'un côté sur la riviere, & de l'autre sur la prairie. Il y a une Cuisine particuliere pour ces chambres. Le Dortoir des Sœurs est à côté, & tous les Offices de l'Hôpital font dessous, auffi bien que la Cuisine, le Refectoire, & l'Infirmerie des Sœurs. Il y aaussi une belle Apothicairerie. On y voit un Jardin où il y a toutes fortes de fimples, & un puits placé au milieu d'une cour ombragée de quantité d'arbres, qui fournit par des caneaux suffisamment d'eau à toute la Maison.

Nous ne parlerons point en particulier des autres Hôpitaux que desservent ces Hospitalieres dans le Duché & Comté de Bourgogne, où ils font en grand nombre, & qui fe multiplient tous les jours, nous nous contenterons de dire que ces Hofpitalieres y pratiquent par tout également la charité à l'égard des personnes de l'un & l'autre séxe. Elles ne font que des vœux simples d'obéiffance, & de chasteté, pour le tems seulement qu'elles font emploïées au fervice des pauvres, leur étant libre de fortir & de quitter l'habit quand bon leur semble.

La difference qu'il y a entre celles du Duché & celles du Comté, c'est que celles du Duché font exemtes de la Jurif diction des Ordinaires, par plusieurs Bulles des Souverains Pontifes; & que celles du Comté sont soûmises à l'Ordinaire, à la referve des Hospitalieres de Dole, qui se sont maintenues dans leur exemtion, par un procès qu'elles ont gagné contre l'Archevêque de Belançon. Les Superieures

Tome VIII..

B

TIIN.

CONGRE- des Exemtes font perpetuelles, & celles des foumises à l'OrGATIONDES dinaire, ne font que triennales. Les Exemtes font habillées Dimeffes DANS L'E- l'Eté de blanc & l'Hyver de gris, & les autres font en tout TAT VEN 1-tems habillées de gris. Il n'y a pas long tems que l'on a obligé celles-ci à porter en tout tems le gris ; car elles portoient le blanc pendant l'Eté comme les Exemptes. Les unes & les autres ont un grand voile blanc, qui avance par devant de la longueur de quatre à cinq pouces, & est soûtenu par du carton. Elles ont aussi un bandeau sur le front & une guimpe qui descend jusqu'à la ceinture en diminuant & faifant deux plis de chaque côté. La forme de l'un & l'autre habillement est toûjours la même; & tant la jupe blanche de dessus que la grife,qui est doublée de noir, sont toujours retrouffées ; s'attachant par derriere avec un crochet d'argent de la longueur de cinq à fix pouces qui entre dans deux agraphes, aussi d'argent.

Jacques Foderé, Hist. des Couvens de faint François, de Sainte Claire, de la Province de Saint Bonaventure pag. 436. Histoire Ecclesiastique de Châlons, pag. 188. & Memoires Manufcrits.

CHAJITRE II I.

De la Congregation desFilles &Veuves appellées Dimesses ou Modestes, dans l'Etat Venitien.

L

49.

A Congregation des Filles & Veuves appellées Dimeffes ou Modeftes, dans l'Etat Venitien, a eu pour Fondatrice Dejanara Valmarana, fille d'Aluise Valmarana & d'Isabelle Nogarole de Veronne. Ellenâq tà Vicenzel'an 1549. Etant en âge d'are mariée, elle épousa Agrippa Pristrato Juriscontulte de la même ville, dont elle eut un fils, quipar la mort suivie quelque tems après decelle de fon mari, qui mourut en 15/2. la débarassant de tout ce qui pouvoit l'attacher au monde, elle prit l'habit du Tiers Ordre de saint François d'Affife & se retira avec quatre pauvres femmes dans une Maison qui lui appartenoit, où elles vêcurent ensemble dans la pratique de toutes les vertus chrétiennes sous la conduite du Pere Antoine Pagani Religieux de l'Ordre de saint François de l'Observance. A fon exemple Angele

:

Dimesse

de Poilly f 4

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