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DE LA MIS

Religieux, qui allassent de tems en tems faire des Miffions PRETRES dans ses Terres ; & aïant cherché par le moïen de M. de ION. Paul tous les moïens pour executer son dessein sans avoir pû réüffir, par le refus qu'en firent plusieurs Superieurs de Communautés, ausquels on en parla, fit enfin reflexion que plusieurs Docteurs & autres vertueux Ecclesiastiques qui se joignoient ordinairement à M. de Paul pour travailler aux Missions qu'il n'avoit pas discontinué de faire depuis fon retour, n'auroient peut-être point de difficulté de faire une Congregation particuliere dont l'obligation principale feroit de faire les Missions, si elle leur fondoit une Maison à Paris dans laquelle ils pussent se retirer, & vivre en Communauté: ce qui seroit justement l'execution de fon pieux dessein. Elle en parla au Comte de Joigni fon mari qui non seulement approuva son dessein; mais aussi voulut s'en rendre Fondateur conjointement avec elle. Ils en communiquerent tous deux avec Jean-François de Gondi leur frere premier Archevêque de Paris, qui non seulement approuva leur zele ; mais confiderant que son Diocêse en pourroit recevoir de grands biens, il voulut aussi contribuer à cette fondation en destinant le College des Bons Enfans, qui étoit à sa difposition, pour le logement de ces Prêtres. Ils en parlerent à M. de Paul qui confentit à la propofition qu'on lui fit, premierement de recevoir ce College avec la direction des Prêtres qui s'y retireroient avec lui, & des Missions ausquelles ils s'appliqueroient; secondement d'accepter la fondation au nom de ces Prêtres ; & en troisiéme lieu de choisir lui-même ceux qu'il trouveroit propres & disposés pour ce pieux defsein. La chose ainsi résoluë, fut executée le premier Mars 1624. & l'Archevêque de Paris fit expedier le 17. Avril de l'année suivante 1625. les provisions de Principal de ce College en faveur de M. de Paul auquel Monfieur & Madame de Gondi donnerent quarante mille livres en argent comptant pour commencer la fondation, avec pouvoir de choisir tel nombre d'Ecclesiastiques que le revenu de la fondation pouroit entretenir & qui seroient sous fa direction sa vie durant: à condition néanmoins que nonobstant cette direction il resteroit dans leur Maison pour leur continuer & à leur famille, l'assistance spirituelle qu'il leur avoit renduë jusqu'alors. Après cette fondation, comme s'il ne restoit

SION.

PRETRES plus rien à Madame de Gondi que d'aller au Ciel recevoir DE LA MIS- la couronne qui lui étoit préparée pour tous les services qu'elle avoit tâché de rendre à Dieu, étant toute attenuée par les maladies, les peines & les fatigues que fon zele & fa charité lui avoient fait entreprendre, elle mourut la veille de faint Jean-Baptiste de la même année. Après que son corps eut été porté aux Carmelites de la rue Chapon, où elle avoit choisi sa sepulture, M. de Paul fortit de Paris pour aller porter cette triste nouvelle à fon mari qui étoit en Provence, & afin de lui demander fon agrément pour qu'il se retirât au College des Bons Enfans:ce qui lui aïant été accordé il revint à Paris où il mit la derniere main à l'établissement de

la Congregation de la Mission, qui fut approuvée par l'Archevêque de Paris le 24. Avril 1626. M. Portail qui avoit déja demeuré quinze ans avec lui, ne le voulut point quitter en une fi belle occafion. Deux bons Prêtres de Picardie nommés l'un du Coudrey & l'autre de la Salle s'offrirent enfuite à ce faint Fondateur, qui les associa tous trois à lui en execution de la fondation par un Acte passé par devant Notaires le quatre Septembre de la même année. Quatre autres Prêtres les suivirent peu de tems après, & leur Communauté s'étant augmentée confiderablement dans la suite, le Pape Urbain VIII. par une Bulle du mois de Janvier de l'an 1632. érigea cette Compagnie en Congregation, sous le titre de la Mission, & permit au Fondateur de dresser des Réglemens pour le bon ordre de cette même Congregation. Pour autoriser davantage cet Institut, le Roi Loüis XIII. fit expedier des Lettres Patentes au mois de Mai 1642. & elles furent verifiées au Parlement de Parisau mois de Septembre de la même année.

Dans le tems que l'on poursuivoit la Bulle dont nous venons de parler, les Prêtres de cette Congregation entrerent dans le Prieuré de faint Lazare à Paris, qui appartenoit pour lors aux Chanoines Réguliers de la Congregation de faint Victor, qui voulurent bien confentir à la cession qui en fut faite par leur Prieur aux conditions portées par le Concordat fait entre eux le 7. Janvier 1632. enfuite de ce Concordat & de la démission du Prieur, l'Archevêque de Paris fit l'union de ce Prieuré comme d'un Benefice qui étoit à sa collation, à la Congregation de la Mission, ainsi qu'il paroît par

ses Lettres du dernier Decembre 1633. & elle fut confirmée PRETRES par le Pape Urbain VIII. par une Bulle du mois de Mars DELA MIS

de l'an 1635. Cette Maison par sa vaste étenduë, la grandeur de ses bâtimens, le nombre des Prêtres & des Seminaristes

qui y demeurent & la résidence que le Général y fait, est devenuë Chef de cette Congregation, qui se rondant de plus en plus necessaire à l'Eglife, a fait dans la fuite de fort grands progrès tant dans cette même ville de Paris, où elle a obtenu le Seminaire de saint Charles, que dans le reste du Roïaume aufli-bien que dans les païs étrangers. Le premier de ces établissemens fut à Toul en 1635. On leur donna en 1637.la Maison de Nôtre Dame de la Rofe en Guïenne. Le Cardinal de Richelieu les établit l'an 1638. à Richelieu & à Luçon. Ils obtinrent un autre établissement à Annecy en Savoye l'année suivante. Ils pafferent l'an 1642. en Italie, où la Duchesse d'Aiguillon Marie de Vignerod leur fonda une Maifon à Rome. Elle en fonda aussi dans son Duché d'Aiguillon & dans fon Comté d'Agenois aussi bien qu'à Marseille. Ils furent appellés à Gennes l'an 1645. par le Cardinal Durazzo qui leur fonda une Maison en cette ville. Ils furent reçus en Pologne l'an 1651. où la Reine Marie de Gonzagues les établit à Varsovie: enfin elle fit un si grand progrès & en si peu de tems que M. de Paul eut la fatisfaction pendant fon Généralat de voir établir vingt-cinq Maisons de fon Institut, dont la derniere fût fondée à Turin l'an 1654.

Outre le bien que ce saint Instituteur a procuré à l'Eglise en lui donnant tant d'ouvriers Evangeliques par l'établissement de sa Congregation, il s'est encore distingué par plusieurs autres saintes Institutions tant pour le foulage ment corporel des pauvres que pour le salut de leurs ames. Car outre les Confrairies de la charité dans chaque Paroisse, qui lui font redevables de leur commencement, il a encore établi les filles de la Charité, Servantes des pauvres malades, dont nous parlerons dans le Chapitre XIV. & contribué à l'établissement de celles de la Croix dont nous parlerons aussi en fon lieu. C'est lui qui a donné origine aux Compagnies des Dames pour le service de l'Hôtel Dieu de Paris, aux exercices de ceux qui doivent recevoir les Ordres, aux retraites spirituelles de toutes fortes de personnes qui veulent, ou choisir un état de vie ou faire des Confefssions genérales ;

1

PRETRES aux Conferences Ecclesiastiques, à plusieurs Seminaires, &
DE LA MIS- enfin à quantité d'Hôpitaux, comme
des enfans trou-
vés, des pauvres vieillards de Paris, & des galeriens de
Marseille.

SION.

4

1

à

ceux

Il assista Loüis XIII. à la mort, & fut ensuite nommé par la Reine Regente pour un de ceux qui composerent le Conseil Roïal des affaires Ecclesiastiques & Beneficiales, dont il eut lui seul presque tout le poids pendant dix ans. Au milieu de ces Emplois & des fonctions indispensables de sa Charge de Général, il sçût se conserver dans une égalité peu commune ; toûjours uni à Dieu, il marcha en sa présence, plein d'un esprit de zele pour sa gloire & de charité pour le prochain, auquel il voulut asseurer les secours qu'il lui avoit toûjours donnés, en mettant la derniere main à ses Regles & Conftitutions, par lesquelles il obligea ses Disciples à continuer pour le salut des ames ce qu'il leur avoit enseigné par fon exemple: c'est pourquoi il fit assembler en 1658. la Communauté de saint Lazare, & après avoir fais à tous ceux qui la composoient un discours fort affectif & paternel, sur le sujet des observances de ces Regles; il les fit approcher tous, & leur donna à chacun un petit Livre imprimé, contenant ces Regles, qu'ils reçurent avec beaucoup de respect & une devotion fincere.

Quoique ses grands travaux l'eussent reduit dans un grand abbattement, & lui eussent causé une longue maladie, il ne laissoit pas toûjours de s'occuper non seulement au bien & à l'avancement de sa Congregation, mais encore au salut du prochain, sans oublier le sien propre, dans la crainte qu'après avoir prêché & enseigné les autres, il ne fût lui-même reprouvé: c'est pourquoi afin d'éviter ce malheur dont il avoit retiré tant d'ames, plus il avançoit en âge, plus il se rendoit exact à l'observance de ses Regles, & particulierement à fatisfaire à l'obligation de fon Office: ce qui obligea le Pape Alexandre VII. qui connoissoit combien la confervation de ce grand Serviteur de Dieu étoit importante à toute l'Eglife, à lui faire expedier un Bref à son insçu, pour le dispenser de l'Office divin; & en même tems les Cardinaux Durazzo, Archevêque de Gennes, Ludovisio, Grand Penitencier, & Bagni, qui avoit été Nonce en France, lui écrivirent pour l'exhorter à se soulager & à se conserver.

:

Mais

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DE LA MIS

Mais le tems auquel Dieu avoit déterminé de lui donner la PRETRES récompense de tous ses travaux étant venu, il mourut le 27. D Septembre de l'année 1660. âgé de 85. ans, après s'être difposé à ce dernier passage par un renouvellement de ferveur & de pieré. Il fut enterré au milieu du Chœur de saint Lazare, où ses Obseques se firent avec un grand concours de plusieurs Seigneurs & Dames, mais particulierement du Prince de Conty, du Nonce du Pape M. Picolomini, & de la Duchesse d'Aiguillon. Quelques jours après l'on fit pour lui un Service folemnel dans l'Eglise de saint Germain l'Auxerrois, où l'Evêque du Puy prononça fon Oraison Funebre. On a depuis fait les informations juridiques de sa vie, de fes vertus & de ses miracles, pour poursuivre à Rome le procès de sa Beatification.

Cette Congregation a été beaucoup augmentée après la mort de ce faint Fondateur, étant presentement composée d'environ quatre-vingt-quatre Maisons, divisées en neuf Provinces, qui font celles de France, Champagne, Aquitaine, Poitou, Lyon, Picardie, de Rome, Lombardie & Pologne. Outre ces Maisons, Madame la Duchesse d'Aiguillon leur fit une fondation pour l'entretien de quelques Missionnaires en Afrique, pour l'assistance spirituelle & corporelle des pauvres Esclaves de Barbarie, où ils sont établis depuis l'an 1645. & le Pape Innocent XII. en envoïa l'an 1697. à la Chine pour travailler à la converfion de cette

nation.

L'on peut juger de l'exactitude de Monfieur Hermant, dans le dénombrement qu'il fait dans son Histoire des Ordres Religieux, des Maisons Regulieres & des Communautés Seculieres, par ce qu'il y dit des Peres de la Mission, ausquels il retranche non seulement deux de leurs Provinces, qui font celles de Picardie & de Lombardie, mais encore plusieurs Maisons confiderables, comme Nôtre Dame de Buglose, dans la Paroisse de Pouï, lieu de la naissance de M. Vincent de Paul, qui fut donnée aux Missionnaires de la Province d'Aquitaine l'an 1706. par Monfieur Bertrand d'Abadie d'Arbocave Evêque d'Acqs, & par Monfieur l'Abbé de Betbeder Curé de Pouï, qui unirent cette Cure à la Congregation. Le petit Seminaire de saint Charles dans la ville de Poitiers, où il a été établi l'an 1710. par Monfieur Jean

Tome VIII.

K

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