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'Allemagne, s'étant laiffé aller à des erreurs extravagantes, BrGUINES. fe perfuadant que l'on pouvoit dans la vie préfente, s'élever jufqu'à la fouveraine perfection, jufqu'à l'impeccabilité & à la vuë claire de Dieu, enfin jufqu'à un degré fi éminent de contemplation, qu'il n'étoit plus befoin après cela ni de jeûner, ni de se soûmettre à la direction & à l'obéïffance des hommes mortels; le Concile de Vienne l'an 1113. condamna, comme nous avons déja dit ailleurs, ces erreurs & abolit l'état des Beguines comme fufpect, permettant néanmoins aux femmes & aux filles veritablement fideles de vivre en chafteté & en penitence, foit fans vœux ou avec des vœux.

Le Pere Thomaffin remarque que c'est fans doute à la faveur de cette derniere claufe qu'on a confervé & qu'on voit fleurir tant de célébres & nombreux Beguinages dans la Flandres, qui étant demeurés fermes dans la Foi ne furent pas compris dans la condamnation & abolition de ceux qui étoient tombés dans l'hérefie ; privilege dont ceux de France auroient pû joüir, fi Philippe le Bel, qui, felon le même Pere Thomaffin, s'intereffoit beaucoup pour autorifer & faire exccuter les Decrets du Concile de Vienne, ne les eût aboli, quoiqu'ils n'euffent jamais été infectés de l'hérefie ; ce qui n'a pas empêché qu'il n'y en ait eu quelques-uns, qui fe font confervés jufqu'au commencement du dix - feptiéme fiécle. Les Beguines qui ont fubfifté depuis le Concile de Vienne, fe font gouvernées avec tant de fageffe & de pieté, que le Pape Jean XXII. par fa Décretale, qui explique le Decret de fon prédeceffeur, fait dans le Concile de Vienne, les prend fous la protection. Selon cette Decretale plufieurs d'entr'elles faifoient profeffion de chafteté, vivoient en Communauté, & poffedoient des biens, qui étoient propres àleur Communauté. Enfin ce Pontife dans la même Décretale, & Boniface VIII. dans une autre, mettent les Chanoineffes Séculieres & les Beguines fous la jurifdiction des Evêques,& les exemp→ tent du Tribunal féculier, quoiqu'ils n'approuvent pas expreffément leurs Inftituts.

Il n'y a prefque point de Ville dans les Païs-Bas où il n'y ait des Beguinages, & nonobftant le changement de Religion, qui s'eft fait à Amsterdan, il y en a un fort bau dans cette Ville. Ces fortes de Beguinages comprennent plufieurs maifons renfermées dans un même enclos, avec une ou

plu

BEGUINES.

fieurs Eglifes, felon le nombre des Beguines. Il y a dans chaque maison une Prieure ou Maîtreffe, fans la permiffion de laquelle elles ne peuvent fortir. Elles font feulement des vœux fimples entre les mains du Curé de la Paroiffe où est fitué le Beguinage. Ce vocu eft conçu en ces termes. Moi N. je promets à vous mon Curé & aux Magiftrats prefens & avenir, obedience & chafteté, tant que je demeurerai dans le Beguinage. Elles font trois ans de Noviciat avant que de recevoir l'habit, qu'on ne leur donne que lorfqu'elles prononcent leurs vœux, ce qu'elles font en particulier, & même au Confeffional ; celles qui font discolles & défobéïffantes font chaffées de la Congrégation. Le Curé de la Paroiffe eft Superieur du Beguinage, & il ne se fait aucune affaire fans le confeil de huit Beguines.

Elles étoient autrefois habillées diversement. Les unes étoient habillées de gris, les autres de couleur tannée, & quelques unes de couleur de bleu celeste, mais préfentement elles font prefque toutes habillées de noir. Lorfqu'elles fortent elles portent une certaine toque noire & plate fur la tête, aïant un toupet de foïe au deffus & un manteau noir qui leur couvre auffi la tête & defcend jufqu'aux talons; celles d'Amfterdam mettent feulement un voile noir lorfqu'elles fortent. Il y avoit auffi autrefois autant de ftatuts differens, qu'il y avoit de différentes formes d'habillemens. parmi les Beguines. Celles de Malines en ont de particuliers, qui leur ont été donnés par des Archevêques de cette Ville, qui ont retranché des anciens ce qui étoit fuperflu. Dans les vifites des années 1600. & 1601. faites par l'Archevêque Mathias Hovius dans le même Beguinage, il leur fut défendu d'avoir de petits chiens, fous peine de païer une certaine fomme d'argent au tréfor de l'Eglife toutes les fois qu'elles iroient contre cette défense. Ce Beguinage eft le plus beau de toute la Flandre, & il y a ordinairement quinze ou feize cent Beguines, fans compter les penfionaires. Celui d'Anvers eft auffi très grand & fpacieux & a deux Eglifes. féparées. Nous donnons ici l'habillement de ces Beguines d'Anvers & d'Amfterdam.

Jofeph Geldofph. K. Rykel ab Orbeck. Hift. Beghinafiorum Belgii. Petr. Coëns, Difquifit. Hiftor. de Orig. Beghinaxam. Philipp. Doutreman. Hift. de Valencienne. Le Mire,

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Bospitaliere de St Marthe

de Poilly f

Chronic. Cist. pag. 168. Le Pere Thomaffin, Difcipline Ecclef. HOSPITATom. II. part. 4. Livr. 1. Chap. 62. num. 11. & fequent.

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Des Filles Hofpitalieres de fainte Marthe en Bourgogne, tant dans le Duché que dans le Comté.

L

1 y a un grand nombre d'Hôpitaux, tant dans le Duché

que dans le Comté de Bourgogne, deffervis par des Hofpitalieres, qui tirent leur origine des Beguines de Malines, dont nous avons parlé dans le Chapitre précedent. Le plus ancien & le plus confiderable de cès Hôpitaux eft celui de Beaune,dans le Duché de Bourgogne, fondé l'an 1443. par Nicolas Rolin, Chancelier de Philippe le Bon Duc de Bourgogne, qui fit venir de Malines fix Beguines pour en avoir foin. Plufieurs perfonnes, à l'exemple du Fondateur,y donnerent des fommes confiderables, & le Pape Nicolas V. confirma toutes les donations qui y avoient été faites. Cet Hôpital fut bâti avec beaucoup de magnificence. Il y a une falle fort longue, commune pour tous les pauvres malades, de quelque nation qu'ils foient, qui y font reçus avec beaucoup de charité. Au bout de cette alle du côté de l'Orient,. il y a une Chapelle, difpofée de telle forte, que tous les malades peuvent commodément entendre la Meffe, & voir le faint Sacrement lorfqu'il eft expofé. Derriere l'Autel il une autre Salle pour ceux qui font dangereusement malades, laquelle a fes Offices particuliers qui y font contigus. Derriere cette Salle eft un autre lieu deliné pour les corps morts, avec plufieurs lavoirs & grandes tables de pierre. Le long de la grande Salle, du côté du Mid, l'on trouve une grande cour quarrée, bordée de galleries hautes & basses. Le long des galleries hautes, il y a plufieurs appartemens pour recevoir les perfonnes de condition: le Gentilshommes de quatre ou cinq lieues à la ronde, nefaifant point difficulté de fe faire porter à cet Hôpital, où ls font auffibien traités & foignés qu'ils le pourroient être dans leurs châteaux. Chaque appartement eft compofé de chanbre, antichambre, cabinet & garderobe. Ils font richemen meublés, & dans chaque chambre il y a trois lits, pour changer le

y a

LIERES DES
DUCHB
ETCOMTE'
DE BOUR
GOGNE.

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