DE L'ORATOIRE EN vœux, ils vivent néanmoins à la maniere des Religieux les PRITRES plus austeres : car ils ne portent point de linge, & couchent Tur des paillasses sans draps. Ils font profession d'une exacte FRANCE. pauvreté; ils ne doivent rien avoir enfermé sous la clef. Une table, un fiége, & quelques images de papier, font tout l'ornement de leur chambre. Ils reconnoissent plusieurs fois dans la semaine leurs fautes devant leurs Superieurs. Outre le Carême de l'Eglise universelle, ils ont encore celui de l'Avent, & un autre à la Pentecôte. Ils jeûnent aussi tous les Vendredis & Samedis de l'année, & les veilles des Fêtes de Nôtre Seigneur & de la fainte Vierge. Deux fois la semaine ils prennent la difcipline. Tous les jours ils font en commun une heure d'oraison mentale, demi- heure le matin & autant le foir. Tous les ans ils font les Exercices spirituels. Ils se levent à deux heures après minuit pour dire Matines ; & outre l'Office du Breviaire Romain, ils doivent dire encore tous les jours le petit Office de la Vierge, les Litanies des Saints, & le Salve Regina après Complies. Telles font les principales Observances des Ouvriers Pieux, dont nous donnons ici l'habillement. Pietro Gisolso, Vita del Padre Carolo Caraffa. La Vita del P. Antonio de Collellis. Carolo de Lellis, Neapol. Sacr. D. Carlo Bartholom. Piazza, Ensevolog. Roman. part. 2. Tract. 11. cap. 14. && Memoires envoïés de Rome par les Peres de cette Congregation. CHAPITRE Χ. De la Congrégation des Prêtres de l'Oratoire de Jesus en avec la Vie du Cardinal de Berulle leur France L A Congregation des Prêtres de l'Oratoire en France, qui a été formée sur le modele de celle des Prêtres de l'Oratoire d'Italie, & qui a eu l'avantage de servir elle-même d'exemple à plusieurs Communautés Seculieres qui se sont établies dans le même Roïaume, est redevable de son établissement au Cardinal de Berulle, qui nâquit le 4. Février 1575. au château de Serilly en Champagne, qui appartenoit à fon pere Claude de Berulle, Conseiller au Parlement de PRETRES Paris. Il fut baptisé à Paris sur les Fonts de la Paroisse de DORA faint Nicolas des Champs, & y reçut le nom de Pierre. Sa FRANCE. mere Loüise Seguier, tante du Chancelier de ce nom, étoit TOIRE EN une Dame d'une haute vertu, qui après la mort de fon mari, embrassa le Tiers Ordre des Minimes, & quelques années après entra dans l'Ordre des Carmelites Déchauffées, fous le nom de Sœur Marie des Anges. Elle prit un si grand soin d'élever ses enfans dans la connoiffance & la crainte de Dieu, qu'ils ne lui furent pas moins obligés de la vie de la grace qu'elle leur procura par une fainte éducation, que de celle de la nature qu'elle leur donna en les mettant au monde. Le jeune de Berulle, dont nous parlons, fut l'aîné de deux fils & de deux filles, qu'il furpassa en vertu aussi bien qu'en âge: car dès l'âge de sept ans il fit vœu de chasteté, & chercha tous les moïens de pratiquer cette vertu angelique, en foumettant sa chair à l'esprit par les veilles, les jeûnes, & tous les autres exercices de la pénitence la plus rigoureuse. A peine avoit-il passfé cet âge qu'il perdit fon pere, ce qu'il supporta avec une parfaite résignation à la volonté de Dieu. Il confola même sa mere, par des discours si touchans & fi remplis de sagesse, qu'elle avoüa que toute la confolation qu'elle avoit reçuë dans une perte si sensible, ne venoit que de lui. Elle le mit entre les mains des Peres Jefuites pour le former par leurs foins dans l'étude des sciences divines & humaines, dans lesquelles il fit un fi grand progrès que rien ne lui sembloit difficile, quelque relevé qu'il fût; en forte que ses Maîtres admiroient également les grandes difpofitions de son ame pour les premieres, & fa vivacité & pénétration pour les secondes; ce qui étoit soûtenu d'une fi grande pieté, qu'il ne negligeoit rien de ce qui le pouvoit faire arriver à la pratique de toutes les vertus Chrétiennes, dont les nouvelles lumieres qu'il acqueroit de jour en jour par l'étude, lui découvroient de plus en plus les beautés & l'excellence : c'est pourquoi il se mit sous la direction de Dom Beau-Coufin Vicaire des Chartreux de Paris, l'un des plus grands Personnages de fon tems, & à qui Dieu avoit donné une grace si particuliere pour la conduite des ames, que de sa folitude & de fon defert, il connoissoit mieux ce qu'elles avoient à faire & à éviter dans le monde, que ceux même qui en avoient la plus grande pratique. Ce faint Solitaire entre 4 に |