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ORDRES MILITAIRES PRO

SANS

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fenta l'an 1614.au Roi Loüis XIII. des Memoires pour établir un Ordre Militaire fous le nom de fainte Magdelaine, où les Chevaliers fe feroient engagés par un vou ipecial de Z renoncer aux duels & à toutes querelles particulieres ; finon CUTION. en ce qui pourroit regarder l'honneur de Dieu, le fervice du Roi & l'avantage du Roïaume. Son deffein fut approuvé par le Roi qui le fit Chevalier decet Ordre & lui permit d'en porter la croix. Il prit depuis ce tems-là la qualité de Chevalier de la Magdelaine & dieffa les Regles & Conftitutions de cet Odre qui contiennent vingt articles, & furent imprimées à Paris l'an 1618.

Le Roi devoit être Chef de l'Ordre & commettre un Prince pour en être le General & comme fon Lieutenant, auquel les Chevaliers auroient obéï après le Roi,& ce Prince Lieutenant de l'Ordre auroit pu les conduire à la guerre felon les ordres de fa Majefté, pendant le tems feulement qu'auroit duré fa commiflion. Le Grand-Maître auroit été la troifiéme perfonne de l'Ordre, & auroit été élu par les Chevaliers tous les trois ans. Il devoit demeurer pendant ce tems-là dans la principale Académie de l'Ordre, que toutes les autres devoient regarder comme Chef, & qu'on auroit nommé l'Auberge Roïale. On n'auroit reçu dans cet Ordre que des perfonnes nobles de trois races faifant profeffion de la Religion Catholique. A leur reception ils devoient faire ferment de renoncer à tous jeux de hazard, de ne point blafphemer le faint nom de Dieu, de ne point faire d'excès vicieux, de ne point lire de Livres défendus fans permiffion des Superieurs de l'Ordre, de ne point chanter des chanfons lafcives, ni dire des paroles fales & deshonnêtes, & de ne point frequenter de mechantes compagnies. Leur habit devoit être bleu & le collier de l'Ordre compofé de chifres de doubles M. de doubles A. & de doubles à liés enfemble avec d'autres chifres & des doubles cœurs entrelaffés enfemble & percés d'une fleche croifetée. La croix devoit être d'or émaillée de rouge & attachée à un ruban de même couleur, avec une ovale au milieu de la croix,où d'un côté il auroit eu l'image de la Magdelaine & de l'autre celle de faint Louis. Ils devoient mettre auffi fur le manteau une croix de fatin rouge cramoifi en broderie d'or & d'argent, avec une ovale au milieu représentant la Magdelaine avec

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ORDRIS Ces paroles; Dieu eft pacifique. Comme on ne fçait point MILITAI quelle forme devoit avoir cet habillement nous n'en donnons point d'estampe.

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ENTION.

Il devoit y avoir une maison près Paris, où il y auroit eu une Chapelle, dans laquelle fix Prêtres Religieux, portant la croix de l'Ordre comme les Chevaliers,auroient fait l'Office Divin. Cette maifon devoit être appellée l'Auberge Royale, où il y auroit toûjours eu cinq cens Chevaliers qui y auroient demeuré pendant les deux premieres années de leur reception, avec la liberté de pouvoir y demeurer dans la fuite autant de tems qu'ils auroient voulu. Après ces deux premieres années ils devoient faire vœu de charité, de chafteté conjugale & d'obéïffance. Ils devoient renoncer aux duels & à toutes querelles perfonnelles, s'il ne s'agiffoit pas du service du Roi ; & fi on les eût attaqués ils pouvoient se défendre, & devoient faire encore ferment entre les mains de ce Prince ou de celui qui auroit été commis de fa part, de vivre & mourir à fon fervice.

Les Chevaliers qui fe feroient retirés de l'Auberge Roïale après les deux premieres années de leur reception, auroient dû s'y trouver le jour de la Magdelaine Patronne de l'Ordre, afin de rendre compte au Grand-Maître de leurs actions, & au Confeil qui auroit été composé de douze Chevaliers, ausquels le droit de connoître de leurs differends & de la transgreffion de leurs vœux, devoit appartenir. Ceux qui auroient demeuré à l'Auberge Roïale auroient été obligés d'affifter les Fêtes & Dimanches au Service qui auroit été celebré par les Prêtres de l'Ordre, communier au moins les premiers Dimanches du mois, & reciter tous les jours les Litanies & la couronne de la fainte Vierge, le Salve Regina & les oraifons de fainte Magdelaine & de faint.Loüis. Pour empêcher les Chevaliers d'être oififs, on devoit entretenir dans l'Auberge Roïale, des Escuïers, des Maîtres d'Armes, & de Mathematiques, & autres perfonnes qui auroient pu leur apprendre tous les exercices qui conviennent à la Nobleffe ; & pour leurs recréations il devoit y avoir auffi des jeux de paume, un mail & les autres jeux qui conviennent pareillement à la Nobleffe. Chaque Chevalier en entrant auroit donné cent pistoles pour la premiere année & autant pour la feconde tant pour lui que pour un valet & deux chevaux,

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en attendant qu'il y eût un fonds établi pour l'entretien de ORDRES tous les Chevaliers. Ceux qui auroient été reconnus pour RES avoir mené une vie reglée, & qui auroient été capables d'inftruire les autres, auroient pu être reçus dans ce Or- CUTION, dre en faisant seulement une épreuve de quinze jours dans l'Auberge Roïale. Il y en auroit auffi eu d'autres qui auroient été aggregés à l'Ordre, comme Chevaliers d'honneur en recevant la croix d'or des mains du Grand Maître, mais ils n'auroient pas joüi des Commanderies, & n'auroient pu parvenir aux Dignités de l'Ordre. Tous les jours il y auroit eu quatre-vingt ou cent Chevaliers qui auroient monté la garde chez le Roi, le nombre de cinq cens devant être toûjours à l'Auberge Roïale. Il y auroit auffi eu des Freres Servans qui auroient fait les mêmes vœux que les Chevaliers, & auroient porté pour marque de l'Ordre une croix rouge bordée d'argent, attachée au cou à un ruban rouge. Les valets des Chevaliers devoient être habillés de bleu avec un galon rouge fur leurs just-au-corps, fçavoir chacun un mêtier, & faire les mêmes vœux que les Chevaliers.

C'est ce que contiennent en fubftance les Conftitutions de cet Ordre, qui ne fut point inftitué pour plufieurs difficultés qui fe rencontrerent, tant à caufe de la maifon qu'il auroit fallu bâtir pour un fi grand nombre de Chevaliers & de domeftiques, que pour trouver un fonds fuffifant pour leur entretien ; de forte que cet Ordre prit sa naissance & fa fin en la perfonne du fieur de la Chaponeraye, qui perdant l'efperance de voir l'execution de fes bonnes intentions, se retira dans un Ermitage qu'il fit bâtir prés de Valvin en Gatinois au bout de la forêt de Fontainebleau, & y finit fes jours fous le nom de l'Ermite pacifique de la Magdelaine.

Favin, Theatre d'Honneur & de Chevalerie. Le Pere Anfelme. Le Palais de l'Honneur. Herman, Hift. des Ordres Militaires. Les revelations de l'Ermite Solitaire fur l'Etat de la France, & les Constitutions de l'Ordre de la Magdelaine.

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De plufieurs Ordres Militaires faux & fuppofés.

Ous avons déja parlé par occafion de quelques Ordres Militaires & de Chevalerie faux & fuppofés nous allons encore en rapporter plufieurs dans ce dernier Chapitre. Le premier eft celui de la fainte Ampoule, que l'on prétend avoir été inftitué par Clovis I. Roi de France, qui fucceda à fon pere Childeric I. l'an 481. ceux qui nous ont donné cet Ordre pour veritable, difent que ce fut en confideration de cette Phiole miraculeufe pleine d'une huile facrée, qui fut apportée par une colombe lorsqu'il reçut le Baptême des mains de faint Remi Evêque de Reims l'an 496. & dont on a depuis facré nos Rois jufqu'à préfent ; & ils ajoûtent que les Chevaliers de cet Ordre ne font qu'au nombre de quatre; & que pour être reçus, ils doivent poffeder les quatre Baronnies de Terrier, de Belleftre, de Sonaftre & de Louvercy, qui relevent de l'Abbaïe de S. Remi de Reims, où l'on conferve cette fainte Ampoule,à laquelle Abbaïe ils font foi & hommage ; & qu'au facre de nos Rois ils portent le dais, fous lequel on apporte la fainte Ampoule Favin,Hift. dans l'Eglife Cathedrale de Nôtre Dame. Favin, pour appag. 1328. puïer ce fentiment, rapporte dans fon Hiftoire de Navarre,

de Navarre

en parlant du Sacre de Louis XIII. trois Actes; le premier
du 8. Octobre 1610. par lequel Thomas de Cauchon & de
Neuflize, Chevalier, Seigneur Châtelain dudit Neuflize,
& Baron de Chamlats, eft reçu par le Bailli du Monaftere de
faint Remi (en vertu de la Commiffion qui lui en avoit été
donnée par le Cardinal de Lorraine, Archevêque de Reims,
& Abbé de ce Monaftere) à faire foi & hommage de la Ba-
ronnie de Terrier, qui lui donne droit de fe dire premier
Vaffal, Baron & Chevalier de faint Remi, & de porter le
premier bâton du dais fous lequel on porte de l'Eglife de
faint Remi en celle de Nôtre Dame la fainte Ampoule, dans
laquelle eft confervée l'huile facrée dont font oints les Rois
Très Chrêtiens le jour de leur Sacre. Le second est du 17.
Octobre, jour du Sacre de Louis XIII. par lequel il paroit
que
le Grand-Prieur de ce Monaftere avoit pris la fainte

qua

MILITAI-
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SEZ.

Ampoule de deffus l'Autel, & l'avoit portée fous un dais, ORDRES que portoient Thomas de Cauchon de Neuflize, Chevalier Seigneur Châtelain de ce lieu, Baron des Baronnies de Ter rier & Chamlats; Raoul de la Fontaine, Ecuïer Seigneur & Baron de Bellestre; & Jacques de Haudreffon, Ecuïer Seigneur & Baron de Louvercy, tous trois Barons-Chevaliers de la fainte Ampoule de faint Remi ; & en l'absence du triéme Baron-Chevalier, René Bourgeois, Bailli de l'Archevêché de Reims & de l'Abbaïe de faint Remi. Enfin le troisiéme acte est du lendemain dix-huit Octobre, par lequel il paroît que ces trois Barons- Chevaliers de la fainte Ampoule ont porté le jour précedent le dais, revêtus chacun d'un manteau de taffetas noir, au côté duquel étoit attachée la croix de leur Ordre, brodée d'or & d'argent,& que le Grand Prieur leur avoit mis au cou une croix d'argent attachée à un ruban noir ; qu'ils avoient accompagné le Grand Prieur jusques dans l'Eglife de Nôtre Dame ; & après la cérémonie du Sacre, l'avoient reconduit de même jufques dans l'Eglife de faint Remi. Mais comment accorder la verité de ces actes avec ce que dit le Cérémonial de France? où dans ce qui s'eft fait au Sacre de Louis XIII. il eft nial Franmarqué pofitivement que les quatre bâtons du dais fous le çois, Tom. quel étoit le Grand Prieur de faint Remi avec la fainte Am- & 459. poule, étoient portés par quatre Religieux de cette Abbaïe, revêtus d'aubes: ce qui a toûjours été pratiqué aux Sacres des Rois de France, depuis Loüis VII. dit le Jeune, qui aïant prescrit l'an 1179. l'ordre que l'on obferveroit au Sacre & Couronnement de ces Princes, ordonna qu'entre Prime & Tierce les Moines de faint Remi viendroient en procef- Ibid.pag.2. fion avec la fainte Ampoule, laquelle feroit portée par l'Abbé fous un dais, dont les quatre bâtons feroient foutenus par quatre Religieux vêtus en aubes. Ce que l'on trouve encore dans l'ordre qui fut obfervé au Sacre de Louis VIII. qui commença à regner l'an 1223. où on lit ces paroles: Inter Ibid. pag. Primam & Tertiam debet Abbas fancti Remigii Remenfis 15. & feq. proceffionaliter cum crucibus & cereis deferre reverentiffime Jacro fanitam Ampullam fub cortica ferica, quatuor perticis à quatuor Monachis albis indutis fublevata. La même chose a été ordonnée aux Sacres de faint Louis l'an 1226. & de tous fes fucceffeurs jufqu'à Loüis XIV. Ainfi s'il eft vrai que les

Ceremo

I. pag. 58.

jeg.

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