PTEUR AU ORDRE DU de Caligniano; le Marquis Frederic de Gonzagues, Prince REDEM du faint Empire; François Brembat de Bergame; Jerôme DUCHE' DE Martinengo de Brescia, Patrice Venitien; Latin des Urfins, Duc de Selice ; & Pyrrhe-Marie de Gonzagues, Marquis de Palazzuolo. MANIOU E. Le collier de cet Ordre eft compofé de plufieurs cartouches d'or, dans quelques uns defquels il y a des verges d'or dans des creufets fur le feu, & dans d'autres ces paroles, Domine probafti me, au bout du collier pend une ovale, où il y a une oftenfoire, foutenue par deux Anges à genoux, & trois goutes de fang dans l'oftenfoire,avec ces paroles tout au tour: Nihil hoc trifte recepto. Les Chevaliers portent ce collier aux jours marqués, fur l'habit, de cérémonie, qui confifte en une robe de foïe cramoifie,femée de creufets d'or en broderie; cette robe ouverte par devant, & trainant à terre, aïant de grandes manches bordées tout autour de plufieurs cartouches, de même qu'au collier, & attachée au cou par deux cordons d'or. Sous cette robe ils ont un pourpoint, & des chauffes de toile d'argent, avec des bandes brodées d'or, & leurs bas font auffi de foïe cramoifie. Le Duc de Mantouë créa auffi des Officiers de cet Ordre: fçavoir un Grand Chancelier, dont l'Office devoit toûjours être attaché à la dignité de Primicier de l'Eglife Cathedrale ; un Maître des Cérémonies ; quatre Rois d'Armes ou Herauts ; un Trésorier ; & un Porte-Maffe. Les Ducs de Mantouë, de la Maifon de Gonzagues, ont toûjours été Grands-Maîtres de cet Ordre, jufqu'en l'an 1708. que Ferdinand Charles de Gonzagues étant mort fans enfans, l'Empereur Jofeph s'empara de ce Duché, & les troupes Allemandes y font toûjours reftées jufqu'à prefent, n'y aïant point eu de Ducs particuliers: le tems fera connoître fi ce Duché fera reftitué à ceux qui le doivent poffeder legitimement, & s'ils maintiendront, l'Ordre du Redempteur. Hippolito Donnemondi, Hiftoria di Mantua. Aubert le Mire Equit. Redempt. Ord. Favin, Theatre d'honneur & de Chevalerie. Bernard Giustiniani, Hift. di tutti gli Ord. Milit. Mennenius, Herman & Schoonebeck, dans leurs Hiftoires des Ordres Militaires. ORDRE DU CHAPITRE LXV I. Des Chevaliers de l'Ordre du Cordon jaune en France. D ANS le tems qu'Henri IV. Roi de France & de Navarre fongeoit à établir l'Ordre de Nôtre Dame de Mont Carmel & de faint Lazare,il travailloit encore à abolir celui du Cordon jaune que le Duc de Nevers venoit d'inftituer, & dont il étoit Chef & General (comme il fe qualifioit.) C'étoit une Compagnie de Chevaliers Catholiques & Héretiques, qu'on recevoit néanmoins dans l'Eglife, en présence des Curés. Pour cette cérémonie on prenoit un Dimanche, & après avoir oüi la Meffe, on fonnoit une cloche, & tous les Chevaliers de l'une & l'autre Religion s'approchoient de l'Autel, prenant leurs places fur des bancs, fans garder de rang. Le Général ou celui auquel il en avoit donné commiffion, faifoit un discours à celui qui demandoit le Cordon jaune, touchant l'Ordre qu'il alloit recevoir ; & le discours étant fini, le Greffier lui lifoit les Statuts, après quoi le Prêtre, qui avoit célebré la Meffe, ouvroit le Livre des Evangiles, & le prétendant, un genoüil en terre & fans épée, mettant les mains deffus,promettoit avec ferment d'ob. ferver les Statuts dont on lui venoit de faire lecture. Le Gé- · néral ou celui auquel il en avoit donné commiffion, prenant enfuite une épée qu'on tenoit toute prête, la lui mettoit au côté, & le Cordon jaune au cou, puis l'embraffoit. Ils étoient tous obligés par leurs Statuts de fçavoir le jeu de la Mourre. Leur équipage étoit un cheval gris, deux piftolets,deux fourreaux de cuir rouge,& le harnois de même, autrement il ne leur étoit pas permis de venir au Chapitre. Comme ils étoient de differentes Religions, il n'y avoit rien de plus extravagant que l'article concernant leurs femmes. Il devoit y avoir entr'eux une fi grande union, qu'elle s'étendoit jufqu'à la communauté de biens : en forte que Chevalier le trouvoit en peine, ou que la neceffité le prefsât, il devoit y avoir un fonds prêt pour l'affifter. Bien davantage, ceux qui n'avoient point de chevaux,pouvoient en aller prendre librement dans l'écurie de leurs compagnons, même en leur absence, pourvu qu'ils leur en laiffaffent un fi un 1 JAUNE EN ORDRE DU Si quelqu'un manquoit d'argent, il lui étoit auffi perCORDON mis d'aller prendre à un autre Chevalier jufqu'à cent FRANCE. écus, fans qu'il osât les redemander, ni s'en offenser,à peine pour la premiere fois d'une rude reprimende ; & en cas de recidive, d'être degradé de l'Ordre, fi le Général le trouvoit à propos. Ils étoient encore obligés d'affifter ce Général contre qui que ce fût, excepté contre le Roi feulement. Ils devoient auffi réciproquement le donner fecours les uns aux autres, non feulement contre leurs meilleurs amis & leurs mais contre leurs freres & leurs propres peres, parens, à moins que d'en être difpenfés par ceux de l'Ordre, à qui ce pouvoir auroit été donné. Enfin tout ce qui fe paffoit entre eux dans le Chapitre & ailleurs, devoit être fecret, & ne pouvoit être revelé que du confentement de quatre Chevaliers affemblés. Henri IV. aïant eu avis de l'institution de cet Ordre,qui étoit ridicule,voulut remedier à un tel abus : c'est pourquoi fa Majefté écrivit au fieur d'Inteville, Lieutenant Général de Champagne & de Brie, pour qu'il s'informât des particularités de cet Ordre, fur tout des Curés qui avoient assisté à la création de ces Chevaliers, pour en dreffer un état tel que l'affaire le meritoit, afin que puniffant ceux qui faifoient de pareilles entreprises, leur exemple retint les autres,& les empêchât de tomber dans de pareils inconveniens: voici la Lettre de ce Prince. M. d'Inteville,je defire que vous mandiez quelques-uns des Curez qui ont affifté à la création d'aucun de ces prétendus Chevaliers du Cordon jaune, & ont tenu le Livre des Evangiles, fur lequel ils ont fait le ferment contenu au memoire que vous m'avez envoyé,& appreniez par ce moyen la verité de leurs Statuts & ceremonies, & Bref de tout ce qui s'est fait à ladite création, pour m'en donner avis: car encore que certainement il foit à croire que ce font chofes ridicules, & qu'il femble qu'elles accufent les efprits qui s'y laiffent aller, plûtôt de legereté & inconfideration, que de méchanceté & mauvais deffein: il eft neanmoins à propos de les fçavoir,pour en faire l'état qu'elles meritent, & en donnant à connoitre à ceux qui commettent telles fautes, ce qui leur en arrive, à leur honte & defavantage, faire qu'ils fe repentent, & empêcher les autres de tomber à l'avenir en femblables inconveniens,à quoi il |