mer dix écus d'or pour eux, au Grand-Tréforier de l'Or- ORDRE DR dre. Ce Prince leur donna auffi mille livres de rente pour dire tous les jours deux Meffes, l'une pour la profperité & fanté du Souverain & des Prélats, Chevaliers & Officiers de l'Ordre, & l'autre pour les Deffunts ; & dans le Chapitre qui fe tint à Paris l'an 1580. il fut arrêté que chaque Chevalier qui feroit trouvé fans fa croix païeroit pour chaque fois dix écus,& fi c'étoit un jour deChapitre cinquante écus, qui feroient auffi donnés par aumône aux Augustins. Cette céremonie de l'Ordre, qui, felon les Statuts, fe doit faire dans l'Eglife des Auguftins, eft peut-être ce qui a donné lieu à l'Abbé Giuftiniani de dire que cet Ordre avoit été foumis à la Regle de faint Augustin par le Pape Gregoire XIII. qui,felon lui, l'approuva: en quoi il a été fuivi par Schoonebeck, qui ajoûte qu'Henri IV. obtint du Pape que toutes les rentes & les revenus de l'Ordre feroient convertis en Commanderies, & qu'il envoïa même un Ambassadeur à Rome, pour remontrer à sa Sainteté que cet Ordre avoit été inftitué pour la Propagation de la Foi Catholique, & pour l'extirpation des Héréfies, & que les Chevaliers s'y engageoient par ferment. Il eft vrai que ce Prince fit representer au Pape Paul V. l'an 1608. que les Chevaliers & Officiers de l'Ordre s'engageant par vou & ferment d'en obferver les Statuts ; & que ces Statuts défendant d'y admettre les étrangers non regnicoles, & ordonnant à tous les Chevaliers de communier aux jours de cérémonies, & à la reception des Chevaliers ; il prioit fa Sainteté de difpenfer en ces deux points de ce vœu & ferment, en ce que l'Ordre étan tétabli pour l'exaltation & la Propagation de la Foi Catholique, il étoit avantageux de l'étendre dans les païs étrangers; & qu'à l'égard de la Communion que les Chevaliers devoient faire les jours de cérémonies, & à la reception des autres Chevaliers, il étoit plus convenable de la remettre à un autre jour, à caufe que dans ces jours de fêtes & de cérémonies, l'embarras & le tumulte leur pouvoit causer plus de distraction que de devotion: c'eft pourquoi ce Pontife par un Bref du 16. Février 1608. difpenfa les Chevaliers de leur vœu & ferment, pour ces deux articles feulement, en permettant de recevoir des étrangers non regnicoles ; & en declarant que les Chevaliers fatisferoient aux Statuts, pourvu qu'ils comFff iij S ESPRIT. S. ESPRIT y ORDRE DU muniaffent un des jours de l'Octave qui précederoit les çéENFRANCE rémonies de l'Ordre, ou la reception des Chevaliers ; & par un autre Bref du 17. Avril de la même année, il permit à Henri IV. de faire tel changement aux Statuts qu'il trouveroit à propos pour le bien & l'avantage de l'Ordre: ce qui autorila ce Prince dans quelques changemens qu'il y avoit déja faits car dès l'année précedente il avoit donné la Declaration dont nous avons parlé, pour admettre les Rois Princes & Seigneurs étrangers, avoit fait ôter l'an 1597. les chiffres qui étoient fur les grands colliers, & y avoit fait mettre à la place des trophées d'armes, avoit declaré qu'aucun Bâtard ne pourroit être reçu dans l'Ordre, finon ceux des Rois reconnus, & Legitimés. L'an 1601. à la naissance du Dauphin de France qui lui fucceda fous le nom de Louis XIII. il lui avoit donné la croix de l'Ordre, & le cordon bleu ; & l'an 1607. il avoit fait affembler les Prélats, Chevaliers & Officiers de l'Ordre, pour leur declarer qu'il vouloit donner la croix & le cordon bleu à fon fils le Duc d'Orleans, comme il avoit fait au Dauphin, & à l'avenir à tous fes enfans mâles qui naîtroient en legitime mariage, étant en bas âge, pour les faire connoître à tout le monde par cette marque d'honneur: ce qui a été pratiqué jusqu'à present par les fucceffeurs. Quant à ce que Schoonebeck dit encore qu'Henri IV. obtint du Pape que toutes les rentes & les revenus de l'Ordre feroient convertis en Commanderies, il y a plufieurs Ecrivains qui difent au contraire que ce fut Henri III. qui voulut attribuer aux Prélats, Chevaliers & Officiers, des Commanderies fur les Benefices; mais que le Pape & le Clergé n'y aïant pas voulu confentir, ce Prince leur affigna à chacun une penfion, qui a été reduite à mille écus, comme nous avons dit, & le Roi reçoit fa distribution fur l'évaluation des anciens écus d'or, qui monte à fix mille livres. On peut excufer le même Schoonebeck, comme étranger, d'avoir avancé qu'au lieu des H. qu'Henri III. fit mettre au collier, l'on voit aujourd'huy des L. qui fignifient Loüis: mais M. Herman, qui dit la même chofe, ne pouvoit pas ignorer qu'il n'y a point d'L. au collier, & que les H. n'en ont point été ôtées : au contraire, dans le Chapitre qui se tint le 31. Decembre 1619. où Louis XIII. étoit prefent, il fut REDEM MANTOUR. arrêté que les H. demeureroient à perpetuité fur les brode- ORDRE DU ries des manteaux & mantelets, & fur les colliers d'or des PTEUR AU Chevaliers, en memoire d'Henri III. Fondateur de l'Ordre, DUCHE' DE & du Roi Henri IV. fecond Chef & Souverain GrandMaître du même Ordre. Ce collier doit être du poids de deux cens écus ou environ, & ne peut être jamais orné de pierreries. Lorsqu'un Chevalier meurt, fes heritiers le doivent renvoïer au Roi. Il n'y a préfentement que les Cardinaux, les Prélats & les Officiers qui font de robe,qui portent la croix penduë au cou, attachée à un ruban bleu large de quatre doigts; tous les Chevaliers la portent auffi attachée à un ruban bleu en escharpe, depuis l'épaule droite jufqu'à la garde de l'épée. Cette croix eft d'or émaillée de blanc,chaque raïon pometé d'or ; une fleur-de-lis d'or dans chacun des angles de la croix, & dans le milieu d'un côté une colombe, & de l'autre un faint Michel. Les Cardinaux & Prélatsportent la colombe des deux côtés de la croix, n'étant feulement que Commandeurs de l'Ordre du Saint-Esprit. Toutes les expeditions & provifions concernant cet Ordre, font fcellées par le Chancelier en cire blanche. Le Laboureur, Additions aux Memoires de Caftelnau. Favin,Theatre d'Honneur & de Chevalerie. Bernard Giustiniani, Hift. di tutt. gli Ord. Milit. Schoonebeck, Hift. des Ordres Militaires. Herman, Hift. des Ordres de Chevalerie. Du Chêne & Haudicquer, Recherches hiftoriques de l'Ordre du Saint Efprit. Les Statuts de cet Ordre imprimés en 1703. & Manufcrits de Brienne à la Bibliotheque du Roi,vol. 274. CHAPITRE LX V. Des Chevaliers de l'Ordre du Redempteur ou du Sang 'AVANTAGE que la ville de Mantouë a de poffeder Jefus-Chrift, que l'on conferve dans l'Eglife Cathedrale, dédiée à faint André, donna lieu à Vincent de Gonzages Duc de Mantouë, d'inftituer l'an 1608. un Ordre Militaire fous le nom du Redempteur ou du Sang précieux de JefusChrist. Ce Prince choifit le jour de la Pentecôte pour la REDEM ORDRE DU Cérémonie de l'institution de cet Ordre, qu'il voulut faire PTEUR AU avec beaucoup de pompe & de magnificence. Il reçut d'a DICHE DE bord dans la Chapelle de fon Palais des mains du Cardinal MANTOUR Ferdinand de Gonzagues fon fils, l'habit & le collier de ce nouvel Ordre ; & en étant revêtu il alla en grand cortege à l'Eglife de faint André, où fe trouverent ceux qu'il avoit choifis pour être faits Chevaliers, qui, chacun en particulier,avoient fait un écrit,par lequel ils promirent d'observer exactement les Statuts de l'Ordre, dont la lecture leur avoit été faite ; d'être fideles au Duc & à fes fucceffeurs, qui seroient Chefs & Grands-Maîtres de cet Ordre:de porter toûjours le collier & la médaille aux jours prefcrits par les Statuts; de le rendre en cas que pour quelques fautes ils en fuffent privés, & d'obliger leurs heritiers de le renvoïer à fon Alteffe ou au Tréforier après leur mort, engageant pour cet effet tous leurs biens. le Le Duc de Mantouë étant arrivé à l'Eglife,& après avoir adoré le faint Sacrement, on appella tous les Candidats,chacun felon fon rang & fa qualité. Ils furent reçus par le Maître des Cérémonies, & conduits par le Heraut, & s'étant mis à genoux devant le Prince, le premier s'étant presenté pour recevoir l'Ordre,le Chancelier lui dit: Le Duc notre Maître aiant égard à vos merites, & au zele que vous avez pour la confervation de fa perfonne, a refolu de vous incorporer dans le tres noble Ordre du Redempteur; mais avant que de vous donner le collier, il vous demande fi vous voulez vous engager par ferment d'obferver les Inftituts de l'ordre. Le Chevalier aïant répondu qu'il vouloit faire le ferment, Secretaire préfenta le Livre des Evangiles au Duc de Mantouë, & le Chevalier aïant mis les mains deffus, le Chancelier lui dit : Jurez donc que vous deffendrez de tout votre pouvoir la Religion Catholique, la dignité du Pape, & Son Alteffe, comme Chef d'Ordre, auffi-bien que les autres Chevaliers vos Confreres,que vous les avertirez en cas qu'il fe trouve quelque chofe qui foit à leur préjudice que vous deffendrez L'honneur des Dames, principalement des veuves, des orphelins & des pupiles: que vous affifterez au Chapitre & aux solemnitez de l'Ordre aux jours accoutumez, lorsque vous ferez appellé,& que vous ne ferez point legitimement empêché: que dans ce Chapitre vous direz tout ce qui peut contribuer à la confervation : : REDEM- A MANTOUE. confervation & à l'agrandiffement de l'Ordre que dans ces ORDRE DU folemnitez vous donnerez tout ce qui eft preferit par les Statuts que vous n'entreprendrez aucun voyage hors l'Italie fans DUCHE DE en avoir donné connoiffance au Grand Maître, & que vous entendrez tous les jours la Meffe, fi vous le pouvez, & direz les prieres prefcrites par les Statuts : qu'après votre mort,& au cas que vous soyez declaré indigne de porter le collier de l'ordre par votre faute (ce qu'à Dieu ne plaife) vous le rendrez au Grand-Maitre: que vous accomplirez exactement tout ce qui eft porté par les Statuts: & qu'enfin vous ferez un fidel Sujet de votre legitime Souverain. Le Chevalier aïant dit:Je le jure ainfi,le Chancelier donna l'épée nuë au Duc deMantouë,qui en frappa le Chevalier fur les épaules en forme de croix, en lui difant: Que le Fils de Dieu notre Redempteur vous faffe un bon Chevalier; & après qu'il lui eut fait baifer le pommeau de l'épée, le Chevalier répondit: ainfi foit-il. Le Roi d'Armes préfenta enfuite le collier au Duc, qui l'aïant mis au cou du Chevalier, lui dit: Que notre Redempteur vous accorde la grace de porter ce collier pour fon fervice, l'exaltation de la Jainte Eglife, & l'honneur de l'Ordre, avec l'accroiffement & la louange de vos merites: au nom du Pere,du Fils,& du SaintElprit. Le Chevalier s'étant levé, baisa la main du Duc de Mantouë, & fe mit à fa place, les autres Chevaliers furent reçus de la même maniere. que ce Donnemondi, dans fon Histoire de Mantouë, dit Prince obtint du Pape Paul V. la permiffion de faire vingt Chevaliers, outre le Grand-Maître, dont la dignité fut attachée à fa perfonne & à celle de fes fucceffeurs; mais qu'il n'en fit dans cette premiere promotion que quatorze, qui furent François de Gonzagues fon fils aîné, marié nouvellement avec Marguerite de Savoye; Jules-Cefar de Gonzagues, Prince du faint Empire & de Bozzolo, Marquis de Gonzagues & d'Oftiano, Seigneur de Pomponefio; André de Gonzagues, troifiéme fils de Dom Ferdinand de Gonzagues, Seigneur de Guastalla, & Prince du faint Empire; Jerôme Adorne, Marquis de Palavicino, Comte de Silvano; Jourdain de Gonzagues, Prince du faint Empire,& Seigneur de Vefcovato; le Comte Alexandre Bevilaqua de Veronne; Charles Roffi,des Comtes de Secondo, General des troupes de Mantouë; le Comte Galeaz Canoffe de Veronne, Marquis Gg.g Tome VIII, 1 |