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S. ESPRIT

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les

ORDRE DU le Greffier, & le Chancelier feul après eux. Puis marchent EN FRANCE les Chevaliers deux à deux felon le rang de leur reception, & enfuite le Souverain & Grand-Maître qui est suivi Cardinaux & Prélats de l'Ordre. Les Chevaliers font vêtus de long's manteaux de velours noir femés de flammes d'or & bordés tout autour du collier de l'Ordre. Ce manteau est garni d'un mantelet de toile d'argent verte, entouré auffi du collier de l'Ordre en broderie. Le manteau & le mantelet font doublés de fatin jaune orangé. Les manteaux fe portent retrouffés du côté gauche & l'ouverture eft du côté droit. Sous ces manteaux ils ont des Chauffes & pourpoints de fatin blanc, & pour couvrir leur tête une toque de velours noir avec une plume blanche, à l'égard des Officiers le Chancelier eft vêtu comme les Chevaliers. Le Prevôt, le Grand-Tréforier & le Greffier ont auffi des manteaux de velours noir & le mantelet de toile d'argent verte; mais ils font feulement bordés de flammes & d'une petite frange d'or, & portent la croix coufuë fur leurs manteaux & une autre croix d'or pendue au cou. Le Heraut & l'Huiffier ont des manteaux de fatin noir & le mantelet de velours vert. Ils ont la croix de l'Ordre penduë au col; mais celle de l'Huiffier eft plus petite que celle du Heraut.

Le lendemain de leur reception ils vont entendre la Messe revêtus des mêmes habits, & le Roi à l'Offertoire offre un cierge où il y a autant d'écus d'or qu'il a d'années. Après la Meffe les Chevaliers accompagnent fa Majefté dans le lieu où il doit dîner & mangent avec lui. Ils retournent l'aprèsdîné à l'Eglife pour affifter aux Vêpres des Morts, & pour lors ils ont des manteaux & mantelets de drap noir & le Roi un manteau violet. Le troifiéme jour ils vont encore à l'Eglife pour y affifter au fervice que l'on y fait pour les Chevaliers decedés. A l'Offertoire de la Meffe le Roi & les Chevaliers offrent chacun un cierge d'une livre. Mais on n'a pas vu de cerémonie complette depuis l'an 1662. Il fe fait tous les ans le jour de la Purification &le jour de la Pentecôte une Proceffion où le Roi affifte avec tous les Prélats & Chevaliers, & la Meffe eft enfuite celebrée par un Prélat de l'Ordre. Henri III. deftina les offrandes qui fe font dans les grandes cerémonies pour les Religieux du Couvent des Auguftins, & obligea chaque Chevalier à fa reception de don

Chevalier de l'ordre du s'Esprit.

de Poilly f

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mer dix écus d'or pour eux, au Grand-Tréforier de l'Or- ORDRE DU dre. Ce Prince leur donna auffi mille livres de rente pour NFRANCE dire tous les jours deux Meffes, l'une pour la profperité & fanté du Souverain & des Prélats, Chevaliers & Officiers de l'Ordre, & l'autre pour les Deffunts ; & dans le Chapitre qui fe tint à Paris l'an 1580. il fut arrêté que chaque Chevalier qui feroit trouvé fans fa croix païeroit pour chaque fois dix écus,& fi c'étoit un jour deChapitre cinquante écus, qui feroient auffi donnés par aumône aux Auguftins.

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Cette céremonie de l'Ordre, qui, felon les Statuts, fe doit faire dans l'Eglife des Auguftins, eft peut-être ce qui a donné lieu à l'Abbé Giustiniani de dire que cet Ordre avoit été foumis à la Regle de faint Augustin par le Pape Gregoire XIII. qui,felon lui, l'approuva: en quoi il a été fuivi par Schoonebeck, qui ajoûte qu'Henri IV. obtint du Pape que toutes les rentes & les revenus de l'Ordre feroient convertis en Commanderies, & qu'il envoïa même un Ambassadeur à Rome, pour remontrer à sa Sainteté que cet Ordre avoit été inftitué pour la Propagation de la Foi Catholique, & pour l'extirpation des Héréfies, & que les Chevaliers s'y engageoient par ferment. Il eft vrai que ce Prince fit representer au Pape Paul V. l'an 1608. que les Chevaliers & Officiers de l'Ordre s'engageant par vœu & ferment d'en observer les Statuts ; & que ces Statuts défendant d'y admettre les étrangers non regnicoles, & ordonnant à tous les Chevaliers de communier aux jours de cérémonies, & à la reception des Chevaliers ; il prioit fa Sainteté de difpenfer en ces deux points de ce vœu & ferment, en ce que l'Ordre étan tétabli pour l'exaltation & la Propagation de la Foi Catholique, il étoit avantageux de l'étendre dans les païs étrangers; & qu'à l'égard de la Communion que les Chevaliers devoient faire les jours de cérémonies, & à la reception des autres Chevaliers, il étoit plus convenable de la remettre à un autre jour, à caufe que dans ces jours de fêtes & de cérémonies, l'embarras & le tumulte leur pouvoit caufer plus de distraction que de devotion: c'est pourquoi ce Pontife par un Bref du 16. Février 1608. difpenfa les Chevaliers de leur vœu & ferment, pour ces deux articles feulement, en permettant de recevoir des étrangers non regnicoles ; & en declarant que les Chevaliers fatisferoient aux Statuts, pourvu qu'ils com

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ORDRE DU muniaffent un des jours de l'Octave qui précederoit les céINFRANCE rémonies de l'Ordre, ou la reception des Chevaliers ; & par un autre Bref du 17. Avril de la même année, il permit à Henri IV. de faire tel changement aux Statuts qu'il trouveroit à propos pour le bien & l'avantage de l'Ordre: ce qui autorila ce Prince dans quelques changemens qu'il y avoit déja faits: car dès l'année précedente il avoit donné la Declaration dont nous avons parlé, pour admettre les Rois Princes & Seigneurs étrangers, avoit fait ôter l'an 1597. les chiffres qui étoient fur les grands colliers, & y avoit fait mettre à la place des trophées d'armes, avoit declaré qu'aucun Bâtard ne pourroit être reçu dans l'Ordre, finon ceux des Rois reconnus, & Legitimés. L'an 1601. à la naiffance du Dauphin de France qui lui fucceda fous le nom de Loüis XIII. il lui avoit donné la croix de l'Ordre, & le cordon bleu ; & l'an 1607. il avoit fait affembler les Prélats, Chevaliers & Officiers de l'Ordre, pour leur declarer qu'il vouloir donner la croix & le cordon bleu à fon fils le Duc d'Orleans, comme il avoit fait au Dauphin, & à l'avenir à tous fes enfans mâles qui naîtroient en legitime mariage, étant en bas âge, pour les faire connoître à tout le monde par cette marque d'honneur: ce qui a été pratiqué jusqu'à present par fes fucceffeurs.

Quant à ce que Schoonebeck dit encore qu'Henri IV. obtint du Pape que toutes les rentes & les revenus de l'Ordre feroient convertis en Commanderies, il y a plufieurs Ecrivains qui difent au contraire que ce fut Henri III. qui voulut attribuer aux Prélats, Chevaliers & Officiers, des Commanderies fur les Benefices; mais que le Pape & le Clergé n'y aïant pas voulu confentir, ce Prince leur affigna à chacun une penfion, qui a été reduite à mille écus, comme nous avons dit, & le Roi reçoit fa diftribution fur l'évaluation des anciens écus d'or, qui monte à fix mille livres.

On peut excufer le même Schoonebeck, comme étranger, d'avoir avancé qu'au lieu des H. qu'Henri III. fit mettre au collier, l'on voit aujourd'huy des L. qui fignifient Loüis: mais M. Herman, qui dit la même chofe, ne pouvoit pas ignorer qu'il n'y a point d'L. au collier, & que les H. n'en ont point été ôtées : au contraire, dans le Chapitre qui fe tint 31. Decembre 1619. où Loüis XIII. étoit present, il fut

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