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ORDRED" ftor. & Schoonebeck, Hiftoire des Ordres Militaires

CHARDON

O DE S. Tom. II.

ANDRE EN
ECOSSE.

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Des Chevaliers de l'Ordre du Chardon, ou de S. André

N

en Ecoffe.

Ruë

Ous avons déja parlé d'un Ordre Militaire sous le nom de Chardon inftitué en France ; en voici encore un autre fous le même nom qui a pris naissance en Ecoffe,& que l'on nomme ordinairement l'Ordre de S. André, à cause qu'il fut mis fous la protection de ce faint Apôtre. Ceux qui ont traité des Ordres Militaires lui donnent une antiquité chimerique, prétendant qu'Achaius Roi d'Ecoffe en a été l'Inftituteur, & que ce Prince aïant fait alliance avec Charlemagne, prit le Chardon & la Rue pour devife, avec ces paroles, pour ma défenfe. Mais il y a bien de l'apparence que Jacques V. que l'on prétend avoir été le reftaurateur de cet Ordre l'an 1534. en a été plûtôt l'Inftituteur. Les Chevaliers n'étoient qu'au nombre de douze, & ils s'affembloient dans l'Eglife de faint André à Edimbourg lorfqu'ils célébroient les Fêtes de l'Ordre, ou que l'on recevoir quelque Chevalier. M. Ashmole attribuë auffi l'inftitution de cet Ordre à Achaius Roi d'Ecoffe: mais nous ne pouvons pas ajoûter foi à cet Auteur, puifque les Ordres Militaires n'ont commencé qu'au douziéme fiécle ; nous nous contentons de croire ce qu'il dit du collier de cet Ordre qui étoit compofé de chardons entrelaffés enfemble, au bas duquel pendoit l'image de faint André avec ces mots, nemo me impune laceffet, comme on le voit au portrait de Jacques V. Roi d'Ecoffe qui eft dans le Palais de Whitheall, & à ceux de plufieurs Chevaliers, auffi-bien que dans des Sçeaux de l'Ordre; ce que Favin confirme, aïant veu un fceau de la Reine Marie Stuart qui avoit époufé en premieres noces François II. Roi de France, où l'on voit le collier de cet Ordre autour des armes de cette Princeffe avec cette legende, Maria Dei Gratia Francorum & Scotorum, &c. 1560. L'Abbé Giuftiniani dit que ce collier étoit de chardons entrelaffés d'anneaux d'or ; mais ce qu'il prend pour des anneaux est comme

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CHARDON DU DE S.

Ecosse

de petites branches de quelques arbustes qui forment en- ORDRE DU femble une ovale, & que Favin prétend être des feüilles de Ruë; ce qui eft affez vraisemblable, puifque cet Ordre ANDRE' IN fe nommoit auffi de la Ruë; & ainfi on aura joint les chardons avec des feuilles de Ruë fauvage,qui differe pour la forme & pour la couleur de celle que l'on cultive. M. Ashmole dit encore que dans les cérémonies ces Chevaliers portoient des robes femblables à celles que portent les deputez du Parlement, fur lefquelles il y avoit un cercle d'or rempli d'une broderie de foïe bleuë, avec une croix de faint An. dré, d'argent, au milieu de laquelle il y avoit une couronne d'or fleurdelifée; & qu'hors les cérémonies ils avoient pour marque de leur Ordre une medaille d'or, au milieu de laquelle il y avoit un chardon couronné d'une couronne Imperiale avec ces paroles, nemo me impune laceffet, & cette medaille étoit attachée à un ruban vert.

Après la mort de François II. Roi de France,qui arriva l'an 1560.Marie Stuart aïant été obligée de repaffer en Ecoffe pour prendre le gouvernement de ce Roïaume, qui étoit extrêmement divifé; elle épousa en fecondes nôces, & pour faire plaifir à fes Sujets, Henri Stuart fon coufin germain. Ils ne furent pas long tems ensemble fans prendre quelque dégoût l'un pour l'autre. Le Comte de Muray frere naturel de la Reine qui l'avoit portée à l'époufer avoit des deffeins secrets qui l'obligeoient à entretenir le Roi dans les mechantes difpofitions où le mit la jalousie. Il fit tant par les artifices,qu'il le porta à faire tuer un étranger pour qui la Reine avoit de la complaifance, & aprés ce meurtre le Comte de Muray fit affaffiner le Roi par le Comte de Bothvel. Comme la Reine époufa enfuite ce Comte par le Confeil du même Muray, ce troifiiéme mariage la fit méprifer de fes Sujets qui fe revolterent, refufant de la reconnoître pour leur Souveraine. Elle affembla quelques troupes & aïant été vaincuë, elle refolut de paffer en France; mais une tempête qui s'éleva aiant fait échoüer fur les Côtes d'Angleterre le vaiffeau qui la portoit, elle fut arrêtée & conduite en Angleterre, où la Reine Elizabeth, après l'avoir retenue dix-huit ans en prifon, lui fit couper la tête au Château de Frodnighaie l'an 1587.

Si tôt que cette Princeffe fut au pouvoir de la Reine Eliza

ORDRE DU beth les Ecoffois mirent fur le thrône fon fils Jacques V I. agé CHARDON feulement d'un an,& qui fut enfuitte Roi d'Angleterre fous le ANDRE EN nom de Jacques Premier. LeRoïaume d'Ecoffe fut pour lors

OU DE S

EcoSSE.

en proïe aux Calviniftes qui éleverent le jeune Roi dans leurs
erreurs. La Religion Catholique y fut prefque toute ruinée
& l'Ordre du Chardon fut par ce moïen aboli. Mais Jacques
II. Roi d'Angleterre, d'Ecoffe, & d'Irlande, le rétablit
l'an 1687. & fit au Château de Windfor quelques Chevaliers
de cet Ordre, qui furent le Comte de Morai, le Comte de
Melfort Secretaire d'Etat, le Comte de Senafort, le Comte
de Domparton, le Comte Belk Grand Chancelier d'E-
coffe, le Duc de Gordon & le Comte d'Aran. Les qua-
tre premiers receurent les marques de cet Ordre, des mains
du Roi qui les difpenfa des anciennes cérémonies pratiquées
à la reception des Chevaliers. Les autres furent feulement
nommés pour
être reçus dans la fuitte avec folemnité, & ce
Prince fe referva à nommer les autres dans un autre tems
pour faire le nombre de douze, & comme l'Eglife de faint
André d'Edimbourg,cù les anciens Chevaliers de cet Ordre
s'affembloient autrefois,avoit été ruinée par les Heretiques,
il leur affigna pour le lieu de leurs Affemblés la Chapelle
Roïale du Palais d'Holyvord house en Ecoffe. Mais les
changemens arrivés en ce Roïaume après que ce Prince eut
été chaffé de fes Etats l'an 1689. ont encore aboli cet Ordre
qui ne fubfifte plus que dans les perfonnes que le Roi Jac-
ques 11. fit Chevaliers, & qui le fuivirent en France où le
Roi Louis XIV. lui donna un afile.

Favin, Theatre d'honneur & de Chevalerie. Jofef Michieli, Theforo Militar de Cavaleria, Bernard Giustiniani, hist. di tutt. gli Ordini Militari part. 1. & 2. Ashmole, Traité de l'ordre de la farretiere. Mennenius, Herman & Schoonebeck, dans leurs Hifloires des Ordres Militaires.

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