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EN FRANCE

Gilbert de Chabannes, Seigneur de Curton, & Sénéchal de ORDRE DE Guyenne; Charles Sire de Cruffol, Sénéchal de Poitou; & S MICHEL Taneguy du Chatel, Gouverneur de Rouffillon & de Sardaigne. Il leur donna un collier d'or fait de coquilles entrelaffées d'un double lacs pofées fur une chaîne d'or, où pendoit une médaille,reprefentant l'Archange faint Michel terraffant le Diable. Ils étoient obligés de porter tous les jours ce collier à découvert, fur peine de faire dire une Meffe, & de donner une aumône de sept fols fix deniers tournois, ex• cepté lorfqu'ils étoient à l'armée, en voïage,dans leurs maifons, ou à la chaffe. Ils portoient pour lors feulement une médaille attachée à une chaîne d'or, ou à un cordonnet de foïe noire ; & ils ne pouvoient la quitter dans les plus grands dangers, même pour conferver leur vie. Brantôme dit avoir été prefent lorfque le Roi François I. fit une fevere reprimande à un Chevalier, qui après avoir été pris dans un combat,avoit ôté la marque de fon Ordre, afin de n'être pas reconnu pour Chevalier de cet Ordre, & ne pas païer une grande rançon.

Conformément aux Statuts de cet Ordre, le grand collier doit être du poids de deux cens écus d'or, & ne peut être enrichi de pierreries. Les Chevaliers ne le peuvent vendre ni engager il appartient à l'Ordre ; & après la mort d'un Chevalier fes heritiers font obligés de le renvoïer dans l'efpace de trois mois, & le mettre entre les mains du Tréforier de l'Ordre. Ils ne peuvent entreprendre aucune guerre, ni s'engager dans une action dangereuse, fans en avoir donné avis à la plus grande partie des autres Chevaliers, & les avoir confultés. Ceux qui font François ne peuvent s'engager au fervice d'aucun Prince étranger, ni faire de longs voïages fans la permiffion du Roi ; mais les étrangers le peuvent en le faisant seulement fçavoir. Si le Roi fait la guerre à quelque Prince un Chevalier de l'Ordre fujet de ce Prince peut prendre les armes pour fa défense, mais fi c'eft ce Prince qui declare la guerre à la France, le Chevalier fon fujet doit s'excufer de fervir contre la France; & fi fon Prince ne veut pas recevoir fon excuse, & le contraint de fervir, pour lors il peut prendre les armes contre la France; mais il en doit donner avis au Chef de l'Ordre, & avertir fon Souverain, que s'il fait prifonnier de guerre un Chevalier de cet Ordre

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ORDRE DE fon Confrere, il lui donnera la liberté, & fera fon poffible EN FRANCE pour lui fauver la vie ; que fi fon Prince n'y veut pas confentir,il doit quitter fon service. Le Roi de fon côté s'engage envers les Chevaliers de les proteger & les maintenir dans tous leurs droits & privileges, de n'entreprendre aucune guerre ni aucune affaire de confequence fans les avoir auparavant confultés & pris leur avis, excepté dans les cas où les affaires demandent beaucoup de fecret & une prompte execution;& les Chevaliers promettent & jurent de ne point reveler les entreprises du Souverain,qui auroient été mifes en delibera. tion devant eux. Selon les mêmes Statuts les Chevaliers doivent être privés de l'Ordre pour caufe d'héréfie,de trahison, & de lâcheté, pour avoir pris la fuite dans le combat. Ils doivent à leur reception quitter les autres Ordres qu'ils peu⚫ vent avoir reçus d'autres Princes, excepté les Empereurs Rois & Ducs. Chaque Chevalier eft auffi obligé à sa reception de païer au Tréforier quarante écus d'or,ou la valeur, pour être emploïés en ornemens pour le service de l'Eglife; & à la mort d'un Confrere, il doit faire dire vingt Meffes, & donner fix écus d'or en aumônes. Les Statuts portent encore que pour remplir la place du Chevalier décedé, ils doivent s'affembler avec le Souverain, & donner leurs fuffrages par écrit: mais cela ne fe pratique plus prefentement.

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L'Eglife du Mont-faint Michel en Normandie fut destinée par Louis XI. pour y célébrer les divins Offices, & recevoir les bienfaits & fondations qui feroient faites en faveur de l'Ordre. Il femble cependant que ce Prince changea de deffein, & qu'il deftina pour les cérémonies & les fêtes de l'Ordre la Chapelle de faint Michel dans la cour du Palais à Paris:car par fes additions aux Statuts faites au Pleffis-lésTours le 22. Decembre 1476. il declare qu'il a fait vœu d'établir une Collegiate en l'honneur de Dieu,de la fainte Vierge & de faint Michel; & aïant créé par les mêmes additions aux Statuts un Office de Prévôt & Maître des Cérémonies de l'Ordre, il ordonne qu'il aura foin entr'autres choses, de poursuivre l'execution de la fondation de cette Collegiate ; qu'il en obtiendra les permiffions neceffaires, tant des Souverains Pontifes que de l'Ordinaire ; qu'il aura l'inspection fur les bâtimens qu'il prétend faire faire au lieu où fera fondé cette Collegiate; qu'il aura foin des réparations,& veillera àce

&NFRANCE.

que l'Officedivin foit fait par les Chanoines, tant de nuit que ORDRE DE de jour : & par fes Lettres Parentes du 24. du même mois, il S. MICHEL fit la fondation de cette Collegiate pour dix Chanoines, un Doïen & un Chantre, huit Chapelains, fix Enfans de Choeur, un Maître, deux Clercs, trois Huiffiers ou Bedeaux, un Receveur, & un Controlleur pour faire l'Office divin dans la Chapelle de faint Michel du Palais à Paris. Ce Chapitre devoit être immédiatement foûmis au faint Siége, & de nomination Roïale. Les Prébendes étoient de dix fols parifis par jour. Le Doïen devoit avoir deux parts,le Chantre une part & demie, & les Chapelains demie part chacun. Pour ce fujet le Roi leur donna & ceda dix deniers tournois fur le droit ordinaire des Gabelles, qui fe leveroit fur chaque minot de fel. Le Receveur devoit avoir quatre cens livres parifis de gages, & le Controleur deux cens livres. Le Receveur devoit païer auffi au Chancelier de l'Ordre huit cens livres parifis, au Prevôt fix cens livres,au Tréforier fix cens livres, au Greffier quatre cens livres, & au Heraut deux cens cinquante livres. Sa Majesté voulut que ces Chanoines, Chapelains & Officiers euffent leurs caufes commises pardevant les Maîtres des Requêtes, qu'ils fuffent exemts de toutes charges quelconques, & impofitions de la part du Roi, de la Ville, & de tous autres Privilegiés & non Privilegiés, dont ils feroient exceptés & déchargés. Mais cette fondation ne fut point executée, & il ne fe trouve point que les Affemblées & les Fêtes de l'Ordre fe foient faites dans cette Eglife, ni même dans l'Eglife du Mont-faint Michel.

La veille de la fête de ce Saint tous les Chevaliers de l'Ordre étant au lieu de l'affemblée devoient fe préfenter devant le Souverain en fon Palais avant les Vêpres & aller enfemble à l'Eglife,revétus de manteaux de damas blanc traînant à terre, bordez d'or avec des coquilles & lacs d'amour en broderie & fourez d'hermine, la tête couverte d'un chaperon de velours cramoifi. Le lendemain ils retournoient à l'Eglife pour entendre la Meffe ; à l'offertoire ils offroient une piéce d'or, chacun felon fa devotion ; & après l'Office ils alloient dîner avec le Roi. Le même jour ils alloient encore à l'Eglife pour les Vêpres; mais ils étoient vétus de manteaux. noirs avec des chaperons de même couleur, excepté le Roi qui avoit un manteau violet. Ils affiftoient aux Vigiles des Aaa iij

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