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OBLATS DE

BKO.SE.

fant à l'Eglife en Proceffion deux à deux pour y adorer le faint Sacrement, & y reciter quelques prieres prefcrites par SAINTAMles Statuts,après lefquelles ils doivent leur apprendre à faire l'examen de conscience, & les inftruire de la maniere qu'ils doivent le confeffer & s'approcher de la fainte Table:ce qui étant fini,ils les menent en chantant le Te Deum, à l'endroit où on leur lave les pieds, & delà au Refectoire, où l'un des Prêtres fait la benediction de la table & la lecture fpirituelle. Après le repas ils les conduifent auffi en Proceffion au Dortoir, d'où après avoir dit les prieres du foir, ils se retirent jusqu'au lendemain matin, qu'ils y retournent pour y faire la priere, & reciter l'Itineraire avec ceux qui doivent s'en aller, après avoir été trois jours dans l'Hôpital: ils exercent la même charité envers les convalefcens, & il leur eft défendu fous de groffes peines de recevoir aucune aumône, fous quelque prétexte que ce foit. Quoiqu'ils aïent pour Superieur le Primicier de la Confrairie de la fainte Trinité, qui eft ordinairement un Prélat, dont ils dépendent, ils ne laiffent pas d'élire entre eux un Superieur tous les trois ans, avec d'autres Officiers pour leur Congregation.

Carl. Bartholom. Piazza, Eufevolog. Romano, part. 1. Trattato 5. cap. 32. &Philip. Bonanni, Catalog. Ord. Relig. part. 3.

CHAPITRE V I.

De la Congregation des Oblats de faint Ambroise, avec la Vie de faint Charles Borromée, Cardinal & Archevêque de Milan,leur Fondateur.

EN

NTRE les œuvres pieufes que faint Charles Borromée a établies pour le bien de l'Eglife, l'une des plus fignalées eft l'Inftitution des Oblats de faint Ambroife. Ce grand Cardinal, qui dans les derniers fiécles a fait revivre la fainteté de l'Epifcopat, nâquit dans le Milanez le 2. Octobre de l'an 1538. dans le château d'Aronne. Il étoit, fils du Comte Gilbert Borromée, & de Marguerite, foeur de JeanJacques de Medicis, Marquis de Marignan, & du Cardinal Jean Ange de Medicis, qui fut depuis élevé au fouverain Pontificat fous le nom de Pie IV. Dès fes plus tendres an

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BROISE.

OBLATS D1 nées il donna des marques d'une finguliere pieté, emploïant SAINT AM à la priere ou à d'autres exercices de devotion le tems que les perfonnes de fon âge emploïent ordinairement aux divertiffemens ou à la promenade, après avoir fatisfait au devoir de leurs études. Ces marques qu'il donnoit déja de sa vocation au service de Dieu, obligerent fon pere à lui faire recevoir la tonfure, & à lui en faire auffi porter l'habit, tout enfant qu'il étoit : ce qui fut pour lui un fujet de joïe, d'autant plus fenfible,quefon pere ne faifoit en cela que fuivre fes inclinations. A l'âge de 12.ans il fut revêtu de l'Abbaïe de S. Gratinien & de S. Felin, fituée dans le Territoire d'Arone, que fon oncle le Cardinal Jules-Cefar Borromée lui réfigna. Le jeune Abbé,dont les penfées & les connoiffances étoient beaucoup élevées au deffus de celles que fon âge lui permettoit naturellement d'avoir, comprit d'abord les obligations que les Beneficiers ont d'ufer faintement des biens de l'Eglife: c'est pourquoi il ne voulut pas fouffrir que le revenu de fon Abbaïe fût confondu avec celui de fa famille, & pria fon de lui en laiffer la difpofition, pour en faire l'ufage qu'il croïoit en confcience être obligé d'en faire, qui étoit celui de la charité.

pere

Lorfqu'il eut achevé fes Humanités à Milan, il fut envoïé. à Pavie à l'âge de seize ans, pour y étudier en Droit sous le célébre Alciat, qu'il fit élever depuis au Cardinalat par reconnoiffance du foin qu'il avoit pris de lui pendant qu'il demeura dans cette ville: il y vêcut avec tant de regularité & de prudence, qu'il fçut éviter une infinité de pieges qu'on voulut tendre à fa chaíteté. Il étoit encore dans cette ville, lorfque fon oncle le Cardinal Jean-Ange de Medicis lui donna une feconde Abbaïe & un Prieuré confiderable; mais fon pere étant mort quelque tems après, il fut obligé d'en fortir, & d'interrompre fes études de Droit pour aller à Milan, afin d'y prendre le foin de fa famille, qu'il regla avec la prudence d'un homme confommé dans les affaires. Lorsqu'il eut mis ordre à tout ce qui regardoit fes interêts, il alla en 1559. prendre le Bonnet de Docteur à Pavie, d'où étant retourné à Milan, il y apprit peu de tems après fon arrivée l'élection de fon oncle au fouverain Pontificat, fous le nom de Pie IV. qui peu de tems après l'appella auprès de lui, le fit d'abord Protonotaire, & enfuite Referendaire de l'une &

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J.VII.p.30.

de Poilly f

BROISE.

l'autre Signature. Le dernier jour de Janvier de l'année 1560. OBLATS DE il le créa Cardinal, & le 8. Février fuivant il lui confera SAINT AM. l'Archevêché de Milan, n'étant pour lors âgé que de vingtdeux ans. La maniere admirable dont il réüffiffoit dans tous les Emplois qu'on lui donnoit, fit que le Pape lui confia tout ce qu'il y avoit de plus grand dans le Gouvernement de l'Eglife, & dans l'adminiftration de l'Etat Ecclefiaftique avec une autorité fi abfoluë, que le Saint doutant de fes forces pour foutenir un fi grand poids, fit quelques difficultés pour accepter cet honneur: ce qui lui attira quelques reproches du faint Pere, auffi bien que de fes parens, qui efperant toutes chofes de fon credit & de fon autorité,ne pouvoient fouffrir fon humilité, qu'ils traitoient de bassesse de

cœur.

Son frere unique Frederic Borromée, étant mort à la fleur de fon âge, on croïoit que pour le foutien de fa Famille, il quitteroit le Chapeau de Cardinal pour fe marier. Son oncle, fes parens, ses amis, lui confeilloient de le faire ; mais le Saint envisageant ces confeils comme une tentation dangereufe, il prit les Ordres facrés, & fe fit ordonner Prêtre par le Cardinal Cefis, dans l'Eglife de fainte Marie Majeure, dont il fut fait Archiprêtre par le Pape, qui l'honora encore de la Dignité de Grand-Penitencier, de plufieurs Legations, & de la Protection de plufieurs Ordres Religieux & Militaires. Après avoir reçu la Prêtrife,il ne fongea plus qu'à travailler fortement à la réforme des mœurs, au rétablissement de la difcipline de l'Eglife, & à remedier aux maux caufés par les Héréfies de Luther & de Calvin, qui venoient d'être condamnées dans le Concile de Trente, affemblé depuis près de dix-huit ans,lequel fut enfin conclu par fes foins l'an 1563. malgré les delais que l'on vouloit encore apporter.

Après que le Concile eut été terminé, il fit de gandes inftances auprès du Pape pour obtenir de fa Sainteté la permiffion de fe retirer à fon Eglife de Milan, préferant fes obligations & fon devoir à tous les avantages qu'il avoit à Rome; mais le Pape perfuadé qu'il y alloit de l'interêt du faint Siége & de toute l'Eglife de conferver auprès de fa perfonne un homme fi plein de zele pour le bien public, n'y voulut jamais confentir: ainfi il fut obligé de ceder par obéiffance à la volonté du faint Pere, qui le difpenfa de la réfidence ordonnée

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