ΗΛΡΙTRE ΧΧΧΙΙΙ. OBLATION Des Oblationnaires de l'Ecole de faint Ambroise à Milan.** D E toutes les Eglises Catholiques il n'y en a point qui ait plus retenu de l'ancienne coûtume des Oblations que celle de Milan, & c'est ce qui a donné lieu à l'établisfement des Oblationnaires de l'Ecole de faint Ambroife. Mais afin de donner une intelligence plus claire de leur Office & Institut, il faut expliquer en peu de mots ce que c'est que cette ancienne pratique, qui a duré dans toute l'Eglise jusqu'au treiziéme fiécle, & dont nous avons encore des restes dans la coûtume, que l'on a confervée en beaucoup d'endroits, de présenter le Pain-beni les Dimanches à la Messe de Paroisse, & de porter du pain & du vin à l'offrande de la Messe du Sacre des Evêques, de la benediction des Abbés & Abbesses, du Sacre des Rois, de la Canonisation des Saints, & aux Messes des Morts. Cette ancienne coûtume ou pratique consistoit en ce que l'on faisoit deux oblations à la Messe, l'une par le Prêtre, & l'autre par les Affistans; & de celle ci on en prenoit une partie pour le sacrifice, & l'autre servoit pour la subsistance & l'entretien des Ministres : car comme l'Eglife dans les commencemens n'avoit ni fonds ni revenus, elle n'étoit pas en état de faire les frais du pain & du vin necessaires pour la célébration de la Messe, d'autant plus que tous les Fideles y communioient, & que ee qui n'avoit pas été consacré, étoit porté à ceux qui n'avoient pu assister au saint sacrifice: ainsi il falloit que cette dépense fût supportée par les particuliers, sur tout par ceux qui devoient communier: c'est pourquoi faint Cefaire Archevêque d'Arles, dans un Sermon attribué à saint Augustin, exhortoit ses auditeurs d'offrir les oblations que l'on devoit consacrer à l'Autel, leur disant qu'un homme qui Serm. 2546: pouvoit les faire, devoit rougir de communier d'une hoftie in Append. qu'il n'auroit pas offerte: oblationes quæ in altario confe Aug. novas crentur offerte. Erubefcere debet homo idoneus, fi de aliena edit. oblatione communicaverit. Les Prêtres offroient seulement du pain, & les Laïques tant hommes que femmes, offroient du pain & du vin, excepté les pauvres qui en étoient dif Tome VIII. Kk 2570 Tom. s. S. i S. AMBROI LAN. OBLATION- pensés, à cause de leur pauvreté, aussi bien que les ExcomNAIRES DE muniés, les Catechumenes les Energumenes, les Penitens, SEA MI. & les autres qui n'étant point reçus à la Communion, étoient exclus des oblations : ce qui s'étendit dans la suite à ceux qui entretenoient des inimitiés, & qui opprimoient les pauvres ; & cela par une défense qui en fut faite pour ces derniers, par le quatriéme Concile de Carthage, comme indignes que leur nom fût proferé sur les sacrés Autels, où on recitoit celui de ceux qui y apportoient leurs offrandes; & c'étoit là les sacrés Dyptiques, ou les Memoires solemnelles qui se recitoient publiquement. L'Eglise de Milan aïant donc conservé cet ancien usage de présenter tous les jours à la Messe de l'Office qui se dit dans sa Cathedrale, du pain & du vin; cette offrande est présentée par deux vieillards & deux vieilles femmes, qui representent tout le peuple du Diocêse. Pour cet effet il y a deux Communautés, l'une d'hommes avancés en âge, & l'autre de vieilles femmes, qui sont au nombre de dix dans chaque Communauté, & qui forment une Congregation que l'on appelle l'Ecole de faint Ambroise. Le plus ancien des hommes a le titre de Prieur, & la plus ancienne des femmes celui de Prieure. Leur habillement est noir, & consiste en une robe ferrée d'une ceinture de cuir. Les uns & les autres assistent aux Processions sous leur Croix particuliere, & précedent le Clergé. Pour lors les hommes portent un surplis avec un bonnet en forme de toque, mais d'une maniere particuliere ; & les femmes ont un grand voile noir avec un tablier blanc. Lorsqu'ils vont à l'offrande, deux de ces vieillards ont chacun sur les épaules une nape blanche, avec laquelle l'un tient trois hofties, & l'autre un vase plein de vin blanc, & par dessus cette nappe ils mettent un grand capuce, se terminant en pointe, avec une grosse houpe au bout, qui descend par derriere jusqu'au bas du surplis. Deux femmes avec une pareille nappe & un petit voile noir, préfentent autant de pain & autant de vin; mais il n'y a que les hommes qui entrent dans le Chœur: ils s'approchent jufques aux degrés de l'Autel, & en offrant au Célébrant ce qu'ils portent, ils lui disent; Benedicite Pater Reverende; le Céléran t répond: Benedicat te Deus & hoc tuum munus, in nomine Patris, &c. & leur donne le manipule à baifer. 1 |