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.VIII.p.255.

Fille du Bon Pasteur

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de Poilly f

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fiance que nous në devons mettre qu'en Dieu feul. Une FILLES autre Dame aïant resolu de faire en forte que cette maison PASTEUR. fût fondée, elle la remercia encore de ses bonnes intentions. Plus elle vivoit, plus sa confiance augmentoit. Enfin Dieu voulant l'en recompenser, elle mourut le 16. Juin de l'année 1692. âgée seulement de 36. ans, après avoir fouffert pendant deux ans des douleurs continuelles, dans lesquelles elle donna des preuves inconteftables de fa patience & de fa parfaite foumission à la volonté de Dieu. Elle fut enterrée selon ses defirs, dans le petit cimetiere de faint Sulpice destiné principalement pour les pauvres.

La Maison du Bon Pasteur est composée de deux fortes de personnes; de filles que l'on nomme sœurs, dont la conduite a toûjours été reguliere; & de filles Penitentes. Les Sœurs se consacrent gratuitement à la converfion & à la fanEtification des filles qui font tombées dans le desordre : & les filles Penitentes pour expier leurs pechez, embrassent volontairement une vie de mortification de travail & de retraite. On ne fait point de distinction de païs, ni de Paroisse, on ne demande qu'une bonne volonté, on ne reçoit point de penfion quelque modique qu'elle foit; on se contente de demander la premier robe, on ne reçoit point non plus de femme, tant que leur engagement subsiste, ni celles qui font enceintes ou attaquées de quelque maladie qui pourroit se communiquer.

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Les robes des Filles Penitentes font de bure ou de gros drap brun; elles font serrées & contiennent deux largeurs de drap, le cou fermé & attaché par une agraffe. Il y a deux plis arrêtez sur les épaules; les manches font larges d'un bon tiers & defcendent jusqu'au bas du poignet. Elles ont une ceinture de cuir noir, large d'environ un pouce & arrêtée par une boucle de fer noirci. Leur coëffe est d'étamine assez épaisse pour ne pas voir au travers, elle est d'uneaune demi quart: au dessous elles portent une autre coëffe d'étamine en forme de cornette longue de deux tiers & profonde d'un quart, compris le rendouble, dans lequel on met un morceau de bougran noir pour la tenir en état ; le repli de cette coëffe est droit & fans aucune avance, afin de bannir entierement la vanité, d'un habit qui ne prêche que la modestie & la mortification. Elles ont une pointe qui avance fur

TEUR.

FILLES DU la moitié du front en forme de bandeau, & portent à leur BON PAS ceinture un gros chapelet de bois brun où il y a une croix, fur laquelle est un Christ de cuivre jaune. Elles se servent de bas de laine qu'elles font elles mêmes, & au lieu de souliers elles ont des sandales de bois couvertes de cuir ou de chapeau.

Les Sœurs qui gouvernent la maison forment comme un corps de Communauté. Elles y peuvent être reçuës à l'âge de vingt-trois ans & aprés deux années d'épreuve. Quand quelque Sœur est admise à la pluralité des voix, on marque un jour pour la cérémonie publique de sa reception, à laquelle elle se dispose par trois jours de retraite, pour demander à Dieu la grace de connoître & d'accomplir sa sainte volonté. Le jour destiné à la cérémonie, elle commence avant la Messe de Communauté le Pfeaume Miferere, qui est continué par le Chœur, pendant qu'elle demeure prosternée. Sur le point de recevoir la sainte Euchariftie, elle prononce ces paroles d'une voix distincte : Sufcipe me fesundum eloquium tuum & vivam, & non confundas me ab expectatione mea; & après qu'elle a communié, le Chœur chante le . Gustate & videte quam suavis est Dominus; Beatus virqui Sperat in eo. La Messe étant finie, elle embrasse toutes les filles qu'elle doit servir à table au dîner, & ausquelles elle doit enfuite baifer les pieds, pour marquer l'engagement qu'elle a pris d'être leur servante. Ces Sœurs sont habillées comme les Penitentes, excepté que leurs coëffes sont de taffetas, & il n'y a nulle distinction entre elles & les mêmes filles Penitentes, soit pour le logement, soit pour la nourriture.

L'utilité de cet établissement a paru si grande, qu'outre les établissemens dont nous avons déja parlé ci dessus, il s'en est fait trois autres à Paris en moins de dix ans, qui sont sainte Theodore, fainte Valere & le Sauveur.

Vie de Madame de Combé,imprimée à Paris en 1700. Herm. Hift. des Ordres Religieux, Tom. IV. & de la Marre, Traité de la Police de Paris, Tom. I.

CHAPITKE

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Oblationaire de l'Ecole de S. Ambroise, portant l'offrande du pain.

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