ECOLES CHRE Des Freres & Sœurs des Ecoles Chrétiennes & charitables S. ENFANT L du Saint Enfant Jesus. E défaut d'éducation & d'instruction des enfans de l'un & de l'autre sexe aïant toûjours été la source de plusieurs deréglemens qu'on voit regner au milieu du Chriftianisme, Dieu a suscité de tems en tems de faints Fondateurs, & autres personnes pieuses, qui pouslés d'un faint zele pour la gloire de sa divine Majesté ont tâché de remedier à ces déréglemens en établissant des Congregations de l'un & de l'autre sexe, dont nous avons déja parlé, qui sous differens noms & des regles particulieres ont pour fin principale l'inftruction de la jeunesse. Telle est celle des Ecoles Chrêtiennes & charitables de l'Enfant Jesus, qui ne differe des précédentes qu'en ce qu'elle renferme sous un même nom & fous une même Regle des personnes de l'un & de l'autre sexe, dont les uns font destinés pour enseigner les garçons, & les autres pour enseigner les filles. Le P. Nicolas Barré, Religieux de l'Ordre des Minimes, qu'ils reconnoifsent pour leur Instituteur, nâquit à Amiens vers l'an 1621. de parens honêtes & fort vertueux, qui n'omirent rien pour lui donner une bonne éducation. Lorsqu'il fut en âge de choisir un état de vie, dans lequel il pût servir Dieu comme il souhaitoit, il entra dans l'Ordre des Minimes, & y fit fes vœux l'an 1642. âgé de 21. an. Son principal caractere étoit * de retirer les plus grands pecheurs des abîmes du desordre, & de porter les ames déja gagnées à Dieu & avancées dans la pieté, à de plus hauts degrés de perfection. Ce fut ce zele qu'il avoit de gagner des ames à Dieu, qui le porta à unir ensemble plusieurs filles vertueuses, qui s'emploïassent à P'instruction des personnes de leur sexe. Le premier établissement s'en fit à Paris l'an 1678. & le Pere Barré voïant le succès de cet établissement, engagea aufli des Maîtres d'Ecole à faire une pareille Societé, qui fut commencée l'an 1 1681. Les uns & les autres vivent en Communauté sans faire de vœux, sous la conduite d'un Superieur ou d'une Superieure, Tome VIIL Gg JESUS : : : TIENNES TABLES DU JESIU FCOLES ausquels ils font obligés d'obéïr. Selon l'esprit de leur InstiCHRE- tut, ils doivent travailler sans relâche à leur propre sanctifiIT CHARI cation, par l'acquisition de toutes les vertus. Leur emploi 5. ENFANT principal est de tenir les Ecoles pour des enfans pauvres & indigens, & d'instruire des principaux Mysteres de la Foi, les grandes personnes ausquelles Dieu inspirera d'avoir recours à eux, & cela fans aucune distinction ni acception de personnes. Il n'est pas néanmoins permis aux Freres de recevoir en leurs Ecoles des filles de quelque âge qu'elles foient, ni aux Sœurs des garçons, si jeunes qu'ils puissent être. Les uns & les autres ne peuvent pas non plus aller dans les maisons pour enseigner à lire, écrire, ou travailler, fous quelque prétexte que ce soit. Ils doivent être toûjours difpofés au premier ordre de changer de demeure pour aller faire l'instruction aux lieux & aux personnes que les Superieurs jugeront à propos, imitant en cela l'exemple de NôtreSeigneur Jesus-Christ, qui étant sur la terre enseignoit dans les bourgs & villages aussi bien que dans les villes, allant pour cet effet par tout où la gloire de son Pere l'appelloit. Ces instructions se doivent faire gratuitement; en sorte que tant les Freres que les Sœurs ne doivent rien recevoir de ce qui leur sera offert par les parens des enfans qu'ils instruisent, soit riches soit pauvres ; & à plus forte raison leur rien demander, ni directement ni indirectement. Les Dimanches & Fêtes les Freres font des Instructions publiques & des Conferences Chrêtiennes pour les hommes & les garçons âgés qui y veulent venir, & les Sœurs en font aussi pour les filles & les femmes. Quoiqu'ils ne fassent point vœu d'obéïfsance ni depauvreté, ils font néanmoins dans une si grande dépendance de leurs Superieurs, qu'ils ne peuvent rien avoir à leur insçu ni disposer de rien sans leur volonté ni leur permission. S'il y a des Ecoles dans la ville autres que celles qui font dans la maison, & qui dépendent de l'Institut; le Superieur des Freres doit visiter celles des garçons, & la Superieure des Sœurs, celles des filles tous les quinze jours; & s'il y en a auprès des villes, ils font obligés d'y aller au moins une fois tous les trois mois, & y demeurer tout le tems qui sera necessaire pour examiner de quelle maniere les Maîtres & Maîtresses se comportent, & l'édification que le peuple en retire. Pour ce qui est des Ecoles les plus éloignées, ils ne TIENNES TABLES DU font obligés d'y aller qu'une fois l'année. Ces maisons des ECOLES Ecoles charitables sont sous la protection du saint Enfant CHRE-Jesus & de la fainte Vierge sa Mere : c'est pourquoi leurs ET CHARIFêtes principales sont ceiles de la Nativité de Nôtre Sei- 5. ENFANI gneur, la Pentecôte, & celle de la Présentation de la sainte Jesus. Vierge, ausquels jours les Freres & Sœurs doivent faire une protestation nouvelle, de fervir Dieu fincerement, de se rendre dignes de lui appartenir, & de suivre sa conduite en telle maniere qu'il voudra, & qu'il leur sera signifié par leurs Superieurs. Ils doivent reciter en commun tous les Dimanches les Litanies des Saints ;les Jeudis celles du saint Nom de Jesus ; & le Samedi celles de la Vierge, dont ils doivent reciter aussi l'Office tous les jours. Tous les ans ils font une retraite de dix jours. Ils prennent chacun à l'alternative un jour de retraite, depuis le premier Dimanche de l'Avent jusqu'à Noël, & depuis le Dimanche de la Passion jusqu'à Pâques, & en quelques autres jours de l'année. Ils ne peuvent faire aucune mortification ni austerité de corps, fous quelque prétexte que ce soit, sans le consentement exprès du Directeur Général; mais au jour de leur association il leur eft permis de faire quelque devotion extraordi naire, afin de renouveller l'esprit avec lequel ils se sont confacrés ce jour là aux emplois qui regardent uniquement la gloire de Dieu & le service du prochain; & deux fois la semaine ils reconnoissent leurs fautes en présence de toute la Communauté assemblée. Tels font les principaux Reglemens que leur a prescrits le Pere Barré leur Instituteur, qui mourut à Paris le 31. Mai 1686. âgé de 65. ans. Il y a déja en France plusieurs Maisons tant d'hommes que de filles de ces Ecoles Chrétiennes & charitables. La principale de celles des Freres est à Paris au fauxbourg saint Germain, & ils en ont en plusieurs Provinces ; comme le Poitou, l'Auvergne, la Lorraine, la Champagne, la Picardie, la Bourgogne, le Boulonnois & le Berri. Ce qui est honorable pour les Sœurs, c'est que Madame de Maintenon en choisit quelques-unes pour avoir soin de l'éducation des jeunes Demoiselles qu'on éleve à saint Cyr, lorsque le Roi Loüis XIV. fit cet établissement l'an 1686. Les Freres ont pour habillement une foutane & une houpelande, avec des manches pendantes, le tout d'étoffe noire & groffiere. Les HOSPITA- Sœurs font vêtuës plus proprement, mais modestement, à DION DE peu près comme les Filles de l'Union Chrétienne. LIERES DA LAN GRES. : : Hermant, Hift. des Ordres Religieux, Tom. IV. & les Statuts & Reglemens des Ecoles Chrétiennes & charitables, imprimés à Paris l'an 1685. CHAPITRE XXXI. Des Hofpitalieres de Dijon & de Langres, avec la Vie M ONSIEUR Joly, Instituteur des Hospitalieres de Dijon & de Langres, nâquit à Dijon le 22. Septembre de l'an 1644. & eut pour pere facques Joly, Secretaire du Parlement de Bourgogne. Le nom de Benigne lui fut donné fur les Fonts de Baptême, & il eut toute sa vie un grand soin d'honorer ce saint Martyr & Apôtre de Dijon, par l'imitation de ses vertus. Ses parens, qui par un principe de pieté & de devoir s'étoient appliqués à élever tous leurs enfans, dont le nombre étoit affez grand, dans les pratiques de la veritable devotion, remarquerent dans le jeune Benigne de fi heureuses dispositions pour la vertu, qu'ils redoublerent leurs soins pour l'y former de bonne heure;mais sur tout à celle de la charité envers lespauvres, dont sa mere lui donnoit l'exemple, en allant de maison en maison chercher les pauvres les plus abandonnés, ausquels elle donnoit elle même tous les fecours dont ils avoient besoin, jusqu'à exposer sa propre vie pour conserver la leur, comme il parut affez en 1652. que la ville de Dijon fut affligée d'une fiévre pourpreuse qui emporta plus de quatre mille personnes. Car cette charitable Dame s'emploïa avec tant de charité & de zele pour le service des pauvres qui étoient attaqués de cette maladie, & avec si peu de ménagement pour sa santé, qu'elle en fut ellemême attaquée, & en mourut le deux Octobre de la même année. Pour accoûtumer de bonne heure ses enfans à faire l'aumône aux pauvres, elle leur donnoit souvent de quoi la faire eux mêmes ; & jamais elle n'avoit plus de plaifir que |