JESUS. FILLES DE n'étoit pas fuffifant pour les maintenir, elle leur demanda une L'ENFANT legere penfion pour aider à leur subsistance. Le Pere Cosme Berlintani Clerc Regulier de la Congrégation de la Mere de Dieu, & Curé de fainte Marie in Campitelli, qui étoit fon Directeur, voïant la ferveur de ces faintes Filles, en pric un foin particulier; & afin d'affermir ce pieux établiffement, non feulement il le fit approuver par le faint Siége; mais il dressa des Reglemens que ces Filles fuivirent. Il perfuada à la Fondatrice de fe confacrer entierement au service de Dieu & du prochain avec ces Filles, & de vingt-quatre qu'elles étoient pour lors, il en choifit douze des plus ferventes qui aïant mis en commun tout ce qu'elles avoient, fans aucun égard à leur interêt particulier, fe propoferent de garder inviolablement la chafteté, la pauvreté & l'obéïffance. Néanmoins elles ne s'y engagerent par aucun vou, fe contentant de celui de perfeverance jufqu'à la mort dans la Congrégation. Elles le firent le 2. Juillet de l'an 1673. jour confacré par l'Eglife à honorer la Visite que la fainte Vierge rendit à fa Coufine Elifabeth. Ces Filles ne doivent pas être plus de trente trois,en l'honneur des trente trois années que Notre Seigneur Jesus-Christ a vêcu fur la terre. Après trois années de probation, & étant âgées de vingt & un an, elles font publiquement vou,.comme nous avons dit,de perfeverer jufqu'à la mort dans la Congrégation, & un ferme propos de garder la pauvreté, la chafteté & l'obéïffance. Si pour de juftes raifons elles veulent être relevées de ce vœu de perfeverance, foit pour se marier ou entrer dans quelque Religion, elles peuvent redemander ce qu'elles ont apporté à la Communauté, fous le titre de dot ou d'aumône. Tout y eft en commun, perfonne n'aïant rien en propre. Leur habillement eft de ferge de couleur tanrée en l'honneur de notre Dame du Mont Carmel, & confifte en une robe ceinte d'une ceinture de laine. Elles n'ont ni guimpes, ni voiles, ni coëffes lorfqu'elles font dans la maison; mais quand elles fortent, elles mettent un grand voile noir qui defcend depuis la tête jufqu'aux talons. Ces forties sont fort rares, menant une vie fort retirée ; il n'y a que certains jours de l'année qu'elles vont toutes enfemble vifiter quelques Eglifes. Les jours de jeûnes, tous les Vendredis, les Dimanches & les Fêtes, & pendant tout le tems de Carême, L'EFANT elles ne parlent à aucune perfonne de dehors, non pas mê. FILLES DE me à leurs parens au premier degré. Elles ont tous les jours J une heure d'oraison mentale ; & outre les prieres vocales, & plufieurs exercices de pieté qu'elles font en commun, elles difent toutes les Fêtes le grand Office de l'Eglife. Tous les ans elles font les exercices fpirituels pendant huit jours ; & tous les mois elles ont un jour de recueillement. Le jour qu'elles communient elles portent le cilice pendant la matinée. Trois fois la femaine elles prennent la difcipline. Outre les jeûnes de l'Eglife, elles jeûnent encore tous les Vendredis, les Samedis, & toutes les veilles des Fêtes de la fainte Vierge. A certains jours elles font publiquement des mortifications. Elles s'occupent beaucoup au travail manuel, comme à faire toutes fortes d'ouvrages à l'aiguille, à deffiner, à peindre,& plufieurs autres. Elles apprennent le plain-chant, à jouer des orgues, du claveffin, de la baffe de viole, & autres inftrumens de mufique, qu'elles enfeignent auffi à d'autres filles qui demeurent chez elles en qualité de Penfionnaires, dont le nombre ne doit pas exceder celui de trente. Outre cela elles doivent recevoir gratuitement pendant huit ou dix jours les filles qui voulant faire leur premiere Communion, leur demandent à fe retirer chez elles pour s'y préparer & fe faire inftruire de ce qu'elles doivent fçavoir pour recevoir avec fruit cet augufte Sacrement. Elles reçoivent de la même maniere les filles qui veulent embraffer l'état Religieux, afin de les exercer dans les pratiques de la vie religieufe; & font faire pendant huit ou dix jours les exercices fpirituels aux filles & aux femmes, veuves ou mariées qui avec la permiffion du Cardinal Vicaire & le confentement de leurs maris ou de leurs parens fe veulent retirer chez elles. Cette Communauté fut d'abord établie dans une Maison qui étoit à la place Margana, proche fainte Marie in Campitelli. Elle fut enfuite transferée à fainte Praxede & enfin proche faint Laurent in panis fperna, où elle fubfifte à present avec beaucoup d'édification. Carlo. Bartholom, Piazza Eufevolog. Romano. part. I. Tract. 4. Cap.7. & Philipp Bonanni, Catalog. Ord. Religiof. part. 2. De la Congregation des Filles de l'Enfance de Nôtre- D ANS le tems que les Filles de l'Enfant Jefus à Rome commençoient à former leur Congregation, comme: nous avons dit dans le Chapitre précedent, l'on en établit en France une autre que l'on nomma de l'Enfance de NôtreSeigneur Jefus Christ, qui eut pour Fondatrice Madame. de Mondonville Jeanne Julliard veuve de Claude de Turle Seigneur de Mondonville, Confeiller au Parlement de Touloufe. Cette pieuse Dame avoit déja établi conjointement avec M. l'Abbé de Ciron Chanoine de la Cathedrale &. Chancelier de l'Univerfité de Touloufe, quelques maîtreffes pour l'éducation & l'inftruction des nouvelles Catholiques & des pauvres filles de la Paroiffe de faint Etienne de la même ville; mais voulant changer cet établiffement en une Congregation de Vierges Chrétiennes, qui fans porter l'habit de Religieufes, pratiquaflent les vertus de Religion, & se donnaffent tout à Dieu & au fervice du prochain, elle se retira en 1657. dans la maison qu'elle avoit achetée pour l'inftruction des nouvelles Catholiques. Elle y affembla par les avis de M. de Ciron un fi grand nombre de filles, que cette maison n'étant pas fuffifante elle en pour les loger toutes, acheta une autre l'an 1661. où fitôt qu'elle fut logée avec toutes celles qui s'étoient mises fous fa conduite, elle demanda pour la Congregation naiffante des Reglemens & des Conftitutions à l'Archevêque de Toulouse, Pierre de Marca, qui ne pouvant refufer une demande fi fainte & fi jufte, commit par une Ordonnance du 25. Mai 1661. M. de Ciron pour travailler à ces mêmes Conftitutions. Elles ne furent pas plûtôt finies que Madame de Mondonville & quatre de fes files préfenterent une Requête à ce même Prélat au mois de Janvier de l'année fuivante, pour le prier de les approuver, & d'ériger leur Congrégation fous le titre de l'Enfance de Notre-Seigneur Fefus-Chrift, & le vœu fimple de stabilité auquel elles vouloient s'engager. Le Grand-Vicaire de l'Archevêque répondit à la Requête, & érigea les Suppliantes &. |