GATIONDES Noviciat, après lesquels elles prononcent leurs vœux simples CONGRE& leurs promeffes en cette maniere. Mon Dieu tout-puissant SOIRS DE & Eternel, fe N. votre indigne fille & fervante, defirant de vi- S. JOSLEM. vre toute pour vous, & dépendre absolument de la conduite de votre grace, en prefence de Jesus-Christ votre Fils & de la glorieuse Vierge Marie, de Notre Patriarche Saint fofeph & de toute la Cour celefte, fais vœu à votre Divine Majesté, de pauvreté, de chasteté & d'obeissance perpetuelle en la Congregation des Sœurs de Saint Joseph, & ce entre vos mains, MonSieur, qui tenez la place de Monseigneur notre Evéque & très honoré Superieurs & je promets, felon les Regles de ladite Congregation, de profeffer moiennant votre grace la plus profonde humilité en toutes choses & la plus cordiale charité envers le prochain que je defire fervir par l'exercice de toutes les œuvres de mifericorde, tant spirituelles que corporelles portées par notre Institut. Mon Dieu recevez cette offrande en odeur de fuavité. Ainfi foit-il. Lorsque les Sœurs fortent de la Congrégation ou qu'elles en font chaffées pour leur incorrigibilité, l'Evêque du lieu d'où elles fortent les dispense de leurs vœux; mais conformément aux Constitutions, il ne doit accorder cette dispense qu'après avoir pendant un long tems emploïé: les voïes de douceur, & enfuite de rigueur pour ramener l'esprit foible ou incorrigible de ces Sœurs, qui s'exposent au malheur de quitter leur vocation ; & s'il arrive que quelqu'une forte furtivement de la Congrégation, il la doit faire reconduire à la maison d'où elle est fortie, ou à une autre où elle doit être enfermée durant quelques jours, pendant lesquels on fera tout ce que l'on pourra pour la faire rentrer dans son devoir, soit par des remontrances charitables, foit par des corrections severes; & si après cela, elle perfevere dans son obstination, l'Evêque doit accorder la dispense de ses vœux & la renvoïer dans le monde. Leur habillement est honêre & modeste d'une étoffe commune de laine noire, qui ne doit point avoir été pressée ni luftrée: le corps de l'habit doit être sans taille les manches fimples & d'une largeur médiocre, dont la longueur, quand elles font étendues, va jusques au bout de la main; la longueur des jupes ne doit point toucher à terre & leurs fouliers doivent être noirs & fans façon El'es portent un bandeau de toile blanche fur le front, une coëffe toute simple auffi de A a iij CONGRE. toile blanche qui se joint avec une épingle sous le manton, GATION DES une autre petite coëffe de taffetas noir qu'elles ont toujours S. JOSEPH. dans la maison en forme de petit voile, & quand elles fortent elles mettent une grande coëffe de taffetas noir comme les Dames du monde. Elles ont fur les épaules un mouchoir fimple de toile blanche, & portent fur la poitrine une croix de bois noir avec un Christ de cuivre jaune, & à la ceinture un chapelet noir. Les Sœurs fervantes font habillées de même façon, excepté que leurs habits fontd'une étoffe plus grossiere & qu'elles ne portent ni coëffes de taffetas, ni bandeaux, ni crucifix. Comme il y a dans plusieurs villages quantité de pauvres filles qui font appellées de Dieuà une vie pure & retirée du morde; les Sœurs de saint Joseph, avec la permission de l'Evêque & de l'avis du Pere fpirituel, peuvent aggreger à leur Congrégation ces fortes de pauvres filles, & en établir dans ces mêmes villages de petites Communautez de trois ou quatre feulement. On les appelle les Sœurs aggregées & dépendent de la Superieure de la plus prochaine maison des Sœurs de faint Joseph, laquelle doit veiller sur elles & fur leur conduite, les corriger, & donner avis, s'il eft neceffaire, des chofes qui se passent entr'elles, au Pere spirituel qui les doit visiter au moins une fois l'année, aussi bien queles Sœurs. Ces aggregées font habillées de la même façon que les Sœurs de la Congrégation, à la reserve que tant dedans que dehors la maison, elles ne portent qu'une fimple coëffe de toile blanche & jamais de noires, & leur Crucifix doit être un peu plus petit que celui des Sœurs de la Congrégation. Avant que de prendre l'habit, elles demeurent au moins trois mois dans la maison des Soœurs aggregées, après lesquels la Superieure de cette maison les fait examiner par la Superieure des Sœurs de la Congrégation, &, fi elles font reçuës, on leur donne l'habit de Sœur aggregée sans aucune cérémonie. Elles font aussi deux ans de Noviciat, après lesquels elles font seulement trois vœux simples de pauvreté, chasteté & d'obéïssance perpetuelle, tant qu'elles demeureront parmi les Sœurs aggregées, en forte que foit qu'elles en veüillent fortir ou qu'elles en foient expulfées pour quelque faute confiderable, elles font absolument libres de leurs vœux sans autre dispense. Elles doivent observer autant qu'il leur est possible les regles prescrites par NAIRES DE SAINS les Constitutions des Scœurs de la Congregation; mais elles MIS SICA ne sont point obligées comme elles à dire l'Office du Saint- LA CONEsprit, ni celui de la Vierge, non plus que les Litanies de GREGATION Jesus, de la sainte Vierge & de saint Jofeph. Néanmoins fi JOSEPH. elle sçavent lire, & qu'elles aïent le tems, on leur permet de dire en commun ou en particulier l'Office de la Vierge. Il n'y a point dans leurs Communautés d'Aistantes; mais en l'abfence des Superieures, les plus anciennes de profeffion tiennent le premier rang, & gouvernent les Maisons. Constitutions pour la Congregation des Sœurs de Saint Fofeph. Des Prêtres Missionnaires de la Congregation de faint I Fondateur. L n'est pas extraordinaire que Dieu, qui dit dans ses saintes Ecritures qu'il perdra la sagesse des sages & qu'il reprouvera la prudence des prudents, se serve quelquefois de ce qu'il y a de plus foible pour enfeigner ses voïes à ceux • qui se croïent les plus spirituels & les plus éclairés. Mais que sa divine Majesté confie à des Laïcs le soin de conduire dans le chemin de la perfection les Ministres de ses Autels; c'est ce qui seroit sans exemple si elle ne s'étoit servie dans le dernier fiécle de M. Cretenet Laïque & Chirurgien de profession, pour établir une Congregation de Missionnaires & diriger des Prêtres dans tout ce que la vie spirituelle a de plus saint & de plus relevé. Ce serviteur de Dieu nâquit au bourg de Chamlite dans le Comté de Bourgogne l'an 1603. & reçut le nom de Jacques sur les Fonts de Baptême. Ses parens étoient d'une condition mediocre, mais recommendables par leur vertu. Ils eurent de leur mariage fix garçons & trois filles. Jacques de qui nous parlons étoit le fixiéme & le dernier de ces garçons. Ils negligerent affez fon éducation dans le commencement, mais l'aïant reconnu dans la fuite d'un bon naturel & porté à la vertu, ils prirent le defsein de le faire étudier, dans la pensée que Dieu le destinoit au Sacerdoce. Il apprit d'un de ses oncles les rudimens DE MISSION. de la Grammaire en très peu de tems, & avec une facilite NAIRE qui fit bien voir qu'il n'auroit pas été moins éminent par fa GREGATION doctrine, qu'il l'a été par sa pieté, si ses parens ne l'avoient JOINT empêché de poursuivre ses études pour substituer un de ses JOSIPH freres en sa place : ce qui ne réüssit pas néanmoins comme ils s'en étoient flates; Dieu voulant par là donner à connoître le tort qu'ils avoient de changer les dispositions de sa divine Providence qui réservoit l'auguste dignité du Sacerdoce à celui pour qui elle leur en avoit inspiré la premiere pensée, & qu'elle retira pour cet effet comme un autre Abraham du sein de ses parens & du lieu de sa naissance pour le conduire peu à peu à l'execution de ses desseins.. II. fortit donc de fon païs à l'âge de quinze ans, fans argent & fars sçavoir où il iroit s'établir; mais avec l'esperance que Dieu ne l'abandonneroit pas. Il s'arrêta à Langres, cù il apprit la Chirurgie, & s'y comporta toûjours avec tant de fagesse & de pieré, que la fainte Vierge, pour laquelle il avoit une finguliere devotion, le préserva de plusieurs dangers où il se trouva engagé, & pour l'ame & pour le corps, tant dans lc tems de fon apprentissage, que pendant la course qu'il fit après, selon la coûtume de ceux qui veulent se rendre par.. faits dans cette profeffion. Aïant achevé ses courses, & étant arrivé à Lion, il se trouva sans argent & fans emploi; mais Dieu qui veilloit sur lui, ne l'abandonna pas, car s'étant mis en chemin pour aller de Lion à Grenoble, il rencontra le Baron de la Roche, qui d'abord qu'il le vit, se sentit touché de tant d'affection pour lui, qu'aïant sçu dans la conversation qu'ils eurent ensemble, qu'il étoit Chirurgien, il lui offrit sa maison & de l'emploi sur ses Terres. M. Cretenet admira la bonté de Dieu fur lui, & après l'en avoir remercié interieurement, il accepta les offres de ce Seigneur, qui dans la suite fut si satisfait de ses services, qu'il le mena peu de tems après au château d'Amnistie, qui est entre Nîmes & Ufez, où il étoit envoïé par le Roi pour reprimer les Huguenots revoltés. Ce fut là que la douceur & les autres bonnes qualités de M. Cretenet, le firent aimer de tous ceux qui le converfoient, & qu'il acheva de gagner le cœur de fon Maître, qui le fit manger à sa table, fans que cela donnât la moindre jalousie à ses Compagnons, parce qu'ils l'aimoient tous tendrement, & qu'ils admiroient l'humilité & la LA CON la charité qu'il avoit pour supporter les foiblesses de fon pro- MISSIONchain. Pendant quelques années qu'il fut dans ce château,il traitoit les malades du voisinage; & comme il avoit pour le GREGATION moins autant de soin & d'empressement de la santé de leurs JOSEPH. ames, il ne les quittoit jamais sans leur avoir parlé de Dieu, & tâché de leur infinuer quelques maximes de pieté. Ce zele si rare dans les jeunes gens de sa profession, non seulement lui acquit l'estime de tous ceux qui avoient quelque disposition à la vertusmais même le fit aimer d'une jeune fille de la meilleure famille d'Amnistie. Il ne fut pas abfolument insensible aux amitiés qu'elle lui témoigna. Il y répon dit, & ils s'aimerent tous deux, mais d'une amitié si reglée, qu'il ne se passa rien ni dans leurs entretiens ni dans leur fréquentation, qui ne fût de la derniere retenuë, & d'une modestie toute Chrêtienne, quoiqu'ils s'aimassent dans le dessein de se marier ensemble. Mais comme il n'entreprenoit rien sans avoir auparavant recours à Dieu, il fit dire plusieurs Messes, afin qu'il lui fît la grace de lui déclarer sa sainte volonté : ce qui ne fut pas sans effet: car priant un jour avec ferveur pour ce sujet, il entendit interieurement une voix qui lui dit: Ce n'est pas ici le lieu où je te veux, je te montrerai où tu iras pour ma gloire. C'en fut assez pour obliger ce Serviteur de Dieu à sufpendre la poursuite de ce mariage, quelque avantage qu'il y trouvât, & à renoncer à l'inclination qu'il avoit pour cette personne, dont il estimoit encore plus la vertu que la beauté & les autres qualités naturelles dont elle étoit doüée: néanmoins comme ses amis, qui ne sçavoient encore rien de ce qui se passoit dans son cœur, avoient pris jour avec les pa rens de la fille pour passer le contrat, & convenir du jour du mariage: il se rendit auchâteau d'Amnistie à l'heure affignées mais à peine y fut-il entré, que se sentant plus preffé que jamais de suivre la voix de Dieu qui l'appelloit ailleurs, il remercia la compagnie de l'honneur qu'on lui vouloit faire, sous prétexte qu'il avoit un frere à Paris, & qu'il feroit bien aise de le consulter sur cette affaire avant que de la conclure. Il demanda ensuite son congé au Baron de la Roche, qui n'oublia rien pour le retenir, & ne consentit qu'à regret à for éloignement. Il arriva à Lyon l'an 1628. dans le tems que Dieu y faifoir Tome VIII. DE SAINTS L |