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FRERES

NIERS ET

TAILLEURS

Y

Oraifon courte & propre à l'heure. Ils vont entendre la COR DON Meffe felon l'ordre du Superieur, font leurs exercices fpirituels fans ceffer de travailler, recitent le Chapelet, chantent des Cantiques fpirituels & gardent le filence de tems en tems, ne le rompant qu'à voix baffe & pour la neceffité. Un peu avant le dîner ils font l'Oraifon mentale. Pendant le repas il a lecture fpirituelle, & tous les ans ils font une retraite de quelques jours. Ils ont fouvent des Conferences fpirituelles. Les Fêtes & Dimanches, ils font affidus aux Offices Divins à l'Eglife, vifitent fouvent les Hôpitaux, les prifons & les pauvres malades dans leursmaifons. Voilà de quelle maniere ils paffent la journée jufqu'à neuf heures du foir, qu'ils vont fe coucher après avoir fait la priere en commun.

Comme on a auffi donné à M. de Renti le titre de Fonda teur de ces Communautés, avant de finir ce Chapitre nous dirons un mot de ce grand ferviteur de Dieu. Il nâquit au château de Beni du Diocêse de Baïeux en Normandie l'an 1611. & fut fils unique de Charles Baron de Renti de l'illustre maison de Croy fi diftinguée par fon ancienneté & ses grandes alliances, & dont fa mere Magdelaine de Paftoureau étoit auffi fortie du côté maternel. Comme la Providence divine deftinoit le jeune Baron de Renti, pour être le Protecteur & le pere des pauvres, elle permit que fes parens le fiffent tenir fur les Fonts de Baptême par deux pauvres: il y reçut le nom de Gafton,auquel il ajoûta celui de Jean-Baptifte lorfqu'il reçut le Sacrement de la Confirmation. Madame de Renti fa mere le mena à Paris à l'âge de fix à sept ans, où elle eut foin de fon éducation, jufqu'à ce qu'il entra au College de Navarre ; d'où il fut enfuite envoïé à Caën dans celui des Jefuites fous la conduite d'un Precepteur Ecclefiaftique & d'un Gouverneur,qui malheureusement étant Herétique auroit pu corrompre fa foi & les mœurs, fi Dieu ne l'eût préservé de ce peril. A dix-fept ans il fut tiré des études pour être envoïé à Paris à l'Académie, où il fe rendit très habile dans tous les exercices de la nobleffe. Il s'appli qua particulierement aux Mathematiques qu'il apprit fi parfaitement qu'il en compofa des Traités.

La lecture du Livre de l'imitation de Jefus-Chrift à la quelle ils'occupoit fouvent, le toucha fi fort, que pour ne s'appliquer à l'avenir qu'aux affaires de fon falut, il résolut d'abandonner

pere

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d'abandonner le monde & de fe faire Chartreux. Pour FRERES cet effet il quitta fecretement fa mere & fortit de Pa- CORDONris à pied l'an 1630. pour aller à Nôtre-Dame des Ar- TAILLEUR dilliers; où il ne put néanmoins arriver; car fa mere aïant envoïé après lui on le trouva à Amboife, où l'on'eut aflez de peine à le reconnoître, aïant changé fon habit avec celui d'un pauvre. Il fut ramené au château de Beni, où fon lui fit apprendre les exercices convenables à fa naissance, & lui fit époufer à l'âge de vingt deux ans Elifabeth de Balsac fille du Comte de Graville de la maison d'Entragues. Il fe fignala enfuite dans les Armées, & il merita par fes belles manieres l'eftime du Roi Loüis XIII. Mais à l'âge de vingtfept ans laffé des vanités & des intrigues de la Cour, il la quita pour fe confacrer entierement au fervice de Dieu & du prochain. Il s'appliqua à l'exercice de l'Oraifon, il difoit tous les jours le grand Office de l'Eglife, & fe levoit la nuit pour dire Matines, après quoi il faifoit une heure de meditation: de forte que toutes les nuits il demeuroit deux ou trois heures en prieres, même dans la plus grande rigueur de l'Hyver. Il n'y avoit point de bonnes ceuvres publiques aufquelles il n'eût part, ni d'entreprise qui regardât la gloire de Dieu & le falut du prochain, dont il ne fut l'Auteur, ou: le Promoteur, ou qu'il n'executât. Il étoit de toutes les Affemblées de pieté, dont il étoit comme l'ame & le premier mobile en plufieurs endroits; & il avoit des correfpondances par tout le Roïaume pour toutes les œuvres de charité qu'on vouloit faire, principalement pour l'établiffement ou l'avancement des Hôpitaux, des Seminaires, des lieux de devos tion & des Compagnies de perfonnes vertueufes. Il s'appli qua aux befoins des Anglois Catholiques, des Irlandois, des Captifs de Barbarie & des Miffions du Levant. Son zele & fa charité n'avoient point de bornes & s'étendoient fur toutes fortes de perfonnes. Ses aufterités & fes mortifications étoient furprenantes, auffi avancerent elles tellement fes jours, qu'il mourut le onze Avril de l'an 1649. n'étant que dans fa trente fcptiémè année. Son corps fut porté au village de Citri du Diocêfe de Soiffons, & enterré dans l'Eglife de ce lieu, dont il étoit Seigneur. La réputation de fa faintetê & les affiftances furnaturelles que plufieurs perfonnes requrent par fon interceffion à fon tombeau, obligerent Ma

Tome VIII.

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CONGRE- prient pour eux, leurs procurent des aumônes, les affiftent SOEURS DF corporellement en faifant leurs boüillons & les remedes que S. JOSIPH les Medecins ordonnent, felon leur pouvoir, entretenant

GATION DES

pour cet effet dans la plufpart de leurs Maifons, une Pharmatie où elles tiennent les drogues les plus communes & les plus néceffaires. Elles veillent foigneufement au falut des pauvres filles, qui pour n'avoir perfonne qui les gouverne, ou pour être dans la neceffité, courrent rifque de perdre leur honneur, tâchant de les loger ou de leur procurer du travail pour gagner leur vie. Elles ont auffi un foin particulier d'attirer les jeunes filles qui commencent à frequenter le monde & les compagnies où les hommes fe trouvent, afin de leur inspirer la crainte de Dieu, & leur enfeigner la modeftie & les autres vertus qu'elles doivent pratiquer: pour cet effet elles leur permettent de venir travailler chez elles & leur apprennent toutes fortes d'ouvrages propres aux perfonnes de leur fexe. Elles doivent établir des Congrégations de la Mifericorde dans les lieux où il n'y en a point, & y recevoir les femmes, les veuves & les filles. Outre l'Affemblée des Dames qui fe fait une fois le mois pour pourvoir à la vifite & au lecours des pauvres malades de leurs Paroiffes, il y a encore tous les Dimanches & les Fêtes des Affemblées particulieres, de veuves, de femmes mariées, & de filles, feparées les unes des autres, pour y traiter non feulement des euvres de mifericorde, mais auffi de leur direction particuliere & de la maniere dont elles doivent vivre en qualité de Chrêtiennes.

Chaque maison eft gouvernée par une Superieure qui à le tire de Prieure,par une Intendante & une Coadjutrice. Il y a encore une Oeconome, une Admonitrice, une Intendante des pauvres, une Directrice de l'Affemblée de la Mifericorde, & quelques autres Officieres. Tous les Dimanches & Fêtes elles difent en commun le petit Office de la Vierge dans leur Chapelle, & tous les jours le petit Office du SaintEfprit,les Litanies du faint nom de Jefus, de la fainte Vierge, de faint Jofeph, & le Chapelet. Elles font deux fois le jour l'Oraifon mentale, une fois le matin & une fois le foir. Elles jeûnent tous les Samedis & prennent ce jour-là la difcipline. Elles affiftent au Chapitre le Vendredi, & les Dimanches à la conference fpirituelle. Elles font deux ans de

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Soeur de S. Joseph

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de Poilly f

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