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l'un & l'autre droit dans l'Université de Paris. A fon retour CONGREà Rome Gregoire XIII. le fit Prélat de la sacrée Consulte SATNODE & Auditeur de Rote. Pendant cinq ans qu'il exerça cette BRIEL, Charge, il composa trois grands Volumes sous le titre de Decifions de la Rote, qu'on a gardez long-tems dans la Bibliotheque de Rimini, & qui font à présent entre les mains du Comte Senateur Bianchetti Gambalunga son arriere petit neveu qui doit les donner au Public. Sous le Pontificat de Sixte V. il fut envoïé en France avec le Cardinal Gaëtan, & depuis en Pologne avec le Cardinal Hippolyte Aldobrandin, qui aïant été élevé au fouverain Pontificat, après la mort d'Innocent IX. l'honora de la pourpre à la promotion qu'il fit le 5. Juin 1596. le mit en même tems des Congrégations de la signature du Concile, & du faint Office, & le fit Protecteur de l'Eglise de Laurette à Rome, où après s'être diftingué dans tous ces différens emplois, il mourut l'an 1612. & fut enterré dans l'Eglise du Jesus de cette même

Ville.

Cesar Bianchetti fut très sensible à la perte d'un oncle de ce merite qu'il aimoit très tendrement, & la regardant comme un de ces contre-tems, qui prouvant l'inconstance des grandeurs de la terre, en doivent détacher le cœur du veritable Chrêtien, il s'en fit un nouveau motif de se consacrer au service de Dieu. C'est pourquoi voïant sa maison assurée par la nombreuse famille, dont il avoit plu à la divine Providence de benir son mariage, il fit du confentement de fa femme, vœu de chasteté pour le reste de ses jours, quoi qu'il n'eut encore que trente-cinq ans. Depuis ce tems-là il vecut plus retiré qu'il n'avoit encore fait, & lorsqu'il se fut demis en faveur du Comte Georges Loüis son fils de la dignité de Senateur de Boulogne, il formale dessein de fe retirer une partie de l'année dans une Chartreuse. Ses Directeurs qui le jugeoient necessaire au gouvernement de fa famille, l'empêcherent de l'executer; mais il se reserva la liberté de s'y retirer en certains tems, principalement durant la Semaine Sainte qu'il passoit avec ces saints Religieux dans un oubligénéral de toutes les chofes du monde. Lorsqu'il étoit à sa Terre d'Ozano,il y passoit la plus grande partie dú jour à la priere, & faisoit presque la même chose à Boulogne dans un appartement éloigné du bruit, qu'il s'étoit pra

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CONGRE tiqué pour vaquer plus librement à ses exercices de pieté &
SATHONGDE de devotion, en sorte qu'il portoit par tout l'esprit de recueil-

BRIEL.

lement & de folitude.

La mort de sa femme qu'il perdit l'an 1638. lui causa une sensible affliction. C'étoit une Dame d'une pieté exemplaire, avec laquelle il avoit toujours vêcu dans une parfaite union. Il auroit bien voulu pouvoir se retirer à la campagne dans une si triste conjoncture ; mais cela étoit incompatible avec les dignités qu'il possedoit encore, dont une des principales étoit celle d'être un des Gardiens des Clefs du Palais public, Charge d'une grande distinction qui ne se confere qu'à des Senateurs, & qui s'est conservée long tems dans la famille des Bianchetti, sans parler de celle de Gonfalonier de la justice, dignité à laquelle il étoit élevé pour la troisieme fois, & dont l'autorité étoit si grande que l'on crut devoir la limiter en quelque forte, en bornant à deux mois l'exercice & la possession de cette Charge, dans laquelle il se comporta, aussi bien que dans tous les autres emplois dont il fut honoré, d'une maniere qui merita l'approbation universelle de tous ses Concitoïens qui l'honoroient comme le pere de la

Patrie.

Le zele dont ce saint homme étoit animé pour le salut des ames ne lui permettoit pas de voir avec indifference le peu de soin que l'on avoit d'instruire la jeunesse & les ignorans, en forte qu'il se trouvoit non seulement des enfans, mais meme des personnes d'âge & de toutes fortes de conditions, qui ne sçavoient pas les principaux misteres de la foi ni les obligations du Chrêtien les plus necessaires au salut. Il y avoit eu autrefois des écoles de la Doctrine Chrétienne, instituées à cet effet;mais elles étoient tombées par la négligence de ceux qui devoient y avoir l'œil. On avoit reglé que les Ecoles seroient gouvernées par un Senateur, qui sous le titre de Recteur ou de Préfet en auroit la Surintendance; cependant il ne se trouvoit plus personne de ce rang qui voulûts'en charger. Les Nobles à qui on avoit attribué cette Charge pour donner plus d'autorité aux Ecoles, l'aïant dédaignée,comme étant au dessous d'eux, Cefar entreprit de les rétablir, & aïant communiqué son dessein aux puissances Ecclesiastiques, il fit nommer pour présider à cette sainte entreprise, le Pere Cesar Maruffi de la Compagnie de Jesus, Ferrarois, hom

SAINT GA

me également diftingué par la sainteté de sa vie & par sa ca- CONGREpacité. Il obtint en même tems du suffragant du Cardinal GATION DE Borghele Archevêque de Boulogne, l'institution d'une Con- BRIEL. frairie de Gentilshommes dans l'Eglise de sainte Lucie, pour travailler au rétablissement des Ecoles, dont il fut fait Surintendant Général, nonobstant toutes les difficutés qu'il fit pour accepter cet emploi de charité, duquel il se croïoit incapable. Il commença par donner l'exemple d'une pieté & d'une humilité veritablement Chrétienne, allant lui même le Crucifix à la main chercher les enfans dans les ruës de Boulogne pour les conduire à ces Ecoles saintes, où on les instruisoit: & quand on lui représentoit que par ces actions baffes & humiliées, il deshonoroit en quelque façon sa dignité; Enseignez moi, difoit il, un emploi plus noble & plus important que celui d'instruire les ignorans des choses neceffaires à leur salut, & je laisserai celui ci pour prendre l'autre. Il.. ne se contenta pas de les instruire lui même de vive voix,il le fit encore par écrit en composant un petit livre intitulé, Maniere d'instruire les ignorans, auquel il joignit un dialogue qu'il traduifit. de l'Espagnol, où l'on enseignoit la maniere

de faire des Actes de Contrition.

Pour rendre les effets de fon zele plus durables, il entreprit d'établir une Congrégation de Gentilshommes qui s'engageassent à procurer l'avancement de la Doctrine Chrêtienne, & qui sans demeurer en Communauté s'assemblafsent à certains jours dans un lieu marqué, pour y vaquer aux exercices de pieté & prendre des mesures efficaces, touchant l'execution de leur dessein. Cette Compagnie fut d'abord établie dans l'Eglise Paroissiale de saint Donat, sous le nom de Jesus & Marie, & ensuite transferée dans un autre lieu où les Confreres firent bâtir une Chapelle sous l'Invocation de saint Gabriel, dont le nom est demeuré depuis à cette Congrégation. Outre cette premiere institution, il en fit dans la suite une seconde, composée de personnes zelées, qui vivant en Communauté concouroient au pieux dessein des premiers d'autant plus efficacement que débarassez de tout autre soin, ils en faifoient leur unique affaire. Ces seconds furent appellez Conviventi comme vivant ensemble, à la difference des premiers qu'on appella Confluenti, comme personnes qui se rendoient à certains jours dans un même lieu destiné pour

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CONGRE- leurs assemblées. Les Conviventi furent d'abord établis dans GATION DE Dla Maison de faint Gabriel ; ensuite pour laisser entierement

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BRIEL.

cette Maison libre aux Confluenti, ils furent transferez dans un autre quartier, où ils acquirent une maison & firent bâtir une Eglise sous le nom de Tous les Saints. Cette institutution qui fut approuvée par un Bref exprès du Cardinal François Barberin, Legat à Latere & Vicaire Général d'Urbain VIII. son oncle, tant au spirituel qu'au temporel dans tout l'état Ecclesiastique, a ceci de particulier qu'elle ne doit être composée que de personnes Laïques qui aïent un bien honête & fuffisant pour leur entretien, sans autre conformité pour l'habit que la couleur noire, étant permis à ceux, dont la qualité le demande, de porter des étoffes de foïe. Ils peuvent entretenir un ou deux valets pour les suivre quand ils vont en ville ; mais dans l'interieur de la maison ils ne sont pas plus à eux qu'au reste de la Communauté. L'âge pour y être reçu est depuis 18. ans jusqu'à 50. Le Noviciat est de trois ans partagés en deux probations, dont la premiere dure un an & la seconde les deux autres suivans,au bout desquels s'ils ont les deux tiers des voix de ceux qui ont droit de voter, ils font incorporez à la Congrégation. Ils font encore trois ans sans y avoir voix déliberative, c'est-àdire, qu'ils ne l'ont que fix ans après leur entrée. Cette Congrégation doit être gouvernée par un Chef, sous le titre de Superieur, afsisté de quatre Conseillers, qui aussi bien que le Superieur font élus par la Communauté à la pluralité des voix, dont ils doivent avoir plus de la moitié. Tous les ans on procede à une nouvelle élection ou confirmation, tant du Superieur que des autres, qui disposent de concert des emplois & des offices de la Maison, lesquels ceux qui y font nommez, font tenus d'accepter. Telle est la Congrégation de faint Gabriel, où sans être aftreint à aucuns vœux, chacun s'emploïe sous l'obéïssance du Superieur à procurer le falut du prochain par tous les moïens conformes à fon état. Elle fut fondée l'an 1644. & établie à Boulongne l'an 1646. dans le lieu ou elle est encore aujourd'hui. Ce fut aprés ces deux établissemens qui produifirent dès lors, & qui produifent encore aujourd'hui de grands biens, & après une infinité d'autres bonnes œuvres, que le saint Fondateur fut appellé au Ciel pour y recevoir la recompenfe de fon zele & de fes

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