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;DE LACON

la prudence, à l'experience, & à la bonne conduite; & l'an ERMITES 1687. le même Prélat approuva le changement d'habit qui GREGATION avoit été fait, de tanné en blanc.

Dès l'an 1676. le Frere Jean Baptiste avoit quité le Diocêfe de Langres pour deux raifons. La premiere fut le bruit qui fe répandit qu'il étoit le Comte de Moret, fils naturel d'Henry IV. Roi de France, que l'on avoit cru tué à la bataille de Castelnaudary ; ce qui étoit appuïé fur ce qu'il reffembloit parfaitement à Henry IV. & fur ce qu'il avoit avoué qu'il s'étoit trouvé à la bataille de Caftelnaudary, & qu'il avoit été élevé dès fa jeuneffe au Château de Pau en Bearn. La feconde raifon furent les guerres du Comté de Bourgogne, qui troublant la tranquilité de fa folitude l'obligerent de fe retirer en Anjou, où il bâtit l'Ermitage de Gardelles proche l'Abbaïe d'Anieres, où il donna en peu de tems l'habit à fix Novices. Son âge & les infirmités ne lui permettant plus d'affifter à tous les exercices de la Communauté, il fe démit de fa Charge de Superieur, & pria l'Evêque d'Angers d'en mettre un autre en fa place. Enfin au commencement de l'Avent de l'année 1691. étant allé avec fes Novices à la Paroiffe, il en revint avec une fluxion fur la poitrine, qui l'avertiffant de se préparer à la mort, il reçut les Sacremens avec de grands fentimens de pieté, & le 24. Décembre veille de la Fête de Noël, il rendit fon ame à Dieu avec une grande tranquillité d'efprit & une parfaite foûmiffion à la volonté de Dieu. Après la mort cet Ermitage des Gardelles fut prefque abandonné, jufqu'en 1693. que l'Evêque d'Angers y fit venir deux faints Solitaires de Bourgogne, aufquels Dieu envoïa en 1698. un troifiéme Compagnon, natif de Sens. Les Ermites qui demeurent en ce lieu menent une vie très-édifiante & très-auftere.

Grandet, Vie d'un Solitaire inconnu mort en Anjou. A ces Ermites de la Congrégation de faint Jean-Baptiste en France, nous en joindrons quelques-uns qui font auffi en grande estime en Italie. Les premiers font ceux qui demeurent à Rome à la Porte Angelique. Ils ont eu pour Fondateur un certain Albenze Calabrois, qui aïant fervi longtems de Quêteur au Monaftere de fainte Catherine de la Rofe ou des Cordiers, & à l'Archiconfraternité des Courtifans, & ne croïant pas faire fon falut dans cet état, se retira

DES JEAN-
BAPTISTE,

ERMITESS vers l'an 1588.dans ce lieu proche la Porte Angeliqu. à Rome, DE LA POR où avec les aumônes qu'il reçut de plufieurs perfonnes cha11 Aritables, il jetta les fondemens d'un Hôpital pour y loger les

TE ANGE

LIQUE

ROML.

ERMITES

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Ermites qui venoient à Rome vifiter les tombeaux des faints Apôtres, & y faire traiterceux qui tomboientmalades. Il eut en peu de tems plufieurs Compagnons qui fe joignirent à lui,& qui vivoient des aumônes qu'ils alloient chercher par la ville, en criant tout haut, Faites du bien prefentement que vous en avez le tems. Ils étoient vêtus d'une toile blanche,n'avoient rien pour couvrir leur tête,& marchoient les pieds nuds fans fandales. Leur vie étoit fi exemplaire, que plufieurs perfonnes touchées de l'efprit de Dieu,aïant embraffé leur Inftitur, leur Communauté devint fort confiderable. Ils bâtirent dans la fuite une petite Eglife fous le titre de l'Afcenfion de NotreSeigneur, où ils faifoient célébrer tous les jours un grand nombre de Meffes mais en 1618. une Image de la fainte Vierge que le Fondateur de ces Ermites avoit apportée de la Terre-Sainte, & qu'il avoit mise dans leur Chapelle, aïant commencé à faire des miracles,y attira un fi grand concours de peuple, que par le moïen des grandes aumônes qu'on leur fit, ils firent bâtir une belle Eglife, & augmenterent confiderablement les bâtimens de leur Maifon & de l'Hôpital, où ils vivent fous la protection d'un Cardinal,qu'ils élifent.

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Cette Maifon à fervi de retraite aux nouveaux Convertis à la Foi, jufqu'à ce qu'aïant été transferés en un autre lieu fous le Pontificat de Clement X. on laiffa aux Ermites leur Maison libre. Ils font préfentement habillés de drap blanc fans capuce,aïant pour couvrir leur tête un chapeau blanc. Leur robe eft ceinte d'une ceinture de cuir fans fcapulaires & ils vont nuds pieds avec des fandales de cuir.

Proche la ville de Spolette en Ombrie, il y a une Congre D MONT- gation d'Ermites fur le mont Luco, qui prétendent faire reIJALLE. monter leur origine jufqu'au commencement du quatriéme fiécle, & avoir été établis par faint Jean d'Antioche, Evêque de Spoleue, qui fut martyrifé fous l'Empire de Maximien. Ces Ermites vivent dans des cellules, féparées les unes des autres, comme celles des Camaldules. Ils font un an de Noviciat, après lequel ils font reçus dans la Congregation, fans néanmoins faire de vœux. Ils font leurs exercices fpirituels en commun, après lefquels chacun travaille en fon

Ermite de MontLuco

de Poilly f 22

SECULIERS
VIVANT IN

particulier felon fon talent. Ils peuvent poffeder des fonds & CLERCS des revenus,& font libres fortir de la Congregation quand bon leur femble. Ils élifent tous les ans un Superieur. Leur habit COMMUN est presque femblable à celui des Minimes, & la plupart por- Barthele tent des fandales.

Philipp. Bonanni, Catalog Ord. Relig. part. 3.

CHAPITRE XV I.

Des Clercs Seculiers vivant en commun, appellés Barthelemites, avec la Vie de Dom Barthelemi Holzaufer, leur Fondateur.

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UELQUES Prêtres Seculiers d'Allemagne voulant vivre d'une maniere digne de l'état auquel Dieu les avoit appellés, & affeurer leur vocation, se refolurent d'embraffer un genre de vie conforme aux Canons, & éloigné de tout ce qui peut être oppofé à la perfection Ecclefiaftique, dont les trois principaux écueils font l'oifiveté, la fréquentation des perfonnes de different fexe, & le mauvais ufage des biens de l'Eglife. C'est pourquoi afin de prévenir & d'éviter les maux que produifent ces trois defordres, ils commencerent vers le milieu du dernier fiécle;premierement par demander à leur Evêque de l'emploi, en fe foùmettant à fes ordres, avec un fi grand détachement, qu'ils lui promirent de ne plus avoir d'autre volonté que la fienne:en forte qu'il pourroit difpofer d'eux felon qu'il le jugeroit à propos pour le bien & l'utilité du prochain: fecondement ils s'affocierent & vêcurent ensemble fous la conduite d'un charitable Superieur,& cela dans des maisons où ils ne fouffroient aucunes femmes de quelque qualité qu'elles fuffent, sous quelque prétexte que ce pût être: troifiémement, ils mirent en commun leurs revenus Ecclefiaftiques, afin d'être emploïés de concert à des œuvres de pieté pour la plus grande gloire de Dieu, & le falut des ames.

APP LLE'S

mites.

Dom Barthelemi Holzaufer fut le premier à qui Dieu infpira cette penfée. Il prit naiffance au village de Longaw, à quatre lieuës de Dillengen, dans l'Evêché d'Augfbourg, l'an 1613. vers la Fête de S. Barthelemi, dont on lui donna Le nom fur les fonts de Baptême. Il apprit les premiers prin

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