LA CHA pauvres, & de les avoir unies ensemble par les liens de la SOEURS DE charité, son amour pour ces mêmes pauvres lui aïant sugge- RITE. ré d'assurer & affermir pour toûjours cette œuvre de pieté, elle en écrivit en 1651. à M. de Paul, quiapprouva son defsein, & lui envoïa un memoire pour présenter à l'Archevêque de Paris, Jean-François de Gondy. Ce memoire, qui Contenoit premierement la conduite que la Providence de Dieu avoit tenuë pour l'établissement de ces Filles ; fecondement, leur maniere de vie jusqu'alors; & en troisiéme lieu les Statuts & Reglemens qu'il leur avoit dressés, aïant été préfenté à ce Prélat, elle obtint de lui l'approbation & l'érection de sa Compagnie, dont il lui fit donner des Lettres par le Cardinal de Retz son Coadjuteur ; & ces Lettres aïant été perduës dans la suite, lorsqu'elles furent présentées au Parlement pour y être enregistrées, le Cardinal de Retz étant pour lors Archevêque, en donna de nouvelles au mois de Janvier 1655. par lesquelles il approuva cette Societé, avec ses Statuts & Reglemens, & l'érigea par son autorité en Congregation, sous le titre de Servantes des Pauvres, & fous la direction du Superieur Général de la Mission, & de fes successeurs, avec cette condition néanmoins qu'elles demeureroient à perpetuité sous la dépendance des Archevêques de Paris. Après que ces Lettres eurent été obtenuës, M. de Paul fit une Assemblée de toutes les Filles dans la Maison de la Communauté le 8. Août de la même année, pour faire l'Ate de leur établissement, & leur communiquer les Statuts & les Reglemens qu'il leur avoit dressés; & après avoir pris les noms de celles qui avoient été reçuës, & qui defiroient perseverer dans l'Institut, il nomma les Officieres, dont la premiere fut Mademoiselle le Gras, qu'il pria de continuer sa Charge de Superieure pendant sa vie. Il nomma ensuite une Assistante, une Oeconome, & une Dépenfiere, & conclut par une exhortation qu'il leur fit à toutes, de rendre graces à Dieu de leur vocation, & d'être exactes & fideles à l'observance de leur Regle. Cette Congregation fut ensuite autorisée par Lettres Patentes du Roi l'an 1657. & confirmée l'an 1660. par le Cardinal de Vendôme, Legat en France du Pape Clement IX. Tel a été l'établissement des Filles de la Charité, & la maniere dont Dieu s'est servi pour conduire à sa perfection SOEURS DE Cet ouvrage si utile à l'Eglife. 11 ne restoit plus à la RITE'. Fondatrice que d'en aller recevoir la récompenfe dans le LA CHA Ciel. Dieu la lui accorda le 15. jour de Mars de l'an 1660. étant morte le Lundi de la semaine de la 'affion à l'âge de soixante huit ans. Son corps fut exposé pendant un jour & demi pour fatisfaire aux desirs de plusieurs Dames qui voulurent avoir la consolation dela voir encore après sa mort, & lui rendre les derniers témoignages de leur veneration & de leur amour. Le Mercredi suivant elle fut enterrée dans l'Eglise de saint Laurent dans la Chapelle de la Visitation de la lainte Vierge où elle faifoit ordinairement ses devotions, quoiqu'elle eût destiné sa sepulture dans un cimetiere proche faint Lazare. Comme elle avoit demandé que l'on mît proche de son tombeau une croix avec cette devisespes mea, on en attacha une vis-à vis, au mur de la Chapelle.. Depuis la mort de cette Fondatrice, ces filles de la Charité ont fait un grand nombre d'établissemens & en font tous les jours de nouveaux: il y en a présentement plus de deux cens quatre-vingt dix tant en France qu'en Pologne & dans les Païs-Bas, & on compte plus de quinze cens filles dans tous ces établissemens qui sont soumis à la principale Maison située à Paris au fauxbourg saint Denis vis à vis saint Lazare. Ces filles n'ont ordinairement aucun fond d'heritage ni de maisons en proprieté. Le logement où elles demeurent, à l'exception du Seminaire de Paris, appartient aux pauvres, ou bien aux Confrairies de Charité qui en loüent lorsqu'elles n'en ont point en propre. Elles sont nouries dans les Hôpitaux où elles demeurent comme les pauvres ou les malades, & on leur donne à chacune pour leur entretien une somme fort modique:ailleurs elles vivent & s'entretiennent auffi d'une somme assez modique en vertu du Contrat d'établissement stable & irrevocable. Celles qui veulent entrer dans cet Institut sont reçuës au Seminaire, c'est à dire, à leur Maison du fauxbourg saint Denis sans dot. On fe contente d'une petite somme pour leur premier habit & leur ameublement, & tout ce qu'elles ont apporté leur est rendu en espece ou en valeur, fi elles fortent. On s'informe avant que de les recevoir, s'il n'y a aucun reproche dans leur vie & dans leurs mœurs depuis leur bas âge, ou dans leur famille. Après avoir demeuré dans leur habit ordinaire au Seminaire pendant RITE. dant fix mois, on leur donne celui de l'Institut & on les SOEURS DE Loüis Abelly Evêque de Rhodes, Vie de M. Vincent de Paul. Gobillon, Vie de Mademoiselle le Gras. Herman, Hift. des Ordres Religieux Tom. IV. & Memoires donnés parles Filles du Seminaire de cet Institut en 1711. 4 Tome VIII. P : ERMITES GRE GA- CHAPITRE XV. DE LACON Des Ermites de la Congregation de Saint Jean-Baptiste en France, de la Porte Angelique àRome, & de Mont-Luco. L S. JEAN- A Congregation des Ermites de saint Jean-Baptiste en France, reconnoît pour Fondateur le Frere Michel de fainte Sabine qui en jetta les fondemens vers l'an 1630. C'étoit un Prêtre d'une grande pieté & d'une vie fort austere, à qui Dieu avoit donné un zele tout particulier pour la vie folitaire. Il s'y consacra tout entier dès son bas âge, & s'y rendit si parfait que voïant les grands abus qui s'y étoient glissés & le peu de rapport qui étoit entre les Ermites des premiers fiécles & ceux de son tems, il entreprit de les réformer. Il fit pour cela pendant quinze ou seize ans plusieurs voïages, confulta les plus habiles Maîtres en la vie Eremitique, & après avoir surmonté par sa patience tous les obstacles qui s'opposerent à l'execution de son dessein, il dressa des Statuts pour cette Réforme à laquelle il donna le nom de saint Jean-Baptiste. Ces Statuts contiennent vingt-deux articles ausquels il ajoûta des annotations également doctes & judicieuses qu'il avoit tirées des Conciles, des Peres & des plus sçavans Auteurs, & ils furent approuvés du vivant de ce Réformateur par l'Evêque de Madaure, Martin Murisse suffragant d'Henri de Bourbon Evêque de Metz l'an 1633. & par l'Archevêque de Cambrai François de Wanderburch l'an 1634. qui en ordonnerent la pratique à tous les Ermites des Diocêses de Cambrai & de Metz, & après sa mort ils furent encore approuvés par l'Evêque du Puy en Vellai, Henri de Maupeas du Tour l'an 1653. & par plusieurs Docteurs. Ce Réformateur les obligea entre autres chofes de s'afsembler tous les ans en chaque Diocêse pour conferer ensemble des choses qui regardent l'Institut & proceder à l'éle ction d'un Visiteur, de quatre Majeurs & d'un Secretaire, ausquels il appartient d'examiner ceux qui se présentent pour entrer dans la Congregation. Ceux qui ont été examinés & trouvés capables, doivent recevoir l'habit de l'Evêque Diocesain sous la jurisdiction duquel sont ces Ermites , ou de celui qu'il aura commis ; & après avoir reçu l'habit ils doi |