PRETRES la Bulle un Directeur général que l'on avoit demandé pour MISSIOND le gouvernement de cette même Congregation, provenoit de NAIRES DE LA GREGATION MENT. CON- ce que ce faint Fondateur étant Religieux Profés de l'AbDU SAINT baïe de faint Victor de Marseille, on ne jugea pas à propos SACRE- de le mettre à la tête d'une Congregation Ecclesiastique, ni de lui en substituer un autre à sa place pendant sa vie; mais fon rare merite & la sainteté de sa vie l'emportant sur toutes fortes de confiderations, on leva enfin cette difficulté, en supprimant ce point, que l'on changea en un pouvoir général qui fut donné par cette Bulle aux Prêtres de cette Congregation de s'élire un Directeur tel qu'ils trouveroient à propos, & on travailla à élever M. d'Authier à l'Episcopat, quoiqu'il eût plusieurs fois refusé cette Dignité. Cela l'obligea d'aller une seconde fois à Rome, où à la nomination du Duc de Nevers, il fut sacré Evêque de Béthléem le 26. Mars 1651. par le Cardinal Spada, qui en fit la cérémonie dans l'Eglise de saint Jerôme de la Charité. Il retourna ensuite en France, & prêta au Roi ferment de fidelité pour la Chapelle de Pantenor, appellée Notre-Dame de Bethleem, que Gui Comte de Nevers unit a l'Evêché de Bethleem l'an 1623. en faveur de Rainaud Evêque de Bethleem, qui l'avoit suivi lorsque les Chrêtiens furent chasses de la Terre-Sainte. Cette Chapelle située dans un fauxbourg de Clamecy, au Duché de Nevers, & qui étoit autrefois un Hôpital, sert comme de Cathedrale à l'Evêque de Bethleem, qui n'a néanmoins aucun Diocêse ni aucun Territoire. Cette nouvelle Dignité dont M. d'Authier fut revêtu, l'aïant mis en état d'exercer les fonctions de Directeur de sa Congregation jusqu'à sa mort, il ne pensoit plus après son retour qu'à donner tous ses soins pour l'établir parfaitement, lorsqu'il fut obligé de retourner pour la troifiéme fois à Rome. Il y fut député par les Evêques de France, qui à la sollicitation de Jean IV. Roi de Portugal, écrivirent au Pape au sujet du refus qu'il faisoit de nommer aux Prélatures de ce Roïaume ceux que ce Prince lui presentoit, nonobstant le besoin de cette Eglife, qui étoit tellement dépourvuë de Pasteurs, que de vingt sept Evêchés, il n'y en avoit qu'un rempli : encore celui qui l'occupoit étoit fi vieux, qu'il ne pouvoit plus faire aucune fonction Episcopale. Après que M. d'Authier eut passé deux ans à Rome sans pouvoir réüf NAIRES DE DU MENT.. fir dans sa négociation, il retourna en 1654. à Paris, d'où il PRETRES étoit parti le 6. Février 1652. Aussi tôt qu'il y fut arrivé, plu- MISSIONsieurs Evêques le chargerent de la visite de leurs Diocêses, LA CONdans lesquels il laissa de grandes marques de sa sainteté & de DESTIN fon zele. En 1657. les Bourgeois de Thiers en Auvergne, SACRE l'aïant prié d'accepter un établissement dans leur ville, il s'y rendit sur la fin de l'année pour le commencer, selon sa coûtume, par une Mision; & l'Evêque de Clermont érigea cette nouvelle Maison en un Seminaire Ecclesiastique, qui a servi depuis aux retraites des Curés de ce Diocêse. La Mission étant finie, l'Evêque de Bethleem retourna à Valence, où il faisoit ordinairement sa demeure, & y resta jusqu'en l'an 1659. qu'on l'appella en Provence pour un autre établissement, & pour faire la visite du Diocêse d'Arles. 11 procura enfuite la réforme du Monastere de la Celle, à un quart de lieuë de Brignole, au Diocêse d'Aix. Ce fut par ses soins que ces Religieuses embrasserent la plus étroite Observance de l'Ordre de saint Benoît, & que pour mieux affermir leur Réforme, elles furent transferées dans la ville d'Aix. Il avoit marqué dans les Statuts de fa Congregation qu'il y auroit en chaque Province une maison de folitude. Il n'attendoit pour commencer cet établissement qu'une occafion favorable qu'il n'avoit pu encore trouver, lorsqu'un Gentilhomme lui offrit un de ses châteaux dans la Limagne d'Auvergne, qui étoit un lieu fort propre pour cela. Ce fut le 18. Novembre 1666. qu'il en jetta les fondemens dans ce château, éloigné de deux lieuës de la ville de Thiers. Il s'y enferma le premier avec trois Missionnaires pour en ouvrir les exercices, ausquels il admit le Seigneur du château, & quelques autres externes qui demanderent d'y être reçûs. 11 prefcrivit à ces folitaires l'Adoration perpetuelle du S. Sacrement, & leur défendit de parler à personne du dehors, & même entr'eux, excepté au Superieur de la Maison, pour lui declarer leurs besoins fpirituels. Ils s'emploïoient pendant quelque tems dans la journée au travail manuel. Il leur étoit extrémement recommandé de n'avoir rien en propre, de ne rien négliger pour expier leurs fautes, & obtenir le pardon de leurs pechés; de s'appliquer continuellement à la destruction de leurs paffions, & à la mortification de leurs NAIKES DE DU SAINT MENT. PRETRES sens;de se conformer en toutes choses à la volonté de Dieu, & MISSION de rechercher ce qu'il y a de plus parfait dans son amour par LA CON-la priere & la lecture des bons Livres. Mais comme cette Maison n'appartenoit point à M. d'Authier, & qu'elle n'éSACRE- toit que d'emprunt, cette bonne œuvre fut bien tôt détruite après sa mort, qui arriva peu de tems après. Car les Missionnaires de la Maison de Valence l'aïant prié de les venir voir pour une affaire importante, & ce saint Fondateur s'étant mis en chemin au mois d'Août de l'an 1667. il fut attaqué d'une fiévre tierce, qui s'étant changée en continuë, l'obligea de se mettre au lit aussi-tôt qu'il fut arrivé à Valence, où la maladie devint si violente, qu'il y mourut le 17. Septembre de la même année, étant âgé de 18. ans, cinq mois & douze jours, la trente-septiéme année depuis le premier établissement de sa Congregation, & la dix-septiéme de fon Episcopat. Après la mort de ce Prélat, sa Congregation fit de nouveaux progrès. Elle a néanmoins perdu depuis peu la Maison de Senlis, pour n'avoir pas pris des Lettres Patentes, & cette Maison a été donnée aux Missionnaires Eudistes, par M. de Chamillart Evêque de cette ville. Les Emplois des Missionnaires de la Congregation du S. Sacrement sont présentement communs avec ceux de plusieurs autres Congregations qui les ont embrassés par un effet de leur zele, sans aucune obligation; mais celle dont nous parlons est chargée par la Bulle de fon Institution de la direction des Seminaires, soit pour ceux qui se disposent à embrasser l'Etat Ecclesiastique & à recevoir les Ordres sacrés, soit pour les Prêtres qui desirent s'y retirer, afin d'y faire les exercices spirituels , ou qui y font envoïés par les Evêques pour se perfectionner dans leur Ministere. Une autre obligation qui lui est imposée par la même Bulle, est d'envoïer des Mifsionnaires aux païs des Infideles & des Herétiques selon la disposition & la volonté du Souverain Pontife & de la Congregation de la Propagation de la Foi,qui leur confient la conduite des ames dans l'administration des Paroisses qui leur sont commises. Quoique cette Congregation doive avoir des Maisons de folitude où ceux que Dieu appelle à cet Institut sont obligés de passer le tems de leur probation, il ne s'en trouve pas néanmoins en toutes les Provinces ou Arche PRETRES NAIRES DE vêchés dans lesquels elle est établie, l'occasion d'en fonder étant plus difficile à trouver que celles des Seminaires. II MISSIONdoit y avoir dans cette Congregation un Confeil Suprême LA CONcomposé d'un ou de plusieurs Missionnaires députés par GREGATION chaque Direction, lequel Conseil doitresider dans une Mai- SACREfon de folitude & ne dépendre d'aucun Directeur. Ce Con- MENT. seil a pouvoir de changer d'une Direction à une autre les Missionnaires, de chaffer les incorrigibles, de réfoudre les doutes qui peuvent survenir au sujet des Statuts, de faire des Ordonnances pour le bien de la Congregation, d'envoïer tous les cinq ans des Visiteurs dans toutes les Directions & de convoquer une Assemblée Generale quand la nécessité le requiert. A cette Afssemblée Genérale doivent assister ceux qui composent le Conseil Suprême, les Directeurs de chaque Direction & les Missionnaires qui sont aussi députés de chaque Direction. C'est dans cette Assemblée Genérale que l'on confirme les Decrets faits par le Conseil Suprême. Elle peut abroger les anciens Statuts, en faire de nouveaux, déposer les Officiers, en élire d'autres, & faire tout ce qu'elle juge convenable pour le bien de la Congregation, dans laquelle on ne peut être reçu qu'après quatre ans de probation, & pour lors ceux qui y font admis. font le ferment de stabilité qui suit, aïant les mains sur les saints Evangiles: En présence de la très fainte Trinité, Pere, Fils & Saint Esprit, Dieu vivant & veritable, & de mon Seigneur Jesus-Christ qui est ici present dans le très aimable Sacrement de l'Eucharistie, que je prends pour témoin de l'action que je vais faire & que j'attends comme celui qui me doit juger : fe promets & je jure par son amour, stabilité dans cette Congrezation du Saint Sacrement jusques au dernier jour de ma vie : Dieu me foit en aide & ses saints Evangiles. Les Prêtres de cette Congregation ne sont point diftingués des autres Ecclesiastiques par l'habillement. Ils reçoivent des Laïques qui conservant leur habit séculier, sont destinés à vaquer aux affaires de cette même Congregation. Nicolas Boreli, Vie de M. d'Authier de Sisgau, & Exordia & inftituta Congregationis Sanctiffimi Sacramenti. SOURS DE CHAPITRE XIV. Des Filles de la Charité Servantes des pauvres malades, avec la Vie de Mademoiselle le Gras leur Fondatrice. I Ly a des Religieuses & des Filles Seculieres dont l'Institut est de s'emploïer au soin des malades, comme un grand nombre d'Hospitalieres dont nous avons déja parlé & quelques-unes dont nous parlerons dans la suite. Il y en a d'autres qui ont été établies pour l'instruction des Filles, & d'autres enfin qui ne travaillent qu'à leur propre perfection; mais les Filles de la Charité, Servantes des pauvres malades ont tous ces emplois. C'est encore au zele de M. Vincent de Paul Fondateur de la Congregation des Prêtres de la Mission que l'on est redevable de cette sainte Institution. Ce serviteur de Dieu prêchant à Châtillon les-Dombes en Brefsel'an 1617 recommanda avec des paroles si animées du feu de la charité une pauvre famille des environs, dont la plupart des enfans & des serviteurs étant tombés malades, manquoient de tous les secours les plus necessaires, qu'après la prédication un grand nombre de personnes fortit pour aller visiter ces malades leur portant du pain, du vin, de la viande & d'autres fecours. Une si heureuse disposition dans les habitans de cette ville lui donnant lieu de tout esperer de leur charité, il confera avec quelques femmes des plus zelées & des mieux accommodées de la Paroisse sur les moïens de mettre quelque ordre dans l'assistance que l'on rendroit à ces pauvres malades & aux autres qui se trouveroient à l'avenir dans une pareille necessité, en sorte qu'ils pussent être secourus pendant tout le tems de leurs maladies; & il dressa à cet effet un projet de quelques Reglemens, afin qu'elles tâchassent de les obferver après qu'ils auroient été approuvés par les Superieurs; & il choifit entr'elles quelques Officieres qui devoient s'assembler tous les mois devant lui pour rendre compte de ce qui s'étoit passé. Les bons effets que produisit l'établissement de cette premiere Confrairieou Affemblée de charité encouragerent ce pieux Missionnaire à faire fon poffible pour procurer les mêmes avantages corporels & fpirituels aux pauvres malades |