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Ibid.p.324.

nouriture, dans les heures du fommeil, dans leurs logemens,& mefme dans les chofes indifferentes,croïant qu'ils ont voulu par ces diftinctions s'attirer du refpect & des bienfaits. C'eft ce que plufieurs difent & ce que plufieurs penfent, parce qu'ils jugent temerairement faute de connoiftre l'antiquité, dit le mefme Auteur qui, après avoir montré que ce font feulement des reftes des mœurs antiques que les Religieux ont confervés fidellement, tandis que le refte du monde a prodigieufement changé, conclut que c'eft dans les Cloiftres que la pureté de l'Evangile s'est conservée, lorsqu'elle aefté fe corrompant de plus en plus dans le fiécle.

La plufpart des Heretiques qui ont écrit fur le mesme fujet, ont eu une autre intention que les Efcrivains Catholiques, & encheriffant fur ce que penfent & di. fent les mondains fenfuels, ils n'ont écrit que pour rendre les Religieux odieux & meprifables, & ont cru pouvoir y reuffir par les impoftures dont leurs Ouvrages font remplis. Hofpinianus entr'autres s'eft montré fort éloquent en invectives, lorsqu'il a parlé des Religieux dans fon Hiftoire de l'origine des Moines & des Ordres Monaftiques, imprimée à Zurich pour la premiere fois l'an 1588. en quoi il a efté imité par Gilbert Pomerofe, Miniftre de Bordeaux, dans le Traité qu'il a fait du vœu de Jacob, oppofé aux vœux des Moines, qui fut imprimé à Bergerac l'an 1611. où il est auffi parlé de l'origine & de la fondation des Ordres Religieux. Hofpinianus a fait neanmoins paroiftre un peu plus de moderation, lorfqu'il eft entré dans le detail de la fondation de quelques Ordres. Mais comme s'il fe repentoit de n'avoir pas affez temoigné d'animofité contre les Religieux dans fon Ouvrage, & de n'y

avoir pas affez avancé de fauffetés, il a attaqué les Jefuites en particulier, en composant l'Histoire de leur Societé; & l'on peut juger par le titre injurieux de ce Livre auffi imprimé à Zurich en 1619. quel eftoit l'ef prit de l'Auteur,& ce que l'on doit penfer de fa bonne foi & de fa fincerité.

Il s'eft neanmoins trouvé des Proteftans qui ont fa vorablement parlé des Ordres Religieux. L'on ne peut ajoûter aux louanges que le Chevalier Marsham a don nées à l'Ordre Monaftique, dans la Preface qui eft à la tefte de l'Histoire des Monafteres d'Angleterre, compofée par Dodwold & Dugdalle, où il traite d'extravagans & de gens fans jugement, ceux qui difent que les Ordres Religieux font fortis du Puits de l'abifme, qui eft le langage ordinaire de plufieurs Heretiques. Il n'attribue cette invective qu'à la paffion dont ces fortes de perfonnes font preoccupées ; & quoiqu'il y ait des Ordres qui s'attribuent une origine chimerique, cependant il les excufe,& leur pardonne, dit-il, volontiers cette faute, en confiderant qu'il y a eu des peuples illuftres qui cherchant l'origine de certaines chofes obfcures, l'ont fait defcendre de leurs Dieux.

A l'imitation de Dodwold & de Dugdalle, à qui nous fommes redevables de l'Hiftoire Monaftique d'Angleterre,à laquelle neanmoins le Chevalier Marsham avoit eu beaucoup de part, d'autres fçavans Proteftans nous ont donné depuis quelques anneés des Annales & des Chroniques fideles de plufieurs Monafteres d'Allemagne, que l'herefie a enlevés aux Religieux qui les poffedoient; & nous avons obligation en particulier au fçavant Monfieur de Leibnitz de nous avoir donné plufieurs Recueils de differents titres, & de dif

ferens Hiftoriens où l'on trouve beaucoup de chofes favorables à l'Estat Monaftique. Nous lui fommes mefme redevables par ce moïen de la connoiffance de quelques Ordres Ecclefiaftiques & Militaires qui estoient

inconnus.

C'eftoit ces Auteurs que Schoonebeck devoit confulter pluftoft qu'un Hospinianus & d'autres auffi peu fideles, lorfqu'il a travaillé à fon Hiftoire abregée des Ordres Religieux, imprimée à Amfterdam l'an 1688. avec des figures, où il a voulu representer les differens habillemens de ces Ordres ; qui a elté augmentée de plus de quatre-vingt figures dans une feconde Edition en 1700. Il n'y auroit pas fait tant de fautes, & ces figures reprefenteroient mieux les habillemens des Religieux, qui la plufpart font fi peu reconnoiffables par ceux qu'il leur a donnés, que fans le nom qu'il a mis au bas, on n'auroit pû deviner de quel Ordre il auroit voulu parler, fi l'on en excepte neanmoins quelques Chanoines Reguliers qu'il a gravés fur les figures que le Pere du Moulinet, Chanoine Regulier de la Congregation de France,donna en 1666. dont Schoonebeck avoit omis la plus grande partie dans fa premiere Edition, & qu'il a ajoûtées dans la der

niere.

Il eft vrai que dans quelques-uns des autres habillemens,il a fuivi Odoart Fialetti Bolonois, qui en 1658. grava les habillemens des Ordres Religieux, affés conformes à la defcription qu'en avoit faite SilveftreMaurolic, qui parle auffi de plufieurs Ordres qui font fupprimés, & dont Schoonebeck fait mention comme s'ils fubfiftoient encore; mais depuis un fiecle que Mau rolic a écrit, il s'y eft fait plufieurs changemens; il y en

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aqui ont efté fuprimés,& de nouveaux qui ont efté établis auffi bien quede nouvelles Reformes,qui ont formé de nouvelles Congregations diftinguées de leur tige, par la diverfité de leurs habits & de leur maniere de vivre.

C'est à ces corrections que Schoonebeck devoit s'appliquer dans la derniere Edition de fon Histoire, au lieu d'y ajoûter des Ordres qui n'ont jamais efté, & & dont il a copié les habillemens fur les figures qu'en a données Abraham Bruin en 1577. avec des Commentaires d'Adrien Damman ; lequel Bruin a esté aussi copié par Michel Colin en 1581. & par Josse Ammanus en 1585. dont les figures font auffi accompagnées d'un discours en vers & en profe de François Modius, fur l'origine de ces Ordres. Quoique cet Ammanus se vante,que jufqu'alors il n'avoit paru aucun recuëil d'habillemens des differens Ordres de Religieux, comme il le dit dans le titre de fon Livre : A Judoco Ammano expreffis neque unquam antehac fimiliter editi; il est neanmoins certain qu'Abraham Bruin avoit donné fes figures en 1577. & que celles de Michel Colin avoient esté gravées en 1581. Qui voudra confronter les figures de ces graveurs avec celles d'Ammanus, trouvera que ce font prcfque les mefmes, n'y aïant que les attitudes de changées; & s'il y a de la difference, c'est que celles de Bruin & de Colin font en cuivre, & celles d'Ammanus en bois.

Schoonebeck n'avoit pas eu apparemment connoiffance de ces Auteurs, lorfqu'il donna la premiere Edition de fon Hiftoire; car il n'y avoit pas parlé de ces Ordres fuppofés, qu'il a ajoûtés dans la feconde, que font ceux des freres du Purgatoire de faint Jofeph, de fainte Sophie, de fainte Helene, de faint Jean

tels

Tome I.

b.

de la Cité, des Porte-Clefs, des Forciferes où PorteCifeaux, des Gladiateurs, ou Porte- Epées & de quelques autres.

Quant à ces Porte-Epées que ces Auteurs qualifient de Cœnobites, ils les ont confondus avec les Chevaliers de Livonic qui avoient auffi le mefme nom,& qui portoient pour marque de leur Ordre, deux Epées rouges, en forme de Croix de faint André fur leurs habits. Les Religieux du Monaftere de Biclaro, dans les Pyrenées, dont ils parlent auffi, ont pû eftre appellés dans le fixiéme fiécle, Girondins, peut-eftre à cause que Jean furnommé de Biclaro leur Fondateur, fut élu Evefque de Gironde, ou,comme on l'appelle prefentement, Gironne,& qu'il leur écrivit une Regle, comme ditS.Ifidore deSeville. C'eft la raifon pour laquelle nous ne voulons pas leur difputer cet Ordre, dont il ne reste plus que la memoire & qui avoit mefme efté confondu. avec celui de faint Benoift avant la deftruction duMonaftere de Biclaro, dont il ne reste plus que les rui

nes.

L'on s'estonnera peut-eftre que je cite Schoonebeck, comme Auteur de cette Hiftoire des Ordres Religieux, dont il y a eu deux Editions en Hollande, puifqu'il n'eft que Graveur de fa profession,& que le titre de cet Ouvrage marque que c'eft lui qui en a gravé les figures. Il eft vrai que dans cette Hiftoire des Ordres Religieux l'on ne trouve rien qui prouve qu'il en foit l'Auteur ;mais il fe declare affez dans la Preface de celle qu'il a donnée des Ordres Militaires en 699. où il dit dans un endroit, que ce qui l'a le plus encouragé à composer. cet Ouvrage, c'est l'accueil favorable qu'on a fait au premier, & l'heureux fuccés qu'il a eu dans le monde :

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