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pour

S. PACHO

ME

graves;mais jamais ils ne buvoient ou ne mangeoient chez-el- ORDRE DE les, revenant toûjours à leur Monaftere à l'heure du repas. M Leur Superieur leur envoïoit du lin & de la laine dont elles faifoient, fuivant l'ordre du grand Oeconome, les étoffes neceffaires pour elles & pour les Religieux; & quand quelqu'une eftoit morte, on apportoit le corps jufqu'à un certain endroit, où les Religieux en chantant, venoient le prendre, & l'al loient enterrer fur la montagne où eftoit leur Cimetiere. Vanus Evefque de Panos aïant efcrit à faint Pachome le prier de venir fonder des Monafteres auprès de fa ville; il lui accorda fa demande. En y allant il vifita ceux qui eftoient fous fa conduite; & quand il fut arrivé à Panos avec fes Moines, 1Evefque le reçut avec un très grand refpect, & lui donna des places pour baftir fes Monafteres. Notre Saint y travailla avec joïe; mais comme on élevoit un mur de clofture, quelques · perfonnes mal intentionnées venoient la nuit abbatre ce que l'on avoit bafti pendant le jour. LeSaint exhortoit fes Difciples à le fouffrir avec patience; mais Dieu en fit justice. Ces méchans s'eftant affemblés pour continuer leur crime, furent brûlés par un Ange, & confumés; enforte qu'ils ne parurent plus. Le bastiment estant achevé, faint Pachome y laiffa des Moines aufquels il donna un Superieur,& demeura dans ce Monastere un tems affez confiderable pour y mieux eftablir la difcipline reguliere, à caufe qu'il n'eftoit pas éloigné de la ville. Il retourna enfuite à Tabenne, où Dieu voulant enfin consommer ses travaux, il tomba malade avant la Fefte de Pâques. Deux jours avant que de mourir, il fit affembler tous fes freres ; & après leur avoir donné quelques inftructions pour leur conduite, il leur nomma Petronne l'un d'entr'eux, comme le plus digne pour lui fucceder, & il mourut le quatorziéme jour de Mai de l'an 348...

Il eut près de neuf mille Moines fous fa conduite, dont le nombre augmenta encore après fa mort. Mais dans la fuite cet Ordre s'eft entierement aboli, les Religieux de faint Pachome & prefque tous les autres d'Orient aïant embraffé la Regle de faint Bafile, ou s'eftant rangés parmi ceux qui regardent faint Antoine pour leur Patriarche. Il y a neanmoins de l'apparence que l'Ordre de faint Pachome fubfiftoit encore avec éclat vers le milieu du onzième fiécle, puifqu'Anfelme Evefque d'Havelberg.dont, nous avons déja parlé, dit avoir

ANCIEN veu à Conftantinople dans le Monaftere de Philantropos, cinq GLES DO. cens Moines de l'Ordre de faint Pachome.

NES RE

RIENT.

Rofvveid, Vit PP. Bolland, Act. Ss. 14. Maii. De Tillem. Tom. 13 Spi. Mem. pour l'Hift. Ecclef. Tom. 7. 8. Fleury, Hift. Ecclef. Tom.3.& 4.

cileg. pag.

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CHAPITRE XV.

Des Regles de faint Ifaie, de faint Macaire & de quelques autres Peres de la vie Monaftique en Orient.

A

PRES avoir parlé des Ordres de faint Antoine & de faint Pachome; & avant que de defcrire l'origine & le progrès de celui de faint Bafile; nous dirons un mot de quelques autres Peres de la vie Monaftique d'Orient, dont quelques-uns ont efté Difciples de faint Antoine & de faint Pachome, & dont les Regles ont efté recüillies par faint Benoist d'Aniane. Il Bulteau, s'en trouve une fous le nom de l'Abbé Ifaïc qui eft propre pour Hi. Mo. les Ermites, principalement pour les Novices: mais on ne naft. d'O- fcait quel eftoit fon Monaftere, l'on conjecture que cet Abbé

Cod Regul.

rient.

Ibid.

pourroit bien avoir vêcu dans l'Egypte ou la Thebaïde. Il y en a encore une dans le Code des Regles, compofée par deux Ss. Macaires, par faint Serapion, par faint Paphnuce, & par trente quatre autres Abbés. Cet Abbé Serapion, eft Serapion de Nitrie, ou Serapion d'Arfinoé. Saint Paphnuce eftoit celui qui gouvernoit un Monaftere fitué près d'Heraclée ville de la baffe Thebaïde,ou pluftoft Paphnuce Bubale Preftre du Defert de Scetis. Les deux Macaires font fans doute les Difciples de faint Antoine, & l'ancien ou l'Egyptien, & font differens d'un autre Macaire l'Alexandrin ou le jeune, dont on voit auffi une Regle. Celui-ci eftoit d'Alexandrie, lequel aïant quité l'emploi qu'il exerçoit, embrassa la vie Religieufe, & fut un prodige de mortification & d'abstinence. Pour repouffer les attaques de la volupté, il s'expofa nud dans un lieu plein de mouches, & y demeura pendant fix mois; de forte qu'il en fortit tout defiguré comme un lepreux. Il alla une fois à Tabenne vêtu comme un artifan; & fans fe faire connoiftre, il fut admis dans la Communauté. Mais enfuite faint Pachome le reconnut par revelation, & fut furpris de la rigueur de fa penitence;

Ancien Moine de la Palestine.

AVCIEN

penitence; car il fe tint debout pendant le Carefme, mangea NES REfeulement, ou plutoft, il fit femblant de manger un peu de le- GLEs d'ogumes chaque Dimanche. Il retourna en Egypte & continua BENT. d'y fervir Dieu. Il avoit diverfes Cellules, & demeuroit tantost dans le Defert de Nitrie, tantoft dans celui de Scétis, & encore ailleurs. Enfin fa mort arriva vers le commencement du cinquiéme fiécle, & l'on pretend qu'il avoit fous fa conduite cinq mille Moines. Quelques-uns croient que la Regle qui eft fous fon nom, n'a point efté efcrite ni dictée par lui; mais que c'est feulement un recueil de fes maximes, & de l'observance reguliere qui fe pratiquoit dans fes Monafteres, & que l'Auteur de cette Regle n'a vêcu qu'après faint Jerôme. On attribuë encore une Regle Monaftique à faint Pofthume Abbé de Pisper, qui fucceda à faint Macaire dans le gouvernement des Moines dout faint Antoine lui avoit laiffé la conduite; & le Diacre Vigile fit une collection des maximes & des couftumes des anciens Moines, fous le nom de Regle Orientale.

Caffiar. lib.

2. Inflitut.

Joann.

nedia. Tom.

Il y a eu fans doute d'autres Regles dont on n'a point de connoiffance; car en Orient auffi-bien qu'en Occident, il y č. 2. avoit prefque autant de Regles que de Monafteres, felon ce que dit Callien. La plufpart en avoient d'efcrites,quelques-uns Mabill. obfervoient feulement ce qu'ils avoient appris de leurs Anciens, anna Be& qu'une fuite de tems fans interruption y avoit fait recevoir 1. lib. 1. comme loi; d'autres n'avoient pour Regles que la volonté de leurs Superieurs. Comme toutes ces Regles foit ecrites ou verbales, tendoient toutes à une mefme fin, qui eftoit de ne fonger uniquement qu'à Dieu,& de ne s'occuper qu'aux chɔfes fpirituelles en fe debaraffant de tout ce qui pouvoit y apporter quelqu'obftacle; c' eft ce qui faifoit que chaque Monaftere n'eftoit pas fi attaché à une Regle, qu'il n'en obfervaft encore quelques autres, felon que l'Abbé le jugeoit à propos: deforte que dans un mefme Monaftere l'on obferyoit plufieurs Regles efcrites, aufquelles aufquelles on retranchoit, ou l'on ajoùtoit ce qui fembloit plus convenable à ce Monaftere, eu égard au lieu où il estoit fitué, & au tems auquel on introduifoit cette Regle. Cependant parmi une fi grande diverfité de Regles, il y avoit une fi grande union entre les Moines, qu'ils fembloient ne former qu'une mefme Congregation par raport aux obfervances & aux vêtemens qui eftoient uniformes; c'est pourquoi on paffoit aifément d'un Monastere en un au

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