il ne parle en aucune maniere, s'étant contenté en paffant de marquer la fondation de quelques autres qui font très-confiderables & qui meritent une description plus ample de leurs établissemens, aussi-bien que des vies de leurs illuftres Fondateurs. C'est ce que l'on croyoit trouver dans la seconde édition de cette Hiftoire qu'il a donnée l'an 1710. en quatre volumes. Une augmentation de trois volumes sembloit devoir être confiderable, & renfermer tout ce qui manquoit dans la premiere édition. Si l'on avoit été surpris de voir dans cette premiere édition que Monfieur Hermant avoit avancé que l'Ordre de saint Jean de Dieu avoit été approuvé par le Pape Leon X. quoique cet ordre n'ait commencé que plus de cinquante ans après la mort de ce Pontife; s'il y avoit assuré que faint Jean de Dieu avoit été canonisé par le Pape Innocent XII. quoiqu'il n'y ait personne qui ne sçache que cette canonisation ait éte faite par Alexandre VIII. s'il avoit donné aux Humiliés pour Fondateur saint Jean de Meda l'an 1196. quoiqu'il fût mort dès l'an 1159. & qu'il eût été canonisé parle Pape Alexandre 111. qui mourut l'an 1181. on s'attendoit que ces fautes & un trèsgrand nombre de même espece auroient été au moins corrigées dans laseconde edition. Mais il semble qu'il se soit fait un scrupule d'y rien changer. Les augmentations qu'il a faites confiftent seulement, en ce qu'il s'est plus étendu sur quelques vies de Fondateurs qu'il n'avoit fait dans la premiere édition; en ce qu'il a donné des catalogues de Monafteres de France qui se trouvoient déja imprimés, (pour la plûpart) dans la Clefdu grand Pouillé de France de Monfieur Doujat, & qui pourroient même faire un des quatre Volumes, si on les reünissoit ensemble, encore surpasseroit-il le plus gros de cinquante ou soixante pages; & en ce qu'il a ajoûté de nouveau, mais en petit nombre, quelques Ordres & Congregations dont il n'avoit point parlé dans la premiere édition. J'avoue que je fus dans la resolution d'abandonner mon Ouvrage, lorsque j'appris que le Reverend Pere Bonannide la Compagnie de Jesus, de la Maison Professe de Rome, travailloit à une Histoire des Ordres Religieux, & qu'il faisoit graver leurs habillemens; mais je me rassurai lorsque je vis que ce n'étoit proprement qu'une traduction en latin & en italien, de la petite histoire des mêmes Ordres, que Schoonebeck avoit donnée en françois, & qu'il avoit seulement ajoûté quelques ordres & quelquescógregations dont cet auteur Hollandois n'avoit point parlé. Je fus même surpris, en recevant la premiere partie de cette histoire du Pere Bonanni, imprimée à Rome en 1706. & la seconde qui parut l'année suivante que l'on m'envoyoit en même tems de Rome, que l'on y avoit joint des memoires touchant les Peres de la Doctrine Chrétienne en Italie, & des religieuses de l'Ordre des Humiliés, dont le Pere Bonanni ne parloit point, quoique les uns & les autres eussent des maisons dans Rome & dans toute l'Italie. Cet auteur parlant des Peres de la Doctrine chrétienne en France, faisoit remarquer que le Pape Clement VIII. avoit erigé dansRome une Congregation de Prêtres Seculiers pour enseigner la Doctrine Chrétienne; mais que Paul V. l'avoit depuis erigé en Archiconfraternité. Il semblcit donc que cette Congregation de Prêtres Seculiers ne subsistoit plus, & je jugeai par là, que file pere Bonanni étoit si peu instruit des Congregations qui étoient à Rome, lui qui écrivoit fon histoire dans cette Ville, il devoit être bien moins informé des autres Congregations qui se trouvent dans les pays éloignés de lui. Mais quoique par addition ilait ajoûté dans la troisiéme partie de son histoire, qui parut en 1708. cette Congregation des peres de la Doctrine Chrétienne en Italie & les ReligieufesHumiliées, il a neanmoins omis un grand nombre d'autres Ordres & de Congregat. & l'on en verra plus de cent dans mon histoire dont il n'a point parlé. Cette troifieme partie ne regarde que les Congregations Seculieres, dont il auroit pu augmenter le nombre, qui auroit même surpassé celui des Colleges & des hôpitaux de Rome, dont il parle aussi dans cette troifiéme partie, aïant fait aufli graver les habillemens des pensionnaires & des pauvres de ces hôpitaux, ce qui paroît inutile dans une histoire, quine comprend que les Ordres Religieux & les congregations Seculieres de l'un & de l'autre sexe; puisque l'on ne doit point regarder comme Congregations ni les colleges, ni les hôpitaux où l'on ne contracte point d'engagement, fil'on en excepte neanmoins les colleges Apoftoliques établis par les Souverains Pontifes pour la propagation de la foi; où lespensionnaires & Seminaristes s'engagent par vœu, de n'entrer dans aucun Ordre Religieux, societé, ou Congregation, sans la permission du Saint Siege ou de la Congregation de la Propagation de foi, & qu'au cas qu'ils en obtiennent permiflion, ou qu'ils demeurent dans l'état seculier, de rendre compte à la même Congregation tous les deux ans, s'ils font hors de l'Europe, & tous les ans, s'ils font en Europe, de leur état, de leurs exercices du lieu où ils seront, & de retourner dans leurs païs au premier ordre qu'ils en recevront pour y emploïer leurs foins & leurs travaux au salut des ames. C'est pourquoi nous parlerons de ces colleges en traitant des differentes Congregations qui ont été établies pour la Propagation de la foi. Il faut cependant rendre justice au pere Bonanni: quoique son histoire à laquelle il n'a donné que le titre de catalogue des Ordres Religieux, soit courte; il a neanmoius parlé de plusieurs Ordres, dont ceux qui ont écrit avantluisur le même sujetn'avoient rien dit; & j'avoue que je suis redevable de la connoissance que son catalogue m'a donnée de quelques Ordres qui m'étoient inconnus, & dont je parlerai plus amplement qu'il n'a fait, surles memoires que j'aidemandés depuis qui m'ont été accordés. Il rapporte affez fidellement la fondation de la plupart des Ordres Religieux & des Congregations seculieres; mais il s'est trompé dans quelques-uns, aïant suivi des auteurs peu exacts. Les figures qu'il a données sont d'ailleurs bien gravées & rendent fon catalogue curieux ; il feroit à souhaiter qu'il n'eût pas copiéSchoonebeck, ses figures representeroient mieux les habillemens de quelques Ordres qu'il a fait graver d'après cet Hollandois, qu'il a neanmoins abandonné lorsqu'il le devoit suivre, comme on le peut voir dans la figure qui represente un Alexien; car Schoonebeck l'avoit affez bien representé, & on ne le connoît point dans la figure qu'en a donnée le pere Bonanni. Bien loin donc que l'histoire du pere Bonanni m'ait fait difcontinuer celle que j'avois entreprise, elle m'a au contraire fortifié dans la resolution que j'avois prise de la donner au public qui la trouvera la plus ample de toutes celles qui ont paru jusqu'à present; puisqu'outre le grand nombre d'Ordres & de Congregations differentes dont je parlerai, & dont ceux qui ont écrit avant moi sur le même sujet n'ont fait aucune mention; je donnerai encore un abregé des vies de leurs fondateurs, & reformateurs, & que je m'étendrai davantage sur l'établissement, le progrès, les observances de chaque Ordre, & fur les évenemens les plus considerables qui y font arrivés. Cette histoire comprendra aussi celle de toutes les Congregations seculieres de l'un & de l'autre sexe, & celle aufli de tous les Ordres militaires & de chevalerie. Je ne parlerai pas seulement de ceux qui subsistent; mais j'y joindrai encore ceux qui ont été éteints & fupprimés, & même ceux qui n'ont été que projettés sans execu tion. Comme il y a des auteurs qui ont traité de quelques Ordres que je pretends supposés, & même qui en ont donné des histoires assez étendues, comme celle de l'Ordre militaire de saint Antoine en Ethiopie, si j'en parle, ce ne sera que pour faire connoître le peu de foi qu'on y doit avoir; & quoique je parle d'un grand nombre d'Ordres, tant ecclesiastiques que militaires & de chevalerie qui ont été inconnus jusqu'à present, je ne pretends pas avoir épuisé la matiere, il est impossible qu'il ne s'en trouve encore quelques-uns qui m'ayent échappé. A l'égard des habillemens que j'ai fait graver, je les ai fait tirer ou sur les originaux, ou sur des figures qui ont été déja gravées qui m'ont paru justes, & |