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T. I. P. 193.

Patriarche Grec,de Jerusalem.

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MOINES

fon vifage foit caché. On lui met auffi l'anable, le manteau MONASla ceinture & des fandales neuves. On étend enfuite par terre TERES DES une couverture de laine dans laquelle on enfevelit le corps,en COICES liant cette couverture en trois endroits en forme de croix avec un cordon de laine, fur la tête, fur la poitrine, & fur les genoux feulement, ce qui refte de ce cordon fert à lier les pieds. Les prieres, qui font fort longues auffi-bien qu'aux enterremens des feculiers, étant finies, on porte le corps à la fepulture, on s'arrête trois fois en y allant; & à chaque fois on dit de nouvelles prieres & oraisons fur le corps. Quand on l'a mis dans la foffe, & qu'on a jetté de la terre deffus, on y répand auffi de l'huile de la Lampe.

Jacob Goart, Eucologium five Rituale Græcor. Grelot, Relation de Conftantinople. La Croix, Turquie Chrétienne, & D. Apollinaire d'Agrefta, Vit. di S. Bafilio part. 5.

CHAPITRE XX.

Des principaux monafteres de Caloyers on Moines Grecs.

UOIQUE l'Ordre de faint Bafile ait perdu une infi nité de Monafteres en Afie & en Europe, par le chan gement de religion qui eft arrivé dans les lieux où ils étoien fitués, & qui font prefentement fous la domination des Turc$ & autres princes Mahometans ; neanmoins la providence divine a permis qu'il s'en foit confervé un grand nombre, pour témoigner quelle étoit autrefois la grandeur de cet Ordre Le plus confiderable des Monafteres que les Caloyers Grecs ont en Afie, eft celui du Mont-Sinaï, qui fut fondé par l'empereur Juftinien, & doté de foixante mille écus de revenu Les Grecs lui ont donné le nom de fainte Metamorphofe, & les latins celui de la Transfiguration de Notre-Seigneur Je fus-Chrift. L'abbé de ce Monaftere qui eft auffi Archevêque, a fous lui deux cens religieux, outre ceux qui demeurent en plufieurs endroits, tant de cette montagne, que de celle qu'on nomme de fainte Catherine, à caufe que le corps de cette Sainte y fut porté par les Anges, d'où il a été depuis tranfporté par ces religieux dans leur Monaftere de faint

Sauveur.

Ce Monastere a été autrefois très-recommandable par la

Tome I.

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MONAS-fainteté des religieux qui y ont demeuré, comme S. Athanafe TERES DES de Sinaï, & S. Jean Climaque qui y a compofé fon échelle MOINES fainte. Ileft au bas de la montagne où l'on montoit autrefois GRECS. depuis le pied jufqu'au fommet par quatorze cens degrés qu'on prétend avoir été faits par ordre de l'imperatrice fainte Helene, & dont on voit encore les veftiges. Ce Couvent eft un grand bâtiment de figure quarrée, entouré de murailles de cinquante pieds de hauteur. Elles n'ont qu'une porte qui eft même bouchée pour en defendre l'entrée aux Arabes; & du côté de l'Orient, il y a une fenêtre par où ceux de dedans tirent les Pelerins avec une corbeille qu'ils descendent au bout d'une corde paffée dans une poulie; & par cette fenêtre & cette même corde, ils envoyent à manger aux Ara. bes. Il y a plufieurs granges ou metairies dans plufieurs endroits de la Chrétienté qui appartiennent à ce Monastere. Il y en a une entre les autres à Meffine,nommée fainte Catherine des Grecs,qui a titre de prieuré & où refide un prieur avec quelques religieux qui y font envoyés par l'Abbé du MontSinaï. Ils y officient felon le rit grec d'Orient; mais quand ils arrivent, il faut qu'ils renoncent à leurs erreurs, & fassent profeffion de la foi Catholique.

Quoique la ville de Torre fituée fur le bord de la merrouge, paroiffe voifine du Mont-Sinaï, d'où l'on la découvre; elle en eft neanmoins éloignée de cinquante milles. Les Moines Grecs y ont auffi un Couvent dedié à fainte Catherine & à l'apparition de Dieu à Moïfe dans le buiffon ardent. Ils ont fait depuis long-tems un jardin fort fpacieux à demie lieue de cette ville dans un lieu que l'écriture appelle Elim & où elle marque qu'il y avoit foixante & dix Palmiers, & douze Fontaines ameres que Moïfe rendit doucés en y jettant un morceau de bois quand les Ifraëlites y pafferent. Il y a prefentement plus de deux mille Palmiers. Les douze fources qui y étoient du tems de Moïfe fe voyent encore dans ce lieu, la plupart étant dans l'enclos du jardin, & elles ont repris leur premiere amertume, elles font chaudes, & il y en a une où l'on fe baigne: les Arabes l'appellent : Haman-Moufa c'est-à-dire Bain de Moïfe. Les religieux retirent quelque revenu du grand nombre de Palmiers qui font dans ce jardin, ils produifent les dattes les plus douces de la contrée, & on n'en voit aucun des foixante & dix dont l'écriture-fainte rend témoignage.

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GRECS.

Dans la Palestine à quatre ou cinq lieues de Jerufalem & à MONAStrois de Bethléem ; il y a le Monaftere de S. Sabas fitué dans TERES DES un lieu defert & le plus fterile qu'on fe puiffe imaginer, quoi. MOINES que du tems de ce faint Abbé il y eût en même tems une grande multitude de Moines qui fe retiroient & vivoient dans des laures, dont la plûpart étoient des cavernes & des tanieres qui fe voïent au tour de ce Monaftere dans la pente d'une longue & rude montagne, au pied de laquelle paffe le torrent de Cedron. Prefentement le nombre de ces religieux eft reduit à quinze qui fuivent la regle de faint Bafile & demeurent dans ce Monaftere, dont l'églife eft belle, devote & fort bien entretenue, par le moyen des aumônes que les Grecs y envoïent. La porte du couvent est toute couverte de peaux de crocodiles, de peur que les Arabes n'y mettent le feu, ou ne la rompent à coups de pierres. A trois cens pas de l'églife, il y a une tour feparée du couvent par un profond précipice. Cette tour a douze toifes en quarré & dix de hau teur, y ayant à trois toifes de terre une petite fenêtre pour paffer un homme. Il y a toujours un religieux qui demeure en ce lieu, vivant comme un reclus. Le P. Eugene Roger Recollet,dans fon voyage de la Terre-Sainte, dit que lorsqu'il y fut, il y avoit un Frere laïc qui demeuroit dans cette tour depuis vingt-deux ans, & ne defcendoit que trois fois l'an à Noël, à Pâques, & au jour de faint Sabas, pour recevoir les Sacremens, & remontoit enfuite dans fa tour, où les religieux lui donnoient fa nourriture dans un panier, quil tiroit avec une corde attachée d'un côté à cette tour & de l'autre au dôme de l'églife, où font auffi attachées deux fonetes que le religieux qui demeure en cette tour fonne pour aver tir les religieux,lorfqu'il voit approcher les Arabes, ou des lions, des tigres & autres bêtes feroces. Les autres couvents que les Moines Grecs ont en Afie, font peu confiderables.

Ils en ont un plus grand nombre en Europe. Nous commencerons par ceux qui font fur le Mont-Himette dans l'Attique, d'où l'on découvre non feulement toute l'Attique, mais auffi une grande partie de l'Archipel & de la Morée, l'Iftme de Corinthe,& Negrepont de l'autre côté jufqu'à l'Euripe, & qui n'eft éloignée d'Athenes que de quatre lieues. Les Moines Grecs y ont deux Monasteres, dont l'un s'appelle Hagia

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