TES. ron, de nit. n'en demeurent pas d'accord; & ils soutiennent qu'ils ont pris MOINES le nom de Maronites, à cause de saint Maron abbé. Faufte MARONINaironi qui a fait une differtation sur leur origine, dit: qu'avant que l'heresie eût infecté la Syrie, il n'y a point de doute Fauft. Naique ceux qui y demeuroient ne s'appellassent Syriens; mais que orig &Rela plupart des Syriens ayant suivi les erreurs de plusieurs He-lig. Marerefiarques, ils ont pris les noms des sectes que ces Herefiarques ont formées ; qu'ainsi ceux qui ont suivi les erreurs de Macedonius, ont été appellés Macedoniens; ceux qui ont suivi Apollinaire, Apollinaristes ; que de Nestorius font venus les Neftoriens, d'Eutychés les Eutychiens, & de Jacob les Jacobites. Cependant lorsqu'il sembloit que toute la Syrie alloit être pervertie, qu'elle alloit entierement embrasser l'erreur & fe diviser de l'église Romaine, Dieu, dit-il, apporta le remede à un fi grand mal, par le moyen de saint Maron abbé; qui non seulement fortifia plusieurs Syriens dans la foi qu'ils avoient reçue des Apôtres; mais il persuada à un grand nombre d'embrasser la vie Monastique. Ce saint, ajoute-t-il, vivoit vers l'an 400. & ses disciples ayant bâti plusieurs Monasteres dans la Syrie, dont le principal, auquel ils donnerent le nom de faint Maron, étoit entre Appamée & Emesse sur l'Oronte; ils suivirent les traces de leur maître, c'est-à-dire, qu'ils fortifierent de plus en plus quelques Syriens dans la foi Catholique; c'est pourquoi ceux d'entre les Syriens qui n'éFoient pas infectés du venin de l'herefie, & qui suivoient avec ces Moines les dogmes de l'église Catholique, furent appellés Maronites, comme ayant perseveré dans la foi par leur moyen & par celui de faint Maron. Mais comme Fauste Naironi prétend appuyer ce qu'il avance par l'aveu même des Jacobites & des Monothelites, principalement d'un Thomas archevêque de Kfartab, que cet évê que n'a vêcu que vers l'onziéme fiecle, & que d'ailleurs les Auteurs que cite encore Naironi, rapportent souvent pour des choses anciennes ce qui se passoit de leur tems, & qu'ils ont même tiré des livres des Maronites depuis leur reconciliation avec Rome, c'est ce qui fait que ce que Naironi a donné pour preuves convaincantes, n'a pû encore perfuader plusieurs Sçavans, que les Maronites ayent toûjours perseveré dans la foi Catholique, & n'ayentpas tiré leur origine de l'heretique Maron qui étoit Monothelite. Il est neanmoins bien TES. MOINES difficile de croire qu'ils ayent eu une telle origine, & s'il étoit MARONI-vrai qu'ils eussent pris le nom de Maronites à cause de cet heretique, ils l'auroient sans doute quitté comme un nom infamedepuis leur reconciliation avec l'église Romaine; de même que les Nestoriens, qui après avoir abjuré leurs erreurs prennent le nom de Chaldéens, & les Jacobites celui de Suriens, comme dit encore Fauste Naironi, qui, pour répondre à ceux qui prétendent que les Maronites ont pris le nom d'un village nommé Maronia, dit: qu'il se peut faire que saint Maron soit né dans ce lieu, & qu'il en ait pris le nom; mais que pour eux ils ont prisleur nom deS. Maron. Quoi qu'il en soit, ils celebrent la fête de ce Saint le neuvième Janvier, auquel jour il est permis à ceux qui sont à Rome d'officier selon leur Rit, dans le college que Gregoire XIII. y a fondé pour ceux de cette nation, laquelle n'a pas imité les autres Orientaux, qui pour la plupart retombent aisément dans les mêmes erreurs qu'ils ont abjurées. Mais pour les Maronites, depuis leur réunion avec l'église Romaine, ils font toûjours demeurés fermes dans la foi Catholique, dont ils firent profefsion entre les mains d'Aimeric patriarche Latin d'Antioche, vers l'an 1182. Il y a parmi ces Maronites, des Religieux qui avoient autrefois sur le Mont-Liban environ quarante Monasteres, dont la plupart sont abandonnés & ruinés, & qui étoient bâtis fur des croupes de rochers si escarpés que ces lieux paroîtroient n'avoir jamais été habités, si l'on n'y voyoit encore les vestiges des anciens Monasteres; & fi ceux qui font presentement habités n'étoient aussi situés dans des lieux de. serts, entre des rochers affreux qui inspirent la penitence, & où l'on ne peut aller, qu'on ne soit sensiblement touché de devotion. Les uns sont comme suspendus; specialement celui qu'on appelle Marfalita, & pour y entrer il faut monter avec une échelle de vingt-cinq pieds de hauteur. Les autres ont leur entrée comme celle des Cavernes. Celui que saint Hilarion fit édifier en l'honneur de faint Antoine, est de difficile abord; mais on y trouve de beaux jardinages & des vignes. C'est l'endroit où les Religieux font leur noviciat; & lorsqu'ils font Profez, ils vont demeurer dans les autres Couvents, qui sont presentement au nombre de dix, où dans quelques-uns,ils ont plus MOINES plus la compagnie des Tigres, des Ours, & autres bêtes fe- MARONIroces, que celle des hommes, cultivant la terre & les vignes, TES. nourriflant des vers à soye, s'occupant à faire des nates, principalement les vieillards, qui ne peuvent plus faire de gros travail. Le plus affreux de tous ces Couvents, est celui qu'on appelle Marfaquin. Il est situé dans les plus hautes montagnes du Liban sur un rocher fait en precipice, dans un Desert où il n'y a que des bêtes feroces. Avant que d'y entrer il faut monter à une échelle fort haute, & passer par dessus un échaffaut de branchages d'arbres, qui conduit dans un trou que la nature a fait à ce rocher, & qui sert de porte & de fenêtre pour donner quelque clarté à une caverne, au fond de laquelle il y a quelques degrés taillés dans le roc, pour monter dans une autre caverne, qui fert d'Eglife, & qui ne reçoit point d'autre lumiere que celle que rend une lampe qui brûle devantl'Autel. Le P. Eugene Roger Recollet, qui a fait la description de ces Couvents dans son voyage de la Terre-Sainte, dit: qu'il futen celui-ci, où il trouva un Religieux âgé de quatre-vingts ans, dont il en avoit passé plus de cinquante en ce lieu, & qui étoit devenu si foible & si caduc, qu'il ne pouvoit se remuer d'un lieu à un autre. C'étoit pour cette raison que le patriarche fon parent, voulut le faire venir au Monaftere où il faifoit ordinairement sa demeure, afin qu'il y fût soulagé dans sa vieillesse: mais ce bon Anachorete se pria de lui laisser finir ses jours dans ce lieu, ce que le Patriarche lui accorda: cependant comme il ne pouvoit pas aller chercher de l'eau au torrent qui passe au bas de la montagne, & qu'il faut defcendre plus de deux cens degrés pour en aller puiser; il lui donna pour l'assister une Religieuse, âgée d'environ vingtcinq ans, qui avoit déja passé quelques années dans ce Desert, où elle avoit mené une vie exemplaire, vivant en veritable Anachorete. Cette Religieuse, pour regaler le P. Roger & fon Compagnon, tira d'une peau de chevre, du fromage un peu moins sec que du plâtre, qu'elle emietta sur un morceau de cuir qui servoit de nappe & d'assiete:elle ajoûta à ce mets deux poignées d'olives falées & fechées au soleil; & ayant fait chaufer de l'eau dans un pot;elle y delaya de la farine de froment, qui avoit trempé dans du verjus, & fit cuire un peu de pain Tome I. M MOINES sous la cendre; ensuite elle leur donna du vin dans une cale MARONI bace qui servoit de verre. Les autres Religieux Maronites, ne vivent pas par tout avec rant d'austerites; mais ils ne mangent jamais de viande sans une dispense particuliere de Rome. Ils usent d'œufs, de laitage, & de diverses herbes sauvages, comme fenouil, hyfope, colocase, mala infanna, & quelques especes de chardons, faisant confire toutes ces choses avec du lait aigre dans. des peaux de bouc, pour s'en servir hors le tems de leurs carêmes, pendant lesquels ils n'usent point de laitage, mais bien de poisson, de legumes, de fruits, de salades, d'olives, & de raisiné, qu'ils assaisonnent avec du verjus, du miel ou fuc de fumac. Ils obfervent cinq carêmes; sçavoir, celui de la Refurrec tion de Notre Seigneur, qu'ils commencent le Lundi de la Quinquagefime, pendant lequel ils nemangent qu'une fois le jour, deux heures avant le coucher du soleil : & s'abstiennent aussi de manger des œufs, du fromage, & du laitage. Le second commence quinze jours avant la fête de saint Pierre, à laquelle il finit; & celui de l'Afsomption de la sainte. Vierge: commenceaussiquinze jours avant cette fête. Le quatrième, qui n'est que de huit jours, est en l'honneur de l'Exaltation de la sainte Croix ; & le. cinquiéme est de vingt-cinq jours avant la Nativité de Notre-Seigneur, pendant lesquels carêmes, ils s'abstiennent aussi de lait & d'œufs, mais ils peuvent manger du fromage. Ils jeûnent aussi la veille de faint. Maron, & fe conforment pour les autres jeûnes à l'église Ro maine. Its recitent leur Office en langue syriaque, Matines & Laudes la nuit, Prime, Tierce, & Sexte, à la pointe du jour : la Messese dit ensuite, se servantcommeles Latins de pain sans levain pour la confecration. Après la Messe ils vont travail ler, chacun felon son talent jusques au dîner; après quoi ils retournent au travail. Avant souper ils disent None, Vêpres & Complies: ils vont enfuite au refectoire ; & après le souper, ils se retirent tous pour prendre leur repos.. Les Novices font en habit seculier pendanttrois ou quatre. mois, felonda volonté du Superieur, qui leur fait faire Profeffion quand bon lui semble; c'est ordinairement le patriar... che qui en fait la ceremonie., & en son abfence un évêque |