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fig. II.

Thomassin f.

Chevalier de justice de l'ordrede Constantin

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ORDRE

TIN.

de l'empereur Leon I. de l'an 489. il eft vrai qu'elles fe trouvent dans les archives de la cour de Rome dont Coriolan qui MILITAIeft l'un de ceux qui rapportent celles de faint Leon dans toute RE DE leur teneur, dit les avoir tirées: He littera defumptæ funt ex ar- CONSTAN chivis Romana Curiæ &exregiftrisVloa fcriptoris. Mais elles n'en font pas moins fuppofées pour cela, & ce ne fut que l'an 1533. que l'on les dépofa dans ces archives, avec quelques autres titres & privileges prétendus de cet Ordre, qui furent imprimés à Plaifance l'an 1575. par les foins du docteurFrançois Ma luezzo. C'est ce que nous apprenons du comte Majolino Bifacciani chancelier du même Ordre, dans le difcours qui eft au commencement des ftatuts de cet Ordre imprimés à Trente en 1624. & qui le furent auffi à Rome la même année, par ordre du grand-Maître dom Marin Caracciolo prince d'Avellino,qui avoit tenu cette même année un chapitre de l'Or. dre à Avellino dans le royaume de Naples, où ces ftatuts a voient été dreffés; & qui n'étoient autres que ceux qui avoient été ordonnés par l'empereur Ifaac Ange Comnene l'an 1190. & que l'on y renouvella.

Cet empereur que l'abbé Giuftiniani appelle le reformateur de cetOrdre,pourroit bien en avoir été lui-même l'instituteur, & lui avoir donné le nom de Conftantin, par rapport à l'empereur Conftantin dont les Comnenes prétendent être les def cendans. Il pourroit auffi lui avoir donné celui d'Angelique, à cause du nom d'ange qu'il portoit lui-même, & enfin celui de faint Georges, à caufe qu'il le mit fous la protection de ce faint martyr. Et comme la regle de faint Bafile étoit la feule qui eût cours en Orient, il peut encore les avoir foumis à cette regle. Voilà, ce me femble, toute l'Antiquité la plus raifonnable que l'on puiffe accorder à cet ordre.

Il y a lieu de s'étonner de ce que l'abbé Giuftiniani ne parle point de ce grand-maître Caracciolo. Seroit-il poffible que cet auteur, chevalier & grand - croix de l'Ordre de Conftantin, n'ait point eu connoiffance de ce grand- maître non plus que de deux éditions des ftatuts du même Ordre, à la tête defquelles l'on y voit fon nom, & qui furent imprimées par les ordres, l'une à Rome, & l'autre à Trente en 1624? Si ce grand maître étoit un intrus, il femble que l'abbé Giuftiniani devoit rapporter de quelle maniere il avoit ufurpé la grande-maîtrise, & s'il étoit legitime, il ne devoit pas l'o

RE DE

ORDRE mettre dans la chronologie des grands-maîtres. Peut-être MILITAI- que l'abbé Giuftiniani, par quelque liaifon d'amitié avec la maison des Comnenes, ou par quelqu'autre raifon qui nous CONSTAN- eft inconnue, eft inconnue, n'a pas voulu faire connoître l'état où cette maison qui avoit autrefois poffedé l'empire d'Orient,fe vit reduite lorfque les infideles s'en emparerent, & qui l'obligea de chercher fa fubfiftance auprès des princes Chrétiens.

TIN.

Cette maifon fut comme enfevelie fous les ruines de cet empire, à peine en refta-t-il quelques rejettons, qui, bien loin de faire fubfifter l'Ordre de Conftantin, dont la grande maîtrise étoit hereditaire dans cette maifon, avoient plus befoin euxmêmes de subsistance. Il y en eut une partie qui alla à Venife, & l'autre à Rome,cherchant de la piété des princes dequoi s'entretenir. Le comte André Comnene qui demeuroit à Rome vers le milieu du feiziéme fiecle,auquel le pape avoit afsigné une penfion de cent écus d'or par mois,en étant mal payé, lui étant dû jufqu'à 28000. ducats d'arrerages, & n'ayant pas d'ailleurs dequoi fubfifter, recevoit de l'argent de toutes mains pour faire des chevaliers,& entr'autres,il donna la croix de l'Ordre de Conftantin à deux fripons, dont l'un fe nommoit Georges de Cephalonie, & l'autre Nicolas d'Aleffio, qui tous deux fe difoient de la maifon de Comnene; ce qui fit que le comte André comme grand-maître de l'Ordre, leur accorda beaucoup de privileges,en vertu defquels ils pretendirent auffi dans la fuite avoir droit de créer des chevaliers. Mais le grandmaître Pierre Comnene prince de Cilicie,pere de Jean André & neveu du comte André, s'y oppofa. Il y eut à ce fujet un procès à Rome en 1591.& par la fentence qui fut rendue la même année par ProfperFarinacei vicaire dans les caufes criminelles de Camille Borghefe auditeur de la chambre apoftolique, confirmée l'an 1594. par Pompée Malella vicaire au criminel deFrançois Aldobrandin commiffaire en cette affaire,nommé par le pape Clement VIII. ce Georges de Cephalonie fut condamné aux galeres à perpetuité pour avoir fait des chevaliers de cetOrdre, ce droit appartenant à la maison desComnenes. Cette Sentence fut exécutée, & il demeura aux galeres jufqu'en l'an 1597. qu'il en fut retiré à caufe de fon grand âge; mais on lui fit défenfes fous peine de la vie de créer à l'avenir des chevaliers. Quant à ce Nicolas d'Aleffio, il fut feulement banni par fentence de la même année 1597.

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