TIERS l'Avent, & depuis la Nativité de Notre-Seigneur jusqu'au ORDRE Carême. En tout tems & en tout lieu, ils gardent l'abstinence DES CAR-de viande les Mercredis & Samedis, excepté le jour de la Na MES. tivité de Notre-Seigneur. Quant à l'habillement les freres & fœurs doivent avoir une robe ou tunique longue jusqu'aux talons, tirant sur le noir, ou rousse sans teinture, & pardeffus une ceinture de cuir noir, large de deux doigts. Ils doivent porter pardessous la tunique, selon la coûtume du lieu, le scapulaire de fix pouces de large & de telle longueur qu'il descende plus bas que les genoux. Ils doivent avoir aussi une chappe blanche à la façon d'un manteau descendant jusqu'à mi-jambe, & ils la peuvent même porter en public où la coûtume le permet. Les fœurs ont un voile blanc sans guimpe ni linge au front & à la gorge, neanmoins dans les pays où ces fortes d'habits ne font point en usage parmi les Tierçaires, ils peuvent être habillés comme les seculiers en retenant la couleur tannée. Coria prétend que les chevaliers de Malte dans leur origine ont été du Tiers-Ordre des Carmes. Il dit que le B.Gerard leur fondateur étoit frere convers de l'Ordre des Carmes, & que fous l'autorité du general, il institua un nouvel Ordre de Religieux Tierçaires, sous l'habit & la regle de celui du Mont-Carmel, pour combattre contre les ennemis de la foi & garder la Terre-fainte, & qu'on leur donna un couvent qui appartenoit aux Carmelites, qui demeuroient dans le faint Sepulcre, & qui furent transferées dans un autre. Sa raceni & Munoz font aussi de ce sentiment, mais ils confondent ce B. Gerard, instituteur des chevaliers de Malte, avec un autre faint Gerard évêque & martyr, & premier apôtre de Hongrie. Allegre voyant que cette opinion n'étoit pas foûtenable; puisque cet apôtre de Hongrie est mort, felon le sentiment de presque tous les écrivains l'an 1042. & que le B. Gerard n'a institué l'Ordre des chevaliers de faint Jean de Jerufalem que l'an 1099. il en a fait deux Saints diffe. rens, & tous deux enfans du prophete Elie, Mais je ne crois pas que les chevaliers de Malte soient de ce sentiment, non plus que les Benedictins qui reconnoissent l'apôtre de Hongrie pour appartenir à leur Ordre, comme ayant été Religieux de la celebre abbaye de faint George le Majeur à Ve MES. Le même Coria a cru aussi qu'il ne pouvoit pas mieux fai- TIERS re, pour témoigner sa reconnoissance envers saint Louis roi ORDRE de France, qui avoit fait venir les Carmes dans ce royaume, DES CAR& les avoit établis à Paris que de l'incorporer dans leur Tiers. Ordre quelques centaines d'années après sa mort: de même qu'ils l'avoient associé à la confrairie du scapulaire, quoique ce prince fût mort aussi, dix-sept ans avant que le B. Simon Stok eût reçu le scapulaire dans la vision dont nous avons déja parlé; c'est pourquoi il met ce saint roi au nombre des personnes illustres, qui ont porté l'habit du Tiers. Ordre des Carmes & le scapulaire, aussi-bien que la mere du B. Albert leur legislateur, à qui il n'a pû refuser aussi la même grace, par reconnoissance de ce que ce patriarche de Jerufalem leur avoit prescrit une maniere de vie. Ce qui est vrai, c'est qu'il y a eu dans ce Tiers-Ordre plu. sieurs personnes qui s'y sont rendus recommandables par leur pieté, comme la fœur Marguerite Spinera, qui après avoir mené une vie solitaire à Cremone pendant vingt-cinq ans, mourut le vingtième Juillet de l'an 1528. en odeur de sainteté. A Majorque la fœur Eleonore Ortiz, à Valence Raphaël Ibara, & Paule Villa-Franca, à Medina del Campo, François Yepez & plusieurs autres. Cet Ordre est peu connu en France, fi ce n'est en Bretagne ou en Provence. Vers l'an 1629. ayant été introduit en Portugal, quelques Religieux de differens Ordres s'y opposerent, disant que les Carmes n'avoient pas pouvoir de recevoir des Tierçaires; mais l'affaire ayant été portée au tribunal du collecteur apo stolique, il y eut une sentence rendue le 31. Août 1630. en faveur des Carmes, confirmée par une autre du 6. Mai 1631. fur l'appel qui avoit été interjetté de la premiere, & dans l'une & l'autre de ces sentences, il n'y est parlé que de la bulle de Sixte IV. Voyez Didace Martinez Coria, Manuale de las beatas y hermanos Terceros de la Orden del Monte Carmelo. Theodor. Stratius, in opufcul. de Tertiariis. Silvera, opufcul. varia. Refolut. 38. Lezana, tom. I. fummæ quast. Regul.cap. 13. de Tertiariis & tom. III. in Mar. Mag. Carmelit. Gio Pietro de Cref. cenzi, Prefidio Romano, & laregle des Tierçaires des Carmes. CHAPITRE LIII. De l'Archiconfraternité de Notre Dame du Mont- Carmel S à Rome. I nous avons parlé dans le chapitre précedent de la congregation du scapulaire de la fainte Vierge établie dans l'Ordre des Carmes, où l'on donne à ceux qui s'y font inscrire un petit scapulaire, composé de deux rubans, ausquels sont attachés deux morceaux de drap de trois ou quatre pouces en quarré, ce n'a été que pour faire voir l'erreur où étoit tombé le Pere Pabebroch en croyant que les Religieux de S. François ne donnoient à leurs Tierçaires qu'un cordon, & les Carines auffi à leurs Tierçaires ces fortes de scapulaires, notre dessein n'étant pas de parler des simples confrairies dans cette histoire. Mais comme nous y faisons aussi entrer les congregations & focietez feculieres, il semble que l'on doit mettre en ce rang les confrairies qui forment des especes de societés & qui font diftinguées par des habits particuliers,qui ont des statuts & des regles, des églifes, des cimetieres, qui font publiquement des processions sous leurs croix particulieres, qui la plupart n'admettent les confreres qu'après avoir été éprouvés pendant un certain tems, sous la conduite d'un maître des novices, & qui semblent former un corps dans l'Eglife. Telle est l'archiconfraternité de Notre-Dame du MontCarmel à Rome. Il y en avoit autrefois une sous ce nom dans l'église de saint Chryfogonne qui appartient aux Carmes de la congregation de Mantoue; mais ayant été presque aban. donnée, on en érigea une autre dans la même Eglise l'an 1543. sous le titre du S. Sacrement & de fainte Marie Mere de Dieu du Carmel. La confrairie de Notre-Dame femblant avoir été supprimée par l'union qui en avoit été faite avec celle du faint Sacrement, le pape Clement VIII. permit que l'on en instituât une autre, fous le nom de Notre-Dame du Mont-Carmel dans l'église de sainte Marie des Monts, qui appartient aussi aux Carmes, mais qui ne dépend d'aucune congregation |