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TIERS

ORDRE
DES CAR-

MES.

Papebroch
respons. ad

CHAPITRE LII.

De l'origine du Tiers-Ordre des Carmes, & des Beates du même Ordre.

L

E pere Papebroch s'est trompé, lorsqu'il dit, que la P. Sebast. d marque que les Religieux de saint François donnent à 8.Pauloart leurs tierçaires est un cordon, & que celle que les Carmes

20.

6

num.

donnent aussi à leurs tierçaires estun petit scapulaire en forme de Billettes. C'est ainsi, dit-il, que les François nomment de petits morceaux de drap longs & quarrés; & c'est aussi pourquoi l'on a donné à Parisle nom de Billettes, aux Carmes qui ne sont pas Dechauffés.

Premierement il n'est pas vrai que les Carmes de l'obfervance de Rennes, qui sont ceux qu'on nomme Billettes à Paris, ayent été ainsi appellés, à cause du scapulaire en forme de Billettes qu'ils donnent aux personnes qui ont devotion de le recevoir; car il y avoit déja plus de trois cens ans que ce nom étoit donné aux Religieux hospitaliers de la charité de Notre-Dame, qui cederent l'an 1632. à ces Religieux Carmes, le couvent des Billettes, qui fut bâti l'an 1294. en la rue des Jardins, appellée dans la suite des Billettes, à la place dela maison d'un Juif, qui avoit fait plusieurs outrages à la fainte Hoftie qui depuis ce tems-la a été conservée avec beaucoup de veneration dans l'église de saint Jean en Greve: & quoique les François donnassent autrefois le nom de Billettes à des pieces d'étoffe d'or, d'argent, ou de couleur, plus longues que larges, qui se cousoient par intervalle sur les habits pour leur fervir d'ornement, & qu'on a depuis transportées sur les écus, comme on peut voir dans les armoiries des maisons de Choiseul, de Beaumanoir, & de plusieurs au

tres; neanmoins ce mot a eu plusieurs significations, & fe Dictionai-prend encore pour une enseigneen forme de Barillet, qu'on re Univer- met aux lieux où l'on doit peage. Ainfi il y a bien de l'apparensel de Tre- ce, que le nom de Billette qui a été donné d'abord au Monaf mot, Bil-tere que les Carmes occupent à present depuis l'an 1632. qui leur fut cedé, & qui a été bâti comme nous avont dit, dès l'an 1294. vient de ce qu'à la maison du Juif qui fut demolie, il y avoit pour enfeigne trois ou quatre Billettes, comme remarque

voux, au

lette.

Frere du Fiers Ordre des Carmes.

93.

P Giffare f.

TIERS

remarque le Pere du Breuil dans les antiquités de Paris, si ce n'est, dit ce Pere, que l'on ne voulût dériver ce nom du mot ORDRE Latin Bilis atra de la colere & fureur de ce Juif.

DES CAR

MES.

de Paris

Il n'est pas vrai non plus que les Religieux de saint Fran- Dubreuil, çois donnent à leurs Tierçaires un cordon, & les Carmes un Antiquités petit scapulaire composé de deux petits morceaux de drap liv. pag. quarrés. Le Pere Papebrocha sans doute confondules con- 977. freres du cordon de faint François & du scapulatre des Carmes avec les Tierçaires de ces Ordres. Il y a cependant une grande difference entre les uns & les autres ; car quoique le mot de confrairie soit fort honorable, & qu'on entende par là plufieurs personnes unies ensemble par les liens de la chari. ré, pour s'employer à de bonnes œuvres; & que ces fortes de confrairies ayent été approuvées par le S. Siege ou par les évêques des lieux où elles font établies; neanmoins les reglemens & ce qui sert à y maintenir une observance uniforme ne font que sous lenom de statuts: & il suffit pour y entrer de se faire enregistrer dans la liste des confreres ; au lieu que ce qui fert à maintenir l'observance parmi les Tierçaires, eft fous le nom de regle, & qu'il faut que ces Tierçaires foient éprouvés par un noviciat d'un an, au bout duquel ils font profeffion, avec des vœux simples. Quoiqu'on ne puisse pas dire qu'ils foient Religieux, à moins qu'ils ne foient engagés par des vœux folemnels, comme les Religieux Penitens du Tiers Ordre de faint François, & les Religieuses du Tiers Ordre de S. Dominique; cependant leurs congregations font de veritables Ordres; parce que dans le cas dont il s'agit, le mot d'Ordre fignifie une maniere de vivre, ordonnée sous certaines regles & ceremonies pratiquées par ceux qui s'yengagent, & cette maniere de vivre a été approuvée sous le nom d'Ordre par plusieurs souverains pontifes, comme on peut voir par les bulles de Nicolas IV. en faveur des Tierçaires de faint François!, d'Innocent VII. pour ceux de saint Dominique, de Martin V. pour ceux des Servites, d'Eugene IV. & Martin V. pour ceux des Augustins, de Sixte IV. pour ceux des Carmes, & de Jules II. pour ceux des Minimes; & lorsque les Papes ont parlé du cordon de saint François ou du scapulaire des Carmes, ce n'a été que sous le nom de Confrairie.

:

Ce fut le pape Sixte V. qui institua à Afsise celle du cordon
Tome I.

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TIERS de saint François l'an 1586. Mais il n'est pas si aise de sçavoir ORDRE le tems que la confrairie du scapulaire a été établie. Lezana DES CAR- dit que les papes Etienne V. Adrien II. Sergius III. Jean X.

MES.

Jean XI. & Sergius IV. ont remis la troisième partie de leurs pechés à ceux qui entreroient dans cette confrairie : de cette maniere le bienheureux Simon Stok, qui deux ans avant sa mort, reçut des mains de la sainte Vierge le scapulaire qu'elle lui ordonna de faire porter aux Religieux, comme la marque de leur Ordre, n'étant mort qu'en 1265. & Etienne V. ayant été élû Pape en 816. & ayant accordé, selon les Carmes, des indulgences aux confreres du scapulaire, il s'ensuivroit que la confrairie du scapulaire étoit établie plus de 450. ans avant qu'on eût fongé seulement à parler de scapulaire parmi les Carmes.

Mais pourquoi la confrairie du scapulaire n'auroit-elle pas été établie plus de quatre cens ans avant que les Carmes eufsent porté le scapulaire; puisque leur troifiéme Ordre a été institué, selon quelques-uns de leurs écrivains, plus de deux mille ans avant que l'on eût connu le premier? Entre les au. tres, Didace Martinez Coria, dans un traité particulier qu'il a fait de ces Tierçaires, imprimé à Seville en 1592. dit qu'ils defcendent immediatement du prophete Elie, aussi-bien que les Carmes. En effet, entre les grands hommes qui ont fait profession, à ce qu'il dit de ce Tiers Ordre, il met le pro. phete Abdias, qui vivoit huit cens ans avant la naissance de Jesus-Christ, & il a cru que cet Ordre feroit aussi beaucoup honoré, si aux personnes de l'autre sexe qui en ont aussi fait profession il y joignoit la bisayeule du Sauveur du monde, sous le nom emprunté de sainte Emerentienne.

Pour prouver l'antiquité prétendue de ce Tiers Ordre, il rapporte les bulles de Leon IV. d'Etienne V. d'Adrien II. & des autres Papes dont nous venons de parler, qui ont aussi accordé, à ce qu'il prétend, la remission de la troifiéme partie de leurs pechés à ceux de cet Ordre le jour qu'ils prendroient l'habit ; mais nous avons assez refuté ces pretendues bulles dans le chapitre XLI. c'est pourquoi nous n'en parle. rons pas davantage; & nous nous contenterons seulement de faire remarquer deux contradictions manifestes, dans lefquelles Coria est tombé.

La premiere, c'est que cet auteur parlant d'un Tiers Ordre

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