du pape, & encore la confirmation des visiteurs, qui CARMEavoient été auparavant établis, avec pouvoir de visiter tou-LITES DEtes les maisons de cet Ordre, fans que les recteurs qui se- CHAUSroient élus pussent s'entremettre de la visite, ni les visiteurs SE'ES DE faire la fonction de superieurs, finon en cas d'abusou de mal_ FRANCE versation de la part de ces superieurs, & fit enfin plusieurs reglemens concernant la clôture, les parloirs, & la reception des filles dans cet Ordre, & autres marqués dans ce bref, qui fut adressé aux évêques de Laon & de Mande pour le mettre à execution. Sa Majesté par un arrêt du conseil d'érat, donné à Fontainebleau le dernier Octobre 1661.cafla & annulla ses lettres patentes, surprises le 30. Decembre 1660. & l'arrêt du parlement de Paris qui les avoit enregistrées, & ordonna que ce dernier bref d'Alexandre VII. seroit executé dans toute sa forme & teneur, tant par les visiteurs & Religieuses de l'Ordre des Carmelites que tous autres; nonob tant oppositions ou appellations quelconques, dont Sa Majesté se reservala connoissance, l'interdisant au parlement de Paris, & à toutes autres cours & jurisdictions du royaume, & fit de rechef défensesausdits sieurs Gamache, Grandin & Gauguelin de prendre la qualité de recteurs, superieurs & administrateurs de cet Ordre, d'en faire aucunes fonctions, ni de se pourvoir ailleurs que devant la propre personne de Sa Majefté. Elle envoya en même tems des lettres de cachet à l'évêque de Laon, pour lors Cefar d'Estrées, à pre. sent cardinal, & à l'évêque de Mande Hyacinte de Seroni, pour leur ordonner d'exécuter le bref qui leur étoit adressé, ce qu'ils firent par un mandement du 12. Novembre de la même année. Toutes ces divisions & ces contestations arrivées dans l'Or. dre des Carmelites,ne donnerent aucune atteinte à la regularité. Ces Religieuses ont toujours été en France en si grande estime, que les principales villes du royaume ne se sont pas contentées de n'en avoir qu'unteul Monastere, plusieurs en ont deux, & même il y en a trois à Paris remplis d'un grand nombre de Religieufes; carelles ne se sont pas limitées comme celles d'Espagne, & les autres qui sont sous la jurisdiction des Carmes Dechauffés, à n'en recevoir qu'un certain nombre, commeil est porté par leurs constitutions. Il y a en France environ foixante & deux de ces Monasteres, dont il est sorti Aaa iij TENTES RELIGIEU-un grand nombre de filles, qui ont fait des établissemens dans SES PENI-des pays étrangers, comme en Flandre, en Allemagne,&en d'autres provinces. Mademoiselle Acarie, après avoir procuré D'ORVIE- l'établissement des Monafteres de Paris, de Pontoise, d'Amiens, & de Rouen, prit l'habit de cet Ordre, & ne voulut être quesœur converse, sous le nom de fœur Marie del'Incarnation. Ce fut dans le Monaftere d'Amiens, & elle mourut dans celui de Pontoise l'an 1618. TE De Marillac, Erection & institution de l'Ordre des Religieufes Carmelites en France, & plusieurs factums, bulles, brefs, & arrèts concernant cet Ordre. re de plusieurs Communautés Religieuses de filles Penitentes ou Converties, qui après avoir vécu dans le monde avec trop de licence & de dereglement, se sont retirées dans la folitude du cloître, pour s'y consacrer à Dieu par des vœux solemnels & y mener une vie penitente, à l'exemple de sainte Marie-Magdelaine qu'elles ont prise pour leur patrone. Toutes ces communautés de filles penitentes suivent la regle de S. Augustin; mais il s'en trouve à Orviete en Italie qui fuivent celle des Carmes; c'est pourquoi nous leur donnons rang dans cette premiere partie. Antoine Simoncelli Gentilhomme d'Orviete, qui avoit beaucoup de pieté, fit bâtir dans cette ville une maison qui fut d'abord destinée pour y recevoir de pauvres filles abandonnées de leurs parens, & en danger de perdre leur hónneur; mais l'an 1662. sous le pontificat d'Alexandre VII. cette maison fut érigée en Monastere, pour y renfermer sous clôture les filles & femmes, qui après avoir prostitué leur honneur dans le monde, voudroient faire penitence de leur vie dereglée, & se consacrer à Dieu par des vœux solemnels. Il s'en trouva plusieurs qui demanderent à être reçues dans ce Monaftere, & on leur donna la regle des Carmes approuvée par Innocent IV. & mitigée par Eugene IV. avec des consti- RELIGIEUtutions particulieres, qui furent approuvées par l'évêque SES PENI d'Orviete. TENTES TE. Ces Religieuses ne font point de noviciat. Elles restent feu-D'ORVIElement quelques mois dans le Monastere en habit feculier,& lorsqu'on leur donne l'habit de religion, elles renoncent publiquement à l'année de probation, & prononcent en même tems leurs vœux folemnels, ce qui se fait en cette maniere. Celle qui doit faire profession, après avoir été revêtue de l'habit de religion, étant à genoux devant la superieure, dit tout haut ces paroles:Selon l'ordre établi dans cette Religion, & confirmé parles fouverains pontifes, je renonce à l'année de probation, & prononce dès à present, & fais ma profession comme ont fait les autres qui font entrées en cette Religion. Et mettant ensuite les mains fur les saints évangiles, elle prononce sa profession en ces termes : Je, nommée dans le fiecle N. & à present fœur N. de ma propre volonté, me donne moi-même à ce Monastere de fainte Marie-Magdelaine, de fainte Marie Egyptienne, & de fainte Therese, appellé des Converties, & promets à Dieu, à tous les Saints, & à vous, venerande mere fœur N. presentement prieure du mème Monastere, & à celles qui vous fuccederont & feront élues canoniquement en votre place, stabilité changement de mœurs, obéifssance, continence & pauvreté, selon la regle du facré Ordre de Notre-Dame du Mont Carmel,que l'on doit obferver dans ce Monaftere. Ainsi Dieu me soit en aide, & les faints évangiles de Notre-Seigneur. La prieure lui met ensuite un Crucifix entre les mains avec un cierge allumé, & fur la tête une couronne. Les Religieuses chantent des antiennes, le Prêtre dit les oraisons; & après avoir donné la benediction à la nouvelle professe, on chante le Te Deum. La professe fait ensuite un acte d'humiliation en demandant pardon publiquement de sa vie passée. Elle garde ́ le voile blanc pendant un an, après lequel on lui en donne un noir. Ces Religieuses ont les mêmes observances & le même habillement que les Carmelites Dechaussees, mais au lieu de sandales, ou d'Albergates, elles ont des pantouflesassez élevées, & leur voile noir est doublé d'une toile blanche. Philipp. Bonanni, catalog. Ord. Relig.part. 3. pag. 26. & memoires envoyés d'Orvicte en 1712. |