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SEES EN

FRANCE.

tes de fainte Therese remplies de fon efprit & de fon zele. CARMELLPendant que Monfieur de Berulle étoit en Espagne, Ma. TES DEdemoifelle Acarie chercha une fondatrice pour le Monaftere CHAU de ces Religieufes : elle trouva la princeffe Catherine d'Orleans de Longueville, qui obtint du roi l'agrement pour cet établissement & une bulle du pape Clement VIII. l'an 1603. qui en le confirmant, fit des reglemens pour la conduite & la direction du Monaftere de ces premieres Carmelites de France & des autres qui feroient fondés dans la fuite. Le lieu où ce premier Monaftere fut fondé, fut le prieuré de NotreDame des Champs à Paris, au faubourg faint Jacques, de l'Ordre de faint Benoît, qui dépendoit de l'abbaye de Marmoutier. Ce prieuré fut fupprimé, on y fit de nouveaux bâtimens, & les fix Religieufes d'Efpagne étant arrivées à Paris en 1604. en prirent auffi-tôt poffeffion.

La Bulle de Clement VIII. ordonnoit entr'autres chofes que ce Monaftere feroit foumis à la direction & gouverne ment de Meffieurs Gallemand docteur en theologie, André du Val profeffeur du roi en la même faculté, & de Bu. rulle prêtre; & comme il étoit befoin qu'outre ces trois fuperieurs, il y eût encore un vifiteur, la Sainteté nomma pour cet effet le commiffaire general de l'Ordre des Carmes Dechauffés, & en attendant qu'il y eût de ces Religieux en France, le general des Chartreux; & il ordonna auffi par la bulle, que ce premier Monaftere établi à Paris, feroit chef de tous les autres qui feroient érigés dans la fuite dans le royaume de France. Après que ces Religieufes furent établies, & que les fuperieurs nommés par la bulle du pape, en eurent pris la direction ; ils allerent trouver les peres Chartreux de Paris, & communiquerent cette bulle, les priant d'accepter la vifite de ces Religieufes. Ces peres trouverent quelques difficultés & ayant remis cette affaire à leur chapitre general, ils y prirent la refolution de refufer cette charge; ce qui obligea les fuperieurs des Carmelites d'avoir recours au pape Paul V. qui avoit fuccedé à Clement VIII. pour le prier dépourvoir à un vifiteur. Sa Sainteré par un bref de l'an 1606 donna pouvoir à fon nonce en France d'en nommer un tant pour le Monaftere de Paris que pour les autres qui avoient été érigés; car Mademoifelle Acarie ne se contentant pas d'avoir procuré l'établisse

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CARMELI

CHAUS

FRANCE.

ment de celui de Paris, avoit travaillé à ceux de Pontoife, TES DE- d'Amiens & de Rouen, & en vertu de ce bref, le nonce nomma pour vifiteur Monfieur Gallemand l'un des trois fuSE ES EN perieurs. Ils s'adrefferent encore au même pontife en 1614. pour pourvoir à l'établiflement fixe d'un vifiteur, & par fon bref du 17. Avril de la même année, il revoqua l'article de celui par lequel il donnoit pouvoir à fan nonce de nommer le vifiteur, & commit pour le vifiteur des Monafteres des Carmelites Dechauffées en France, tant de ceux qui étoient pour lors fondés que de ceux que l'on fondroit dans la fuite, le R. P. de Berulle, pour lors general de la congregation de l'Oratoire dont il étoit instituteur, & fes fuccefleurs en ladite charge.

Les Carmes Dechauffés ne vinrent en France que l'an 1610. où ils furent envoyés d'Italie par le general de la congre gation de faint Elie, & ne reçurent toutes les permiffions neceffaires pour s'établir dans cette capitale du royaume que l'année fuivante 1611. Les Carmelites faifoient tous les jours de nouveaux établissemens Dès l'an 1608. elles en avoient obtenu un à Tours, d'où elles pafferent en Bretagne, où on leur accorda un Monaftere à Nantes. Elles furent fouhaitées à Morlaix, & la ville confentit à leur établissement par un acte du 17. Mai 1611. celles qui le demandoient folliciterent les fuperieurs d'y donner auffi leur confentement; ils le refuferent à caufe de l'éloignement : ainfi cet établissement ne fe fit pas pour lors, mais les perfonnes intereffées, & qui vouloient procurer à la ville de Morlaix des Religieufes Carmelites de la reforme de fainte Therefe, voyant qu'ils n'y pourroient reuffir en s'adreffant aux fuperieurs, eurent recours aux Carmes Dechauffes fur la fin de l'année 1617. & les prierent d'accepter ce Monaftere, ce qu'ils firent, & fur la fin de l'année 1619. ils allerent en Flandres pour en amener des Religieufes, fur lefquelles les fuperieurs de France n'avoient aucune jurifdiction. L'évêque de Treguier, dans le diocéfe duquel la plus grande partie de la ville de Morlaix fe trouve, & où le nouveau Monaftere de ces Religieufes étoit fitué, s'y oppofa, à caufe que l'établissement de ce nouveau Monafterere n'étoit pas conforme aux autres du même Ordre en France. Les Carmes s'oppoferent enila cour de parlement de Bretagne à l'enregistrement des

lettres

SE ES DE

lettres patentes données par le roi fur le bref de Paul V. de CARME 1614. dont nous avons parlé. Ces lettres ayant été neanmoinsLITES DE enregistrées le 30. Juin 1620. nonobftant leurs oppofitions, & CHAUScontinuant à exercer les fonctions ecclefiaftiques & de fupe-FRANCE riorité dans ce Monaftere, l'évêque de Treguier les fit fortir de fon diocefe. Ils n'allerent pas bien loin, car ils ne firent que fortir d'un fauxbourg de Morlaix & du diocese de Treguier pour aller dans un autre de la même ville qui étoit du diocefe de Leon, dans lequel ils transfererent le couvent des Religieufes. Dès le 20. Mai de la même année le cardinal de Sourdis, archevêque de Bourdeaux, avoit donné une sen. tence,par laquelle il declaroit que deux Monafteres de Carmelites déchauffées qui étoient dans cette ville, étoient foûmis au general des Carmes dechauffés. Au mois de Juillet de la même année,les Religieufes du même Ordre à Bourges, pre.. fenterent requête à l'archevêque de Bourges par laquelle fur ce quelles pretendoient n'avoir point de vifiteur, elles en demandoient un à ce prelat, qui ordonna qu'elles fe pourvoiroient à cet effet devant le pape pour en ordonner comme sa fainteté le jugeroit à propos.

Les fuperieurs des Carmelites ayant eu avis de la fentence du cardinal de Sourdis en appellerent comme d'abus en cour de Rome. Les Religieufes de Bourdeaux deputerent un procureur pour y aller foûtenir leurs pretentions, ce que firent auffi les fuperieurs des Carmelites ; & les Religieufes de Saintes, de Bourges, de Limoges & de Morlaix, qui vouloient auffi se soustraire de lajurifdiction des fuperieurs & fe foûmettre à celle des Religieux, fe joignirent à leurs fœurs de Bourdeaux. Après plufieurs conteftations de part & d'autre, le pape Paul V. le 12. Octobre 1620. ordonna que le Bref qui nommoit pour vifiteur des Carmelites de France, le general de l'Oratoire, feroit executé, & qu'il ne feroit rien innové au gouvernement & à la conduite des Religieufes, & commanda aces Religieufes d'obéir au pere de Berulle & aux deux autres, comme étant leurs veritables fuperieurs. Il y eut plufieurs oppofitions formées à l'expedition du bref, même de la part du cardinal de Sourdis. Elles durerent trois mois, & le pape étant decedé le 8. Janvier 1621. les Carmes & les Carmelites, unis d'interêts, efpererent que fon fucceffeur leur feroit plus favo rable; mais ils se tromperent. Gregoire XV. ayant été élu Tome I.

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A a a

FRANCE.

-CARME- le 26. Février pour fouverain pontife, & l'affaire ayant été de LI ES DE- nouveau agitée devant lui, il fe conforma au jugement de fon CHAUS- predeceffeur, & confirma le pouvoir du vifiteur & des fupeSE'ES DE rieurs de cet Ordre, par deux brefs des 20. Mars & 12. Septembre 1622. Les Carmelites de Bourges en appellerent comme d'abus au parlement de Paris; mais le roi par deux arrêts du confeil d'état des feize Septembre & quinze Decembre de la même année, après avoir fait voir & examiner ces brefs au confeil, ordonna qu'ils feroient executés, nonobftant oppofitions ou appellations quelconques. Il y eut quelques Monafteres de Carmelites oppofées aux fuperieurs qui obéirent, il y en eut d'autres qui aimerent mieux quitter le royaume que de n'être point fous la jurifdiction & direction des peres de cet Ordre, comme celles de Saintes qui fe refugierent à Nanci, capitale du duché de Lorraine, où elles firent un établisse

ment.

Le pape Urbain VIII. par un bref de l'an 1623. confirma ceux de fes predeceffeurs pour la vifite du general de l'Oratoire, ce que le roi Louis XIII. approuva encore & autorisa par fes lettres patentes du 20. Mars 1624. portant que ce nouveau bref feroit fignifié & executé, fans qu'il eût été homologué autre part, qu'au confeil d'état de fa majesté. En 1626. quelques Religieufes Carmelitesayant voulu s'établir en Bretagne, fous la direction des Religieux de cet Ordre & de cette reforme, il fut ordonné par arrêt du confeil d'état qu'elles retourneroient à leur maison de profeffion. Ainsi la paix & la tranquilité furent retablies dans cet Ordre entre les Religieux, les Religieufes, les vifiteurs & les fupe

rieurs.

Mais dans la fuite les vifiteurs & les fuperieurs eurent entr'eux des differends au fujet de la vifite des Monafteres que les fuperieurs vouloient faire conjointement avec les vifiteurs. Nous avons dit ci-devant que le pape Paul V. avoit nommé pour visiteurs perpetuels des Carmelites, le cardinal de Berulle pour lors general de la congregation de l'Oratoire, & fes fuccefleurs en cette charge. Le reverend pere Charles de Gondren lui fucceda après la mort qui arriva l'an 1629. mais en 1632. il declara, du confentement des prêtres de cette congregation dans leur affemblée generale, qu'il renonçoit pour lui & pour fes fuccefleurs fuperieurs generaux

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