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CHAUSSE'S

fonne, & ne vivent que de fruits & de quelques herbes crues DESERTS ou cuites mal assaisonnées. Les jours de Dimanche ces Ana- DES CARchoretes doivent se rendre au Monastere des Cœnobites MES DEpour y assister à tous les exercices communs, & s'en retournent aprés vepres dans leurs ermitages, excepté les jours de conference; car ces jours - là ils ne s'en vont qu'après qu'elle est achevée. Chaque semaine le superieur les va vifiter pour voir de quelle maniere ils se conduisent dans leurs folitudes.

Lorsque le tems de la demeure d'un Religieux dans le defert prescrit par l'obéissance est expiré, on assemble derechef la communauté comme en son entrée. Les Religieux font un peu d'oraison au chœur, & après avoir recité un Itineraire composé de quelques devotes prieres, on mene le Solitaire dans le même lieu où on lui avoit donné des instructions en entrant. Le superieur commande encore à quelqu'un des assistans de lui donner quelques avis salutaires, pour profiter du séjour qu'il a fait dans ce faint lieu, & ne pas oublier les exemples de vertu qu'il a vû pratiquer, ce qui eft executé simplement & avec charité.

ou

Les constitutions défendent l'entrée de ces deserts aux personnes feculieres, de quelque condition qu'elles foient, pour prendre leur divertissement dans l'enclos, foit pour y chaf fer, ou pour y pêcher, ou pour quelque autre récreation, de crainte qu'un sanctuaire d'oraison & une retraite de penitence ne devienne un lieu de plaifir & de sensualité. Ils ne peuvent y loger ou y être admis, à moins qu'ils n'ayent fondé ou bâti à leurs dépens quelque cellule ou ermitage que la congregation ne leur foit beaucoup redevable. L'entrée en est aussi interdite aux Religieux même de la congregation, foit pour y être reçus en passant par droit d'hofpitalité, foit pour voir la maison, ou pour y faire leurs devotions, excepté aux definiteurs generaux, à moins qu'ils n'ayent permiffion par écrit du general ou du provincial. Le fuperieur du defert peut neanmoinsy recevoir par droit d'hospitalité les Religieux des autres Ordres fans autre permission, & même leur donner le couvert pour une nuit seulement dans l'enceinte du defert.

Enfin ces fortes de couvents ne doivent pas être éloignées des villes où les Carmes Dechaussés ont des couvents, pour

CARMELI-y pouvoir facilement transporter les malades, de peur que TES DE- le foin & la follicitude des remedes, & le trouble caufé par

CHAUS

SEʼES

les exercices d'une infirmerie, n'alterent en quelque chose la FRANCEN rigueur de l'observance reguliere ; & fi les Solitaires qui fortent de l'enceinte du defert, pour recouvrer leur santé en quelqu'autre lieu, se presentoient dans cet intervalle pour y entrer, on leur refuseroit la porte; ils n'y peuvent être admis que lorsqu'étant parfaitement retablis, ils y retournent pour y demeurer & y faire les exercices comme les

autres.

Le pere Cyprien de la nativité de la Vierge, Description des deferts des Carmes Dechauffés. De Villefore, Vies des SS. Peres des deferts d'Occident, Tom. 2.

L

CHAPITRE L.

Des Religieuses Carmelites Dechaußées en France.

ETABLISSEMENT des Religieuses Carmelites de la reforme de sainte Therese en France est dû à la pieté & au zele de Mademoiselle Acarie; fille de Nicolas Aurillot, seigneur de Champlatreux près de Luzarche, maître des comptes à Paris, & femme de M. Acarie aussi maître des comptes. Plusieurs personnes en avoient deja eu la pensée; mais le malheur des tems en avoient empêché l'execution. Monfieur de Santeuil avoit été chargé le premier d'aller en Espagne pour amener quelques-unes de ces Religieuses en France, mais il n'en put obtenir aucune; Monfieur de Bretigni nereussit pas mieux dansun second voyage qu'il fit aussi en Efpagne pour le même sujet. Ces difficultés ne rebuterent point Mile Acarie.Commeelle étoit pour lors le premier mobile de tout ce qui se faifoit de grand pour le bien de l'église, elle engagea M. de Berulle, qui fonda peu de tems après la congregation des prêtres de l'Oratoire, & fut ensuite cardinal, d'aller pour une troisième fois en Espagne chercher de ces Religieuses. Il y alla, & malgré les oppositions que le demon forma à ses desseins, les embuches qu'il lui dressa sur les chemins, & les dangers de mort où il le jetta, il revint en santé à Paris, & y amena de Madrid fix Religieuses Carmeli

Sœur Converse de l'Ordre des Carmelites

91.

déchaussées.

P. Giffare f

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1

:

SEES EN
FRANCE.

tes de sainte Therese remplies de fon esprit & de fon zele. CARMELI Pendant que Monfieur de Berulle étoit en Espagne, Ma- TES DEdemoiselle Acarie chercha une fondatrice pour le Monastere CHAUde ces Religieuses: elle trouva la princesse Catherine d'Orleans de Longueville, qui obtint du roi l'agrement pour cet établissement & une bulle du pape Clement VIII. l'an 1603. qui en le confirmant, fit des reglemens pour la conduite & la direction du Monastere de ces premieres Carmelites de France & des autres qui seroient fondés dans la suite. Le lieu où ce premier Monastere fut fondé, fut le prieuré de NotreDame des Champs à Paris, au faubourg faint Jacques, de l'Ordre defaint Benoît, qui dépendoit de l'abbaye de Marmoutier. Ce prieuré fut fupprimé, on y fit de nouveaux bâtimens, & les fix Religieuses d'Espagne étant arrivées à Paris en 1604. en prirent auffi-tôt poffeffion.

La Bulle de Clement VIII. ordonnoit entr'autres choses que ce Monastere seroit soumis à la direction & gouverne ment de Messieurs Gallemand docteur en theologie, André du Val professeur du roi en la même faculté, & de Bu. rulle prêtre ; & comme il étoit besoin qu'outre ces trois fuperieurs, il y eût encore un visiteur, sa Sainteté nomma pour cet effet le commissaire general de l'Ordre des Carmes Dechauffés, & en attendant qu'il y eût de ces Religieux en France, le general des Chartreux ; & il ordonna aussi parla bulle, que ce premier Monaftere établi à Paris, feroit chef de tous les autres qui seroient érigés dans la suite dans le royaume de France. Après que ces Religieuses furent établies, & queles fuperieurs nommés par la bulle du pape, en eurent pris la direction; ils allerent trouver les peres Chartreux de Paris, & communiquerent cette bulle, les priant d'accepter la visite de ces Religieuses. Ces peres y trouverent quelques dificultés & ayant remis cette affaire à leur chapitre general, ils y prirent la resolution de refufer cette charge; ce qui obligea les fuperieurs des Carmelites d'avoir recours au pape Paul V. qui avoit fuccedé à Clement VIII. pour le prier dépourvoir à un visiteur. Sa Sainteté par un bref de l'an 1606 donna pouvoir à son nonce en France d'en nommer un, tant pour le Monastere de Paris que pour les autres qui avoient été érigés; car Mademoifelle Acarie ne se contentant pas d'avoir procuré l'établisse

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