lieu, & qu'on leur imposeroit des jeûnes & des mortifications. LeConcile deFrancfort n'en voulut point souffrir, à moins que les évêques & les abbés ne les renfermassent eux-mêmes. ann. 7871 ned. l. 4. La coutume étoit autrefois à Vienne en Dauphiné de choi-can. 12. fir un religieux que l'on croyoit être le plus avancé dans la Mabill perfection, & le plus digne d'être éxaucé de Dieu; & on le Annal.Berenfermoit dans une cellule, afin qu'il y passat le reste pag. 107. deses jours dans la contemplation, & qu'il y priât sans cesse Bulteau. hist.de l'orpour le peuple. C'étoit aussi la pratique de la plupart des dre de S. Monasteres, non seulement d'hommes, mais encore de filles. Benoit, t. Il y en avoit, entr'autres, dans le Monaftere de Sainte-Croix 1.1.2.6.214 de Poitiers ; & Gregoire de Tours a décrit les ceremonies Greg. Tur. qu'on observoit dans la reclufion de ces Saintes filles. lib.6.0.39. ci 1.5.6.306 Vers la fin du neuvième fiecle, Grimiaic prêtre que l'on Bulteau, croit avoir été le même que celui que le pape Formose jugeoit comme digne de l'épiscopat, & qu'il recommanda pour cet effet à Foulques archevêque de Reims, afin qu'à la premiere occasion il employat son credit pour lui procurer cette dignité; composa une regle pour ces fortes de Reclus. Leurs cellules de. voient être proche de l'église de quelque Monastere, & elles pouvoient être accompagnées d'un petit jardin. Ces Reclus demeuroient seuls, ou plusieurs ensemble, dans un même lieu, mais chacun dans une cellule separée, communiquant seulement entr'eux par une fenêtre. Ils vivoient du travail de leurs mains, ou des oblations des fideles; soit des aumônes du monastere voisin, soit de celles que le peuple leur fai. soit. Parmi ces solitaires, il y en avoit qui étoient clercs, & même prêtres, & que les seculiers alloient voir, pour les confulter sur ce qui regardoit leur confcience & leur falut. Les prêtres celebroient la messe dans une petite chapelle qui étoit dans l'enceinte de leur reclusion, & ils avoient encore une fenêtre qui s'ouvroit sur l'église, & par laquelle ils pouvoient assister à l'Office, parler à ceux qui les venoient voir, & entendre les confessions des seculiers, même celles des femmes qui vouloient recevoir leurs avis sur la conduite de leur vie. Ceux d'eatre les Reclus qui étoient Moines de profession portoient le froc; & ceux qui ne l'étoient pas, se couvroient d'une.chappe, qui étoit un habit commun aux ecclesiastiques & aux religieux. Quelques-uns avoient des disciples qui Tome I. E : demeuroient hors l'enceinte de leur reclusion ; nul ne devoit être admis à l'état de Reclus, qu'avec la permission de l'évêque du diocese, ou de l'abbé du monastere qu'il choisissoit pour le lieu de sa reclufion, & s'il n'avoit passe auparavant par l'épreuve du noviciat. On imprimoit fur la porte de la cellule le sceau de l'évêque ; & file Reclus tomboit malade, on ôtoit ce sceau pour l'aller secourir; mais il ne lui étoit pas permis de quitter sa reclusion. Ainsi ils étoient obligés par cette regle, à quelque chose de plus qu'à ce que le quarante-uniéme canon du concile in Trullo ne les avoit obligés. Il semble que faint Romuald fondateur de l'ordre des Camaldules, ait renouvellé dans l'onziéme fiecle les anciennes Laures des moines de la Palestine, en faisant vivre ses Ermites dans des cellules separées les unes des autres, avec une église au milieu, où ils s'assemblent tous pour les divins. Bulteau, offices. Le premier qui fonda ces fortes de Laures fut faint hist. mo- Chariton qui mouru: vers l'an 340. La premiere étoit près de nast. d'o-la mer. morte, à fix mille pas de Jerufalem, & fut depuis ap rient, pag. 282 pellée la Laure de Pharan. Il en bâtit une seconde vers Jericho, & une troisiéme dans le defert de Thecua, qui fut en Vit.S. Eu fuite connue fous le nom de Laure de Seuca. La Laure que Bolland. bâtit saint Euthyme le Grand dans le cinquième siecle, fut A.St. 20. fort renommée; elle étoit éloignée de quatre ou cinq lieues th. apud Januar.. 6.26. de la ville de Jerufalem; mais le faint abbé ni vouloit point. recevoir de jeunes gens qui n'avoient point encore de barbe; c'est pourquoi faint Sabas & faint Quiriace s'étant prefenrés pour être au nombre de fes disciples, il envoya faint Sa-bas au Monastere de faint Theoctiste, & faint Quiriace à celui de faint Gerafime, parce qu'ils n'avoient point encore de barbe; & à fon imitation saint Sabas ayant bâti la celebre Laure qui a porté fon nom, il n'y recevoit pas non plus de jeunes gens, & les envoyoit d'abord dans d'autres Monasteres. Ce Saint eut plusieurs disciples qui bâtirent aussi des Laures aux environs du Jourdain. Toutes ces Laures étoient celebres par l'exacte discipline, & par la grande austerité qu'on y pratiquoit. Thedoret, Cetre vie auftere ne contenta pas d'autres folitaires qui hift. relig. vivoient dans le même tems, & l'on-regarda comme un proVit. s si- dige le grand Simeon Stylite qui se consacra le premier, & ween. apud fans en avoir d'exemple, à une penitence extraordinaire, Janu. Vit 84.170. étant resté sur un colomne pendant quarante-huitans ex. Bolland. posé aux ardeurs du soleil, & aux autres incommodités des S saisons. La premiere colomne fur laquelle il monta, n'avoit pp. apud que quatre coudées de haut, à ce que dit Antoine l'un de ses Rosveid, p. difciples, qui a écrit sa vie; & Theodoret marque qu'elle en avoit fix; mais étant monté fuccessivement fur des colom nes de diverses hauteurs; la derniere fur laquelle il étoit lorfqu'il mourut, vers l'an 460. & felon d'autres, vers l'an 46 3. avoit quarante coudées. On crut que ce genre de vie ne pouvoit être pratiqué par d'autres; il y eut cependant deux au. Joann. tres Simeons, un Daniel, un Julien & quelques autres, qui Prat.fpirit. terminerent une sainte vie dans une penitence pareille à celler. 28.57. du grand Simeon qu'ils imiterent, étant restés plusieurs an. 638. nées sur des colomnes, & ayant eu des disciples. Quant aux Ermites de ce tems, on en voit un très-grand nombre qui ne sont soumis à aucun fuperieur, & qui ne suivent d'autre regle que celle que leur dicte le plus souvent le libertinage. Il est vrai qu'il y en a quelques-uns qui imitent les veritables Solitaires des premiers fiecles & qui marchent fur leurs traces; mais ces exemples font rares & on peut com parer les autres aux Rhemobotes, aux Sarabaïtes, & aux Girovagues. Il vaut mieux ne les pas comprendre dans l'Ordre Monastique; puisqu'ils en portent indignement l'habit: fi l'on excepte neanmoins ceux qui font gouvernés par des fuperieurs, & qui vivent en communauté, ausquels l'on peut donner le nom de Cœnobites, comme à ces anciens Soli taires conventuels, qui n'avoient point d'autre régle que la sage conduite de leurs abbés. Mofch. Il est vrai que ce sentiment n'est pas universellement reçû. Ceux qui le combattent, pretendent que pour être Cœnobite, il ne suffit pas de vivre en commun, mais qu'il faut aulli que ce foit sous l'autorité d'une regle. C'est l'interpretation qu'ils ont donnée à cet endroit de la regle de faint Benoît, où il est parlé des Cœnobites : Monachorum primum genus Cœnobita-cap. 1 rum hoc est monafteriale militans sub regula, vel abbate; preten dant qu'il faut prendre la particule disjonctive pour conjontive. Les autres qui ont interpreté la regle du même Saint ont expliqué plus naturellement cet endroit ; & prenant la particule en question pour disjonctive, ou alternative, ont dit: que les Cœnobites sont ceux qui vivent sous une regle, ou 11 sous un abbé. C'est aussi le sentiment de Cassien qui étoit Cafian. parfaitement instruit de la vie Cœnobitique, & qui nous apCol. 18. prend que ce sont ceux qui vivent en communauté, & qui ( font gouvernés par le jugement d'un Superieur. Il ne parle point de regle, comme remarque le P. le Mege dans son explication de la regle de faint Benoît; parce qu'il croyoit que pour être un Solitaire Cœnobite, il suffisoit de vivre en commun sous l'autorité d'un abbé. Ainsi ceux qui font de sentiment contraire, ont ôté à saint Antoine la qualité qui lui est dûe de pere & de restaurateur des Cœnobites, pour la donner à saint Pachome, qui, à ce qu'ils disent, est le pre mier qui ait établi de veritables Monasteres. C'est ce que nousallons examiner dans le paragraphe suivant. RAGRAPHE VI. Que faint Antoine est le pere des Cœnobites; & qu'il a établi les premiers Monafteres parfaits... C Omme après que les persecutions eurent cessées, saint Antoine fe vit chef d'un grand nombre de Solitaires qui se rangerent sous sa conduite, qu'il les fit vivre en commun; & que les Monasteres qu'il établit à Pifper, à Nacalon & en d'autres endroits, avoient toute une autre forme que ceux des trois premiers fiecles que nous avons appellés simples Monasteres, quoiqu'ils fussent neanmoins de veritables Monasteres, on ne peut pas refuser à ce Saint le titre de pere des Cœnobites, qu'on doit fui donner par excellence, comme on a donné à saint Paul celui de premier des Ermites, quoiqu'il y en ait eu avant lui. Entre ceux qui n'admettent point de succession de Moines & de Monafteres, depuis S. Marc jusques à saint Antoine; il y en a qui ont cru qu'ils ne pouvoient pas refuser sans in justice à ce dernier le titre d'instituteur de la vie CœnobitiThomat que & de fondateur des Monafteres reglés. Le P. ThomafDiscipt.Ec- fin a reconnu qu'on ne pouvoit pas lui disputer cette quaslefart. 1. lité, & que même c'étoit l'opinion la plus commune; lorf sofque voulant prouver que les Monasteres de filles étoient. aussi anciens que ceux des hommes, il dit, qu'on ne doute. point que faint Antoine ne soit le pere & le premier insti-tuteur des Monasteres, & que sa soœur suivit de bien près son. exemple, s'étant enfermée avec d'autres filles dans un Mo#aftere dont elle fut superieure l'hift. Eccl Il y en a neanmoins qui ne lui attribuant que la qualité de premier pere des Solitaires, donnent à S. Pachome celle d'instituteur de la vie Cœnobitique. M. de Tillemont qui est de ce nombre, dit, en parlant de saint Antoine, que ce De Tillem, fut vers l'an 305. au milieu des fureurs de la perfecution de Mou Diocletien & de Maximien, qu'il commença à faire des mi Tom. 7. racles, & à perfuader à un grand nombre de personnes pag. 109. d'embrasser la vie Solitaire: que ce fut la cause de tant de Monafteres, c'est-à-dire, de Maisons, ou plutôt de Cabanes, dont on remplit les montagnes, pour la demeure des Anachoretes qui s'y retirerent ; & que quelques-uns de ces Monasteres purent d'abord s'unir ensemble, & former des efpeces de Communautés, mais fort peu nombreuses. Et en pag. 167.. parlant de saint Pachome, ik dit: que le respect que l'Eglise a aujourd'hui pour son nom, n'est pas une devotion nouvelle, mais une juste reconnoissance des obligations qu'elle lui a, comme au saint fondateur d'un grand nombre de Monafteres, & à l'illustre pere d'une multitude infinie de Moines, ou plûtôt comme au premier instituteur, non seulement des congregations religieuses, mais absolument de la vie Cœnobitique & des saintes communautés.; & il marque Pag. 176. que ce pouvoit être l'an 325. qu'il commença son premier Monastere à Tabenne. Ainfi, felon M. de Tillemont, les veritables Monafteres ou plûtôt les Monafteres parfaits, ne furent établis par saint Pachome,ou bien commencés, que l'an 325. & les Monasteres que saint Antoine établit en 305. n'étoient que des Cabanes. Il faut donc conclure que chaque Monaftere étant une Cabane, & que quelques-uns de ces Monafteres ayant pû dessors s'unirensemble, & former des especes de Communautés, apparemment de cinq, de fix, ou de dix personnes au plus ; c'étoit cinq ou fix personnes, ou dix au plus, demeurant en autant de Cabanes qui confervoient quelqu'union entr'elles, & obeiffoient au même superieur. C'est, ce me semble, le sens qu'on peut donner aux paro les de Made Tillentont, à moins qu'il n'y eût point de fuperieurs pour ces fortes de Communautés, & qu'elles refa Pag. 177. Iemblassent à celles, dont il fait la description dans un |