CARME SE'S. dans lesquelles il y a plus de trois mille Religieux. Celle d'Espagne qui a fix provinces, & qui s'est étendue ET CARjusques dansles Indes, n'est pas moins nombreuse, & les deux MELITES congregations ont des maisons professes, noviciats & colle-DECHAUST ges. Quelques-uns de ces couvens ont des rentes, d'autres ne possedent rien. Dans chaque province il doit y avoir un ermitage ou defert, dont nous parlerons dans le chapitre fuivant, en rapportant aussi les obfervances qu'on y pratique. Quant à celles des autres maisons, les Religieux fe levent à minuit pour dire Matines, excepté dans les maisons d'études ou colleges. Ils ont deux heures d'oraifon par jour, l'une le matin, l'autre après vêpres. Ils prennent la difcipline tous les lundis, mercredis & vendredis après complies. Ils ne mangent jamais de viande, à moins qu'ils ne foient fur mer; dans les voyages ils peuvent manger des legumes ou herbages cuit avec la viande. Ils jeûnent depuis la fête de l'exaltation de sainte Croix jusqu'à Pâques, tous les vendredis de l'année: les veilles des fêtes de la Vierge, du Prophete Elie, du Saint sacrement, la veille de saint Marc, st elle n'arrive pas un dimanche, & les trois jours des Rogations. Aux jeunes d'Eglise on ne leur donne à la collation que quelques fruits sans pain, ou un peu de pain sans fruits, & le Vendredi-Saint ils le jeûnent au pain & à l'eau. Leurs freres donnés ou convers font deux ans de noviciat, après lefquels ils ne font que des vœux simples. Lorsqu'ils ont demeuré cinq ans dans l'Ordre, ils font admis à un second noviciat d'un an, après lequel ils font profession solemnelle ; mais s'ils ont resté fix ans dans l'Ordre, sans demander à faire la profession solemnelle, ils n'y sont plus reçûs dans la fuite, & doivent demeurer dans leur vocation sous l'obligation des vœux simples. Les Religieuses sont soumises aux superieurs de l'Ordre en quelques endroits, & en d'autres aux ordinaires des lieux, Elles doivent vivre d'aumône & fans aucuns revenus aux villes riches; autant que cela se peut faire commodement, & aux lieux où elles ne peuvent pas vivre des aumônes seules, il leur est permis d'avoir du revenu en commun. Aux Monaf teres qui font rentés l'on n'y peut recevoir plus de quator. ze filles, jusqu'à ce qu'il y ait du revenu suffisant pour en avoir davantage, si ce n'est que quelqu'une apportât à la vêture Y y iij a CARMES du bien fuffisamment pour en nourrir plus que les quatorze. DECHAUS vingt y compris les Sœurs converses. En été elles se levent à cinq heures, & font oraison jusqu'à fix. En hiver elles se levent à fix heures, & font oraison jusqu'à sept, & avant le fouper elles ont encore une heure d'oraison. Elles jeûnent depuis l'Exaltation de la sainte Croix jusqu'à Pâques, ne mangent jamais de viande, si ce n'est dans les maladies; & aux jeunes d'Eglife & tous les vendredis de l'année, excepté ceux qui font entre Pâques & la Pentecôte, elles ne mangent ni œufs ni laitages. Le filence leur est recommandé depuis complies qu'elles disent après souper, jusqu'à Prime du lendemain.Outre les difciplines de verge au jour qu'on fait de la ferie en carême ou en avent, & en tout tems, les lundis, mercredis, & vendredis, elles la prennent encore tous les vendredis de l'année pour l'augmentation de la foi, la conservation de la vie, & des Etats des princes souverains, pour les bienfaicteurs, pour les ames du purgatoire, les captifs, & ceux qui font en peché mortel, & ce durant l'espace d'un Miferere, & quelques oraisons. Ces Religieuses aussi-bien que les Religieux ont une tunique & un scapulaire de couleur minime, & un manteau blanc étroit. Les Religieux mettent par dessus le manteau un capuce, auffi blanc, & les Religieufes leur scapulaire par dessus Ia guimpe. Les uns & les autres couchent fur des paillasses pofées sur trois ais. Les Religieux vont nuds pieds avec des fandales de cuir, & les Religieuses ont pour chaussure des fouliers ou fandales de cordes que les Espagnols appellent Alpergates, , & des bas d'une étoffe groffiere comme la robe. Outre les deux congregations des Carmes dechauffés dont nous avons parlé, il y en eut une troifiéme qui prit aussi naiffance en Italie, mais qui fut fupprimée dans fon berceau. Dès le commencement de la separation des deux congregations d'Espagne & d'Italie, il y eut de la contestation entre elles au sujet des Religieux de cette reforme, que les papes Clement VIII. & Paul V. envoyerent en Perse en 1604. & 1605. en qualité de Misionnaires Apoftoliques. Ceux d'Espagne pretendoient que d'enyoïer des Religieux dans les pais étran MELITES gers, c'étoit aller contre l'esprit de leur reforme. Ceux d'I. CARMES talie foutenoient au contraire que ces fortes de miffions ET CARétoient conformes à l'esprit de la Reforme. Il y cut même DECHAUS des Espagnols quientrerent dans leur fentiment, entre au-SE'S. tres, le pere Thomas de Jesus, qui écrivit en faveur des Italiens. Mais comme c'étoit un faint homme qui avoit un grand zele pour le falut des ames, & qu'il apprehendoit que ces contestations n'empêchassent les fruits que les missionnaires de leur reforme pourroit faire, il perfuada à Paul V. d'érigerune congregation de Carmes dechauffés, dont la fin feroit uniquement de procurer le falut des ames dans les pays étrangers, foit parmi les infidelles, foit parmi les schifmatiques & heretiques. Il s'afsocia pour cet effet avec quelques Religieux des congregations d'Espagne & d'Italie; & obtint du pape un bref du 22. Juillet 1608. quiles exemtoit de la jurifdiction de ces deux congregations, & les incorporoit dans une nou. velle congregation que sa Sainteté érigeoit sous le nom de S. Paul, pour travailler à la converfion des infidelles, & nommoit le P. Thomas pour commissaire general de cette nouvelle congregation. On avoit déja commencé un Monaftere pour les Religieux de cette congregation proche la place Farneze à Rome, lorsque les deux congregations d'Espagne & d'Italie, s'étant accordées ensemble, obtinrent du pape la suppression de cette nouvelle congregation par un bref du 7. Mars 1613. qui portoit aussi que le Monastere qui avoit été commencé prochel'Eglise de sainte Susanne, aux Thermes de Diocletien, serviroit pour toûjours de feminaire pour les missionnaires, qui seroient destinez pour la converfion des infidelles & des heretiques. Ce monastere étant en état d'être habité, le P. Jean de Jesus qui étoit pour lors general, obtint du même pontife l'érection de ce seminaire sous le titre de la conversion de saint Paul, & que les trois mille écus Romains que le Baron Cacurri avoit laissés par son testament pour les missions des Carmes dechauffés, y feroient appliqués. L'on y fit venir l'an 1620. deux Religieux de chaque Province, qui donnerent commencement à ce seminaire des missions, dans ce couvent de la converfion de saint Paul, qui a été appellé dans la suite Notre-Dame de la Victoire. Mais comme il y eut quelques differends entre le general, ses definiteurs, & les peres de la province de Rome, au fu MELITES SE'S. CARMES jet du gouvernement de ce seminaire. Le P. Dominique de ET CAR- la sainte Trinité, François, pour obvier aux inconveniens qui pouvoient arriver de ces differends qui ne pouvoient être que DECHAUS- préjudiciables aux Missions, chercha les moyens de pouvoir transferer ce seminaire en un autre lieu, & le rendre immediatement soumis aux generaux & à ses definiteurs. Il y réuffit, & obrint pour cet effet du cardinal Maildachini l'an 1662. l'Eglise & le Monaftere de saint Pancrace hors des murs de Rome, qui avoient appartenus aux Religieux de saint Ambroise, dont l'Ordre avoit été supprimé, & duquel Monastere le cardinal Maildachini étoit abbé commendataire. Ce general fit rebâtir l'Eglife & retablir les lieux reguliers, & les bâtimens ayant été achevés en 1665. il y transfera le feminaire des Carmes Dechaussés, qui depuis ce tems-là a toûjours été soumis immediatement au general de cet Ordre & à ses definiteurs, qui y envoyent les sujets qu'ils jugent les plus propres pour les Miffions. Ils y apprennent pendant trois ans les langues orientales, & huit jours après leur arrivée dans ce couvent, ils doivent faire vœu d'aller en quelque Mission que ce soit pour la conversion des heretiques & des infideles à la volonté de leurs fuperieurs. Ces Missionnaires ont déja des maisons à Hispaham capitale de Perse, Sindi,& Tatah dans les états du Mogol, dans le Malabar, à Bassara, au Mont-Liban, à Alep, à Goa & en plusieurs autres lieux, tant de la Syrie que des Indes Orientales. Cet Ordre a pour armes chapé d'argent & de couleur tannée, ce dernier terminé en croix, accompagné de trois étoiles de l'un de l'autre, deux en chef & une en pointe, l'écu timbré d'une couronne ducale, d'où fort un bras vêtu d'une étoffe de couleur tannée, ayant en main une épée à laquelle est attaché un rouleau avec cette devife: Zelo zelatus fum pro Domino Deo exercituum; la couronne furmontée de huit étoiles d'or disposées de maniere, qu'elles ferment la couronne. Voyez les historiens Carmes que nous avons ci-devant cités avec Francifco di S. Maria, Reforma delos Defcalcos de noftra Segnora del Carmen. La méme traduite en Francois par le Pere Gabriel de la Croix, & en Italien par le Pere Gaspard de faint Michel. Alphonse de la mere de Dieu a donné le cataloque des écrivains des Carmes Dechauffés qui se trouve imprimé à la |