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OBSER

ils s'adresserent au chapitre general qui se tint l'an 1644. & CARMES lui demanderent fon consentement pour l'erection de cette DE LEprovince, où les religieux étant de differents pays pourroient TROITE apprendre les langues orientales, afin de pouvoir aller en VANCE. mission dans la Terre-Sainte. Le chapitre y ayant consenti, le pere Leon Bonfilius pour lors general de l'Ordre, s'adressa au pape Innocent X. pour lui demander l'erection de cette nouvelle province, ce que ce pontife accorda par un bref du 16. Fevrier 1646. & l'on donna le nom de Monte-Santo, à cette province à cause que le premier couvent où la reforme avoit été commencée, étoit situé sur une montagne ainsi ap. pellée, proche de la ville de Messine. Ces reformés se disent du premier institur, parce qu'ils obfervent la regle primitive de l'Ordre, moderée par le pape Innocent IV. ayant renoncé aux mitigations qu'Eugene IV. y avoit faites, touchant l'usage de la viande, dont ces religieux reformés s'abstiennent de même que les Carmes dechausses. Commecette province étoit composée de Siciliens, de Napolitains, & de Romains; ils avoient souvent des differends entr'eux; c'est pourquoi ils demanderent à la congregregation des reguliers, que leur province fût separée en deux, ce qui leur fut accordé l'an 1709.& les deux provinces retinrent le nom de Monte-Santo; l'une fous celui de Monte-Santo de Sicile, qui est composée de neuf couvents dans le royaume de Sicile; l'autre sous le nom de Monte-Santo de l'Etat ecclesiastique, qui comprend cinq couvents dans les états du pape, à laquelle l'on a permis d'agreger deux autres couvents de la même reforme, qui font dans le royaume de Naples.

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Il y a encore en Italie la reforme de Turin, ainsi appellée à cause qu'elle a pris son origine dans la ville de Turin l'an 1633. à la sollicitation du duc de Savoye Victor Amedée. Le pere Theodore Stratius pour lors general de l'Ordre, nomma pour son commissaire le pere Louis Bulla, prieur du couvent de Notre-Dame de la place, afin de travailler à cette reforme. Le pere Bulla étant mort deux ans après, le pere Dominique de sainte Marie lui succeda dans cette com. mission, & y réussit si bien, que la reforme fut établie dans le couvent de Turin. Elle fut cinq ou fix ans sans faire aucun progrès; mais l'an 1639. le marquis Doliani la fit recevoir dans le couvent de Clarasce. Elle passa ensuite l'an 1640. dans le

Tome I.

Vu

CARMES Couvent d'Aft. Six ans après elle fut reçue dans un autre ; & DE L'E- enfin l'an 1654. dans celui de Ripolle.

TROITE

OBSER

VANCE.

Le general Jean Antoine Philippini employa aussi tous ses foins pour faire recevoir l'etroite observance en Allemagne, Il nomma pour ses commissaires le pere Antonin de la province de Touraine, & le pere Gabriel de l'Annonciation de la province de Flandres. Ce fut par leur moyen que la reforme fut introduite dans les couvents d'Aix-la-Chapelle, de Treves, de Bamberg, de Wisbourg, & dans quelquesautres. Les électeurs de Mayence & de Treves, l'évêque de Bamberg, & plusieurs princes y donnerent leur approbation; & afin d'exciter tous les couvents de l'Ordre à embrasser la même reforme, le general écrivit une lettre circulaire dans tout l'Ordre, l'an 1649. dans laquelle il décrit le progrès que l'étroite obfervance a fait dans plusieurs provinces. Mais toute la reforme que l'on vit dans les couvents qui n'em. brasserent pas l'étroite observance ; c'est qu'ils quitterent les robes noires, pour en prendre de gris obscur ou couleur de

Minime.

Tous ces religieux de l'étroite observance, tant en France que dans les autres provinces, ont les mêmes constitutions. Elles furent dressées l'an 1635. par les peres de la province de Touraine, & furent approuvées non seulement par le general Theodore Stratius, à la recommandation du roi Louis XIII. de la reine Anne d'Autriche, du duc d'Orleans frere du roi, & de plusieurs seigneurs de la cour, l'an 1638. Mais ce même general les fit encore confirmer par le pape Urbain VIII. l'an 1639. & fous le generalat du pere Leon Bonfilius; il fut ordonné dans le chapitre general qui se tint à Rome l'an 1645. que ces constitutions seroient observées dans tous les couvents reformés de l'Ordre & qui le pourroient être dans la fuite, afin de garder l'uniformité ce qui fut confirmé par le pape Innocent X. le 2. Septembre de la même année. Il y a plusieurs Monasteres de filles qui ont embrasse la même reforme. Quelques-uns de ces Monafteres font soumis aux ordinaires, & d'autres aux fuperieurs de l'Ordre. Quantaux religieux, ils ne font point de corps separé, mais feulement des provinces differentes dans l'Ordre. Leur habillement est assez conforme à ceux de l'ancienne obfervance, & toute la difference qu'il y a, c'est que

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:

85.

Moine de l'Ordre des Indiens.

P. Giffart f

celui des peres de l'étroite observance n'est pas fi ample que CARMES celui desautres. Nous avons fait graver un de ces religieux de DE L'Ela province Monte-Santo, tel que le pere Bonanni l'a donné TROITE dans fon catalogue des Ordres Religieux.

Sous le Generalat du même Theodore Stratius, le pere Blanchard religieux de l'ancienne observance, voulut introduire une reforme particuliere en France, en faisant observer la regle du patriarche Albert, sans les declarations d'Innocent IV. ni les mitigations d'Eugene IV. Pour cet effet, deux ou trois religieux s'étant joints à lui, ils barirent un ermitage, felon le dessein de cette regle primitive, en un lieu nommé Grateville au diocese de Bazas dans les Landes qui sont sur le grand chemin de Bayone qui leur fut donné par quelques gentilshonimes du pays. L'évêque de Bazas N. Loftolfilomarini, donna fon consentement à cet établissement, à la sollicitation de Henri de Gournai, comte de Marcheville en Lorraine. On gardoit dans ce desert la premiere institution de la regle; c'est pourquoi les religieux se nommerent Carmes du premier institut. Ils faifoient vœu seulement d'obéissance dans lequel les autres étoient renfermés. Ils mangeoient en particulier chacun dans sa cellule, & s'abstenoient dans les voyages d'herbages ou de legumes cuits avec de la viande. Cette maniere de vivre fut approuvée par le même general Stratius, & confirmée par le pape Urbain VIII. l'an 1636. Mais ce defert ne subsista pas long-tems; car peu de tems après, un prêtre, apoftat de l'église Romaine nommé Labadie, qui disoit avoir reçu de Dieu l'habit de cette reforme, fut en ce defert & y causa de si grands defordres, que l'évêque, à la jurifdiction duquel ces peres avoient foûmis leur Monaftere, fut contraint deles en chaffer, & ainsi cette reforme fut fupprimée dans son berceau.

Voyez Joann. Baptist. Lezana, Annal.Sacri Prophcti & Eliani Ordinis. Daniel à Virgine Maria, Vinea Carmeli, feu historia Eliani Ord. Marc Anton. Alegre. Casanate, Paradis. Carme litici decoris. Donatien de S. Nicolas, vie de frere Jean de faint Samson Regula & conftitutiones Carmelitar.Strictioris observantiæ, cum auctario rerum ad provinciam Turoniam spectantium. Delineatio obfervantia Carmelit. Rhedon. provin. & Philip. Bonanni, catalog. Ord. Relig. part. 1..

OBSER-
VANCE.

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