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le

OBSER

mis de le recevoir dans celui des Chartreux, qu'au cas qu'il CARMES n'y eut point d'efperance de reforme parmi les Carmes, & DE L'Eil lui confeilla d'entrer parmi les Dechauffés. C'est pourquoi TROITE pere Thibaut entreprit le voyage de Rome & s'étant prefenté au couvent des Carmes Dechauffés pour y être reçu, Dieu permit que le general Henri Silvius s'oppofa à fa reception, de forte qu'il fut contraint de retourner en France,où continuant fes études en theologie qu'il avoit interrompues, il fut promu aux dégrés par le même general, en attendant les difpofitions de la volonté de Dieu fur lui.

Enfin le tems arriva que la providence divine avoit marqué pour fe fervir de ce pere, afin de perfectionner la reforme que le pere Bouhourt avoit commencée. Ce fut l'an 1607. que le prieur de Rennes qui fouhaitoit auffi beaucoup que cette reforme fe maintînt, appella à fon fecours le pere Thibaut qui fut auffi-tôt établi maître des novices, & deux ans après il fut élu prieur de ce même couvent. Quelques années après la reforme fut introduite dans celui de Dol & dans quelques autres. Il y eut même de nouveaux couvents qui furent fondés fous la même obfervance, & qui formerent la province de Touraine, compofée d'environ vingtcinq couvents d'hommes, & deux hofpices, & de Monasteres de filles. Le couvent de Carmes qu'on appelle communement à Paris les Billetes, dépend de cette pro

vince.

quatre

Dès l'an 1603. dans le chapitre provincial de la province de Flandre qui fe tint à Gand, & où le general Silvius prefida, l'on fit plufieurs decrets pour y établir la reforme. Le pere François Potel qui fut élu provincial dans ce chapitre, employa tous fes foins pour les faire executer, mais ce fut inutilement. L'on fit de nouvelles tentatives en 1615. qui n'eurent pas un meilleur fuccès; & même l'an 1621. quoique le pere Richard de faint Bafile & cinq autres Religieux fe fuffent unis ensemble pour faire reuffir cette reforme, il s'y trouva encore tant d'oppofitions de la part des autres Religieux qu'ils furent obligés pour lors de fe defister de leur entreprise. Mais l'année fuivante dans le chapitre qui fe tint à Bruges, quelques autres Religieux s'étant joints encore au pere Richard & à fes compagnons. Ils élurent pour provincial le pere Marc Caffiau, qui avoit beaucoup de

OBSER-
VANCE.

CARMES zele pour les obfervances regulieres, & qui fouhaitoit pa DE L'E- reillement la reforme. Cependant ce nouveau provincial TROITE Voyant les difficultés qui fe rencontroient dans l'exécution de fes bons deffeins, aima mieux quitter fon office. Il eut pour fucceffeur le pere Jean Bavai qui étant auparavant fuperieur du couvent de Valenciennes, s'étoit uni avec quatre jeunes prêtres pour faire recevoir dans ce couvent là même reforme & les mêmes obfervances que celles qui avoient été introduites dans la province de Touraine. Ces Religieux zelés implorerent d'abord l'autorité de l'évêque d'Arras,dans le diocéfe duquel le couvent de Valenciennes fe trouvoit ; ils obtinrent auffi celle du duc d'Arfchot; & l'archiducheffe Claire Eugenie d'Autriche, gouvernante des Pays-Bas, voulut bien écrire au pere Sebastien Franton, pour lors ge neral, afin qu'il envoyât dans ce couvent des Religieux de la province de Touraine pour y introduire leurs obfervances. Les peres Philippes Thibaut, Luc de faint Antoine, & Nicolas de Caftres recommandables par leur pieté & par leur science furent nommés par le general. Ils arriverent au couvent de Valenciennes, le onzième du mois d'Août 1624. & trois jours après tous les Religieux de ce couvent, en renouvellant leurs vœux, s'engagerent à l'observance de la province de Touraine. Comme ces Religieux en embrassant la reforme avoient quitté leurs habits noirs pour en prendre de gris obfcur, peu s'en fallut que cela ne caufât un foulevement dans Valenciennes ; car une perfonne qui avoit l'autorité en main, voulut contraindre les Religieux reformés, même par la force des armes,à reprendre leurs habits noirs; mais le peuple s'étant mutiné à cette occafion, l'on n'inquietta plus ces Religieux. La reforme s'étendit dans plufieurs autres couvents, & il y en eut même cinq qui furent fondés de nouveau fous la même observance.

L'an 1619. le pere Didier Placa de Catane, & le pere Alphius Licandre, tous deux Religieux de la province de faint Albert entreprirent une reforme en Sicile. Ils obtinrent les permiffions neceffaires des fuperieurs, & en peu de tems ils fonderent neuf nouveaux couvents de cette reforme en Sicile, deux dans l'état Ecclefiaftique, & trois dans le royaume de Naples. Voyant enfuite que ces couvents étoient en nombre fuffifant pour former une province feparée

عاز

OBSER

ils s'adrefferent au chapitre general qui fe tint l'an 1644. & CARMES lui demanderent fon confentement pour l'erection de cette DE L'Eprovince, où les religieux étant de differents pays pourroient TROITE apprendre les langues orientales, afin de pouvoir aller en VANCE miffion dans la Terre-Sainte. Le chapitre y ayant confenti, le pere Leon Bonfilius pour lors general de l'Ordre, s'adressa au pape Innocent X. pour lui demander l'erection de cette nouvelle province, ce que ce pontife accorda par un bref du 16. Fevrier 1646. & l'on donna le nom de Monte-Santo, à cette province à caufe que le premier couvent où la reforme avoit été commencée, étoit fitué fur une montagne ainfi appellée, proche de la ville de Meffine. Ces reformés fe difent du premier inftitut, parce qu'ils obfervent la regle primitive de l'Ordre, moderée par le pape Innocent IV. ayant renoncé aux mitigations qu'Eugene IV. y avoit faites, touchant l'usage de la viande, dont ces religieux reformés s'abftiennent de même que les Carmes dechauffés. Commecette province étoit compofée de Siciliens, de Napolitains, & de Romains ils avoient fouvent des differends entr'eux; c'eft pourquoi ils demanderent à la congregregation des reguliers, que leur province fûr feparée en deux, ce qui leur fut accordé l'an 1709.& les deux provinces retinrent le nom de Monte-Santo; l'une fous celui de Monte-Santo de Sicile, qui eft compofée de neuf couvents dans le royaume de Sicile, l'autre fous le nom de Monte-Santo de l'Etat ecclefiaftique, qui comprend cinq couvents dans les états du pape, à laquelle l'on a permis d'agreger deux autres couvents de la même reforme, qui font dans le royaume de Naples.

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II y a encore en Italie la reforme de Turin, ainfi appellée à caufe qu'elle a pris fon origine dans la ville de Turin, l'an 1633. à la follicitation du duc de Savoye Victor Amedée. Le pere Theodore Stratius pour lors general de l'Ordre, nomma pour fon commiffaire le pere Louis Bulla, prieur du couvent de Notre-Dame de la place, afin de travailler à cette reforme. Le pere Bulla étant mort deux ans après, le pere Dominique de fainte Marie lui fucceda dans cette commiffion, & y réuffit fi bien, que la reforme fut établie dans le couvent de Turin. Elle fut cinq ou fix ans fans faire aucun progrès; mais l'an 1639. le marquis Doliani la fit recevoir dans le couvent de Clarafce. Elle paffa enfuite l'an 1640. dans le

Tome I.

Vu

CARMES Couvent d'Aft. Six ans après elle fut reçue dans un autre ; DE L'E- enfin l'an 1654. dans celui de Ripolle,

TROITE
OBSER-

VANCE.

pour

&

Le general Jean Antoine Philippini employa auffi tous fes foins faire recevoir l'etroite obfervance en Allemagne, Il nomma pour les commiffaires le pere Antonin de la province de Touraine, & le pere Gabriel de l'Annonciation de la province de Flandres. Ce fut par leur moyen que la reforme fut introduite dans les couvents d'Aix-la-Chapelle, de Treves, de Bamberg, de Wisbourg, & dans quelques autres. Les électeurs de Mayence & de Treves, l'évêque de Bamberg, & plufieurs princes y donnerent leur approbation; & afin d'exciter tous les couvents de l'Ordre à embraffer la même reforme, le general écrivit une lettre circulaire dans tout l'Ordre, l'an 1649. dans laquelle il décrit le progrès que l'étroite obfervance a fait dans plufieurs provinces. Mais toute la reforme que l'on vit dans les couvents qui n'em. brafferent pas l'étroite obfervance; c'eft qu'ils quitterent les robes noires, pour en prendre de gris obfcur ou couleur de

Minime.

,

pere

Tous ces religieux de l'étroite obfervance, tant en France que dans les autres provinces, ont les mêmes conftitutions. Elles furent dreffées l'an 1635. par les peres de la province de Touraine, & furent approuvées non feulement par le general Theodore Stratius à la recommandation du roi Louis XIII. de la reine Anne d'Autriche, du duc d'Orleans frere du roi, & de plufieurs feigneurs de la cour, l'an 1638. Mais ce même general les fit encore confirmer par le pape Urbain VIII. l'an 1639. & fous le generalat du Leon Bonfilius; il fut ordonné dans le chapitre general qui fe tint à Rome l'an 1645. que ces conftitutions feroient obfervées dans tous les couvents reformés de l'Ordre & qui le pourroient être dans la fuite, afin de garder l'uniformité ce qui fut confirmé par le pape Innocent X. le 2. Septembre de la même année. Il y a plufieurs Monasteres de filles qui ont embraffè la même reforme. Quelques-uns de ces Monafteres font foumis aux ordinaires, & d'autres aux fuperieurs de l'Ordre. Quant aux religieux, ils ne font point de corps feparé, mais feulement des provinces differentes dans

l'Ordre. Leur habillement eft affez conforme à ceux de l'ancienne obfervance, & toute la difference qu'il y a, c'est que.

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