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Religieux Carme,

84.

de l'étroite observance de la Province de Monte-Santo.

P. Giffret

proche de Florence, de Pistoye & de Forêts. Les Religieux CARMES de cette congregation mangent de la viande trois ou quatre De L'Efois la semaine, par privilege de Pie II. mais hors le couvent TROITE ils ne peuvent manger que des herbes, ou autres choses cui- OBSERtes avec la viande. Ils jeûnent quatre fois la semaine, depuis VANCE. la fête de l'Exaltation de sainte-Croix jusqu'à Pâques, pendant tout l'Avent, & encore les veilles des fêtes de la sainte Vierge, des Apôtres, le jour de faint Marc & les trois jours des Rogations, comme aussi tous les vendredis de l'année. Le filence est observé au chœur, au refectoire, au dortoir au cloître & dans les cellules. Les clercs ne peuvent avoir des habits neufs jusqu'à ce qu'ils foient prê tres, ou du moins qu'ils n'ayent quatre ans de religion, auffi bien que les freres laics, ils tiennent leur chapitre general tous les deux ans, conformément au bref de Clement VIII. Il y a aussi quelques couvents de Religieuses de cette congregation.

,

Leur regle & constitutions furent imprimées à Boulogne en 1602. Le pere Clement Marie Fellini a fait l'histoire de cette congregation, imprimée aussi à Boulogne en 1691. sous le titre de Sacrum Muscum congregationis Mantuane, qu'on peut confulter aussi-bien que Lezana, dans ses annales. Marc. Ant. Aleg. Casanate. Parad. Carmelitici decoris. Louis de fainte Therese. Succession du prophète Elie, & Gio - Maria Pensa, Theatro de gli huomini illustri della famiglia. di Man

toua.

CHAPITRE XLVI.

Des Carmes de l'étroite observance, comme aussi de quelques autres reformes faites en cet Ordre.

N

Ous avons vû dans les chapitres precedens comme les peres Jean Soreth & Baptiste Mantouan, étant generaux de l'Ordre des Carmes, avoient tâché d'établir la reforme dans tous les couvents de l'Ordre; ils s'étoient contentés aussi-bien que les peres Martignogni, Renar, & Terrasse; qui avoient precedé Baptiste Mantouan, dans la même charge, de faire observer exactement la regle du bienheureux Albert, avec les mitigations du pape Eugene IV.

VANCE.

CARMES Il y eut neanmoins, fous le generalat du même Mantouan, De L'E- un Religieux plus fervent, nommé Ugolin, qui entreprit de TROITE rétablir la regle avec les déclarations d'Innocent IV. laquel. OBSER- le, quoique corrigée par ce pape, comme nous avons dit, paffe pour la premiere & la primitive. Mais ses bonnes intentions n'ayant pas reussi, son grand dessein fut reduit à la seule fondation d'un couvent auprès de Gennes, auquel il donna le nom de Mont-Olivet, qui ne dépend que du general & qui, quoi qu'unique, prit neanmoins le titre de congregation sous le pontificat de Leon X.

Comme le pere Baptifte Mantouan étoit membre de la congregation de Mantoue qui étoit reformée & qu'il ne souhaitoit pas mieux que de voir une reforme generale dans tout l'Ordre; il donna volontiers les mains, étant encore general à l'établissement en France, d'une congregation de reformés, sous le nom de congregation d'Albi, qui étoit gouvernée par un vicaire general qu'on élisoit dans le chapitre general de cette congregation; c'est pourquoi elle faifoit un corps separé de l'Ordre; mais ellene subsista pas long-tems, elle fut reunie à l'Ordre par le pape Gregoire XIII. l'an 1580.

Le pere Pierre Bouhourt fut plus heureux dans la reforme qu'il entreprit aussi en France, au commencement du dernier fiecle, vers l'an 1604. dans le couvent de Rennes en Breragne, car elle subsiste encore, s'étant étendue non - seulement dans plusieurs provinces du royaume, mais même en Allemagne, en Flandres, & en Italie. Quoique ce soit le pere Bouhourt qui en ait jetté les fondemens, elle doit neanmoins sa gloire & fon accroissement au pere Matthieu Thibaut qui lui a donné toute sa perfection. Ce pere voyant d'abord les difficultés, qui se rencontroient dans l'éxecution du dessein que le pere Bouhourt avoit formé, douta du succès de cette entreprise, & prit la resolution de quitter l'Ordre des Carmes pour entrer dans celui des Chartreux. Comme il étoit fur le point d'en prendre l'habit, le prieur de la Chartreuse de Paris qui avoit promis de le recevoir, ayant appris qu'il y avoit depuis peu des Carmes Dechauffés à Rome, ne voulut plus le recevoir & crut qu'il ne devoit pas ravir à l'Ordre des Carmes un homme si zelé, quine quittoit son Ordre, qu'à cause que la licence y étoit grande, ne lui ayant promis de le recevoir dans celui des Chartreux, qu'au cas qu'il CARMES n'y eut point d'esperance de reforme parmi les Carmes, & DE L'Eil lui conseilla d'entrer parmi les Dechauffés. C'est pourquoi TROITE le pere Thibaut entreprit le voyage de Rome & s'étant pre-VANCE. senté au couvent des Carmes Dechauffés pour y être reçu, Dieu permit que le general Henri Silvius s'opposa à sa reception, de forte qu'il fut contraint de retourner en France, où continuant ses études en theologie qu'il avoit interrompues, il fut promu aux dégrés par le même general, en attendant les dispositions de la volonté de Dieu sur lui.

Enfin le tems arriva que la providence divine avoit marqué pour se servir de ce pere, afin de perfectionner la reforme que le pere Bouhourt avoit commencée. Ce fut l'an 1607. que le prieur de Rennes qui souhaitoit aussi beaucoup que cette reforme se maintînt, appella à son secours le pere Thibaut qui fut aussi-tôt établi maître des novices, & deux ans après il fut élu prieur de ce même couvent. Quelques années après la reforme fut introduite dans celui de Dol & dans quelques autres. Il y eut même de nouveaux couvents qui furent fondés sous la même observance, & qui formerent la province de Touraine, composée d'environ vingt. cinq couvents d'hommes, & deux hofpices, & de quatre Monasteres de filles. Le couvent de Carmes qu'on appel. le communement à Paris les Billetes, dépend de cette pro

vince.

Dès l'an 1603. dans le chapitre provincial de la province de Flandre qui se tint à Gand, & où le general Silvius prefida, l'on fit plusieurs decrets pour y établir la reforme. Le pere François Potel qui fut élu provincial dans ce chapitre, employa tous ses soins pour les faire executer, mais ce fut inutilement. L'on fit de nouvelles tentatives en 1615. qui n'eurent pas un meilleur succès; & même l'an 1621. quoique le pere Richard de saint Basile & cinq autres Religieux se fussent unis ensemble pour faire reussir cette reforme, il s'y trouva encore tant d'oppositions de la part des autres Religieux qu'ils furent obligés pour lors de se desister de leur entreprise. Mais l'année suivante dans le chapitre qui se tint à Bruges, quelques autres Religieux s'étant joints encore au pere Richard & à ses compagnons. Ils élurent pour provincial le pere Marc Caffiau, qui avoit beaucoup de

CARMES zele pour les observances regulieres, & qui souhaitoit paDE L'E- reillement la reforme. Cependant ce nouveau provincial

TROITE OBSER

VANCE.

voyant les difficultés qui se rencontroient dans l'execution de ses bons desseins, aima mieux quitter son office. Il eut pour successeur le pere Jean Bavai qui étant auparavant fuperieur du couvent de Valenciennes, s'étoit uni avec quatre jeunes prêtres pour faire recevoir dans ce couvent la même reforme & les mêmes observances que celles qui avoient été introduites dans la province de Touraine. Ces Religieux zelés implorerent d'abord l'autorité de l'évêque d'Arras, dans le diocése duquel le couvent de Valenciennes se trouvoit; ils obtinrent aussi celle du duc d'Arschot; & l'archiduchesse Claire Eugenie d'Autriche, gouvernante des Pays - Bas, voulut bien écrire au pere Sebastien Franton, pour lors general, afin qu'il envoyât dans ce couvent des Religieux de la province de Touraine pour y introduire leurs observances. Les peres Philippes Thibaut, Luc de saint Antoine, & Nicolas de Caftres recommandables par leur pieté & par leur science furent nommés par le general. Ils arriverent au couvent de Valenciennes, le onzième du mois d'Août 1624. & trois jours après tous les Religieux de ce couvent, en renouvellant leurs vœux, s'engagerent à l'observance de la province de Touraine. Comme ces Religieux en embrassant la reforme avoient quitté leurs habits noirs pour en prendre de gris obfcur, peu s'en fallut que cela ne caufât un soulevement dans Valenciennes; car une personne qui avoit l'auto. rité en main, voulut contraindre les Religieux reformés, même par la force des armes, à reprendre leurs habits noirs; mais le peuple s'étant mutiné à cette occafion, l'on n'inquietta plus ces Religieux. La reforme s'étendit dans plusieurs autres couvents, & il y en eut même cinq qui furent fondés de nouveau sous la même observance.

L'an 1619. le pere Didier Placa de Catane, & le pere Alphius Licandre, tous deux Religieux de la province de saint Albert entreprirent une reforme en Sicile. Ils obtinrent les permiffions necessaires des superieurs, & en peu de tems ils fonderent neuf nouveaux couvents de cette reforme en Sicile, deux dans l'état Ecclesiastique, & trois dans le royaume de Naples. Voyant ensuite que ces couvents étoient en nombre suffisant pour former une province separée

یاز

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