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RELIGIEU-ce qui a donné lieu à la confrairie du scapulaire.
SES CAR- Nous ne rapporterons point toutes les personnes illuftres
MELITES. de cet Ordre, tant par leur sainteté, que par leurs dignités &

leurs écrits : car ils font en trop grand nombre; on peut
confulter Jean le Gros, François de saint Ange, Jerôme
Tonftat, & Emmanuel Roman, qui ont donné des volumes
entiers des personnes illuftres de cet Ordre. Le Pere Domi-
nique de Jesus en a donné aussi un autre des personnes qui en
font forties pour remplir les premieres dignités de l'Eglife.
Ils portent pour armes chapé d'argent, & de couleur tannée,
l'écu timbre d'une couronne ducale.

Voyez Joann. Baptist. Lezana, Annal. facri Prophetici & Eliani Ordinis. B. V. M. de Monte-Carmelo. Antonio Gonçalvez, Compendio das Chronicas da ordem de Nossa Senhora. de Čarmo. Marc. Anton. Alegre Casanate, Paradif. Carmelitici Ordinis. Mathias de faint Jean, Histoire Panegyrique de l'Ordre de Notre-Dame de Mont-Carmel. Daniel à Virgine Maria, Vinea Carmeli, & fpeculum Carmelitanum. Louis de sainte Therese, Succession du prophete Elie. Falcon. Placent. chronicon Carmelitanum. Daniel Papebroch, apud Bolland. Tom.I. Aprilis. Sebast. à S. Paulo, Exhibit. error. P. Danielis Papebrochii. Ejufdem Papebrochii, Refponf. ad P. Sebaftianum ; & Pietro Crefcent. Præfidio Romano è vero della militia Ecclefiaftica, &c.

CHAPITRE XLIV.

Origine des Religieuses Carmelites, avec la vie du Bienheureux Jean Soreth leur Instituteur, vingt fixiéme General premier Reformateur de l'Ordre des Carmes.

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EZANA & plusieurs écrivains de l'Ordre des Carmes,

n'est pas une nouveauté qui ait été introduite dans leur Ordre, & que comme il y a toûjours eu dès les premiers fiecles de l'Eglise des Vierges consacrées à Dieu, & que leur Ordre a commencé au tems d'Elie, neuf cens ans avant la naissance de Jesus-Christ, non seulementil y a eu dès les premiers fiecles de l'Eglise des Religieuses Carmelites; mais

T. 1. P. 322.

| Religieuse Carmelite de l'Ancienne observance,

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en habit ordinaire.

P billart S

même au tems des Prophetes. Mais le Pere Louis de sainte RELIGIEUTherese, dans son livre qui a pour titre : La fuccession d'Elie, SES Cara été plus sincere; car il dit que ce fut le B. Jean Soreth, qui MELITES. obtint du pape Nicolas V. les mêmes privileges que les Ordres de saint Dominique & de faint Augustin avoient, pour la reception des couvents de religieuses, vierges, veuves & beguines; pourvû que celles qu'il recevroit, jeûnassent & fiflent les mêmes exercices, que celles des Ordres de S. Dominique & de faint Augustin: le B. Soreth, dit cet auteur, estimant que c'étoit une chose indigne, que les autres Mendians eussent des filles qui obfervassent leurs regles, & que le feul Carmel institué pour honorer la sainte Vierge, Mere des Vierges, n'eût pas des filles de fon Ordre : ainsi sans al. ler chercher une origine éloignée des Religieuses Carmelites, il est certain qu'elles n'ont été instituées que vers l'an 1452. en vertu de la bulle de Nicolas V. obtenue par le bienheureux Jean Soreth, qui fonda leurs premiers Monafteres

en France.

Il nâquit en Normandie vers l'an 1420. de parens fort ver tueux, qui eurent un grand soin de l'élever dans la crainte de Dieu, & de lui faire apprendre ce qui étoit convenable à fon âge.Ayant fait ses humanités, il delibera de l'état de vie qu'il devoit embrasser ; & après avoirrecommandé cette affaire à Dieu, il fut inspiré de prendre l'habit Religieux parmi les Carmes dans leur couvent de Caën en Normandie où, après sa reception, il fit voir par ses exercices de vertu & de pieté, que Dieu l'avoit appellée à cet Ordre pour sa gloire & pour la reforme de cet Ordre.

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Il fut envoyé par ses superieurs au couvent de Paris, pour y apprendre les faintes lettres & la theologie. Il se rendit si habile en l'un & en l'autre, qu'il merita le bonnet de docteur dans l'Université de Paris, & fon merite le fit élever en peu de tems aux dignités de fon Ordre. En 1440. il se trouva au Chapitre general d'Ast, en qualité de Definiteur & de Provincial de la province de France; au chapitre general tenu à Châlons, il y fut en qualité de Provincial de Tofcane, & au chapitre general tenu à Rome en 1447. il fut encore nommé Definiteur & Provincial de France. Pendant son provincialat, il visitoit à pied les couvents de la province, accompagné d'un seul compagnon. On ne peut pas dire

:

RELIGIEU-le bien qu'il y fit, & la reforme qu'il introduisit par tout, à SES CAR- cause qu'il n'exigeoit rien des autres, qu'il n'eût premiereMELITES. ment pratiqué : enfin l'an 1451. au chapitre general tenu à

Avignon, il fut élû general de tout l'Ordre; & comme l'office de provincial de sa province vaquoit par cette nouvelle élection, le chapitre n'y voulut point nommer; mais ordonna qu'il gouverneroit toujours la province de France jusqu'au chapitre provincial.

Ce nouveau general ayant senti au-dedans de lui-même que Dieu l'appelloit à la reforme de son Ordre, resolut d'y travailler & d'employer toutes fortes de moyens pour mettre la regularité en vigueur, & retablir fon Ordre en sa pre. miere splendeur. Il commença le premier; & quoiqu'il eût toûjours vêcu dans une grande perfection, il y travailla néanmoins comme un simple novice, & s'attacha sur toutes choses à la vertu d'humilité, comme la base & le fondement de toutes les autres.

Les Religieux du chœur, de son tems étoient vêtus de noir, & les Freres laïcs, de couleur minime ou tannée. Il quitta le noir, & se revêtit de couleur minime, tant à cause que c'étoit l'ancienne couleur de l'Ordre qu'il retablit dans ses constitutions, qu'à cause que ceux qui étoient les moins estimés dans fon Ordre en étoient revêtus. On reconnoissoit toujours ses habits, en ce qu'ils étoient toûjours les plus vils & les plus rapiecés. Son entretien ordinaire étoit avec les plus simples & les jeunes du couvent. Il prenoit plaisir d'aller avec eux pour les instruire, pour leur apprendre à mortifier leurs passions, à combattre les vices, à acquerir les vertus, & à mener une vie conforme à la regle & aux anciens statuts de l'Ordre.

Avec cet efprit, une grande douceur, & beaucoup d'affabilité, il entreprit la reforme de fon Ordre, qu'il vifita prefque dans toutes les provinces de l'Europe. Ce ne fut pas fans recevoir beaucoup de contradiction de la part de ceux qui s'opposoient à ses bons desseins. Il fut même obligé contre fon naturel, qui étoit d'employer ordinairement les voies de douceur, d'user d'une extrême rigueur envers quelques couvents qui ne vouloient pas embrasser la reforme; ce qui arriva principalement à l'égard de celui de Cologne, où les Religieux au retour d'une procession fermerent la porte sur lui;

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